Programme Euromed Audiovisuel

 

 

 

Evaluation à mi-parcours

 

 

RAPPORT FINAL

 

 

 

 

PARIS, le 23 avril 2003

 

 

 

 

 

Contrat-cadre AMS/451 – Lot n° 9

Lettre de marché n° 2002/27808 entre la Commission européenne et GICO

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rapport préparé par Catherine Lecoq, expert 1 chef d’équipe Euromed Audiovisuel, Françoise Levie, expert 2 « archive » et Emmanuel Oberg, expert 3 « écriture »

 

 

 

Ce rapport ne reflète que l’opinion des experts et n’engage nullement la Commission européenne.


 

 

 

Rapport Final

 

Table des matières

 

 

 

1) RESUME………………………………………………………………..pages 3 - 6

 

2) INTRODUCTION………………………………………………………pages 7 - 9

 

3) EVALUATION DES  6  PROJETS DU PROGRAMME………………pages 9 - 47

 

               A -  Europa Cinémas ( pages 9 – 18)

              

               B -  CapMed  (pages 19 – 27)

 

               C -   Euromédiatoon – Viva Carthago (pages 27 – 32)

 

               D -   Elles…. Aux abords de l’an 2000 (pages 32 – 38)

 

               E -   Cinema Med (pages 38 – 42)

 

               F -   Medea  (pages 42 – 47)

 

4) CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS……………………….  pages 47- 58

 

               4.1. Europa Cinémas (pages 47 - 49)

 

               4.2. CapMed  (pages 49 - 50)

 

               4.3. Euromédiatoon – Viva Carthago  (pages 51 - 53)

 

               4.4. Elles….aux abords de l’an 2000  (pages 53 - 55)

 

               4.5. Cinema Med  (pages 55 - 56)

 

4.6.    Medea  (pages 56 - 59)

 

 

5) EVALUATION DU PROGRAMME EUROMED AUDIOVISUEL……pages 59 - 68

 

                CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS  (pages 65 – 68)

 

 

6) ANNEXES……………………………………………………………….. pages 69 - 76

 

 

 

 

 

 

 

 

1)  RESUME

 

 

OBJECTIFS DU PROGRAMME ET BUTS DE L’EVALUATION

EUROMED AUDIOVISUEL

 

 

Les 6 projets cinéma et audiovisuel évalués après 2 ans et demie d’activités (premier programme Euromed Audiovisuel) ont pour but de mettre à exécution les objectifs fixés par la Commission européenne, suite à la Conférence de Thessalonique (1997), en terme de coopération régionale euro-méditerranéenne. Il s’agit d’une coopération décentralisée, la Commission européenne fixant des axes prioritaires d’intervention dans un cadre non étatique. Ce concept a pour but de déléguer au maximum les actions aux 6 coordinateurs de projets, Euromed Audiovisuel exerçant régulièrement des formes de contrôle qui doivent rendre compte de l’état d’avancement des projets. En l’occurrence, les projets menés ici, très ambitieux dans l’ensemble, sont tous très différents les uns des autres en même temps que complémentaires et soulevant à l’évidence un grand nombre de questions en matière de faisabilité et de résultats attendus. Les difficultés rencontrées sont liées à la nature de chaque projet. Elles existent en tous cas de manière très identifiables et se sont révélées de façon concrète lors des différentes missions d’évaluation dans les pays concernés. En fonction de la nature des difficultés, certains projets semblent plus fragiles que d’autres mais cela n’entache en rien le bien-fondé de l’ensemble en général.

Il est nécessaire maintenant de mettre tout en œuvre pour que le programme se ressaisisse, reprenne des forces et se développe en empruntant les bonnes voies derrière les bonnes personnes. Rien n’est à remettre en cause sur le fond mais des ajustements sont nécessaires dans certains cas et seront salutaires si la Commission européenne prend acte de toutes les recommandations et les décisions adéquates sur le sujet. Ce programme est passionnant et riche d’enseignement. Les pays concernés ne facilitent pas toujours la mise en place du programme qui est quelquefois vécu comme un défi entre les différents intervenants. C’est une prise de connaissance entre les partenaires dont il a été question dans un premier temps, en rapport direct avec les diversités culturelles et les traditions de ces pays sud-méditerranéens qui ont souvent une importance capitale voire prioritaire quant à la réalisation des programmes engagés. Il faut bien prendre en compte ces considérations car c’est un point important. En effet, ces diversités de toutes sortes qui sont inhérentes aux pays et donc aux projets en eux-mêmes agissent plus fortement et plus radicalement qu’on ne le croit. Evidemment, comme toujours, c’est le courage, la motivation et le talent qui auront gain de cause à la fin et qui seront les atouts les plus précieux pour mener à bien le programme et donner les résultats escomptés.

 

Il convient donc dans cette évaluation, qui reflète la situation jusqu’à mi-janvier 2003, de traiter d’une façon rigoureuse et honnête les uns après les autres chacun des 6 projets :

 

1)      Europa Cinémas

2)      CapMed

3)      Euromédiatoon-Viva Carthago

4)      Elles…aux abords de l’an 2000

5)      Cinema Med

6)   Medea 

 

 

 

 

PRINCIPALES CONCLUSIONS

 

Evidemment, les premières conclusions émises sur chaque projet reflètent la teneur de ce qui vient d’être exprimé au-dessus. Chacun des projets rend compte de sa propre réalité. C’est pourquoi, il sera plus judicieux et convenable de traiter les 6 projets l’un après l’autre dans le texte principal de ce rapport final d’évaluation. On peut toutefois porter un premier jugement dans la présentation en abordant des conclusions développées plus loin sur les projets :

 

-          Europa Cinémas peut affirmer avoir vécu les années qui viennent de s’écouler comme des « années pilote ». En effet, ce projet est celui qui est le plus ancré sur le terrain et le plus proche du public. Les lignes directrices du projet apparaissent de plus en plus contraignantes au vue des situations régnant dans les pays partenaires méditerranéens. Le soutien de la Commission européenne a fait effet de levier et révélé des forces insoupçonnées parmi les professionnels du cinéma dans ces pays. C’est un encouragement énorme et les efforts prodigués par Europa Cinémas en matière de relationnel est un gage de qualité qui mérite un développement durable.

-          CapMed est un projet lourd, complet, dynamique mené avec efficacité et passion. Le service des archives télévisuelles nationales méditerranéennes est pour la première fois considéré comme un service à part entière grâce à la Commission européenne. Ce projet a permis de faire prendre conscience aux pays partenaires méditerranéens de leur patrimoine national et de porter un autre regard sur leurs archives. Il faut du temps pour révéler des compétences et de nouveaux chantiers peuvent maintenant se mettre en place puisque la plupart des actions entreprises depuis le début ont déjà porté leurs fruits.

-          Cinema Med apparaît en premier lieu comme un projet en rapport avec les archives cinématographiques et contribuer à leur valorisation est une tâche noble et belle ; c’est aussi le seul projet dont le budget fut réduit au départ et qui n’a pas voulu déroger au programme des actions prévues. L’ensemble est varié et se justifie complètement au milieu des 6 programmes. Malgré quelques désordres organisationnels, le projet porte à la fois sur les festivals, le cinéma arabo-méditerranéen contemporain, le patrimoine cinématographique méditerranéen le tout associé à l’édition d’une documentation de qualité et à la formation à l’écriture de scénarios. L’impact souhaité mérite de s’améliorer que ce soit sur le plan des médias que sur le plan du public.

-          Elles… aux abords de l’an 2000 est un projet consacré au travail de production de films documentaires. Le projet est vraiment à mi-parcours puisque sur les douze films à tourner, quatre ont déjà été réalisés, quatre sont en production et les quatre derniers en négociation. L’entreprise en elle-même est ambitieuse et louable mais manque sérieusement de regards professionnels extérieurs sur les documentaires qui racontent la vie de femmes arabo-méditerranéennes sous la forme de portraits. Il faut impérativement que les diffuseurs européens soient amenés à voir ces films, tous traités de manière inégale, afin de se prononcer sur leurs qualités pour trouver un débouché public efficace. L’ensemble reste pour le moins original et s’inscrit bien dans un réseau.

-          Euromédiatoon-Viva Carthago est certainement l’un des projets les plus ambitieux du programme Euromed Audiovisuel. La mise en route fut longue et difficile et l’ensemble n’a pas encore atteint tous ses buts. Les dysfonctionnements ne manquent pas car l’ensemble est lourd à maîtriser. Le projet est d’envergure et n’a pas le droit à l’erreur. Il concerne aussi bien l’écriture que le graphisme et la réalisation de 26 épisodes de dessins animés racontant l’histoire du bassin méditerranéen sur dix siècles est, il faut le reconnaître, une tâche immense à entreprendre. L’équipe interne fut difficile à constituer et les relations avec les partenaires engendrent beaucoup de passions et de tensions car les décisions prises restent souvent imprécises et floues. A côté de cela, l’image du projet suscite beaucoup d’admiration et d’attente et les résultats espérés se situent à la hauteur de l’entreprise.

-          Medea est un projet axé sur le soutien au développement de projets audiovisuels euro-méditerranéens à travers une aide financière et une assistance aux participants tout au long du processus de développement ponctuée de modules de formation (écriture de scénarios, financement, marketing/distribution). Ce secteur commence à peine à se professionnaliser en Europe et n’existe quasiment pas encore dans les pays partenaires méditerranéens. Il en résulte que l’attente pour les bénéficiaires est donc considérable. Les contacts à provoquer sont importants et indispensables pour le bon équilibre du projet. L’ensemble doit être productif et bien relayé par les rapports humains qui se tissent entre les bénéficiaires euro-méditerranéens. En revanche, de nombreux problèmes d’organisation, de communication, de pédagogie, nuisent au projet et compromettent son évolution. L’équipe dirigeante paraît consciente de cet état de fait et semble décider à mettre tout en œuvre pour régler les problèmes de fond. Des questions se posent sur l’encadrement Medea et des frustrations apparaissent au sein de l’équipe qui met pourtant un point d’honneur à vouloir se préoccuper de l’avenir immédiat.

 

Le programme Euromed Audiovisuel

 

Se pencher sur la situation actuelle des projets du programme Euromed Audiovisuel et dresser un état des lieux quant à son développement futur répond à une demande de la Commission européenne qui va tenter grâce à cela de bâtir une suite encore plus riche et diversifiée du programme qui prendra en compte les écueils et les réussites rencontrés jusqu’ici. Ce programme ambitieux répond à une volonté soutenue d’exploration des cultures euro-méditerranéennes à travers « le cinéma et l’audiovisuel », secteurs qui ont toujours transmis des valeurs fortes et proches des gens. Le domaine de l’image est en prise directe avec la vie et développe l’imagination et la connaissance.

 

Le programme a marqué une contribution importante dans le domaine de la formation technique, du développement des échanges culturels nord/sud et sud/sud, de la création et du renforcement des réseaux entre professionnels des industries concernées, de l’investissement dans l’exploitation du cinéma en salles, de la reconnaissance de l’importance des archives télévisuelles ainsi que d’une meilleure circulation des œuvres dans la région.

 

 

RECOMMANDATIONS

 

On peut dégager pour chaque projet à cette date un certain nombre de recommandations à développer plus loin de manière détaillée.

Des recommandations-clés apparaissent toutefois de manière évidente sur les 6 projets pour une bonne continuation et un développement positif du programme engagé :

 

Europa Cinémas ne doit pas s’interrompre entre les deux programmes Euromed Audiovisuel (Euromed Audiovisuel I et II). Le travail accompli serait mis en péril sans compter la perte de confiance qui s’installerait entre l’Union européenne et les pays partenaires méditerranéens. Tous ces pays partenaires méditerranéens ne peuvent être traités de manière semblable. Le travail doit s’effectuer de façon plus sélective et mettre en valeur les partenaires les plus motivés du réseau. Une meilleure approche du public devrait permettre aux programmateurs de salles de mieux cibler les films choisis. L’action en profondeur doit être maintenue sur le terrain mais les moyens financiers font cruellement défaut dans certains cas. Il y a de l’envergure à donner à ce projet qui pourrait devenir la meilleure « vitrine » pour le programme Euromed audiovisuel tout entier.

 

CapMed doit lancer maintenant son programme de consolidation de tout ce qui a été mis en place. La Commission européenne doit continuer de soutenir CapMed car le travail fait reste complexe et fragile sans soutien extérieur fort. La dynamique marketing et commerciale commence seulement, ce qui va donner de l’ampleur au projet qui ne cesse de croître. Les archives télévisuelles euro-méditerranéennes, jamais traitées par le passé, apprennent à se connaître, à exploiter leurs fonds, à restaurer et sauvegarder leurs images, à former du personnel. Cet élan de curiosité dans le travail doit se poursuivre et continuer de pouvoir bénéficier d’un apport financier significatif de la Commission européenne.

 

Cinema Med est allé aux termes de ses actions entreprises malgré sa diminution de budget au départ. Chacune des actions menées est à reconsidérer. Les premiers pas faits dans le domaine du patrimoine cinématographique arabo-méditerranéen sont importants et doivent se poursuivre. Tout le travail accompli dans ce domaine le fut de manière qualitative. Le programme Cinema Med est bientôt terminé et les demandes de pays partenaires existent. Il serait dommage que la Commission européenne ne prenne pas assez en compte le travail effectué et les institutions ou organismes culturels prestigieux ayant collaboré au déroulement du projet. Cinema Med a besoin d’une meilleure coordination avec les autres projets et de donner plus d’envergure à ses actions qui méritent d’être mieux connues du public.

 

Elles… aux abords de l’an 2000 est un projet qui demande l’implication en amont d’un diffuseur pour les films documentaires restant encore à réaliser. Les films s’adapteront ainsi aux exigences des différents marchés ce dont ils sont cruellement dépourvus depuis le début. L’intégrité culturelle des sujets de films ne doit pas être touchée ou transformée mais ces portraits de femmes, aussi intéressants soient-ils, ont besoin de trouver leur public et ceci à la télévision principalement. Seule l’exigence de la Commission européenne sur ce point devrait permettre une meilleure utilisation des budgets mis à disposition ainsi qu’un meilleur choix sur la qualité des réalisateurs et intervenants.

 

Euromédiatoon-Viva Carthago est un projet qui se situe à un point crucial de son développement. Si justement il est envisagé une amélioration sur le développement des scénarios de films, il faut le faire vite car seul le premier épisode est en production actuellement. Les problèmes juridiques, financiers ou logistiques doivent être réglés le plus rapidement possible (sans la Commission européenne, la mission semble impossible) si on veut éviter une aggravation de la situation due à des retards supplémentaires. Il est impératif que les décisions soient prises au plus vite afin de poursuivre les efforts engagés. Le projet est un défi qu’il faut relever en mettant toutes les chances de son côté.

 

Medea est un programme qui est en train de mener son autocritique, « positive » semble-il pour l’instant. Le problème majeur étant l’organisation propre à Medea, il va bien falloir suivre de près attentivement les effets de cette réorganisation en cours. Que ce soit au niveau des partenaires ou des bénéficiaires, les problèmes internes assombrissent le travail accompli par Medea sur le terrain. Il y a de meilleures articulations à trouver entre formation et développement et de meilleures définitions à donner en ce qui concerne la fiction cinéma de l’atelier. Medea doit se poursuivre en tant qu’exemple unique sur ce thème en Méditerranée à condition de trouver des solutions acceptables conséquentes remédiant au climat actuel qui doit cesser de se dégrader.

 

Programme Euromed Audiovisuel I

 

Le programme demande une meilleure visibilité à travers les médias et chez les professionnels de l’audiovisuel. Une diminution des retards et dysfonctionnements serait souhaitable à l’intérieur des services de la Commission européenne ainsi qu’une meilleure accessibilité aux membres concernés de la Commission par les coordinateurs de projets. Des retours de la Commission en réponse aux rapports reçus venant des projets sont tout aussi souhaitables. Du côté des bénéficiaires, il est également important de réduire les retards de transmission des rapports et des autres informations nécessaires.

 

Programme Euromed Audiovisuel II

 

La recommandation principale est d’éviter un temps de latence entre les deux programmes pour ne pas risquer de décrédibiliser l’ensemble et de compromettre des actions (projet Europa Cinémas particulièrement). Le suivi à mettre en place devra être rigoureux (personnes qualifiées) sans tomber dans des demandes incessantes de contrôles souvent inappropriés aux situations concrètes des projets. Des études de faisabilité doivent être menées en amont de chacun des projets choisis afin d’éviter des erreurs lourdes de conséquences. Il faudrait aussi pouvoir utiliser la complémentarité entre le programme Média et Euromed Audiovisuel à savoir l’élargissement aux pays tiers des actions spécifiques à Euromed Audiovisuel comme le domaine du financement et de la distribution. Enfin, il est regrettable que la contribution budgétaire de la Commission européenne pour le deuxième programme soit réduite ce qui affectera d’autant la poursuite des actions à mener.

 

2)  INTRODUCTION

 

Après la déclaration de Barcelone de novembre 1995 qui avait défini les grands axes d’intervention (social, culturel et humain) d’une politique intergouvernementale dont l’un des buts serait de développer un dialogue entre les cultures et civilisations euro-méditerranéennes, il a fallu attendre le 15 novembre 1997 à la Conférence de Thessalonique en Grèce afin que soient annoncées les grandes lignes d’une coopération audiovisuelle. Les participants se sont mis d’accord sur la mise en œuvre d’un programme qui ferait suite à un appel à propositions en termes opérationnels.

Les conclusions de la Conférence de Thessalonique ont permis concrètement le lancement d’une coopération audiovisuelle euro-méditerranéenne régionale dont les deux principaux objectifs furent les suivants :

 

-          Promouvoir l’émergence d’une « vision » euro-méditerranéenne en multipliant les programmes sur les régions et en mettant en valeur la richesse et la diversité culturelle afin de favoriser le rapprochement et la compréhension entre les peuples de part et d’autre de la Méditerranée.

 

-          Promouvoir la mise en réseau des opérateurs audiovisuels au niveau euro-méditerranéen en utilisant tous les moyens possibles à disposition.

 

Des objectifs plus spécifiques furent ensuite définis :

 

-          Développer, par la coopération entre opérateurs, le secteur audiovisuel au sud de la Méditerranée.

-          Promouvoir des transferts de technologie et de savoir-faire dans le monde de l’audiovisuel euro-méditerranéen, encourageant ainsi la production et la diffusion de programmes de qualité accessibles au plus grand nombre.

-          Soutenir la coopération entre producteurs et distributeurs de films et programmes euro-méditerranéens.

-          Promouvoir la formation professionnelle et faciliter les investissements de manière à créer des emplois dans le secteur audiovisuel.

-          Promouvoir la valorisation du patrimoine audiovisuel et cinématographique relatif à l’espace euro-méditerranéen.

-          Soutenir la promotion et la diffusion des œuvres cinématographiques originaires de l’espace euro-méditerranéen.

 

 

Les pays et territoires concernés par cette coopération sont les 15 Etats membres de l’Union européenne et les 12 partenaires méditerranéens au sens de la Déclaration de Barcelone à savoir : Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Israël, Autorité palestinienne, Liban, Jordanie, Syrie, Turquie, Chypre et Malte.

Le montant du soutien financier accordé par la Commission européenne à chaque bénéficiaire au titre du programme MEDA ne pouvait excéder 80% du coût total de l’action proposée. Le bénéficiaire doit garantir le reste du financement. Six projets ont été mis en œuvre dans le cadre du premier programme Euromed Audiovisuel, chaque projet comportant un réseau de partenaires euro-méditerranéens avec un chef de projet, coordinateur du réseau.

Le rôle de la culture et plus particulièrement dans ce cadre précis, celui de l’audiovisuel et des médias, est fondamental dans une optique de meilleure connaissance et compréhension entre les cultures et les civilisations. Ce domaine a bénéficié d’une volonté politique forte de la part des 27 pays partenaires euro-méditerranéens afin qu’une action communautaire soit entreprise au niveau régional. En l’occurrence, Euromed Audiovisuel a consisté dans son premier programme à co-financer 6 projets régionaux pluriannuels dans le domaine du cinéma et de la télévision, correspondant aux critères de l’appel à propositions relatif au programme :

 

1)      Europa Cinémas : soutien aux exploitants de salles de cinéma et aux distributeurs en Méditerranée ainsi qu’aux festivals dans les pays partenaires méditerranéens. Renforcement d’une programmation de films sud-méditerranéens dans les salles de cinéma de l’Union européenne.

 

2)      CapMed : création des conditions d’une politique de sauvegarde et de restauration des archives télévisuelles des pays partenaires méditerranéens parallèlement à l’élaboration d’une banque de données.

 

3)      Euromédiatoon - Viva Carthago : mise en place d’un studio d’animation dans un pays sud-méditerranéen et réalisation d’une série de 26 épisodes de dessins animés racontant l’histoire du bassin méditerranéen sur plusieurs siècles.

 

4)      Elles… aux abords de l’an 2000 : production d’une série de 12 films documentaires de 52 minutes racontant, à travers des portraits de femmes arabo-méditerranéennes, des histoires aux destins troublants.

 

5)      Cinema Med : valorisation du patrimoine cinématographique de pays arabo-méditerranéens à travers des rétrospectives, festivals, restauration, conservation de films et soutien à la formation pour l’écriture de scénarios.

 

6)      Medea : soutien au développement de projets de films de long métrage de fiction et de documentaires. Formation à l’écriture de scénarios, au financement et à la distribution des projets audiovisuels.

 

Le rapport final de l’évaluation à mi-parcours du programme a pour but essentiel l’analyse détaillée et objective des actions poursuivies depuis deux ans et demie à l’intérieur des 6 projets retenus et les conclusions s’y rapportant. Il devrait également permettre de définir des recommandations sur la mise en œuvre du deuxième programme Euromed Audiovisuel.

 

Chacun des projets doit faire l’objet d’une description dans son action et sa forme tout en suivant des points bien précis relatant les objectifs et les résultats attendus ainsi que les activités menées.

Les questions clés horizontales concernant la coordination, la cohérence, la complémentarité ou la contribution au partenariat euro-méditerranéen ainsi que les critères de pertinence, efficience, efficacité, impact et viabilité jouent un rôle de tout premier plan quant à l’analyse du programme, en particulier le critère de viabilité puisqu’il répond aux possibilités de projections dans l’avenir. Les conclusions et recommandations apportées en fin de rapport doivent permettre de regarder la situation différemment au vue des éléments nouveaux apportés pour une meilleure compréhension de part et d’autre et une autre manière d’envisager le travail.

 

La plupart des actions menées, dans le domaine du cinéma et de l’audiovisuel à l’intérieur des six projets, ont impliqué de nombreux professionnels de l’image dans les pays de l’Union européenne et les pays partenaires méditerranéens. Les sommes d’argent engagées par la Commission européenne ont été très substantielles et ont marqué ainsi une volonté d’engagement et d’efficacité dans tous les domaines choisis afin que le programme puisse ainsi se pérenniser dans l’avenir. Il faut prendre en compte les problèmes de départ à savoir les projets en eux-mêmes, les pays où ils se déroulent et les nombreuses difficultés de communication inhérentes aux « acteurs » vivant sur le terrain et les rapports bureaucratiques spécifiques à la Commission européenne.

Il faut bien comprendre et considérer que nous parlons ici de « cinéma et d’audiovisuel » et qu’en l’occurrence ces disciplines demandent une réactivité et une souplesse d’intervention très importantes afin d’optimiser les résultats attendus et de saisir rapidement des occasions qui se présentent pour améliorer la qualité du travail.

Une vue d’ensemble des projets permet de constater une réelle volonté de traiter des domaines d’action très différents, quoique toujours complémentaires, regroupant l’ensemble des métiers de l’audiovisuel en général. Les pays partenaires méditerranéens ont eu besoin de trouver leurs repères dans une structure à laquelle ils n’étaient pas habitués et d’explorer à travers leur expérience et leur culture les chemins les plus faciles à emprunter.

 

Tous les éléments positifs et négatifs rencontrés jusque là seront évoqués. Les missions des trois experts, suivant les compétences et expériences de chacun, dans les pays concernés par les 6 projets sont la source d’une base de travail et de réflexion conséquente car concrète et variée allant bien au-delà d’un simple travail d’interviews de terrain. Au contraire, ces mélanges de cultures et de traditions bien enracinées jusque dans le quotidien des gens, apporte une vision pour le moins chargée de sens quant aux rapports humains à générer, à faire fructifier et à entretenir par la suite dans le travail. Tout repose sur une politique attentive de communication. C’est la seule réponse à l’éloignement et à la différence entre les peuples et c’est de fait la seule garantie de succès et de poursuite efficace des actions en cours. Evidemment des questions diverses se posent et les objectifs de départ ne doivent pas être perdus de vue tout comme les résultats escomptés malgré les problèmes qui ont pu survenir tout au long de ces deux ans et demi de travail. La situation actuelle dans les pays arabes ne peut qu’affecter et ralentir les opérations menées pour cause d’accroissement des difficultés pour travailler ensemble et se déplacer en toute sécurité. D’un autre côté, cette situation revêt aussi une importance considérable quant à la prise de connaissance de l’autre et de sa culture. Le moment semble donc bien choisi pour faire preuve de réalisme et de détermination et mesurer en toute objectivité les écueils possibles du programme et tenter d’y remédier pour sa poursuite dans les années qui viennent.

 

 

3) EVALUATION DES 6 PROJETS DU PROGRAMME

                     

A.     EUROPA CINEMAS

 

La mission Europa Cinémas fut la première menée au titre de l’évaluation à mi-parcours au mois de septembre 2002 au siège du coordinateur du projet à Paris : Claude-Eric Poiroux.

D’autres missions Europa Cinémas seront également menées au Maroc, en Israël, en Territoires palestiniens, en Egypte et en Tunisie.

 

Le projet Europa Cinémas/Euromed Audiovisuel a démarré le 24 février 2000 pour une durée de 36 mois. La contribution financière de la Commission européenne s’élève à 4.000.000 €.

 

               A.1.  Objectifs et résultats attendus

 

Europa Cinémas a dû remplir un vrai contrat de communication pour être en mesure de pouvoir déchiffrer le paysage cinématographique sud-méditerranéen durant ces deux ans et demie de travail dans le cadre Euromed Audiovisuel. Les déplacements nombreux de l’équipe dirigeante (basée à Paris) à travers tous les pays partenaires méditerranéens ont permis une vision plus globale des situations de terrain afin de se donner de bonnes bases de travail. Ce travail de proximité était le seul possible pour atteindre les populations concernées par le cinéma et susceptibles de porter un intérêt à la cinématographie européenne dans les salles. Il faut savoir être proches des partenaires et très concrets dans les discours. Pour rendre le projet réalisable, il faut saisir l’importance que revêt le relationnel dans les pays sud-méditerranéens. Une forme de pédagogie et une initiation à l’Europe ont dû faire partie intégrante de l’environnement du projet. En ce sens, Europa Cinémas, grâce à son expérience dans le cadre du programme Média en matière de soutien aux salles de cinéma en Europe, a pu profiter des leçons apprises lors des années passées, pour s’en servir et tenter de les appliquer au cadre Euromed Audiovisuel. C’est bien de compréhension dont il s’agit car les pays concernés, qui sont quelquefois proches de l’Union européenne sur le plan géographique, sont souvent de cultures et traditions millénaires qu’il convient de respecter dès lors que l’on essaie d’imposer des règles strictes souvent éloignées des valeurs intrinsèques à l’individu. L’objectif premier a donc été celui de se faire accepter et comprendre sans manifester trop d’impatience et de volontarisme car un apport financier peut, aussi paradoxal que cela puisse paraître, susciter de la méfiance et du doute chez celui qui va en bénéficier.

 

Europa Cinémas est certainement le projet qui véhicule le plus de contacts tant sur le plan professionnel que sur le plan du public. Europa Cinémas, qui n’a pas pour vocation d’intervenir dans le choix artistique des films choisis peut inciter, grâce à de nombreuses discussions personnelles, à porter un regard qualitatif sur les choix à opérer.

Il a fallu, au cours de ces « années pilote », tisser des liens profonds entre les professionnels du cinéma à l’intérieur de chacun des pays en fonction des possibilités et des motivations des uns et des autres afin de rendre plus performante l’activité de distribution et d’exploitation des films dans les pays partenaires méditerranéens.

 

L’objectif d’une meilleure collaboration entre les pays partenaires méditerranéens est d’une importance capitale car cela devrait permettre une meilleure circulation des films entre chacun des pays (surtout dans ceux qui parlent la même langue) qu’ils soient d’origine méditerranéenne ou européenne et d’accroître ainsi une meilleure visibilité dans le travail accompli par les intervenants. Afin de motiver les professionnels du cinéma, il faut savoir rendre leur activité performante de manière à ce qu’ils puissent ressentir une certaine fierté du travail bien fait. Reste à souhaiter que la profession cinématographique dans l’Union européenne continuera à suivre l’exemple donné en Méditerranée du Sud et programmera encore plus de films de cette région dans ses salles. Il est vrai que la politique de distribution dans les salles européennes suit des circuits commerciaux bien définis et difficiles à influencer sauf si des sommes financières conséquentes étaient allouées par la Commission européenne pour influer sur l’opinion de l’économie du marché de la distribution des films dans les pays de l’Union (à voir peut-être avec le programme Média). Europa Cinémas a eu la lourde tâche d’imposer des lignes directrices de fonctionnement qu’il a fallu rendre plus flexibles avec le temps, compte tenu des difficultés géopolitiques et conflictuelles liées à certains pays. Persévérance et persuasion sont les deux mots clés de ce travail de fond.

 

 

 

 

               A.2.  Bilan des activités menées et analyse pays par pays

 

Europa Cinémas mène depuis 1992, dans le cadre du programme Média, une action de programmation de films européens à travers l’Europe communautaire jusqu’aux pays d’Europe centrale et orientale (50 pays). Il était donc presque normal voire logique que le réseau puisse aussi s’implanter dans les 12 pays partenaires méditerranéens afin de renforcer son action de programmation dans les salles de cinéma du Sud de la Méditerranée et de nouer des liens productifs avec les exploitants et les distributeurs des pays concernés. Par ailleurs, un soutien aux festivals de cinéma de cette région ajoute un troisième volet au travail à entreprendre afin d’assurer à la fois la promotion et la mise sur le marché de films européens et sud-méditerranéens. La bonne connaissance des pays de l’Union européenne et au-delà ainsi que celle des différents mécanismes de soutien des instances européennes diverses a permis à Europa Cinémas d’imposer plus facilement le cinéma sud-méditerranéen dans les salles de cinéma de l’Union. Cette grande compétence et ce professionnalisme reconnus depuis des années, dus à la fois à l’expérience de terrain et à la qualité du directeur et son équipe, a permis à l’expert une prise en compte rapide et claire des aspects positifs et négatifs quant au travail accompli jusque là et un passage en revue des différents problèmes posés afin d’évoluer vers une réflexion constructive. Il était intéressant pour l’expert 1 de mener sa première mission au siège Europa Cinémas à Paris pour commencer cette évaluation car il s’agit, surtout dans le cas de ce projet précis, d’une prise de connaissance directe du terrain puisque les 27 pays euro-méditerranéens sont ici concernés et révèlent une disparité telle que l’évaluation n’a pu se faire précisément que pays par pays.

 

Les missions relatives au projet Europa Cinémas menées par l’expert 1 par la suite dans certains des pays partenaires méditerranéens (Maroc, Israël, Autorité palestinienne avec des compléments d’information recueillis en Tunisie et en Egypte) ont pu démontrer et mettre à jour la réalité quotidienne des différents intervenants (partenaires et bénéficiaires) et la motivation des uns et des autres en fonction des pays où ils résident.

 

La première année d’activités a été basée principalement sur la promotion des lignes directrices du projet à travers divers documents dont un dossier détaillé qui a été envoyé à tous les exploitants, professionnels du cinéma et institutions cinématographiques. La plupart des salles de cinéma pouvant faire partie du réseau, situées majoritairement dans les grandes villes des pays partenaires méditerranéens, ont été visitées à commencer par les capitales. Deux types de contrat ont ainsi été mis en place pour les salles. Ce processus a pris effet en deux temps de façon à créer un système incitatif pour certains pays (Maroc, Algérie, Tunisie) car il existe un manque évident de films sur le marché. C’est le soutien aux salles qui a démarré en premier car il s’agit d’un dispositif concret qui a donné tout de suite un aspect « vitrine » au projet en lui-même. C’est la salle de cinéma qui est le lieu de rencontre par excellence car elle dégage une vraie dynamique et la convivialité recherchée. Le contrat est renouvelé chaque année car il prend en compte les exigences requises quant à la qualité des salles tant sur le plan technique que sur le plan du confort. Des formulaires de demande de soutien et de candidatures (exploitation ou distribution) sont régulièrement envoyés pouvant aboutir à la rédaction d’une convention/type entre Europa Cinémas et un exploitant. Il devra se soumettre aux critères et mécanismes à respecter pour l’obtention des subventions qui lui seront ou non versées.

Durant l’année 2000, le nombre d’écrans pour le cinéma européen a augmenté progressivement tandis que l’aspect distribution n’est apparu qu’à la fin de cette même année. Une des règles étant qu’une société de distribution ne pourra pas obtenir de soutien pour plus de 5 films par an sur un même territoire. Un comité d’experts (10 personnes) déjà existant a été élargi à 2 membres supplémentaires pour Euromed Audiovisuel : une réunion a lieu tous les six mois afin d’apprécier le travail des exploitants et décider des subventions à verser. La Conférence annuelle Euromed Audiovisuel à Rabat en septembre 2000 a mis en évidence la difficile logique de marché (exploitation/distribution) qui revêt bien souvent encore un caractère risqué et aventureux.

Dès le premier semestre 2001, le nombre d’écrans Europa Cinémas a doublé passant de 30 à 60 dans 11 pays partenaires sud-méditerranéens sur 12, Chypre ne figurant pas encore sur la liste des pays demandeurs. La distribution connaît alors un bond important puisque 19 films sont distribués dans les premiers mois de l’année. Le nombre de copies de films par salle va également en augmentant. Tout ceci amenant le secteur distribution à 35 films soutenus à la fin de l’année 2001. On peut donc affirmer que la distribution est monté en flèche et que le parc de salles s’est agrandi de manière régulière. Le bond en avant connu par la distribution en 2001 a intégralement utilisé le budget de soutien alloué à ce secteur.

 

Les premières demandes pour les festivals sont apparues aussi en 2001 : deux en provenance du Liban (Festival de Beyrouth et un festival itinérant sur 9 sites), deux en provenance de la Turquie (Festival européen dans 4/5 villes et le Festival international du film d’Ankara) et une demande en provenance de Tétouan.

 

Au fil des ans, les candidatures se sont multipliées mais de manière inégale en fonction des pays et de leurs infrastructures. Les contacts jusqu’ici ont été nombreux et prometteurs ayant abouti, dans le cadre Euromed Audiovisuel, à l’adhésion de 34 salles de cinéma (72 écrans dans 9 pays partenaires méditerranéens) et à la distribution de 108 films européens ou sud-méditerranéens (514 copies) avec 21 sociétés de distribution différentes à l’intérieur de 9 pays du Sud de la Méditerranée. En ce qui concerne les entrées en salles, Europa Cinémas a pu comptabiliser 2 740 185 spectateurs jusqu’ici dans les pays partenaires méditerranéens. Le soutien aux festivals de cinéma commence à émerger avec 5 festivals soutenus dans 2 pays sud-méditerranéens et 13 villes différentes. De nouvelles salles (16 pour 41 écrans) sont candidates au réseau ainsi que 4 festivals de cinéma dans 3 pays. Les festivals de cinéma sont très utiles pour stimuler l’esprit de découverte et participer à la promotion du cinéma européen et sud-méditerranéen. Dans l’Union européenne, 91 salles sont soutenues pour leur programmation de films sud-méditerranéens. L’action menée est récurrente, parfois sur un terrain accidenté, mais donnant aussi des surprises positives d’envergure. Une documentation variée et de qualité donne une bonne visibilité au projet.

 

D’ailleurs, les bénéficiaires n’hésitent pas à promouvoir à travers leurs nombreux documents (catalogues, affiches, billets d’entrée, films, documents et panneaux publicitaires) le soutien Europa Cinémas / Euromed Audiovisuel en apposant le logo créé spécifiquement pour le projet. C’est la fonction d’appartenance à un réseau qui joue ici son rôle de fédérateur et de « metteur en lumière ». Les exploitants et distributeurs de films des trois pays du Maghreb faisant partie du projet ont décidé récemment de rapprocher leur savoir-faire et de travailler ensemble pour stimuler les énergies dans leurs propres pays. La presse a d’ailleurs émis un écho favorable à ce rapprochement décidé lors de la dernière Conférence annuelle Europa Cinémas à Paris en novembre 2002. Des actions communes ont envie de voir le jour car dans les pays difficiles et isolés sur le plan culturel, une association de compétences avec les professionnels les plus motivés du réseau ne peut donner que des résultats positifs et remarqués.

 

On peut également ajouter que pendant les deux premières années, toutes les Délégations de la Commission européenne des pays partenaires méditerranéens ont été en premier lieu informées par écrit, voire plus, en fonction de leur disponibilité. Dans la mesure du possible, des contacts ont été pris sur le terrain afin d’obtenir des soutiens logistiques ou de coordonner certaines actions. Il faut prendre en compte qu’une certaine disparité existe dans ces organismes en fonction des lieux et des personnes. On peut toutefois noter que les festivals des Délégations de la Commission européenne se multiplient et s’enrichissent.

 

 

 

 

 

Analyse pays par pays

 

MAROC

 

C’est le seul pays du Maghreb qui a pu bénéficier d’une enquête approfondie grâce à la mission menée par l’expert 1 sur le terrain, donnant ainsi un éclairage le plus proche possible de la réalité sur l’industrie cinématographique et sur le positionnement de Europa Cinémas dans ce pays en pleine mutation.

 

Le pays est en plein essor avec ses 150 salles de cinéma en activité qui bénéficient aussi d’un système d’aide à la rénovation. Un complexe de 14 salles, dirigé par un exploitant français, s’est même implanté en centre ville de Casablanca depuis mai 2002. Cette présence suscite à la fois des résultats positifs et négatifs ; en effet, c’est un lieu de prestige dont la plus grande salle (800 places) est magnifique et qui attire une clientèle jeune et motivée. Le but recherché de l’exploitant, si l’affaire marche, est de s’implanter de la même manière dans d’autres villes du Maroc comme Marrakech ou Agadir par exemple. Par contre, la proximité avec des salles « indépendantes » pose des problèmes : fréquentation faible d’où une menace de fermeture pour certaines d’entre elles et grande difficulté pour d’autres de continuer d’occuper le terrain. Malgré tout, la motivation est forte bien que la concurrence soit énorme entre les salles qui sont pourtant à peu près alimentées régulièrement en films.

 

Depuis le lancement d’Euromed Audiovisuel, le Maroc est leader concernant le nombre de salles Europa Cinémas implantées en profondeur dans le pays (Casablanca, Rabat, Marrakech, Tétouan, Tanger, Salé, Settat). Le Centre cinématographique marocain (CCM) fait travailler 220 personnes, ce qui est beaucoup pour un pays qui produit aussi peu de films, et affiche un fonctionnement dynamique le plus efficace de tout le Maghreb. Paradoxalement, le Maroc est le dernier des pays à demander des aides à la distribution. C’est la difficulté d’approvisionnement en films qui cause le plus de problèmes pour l’exploitation du cinéma en salles et c’est pourquoi le soutien apporté par Europa Cinémas est vécu comme un signe fort d’encouragement. Le film européen est principalement d’importation française : ce sont les films d’actions ou de comédies qui marchent le mieux. Il faut savoir que sur les 150 salles existant au Maroc, 120 passent des films indiens de manière très traditionnelle. Certains exploitants sont aussi distributeurs ce qui leur permet, grâce au soutien Europa cinémas, de pouvoir commander un nombre suffisant de copies pour alimenter aussi d’autres salles. Sans aide, impossible de sortir des films européens mais ce n’est pas incitatif pour tout le monde. C’est la guerre entre les distributeurs. Le boycott actuel des valeurs américaines pourrait toutefois donner de bonnes opportunités pour les films européens.

 

Malgré un dynamisme évident, le cinéma marocain est en mauvaise santé dans le domaine de la production car les films pour la plupart ne sont pas bons. Pourquoi les films des autres pays du Maghreb ne sont pas montrés au Maroc ? La plupart des exploitants de cinéma évoque aussi la difficulté pour eux de promouvoir correctement les films européens et insiste sur l’importance de pouvoir les sortir en même temps que la France afin de bénéficier de la promotion de la télévision française, très regardée au Maroc. Dans l’ensemble, les salles sont belles, grandes, accueillantes, rénovées ou en voie de rénovation. Certaines sont même classées. D’autres vont encore ouvrir et réclamer un soutien à Europa Cinémas dont le rôle est de plus en plus apprécié à travers le pays. Des festivals bénéficient également de son soutien comme celui de Marrakech (festival international) par exemple pour la 2ème année consécutive.

 

En conclusion, on peut dire que le Maroc essaie de se construire une image « cinéma » forte. La production cinématographique marocaine ne trouve pas de marché à l’étranger ni même bien souvent une place dans les festivals de cinéma internationaux. Le problème des salles reste complexe. C’est toute une éducation du public à faire ou refaire qui s’est laissé envahir par les films indiens ou américains (de série B ou C). La « percée » européenne est importante car les professionnels du cinéma sont demandeurs et à l’écoute. Le cinéma doit redevenir une sortie événement malgré l’omniprésence de la télévision (chaînes par centaines) et des formes de piratage incontrôlées.

 

ALGERIE

 

Avant l’indépendance, le pays comptait plus de 500 salles de cinéma. Beaucoup d’entre elles ont fermé et sont en très mauvais état. Celles qui ont été rénovées sont soumises à des retards très importants empêchant la réouverture. Les problèmes d’infrastructures sont énormes. Il faut bien prendre en compte la situation politique grave du pays depuis maintenant plus de dix

ans et des conséquences dramatiques sur sa population. Deux salles Europa Cinémas (3 écrans) existent pour l’instant. Le cas de la Cinémathèque d’Alger reste une option sérieuse pour Europa Cinémas bien qu’il s’agirait là d’une aide et mesure exceptionnelles mais compte tenu de la situation du pays et de l’importance de sa Cinémathèque, la proposition d’adhésion mérite d’être attentivement regardée. Quant à la distribution, elle est organisée de manière différente que dans les autres pays du Maghreb puisque la plupart des distributeurs est installée à la fois à Paris et à Alger. Trois sociétés de distribution sont soutenues par Europa Cinémas. Le problème des salles reste à débloquer ; la situation semble figée pour l’instant mais de nouveaux contacts ont été pris à Alger (2 salles), Oran et Constantine.

 

TUNISIE

 

Les salles de cinéma en Tunisie sont très vétustes mais grandes. La plupart d’entre elles sont situées au centre ville de Tunis qui est un endroit assez vide le soir et qui se dégrade progressivement. Jusqu’à présent, une salle à Tunis a bien rempli son contrat avec Europa Cinémas car elle est située dans un endroit résidentiel vivant, proche de l’université et éloigné du centre ville. Les sorties de films se font de manière un peu trop confidentielle à cause du manque de public et sont très localisées de façon à ne pas générer trop de dépenses. C’est un cercle vicieux puisque la distribution de films existe mais sans promotion à cause du manque de spectateurs. Une société de distribution actuellement est soutenue par Europa Cinémas. De plus, le prix du terrain est très cher et les problèmes d’infrastructures sont tels que même les films américains sortent dans de mauvaises conditions. En dehors de Tunis, seule une salle de cinéma à Bizerte répond aux normes d’Europa Cinémas avec beaucoup de difficultés malgré une implication maximum. Malgré tout, plusieurs salles actuellement sont en cours de rénovation et devraient bientôt être candidates à Europa Cinémas. La Délégation de la Commission européenne organise depuis 2 ans un festival de cinéma européen et n’a pas fait appel pour la première édition en 2000 à une salle Europa Cinémas. La deuxième année, la salle Europa Cinémas, qui a cette fois-ci pu collaborer avec la Délégation de la Commission européenne, n’avait pas encore été dédommagée de ses frais par la Délégation lors du passage de l’expert 1 à Tunis en octobre 2002. Toutefois, l’exploitant, très motivé, souhaiterait la tenue d’un festival deux fois par an afin d’accroître l’événementiel pour mieux « accrocher » le public. La situation en Tunisie est difficile mais non figée grâce à des exploitants de bonne volonté qui misent sur une amélioration du parc de salles et une diversité dans la programmation.

 

EGYPTE

 

La situation de la production du cinéma en Egypte est catastrophique pour les films égyptiens (15 films produits en 2002 au lieu d’une trentaine l’année précédente), le tout s’ajoutant à une pénurie d’écrans de cinéma puisque moins de 100 salles existent au Caire pour 16 millions d’habitants. Les salles de cinéma ne montrent que des films américains ou égyptiens et lors de périodes bien précises qui excluent tout l’été ainsi que les jours de fête importants. Ceci pour démontrer la multiplicité des handicaps existant dans les manières de fonctionner. Il n’y a pas de tradition du film européen en Egypte ; même les films des autres pays arabes ne sont pas montrés. Le cinéma européen n’est peut-être pas représenté en Egypte mais aucune véritable initiative n’a été prise dans ce secteur à ce jour. Un complexe de 6 salles en cours de finition a été visité par l’expert en octobre 2002 au Caire et aurait posé depuis sa candidature pour adhérer à Europa Cinémas. Même démarche pour un autre exploitant de complexe à Alexandrie. C’est un véritable travail de pionnier à accomplir dans ce vaste pays demandant un investissement personnel considérable dans le but de convaincre. Pour l’instant, au vue de la situation et du grand nombre de difficultés, la voie d’entrée sur le marché semblerait ne pouvoir se faire que par la distribution (2 sociétés soutenues actuellement).

 

ISRAEL

 

On est ici en présence d’une distribution de films qui s’apparente à celle des pays européens.

Le parc de salles est très développé (plusieurs centaines pour 6 millions d’habitants) avec beaucoup de complexes. C’est le seul pays au monde contenant autant de multiplexes sur une si petite superficie avec un nombre de spectateurs potentiels aussi limité (entre 4 et 5 millions). Les sociétés de distribution sont très puissantes et les cinémathèques (surtout Jérusalem) très actives. De gros budgets sont alloués pour la sortie des films qui bénéficient également d’une promotion et d’un suivi médiatique importants. La production de films et l’exploitation de salles sont très développées. Le nombre d’écrans (18) aux normes Europa Cinémas est le plus développé de tous les pays et se situent pour la plupart à Tel Aviv et dans ses faubourgs ainsi qu’à Jérusalem. Trois sociétés de distribution sont également soutenues par Europa Cinémas.

La crise économique qui sévit actuellement en Israël et qui touche tous les domaines a entraîné une chute de la fréquentation des salles de cinéma d’au moins 30%, surtout celles situées en dehors de Tel Aviv. Israël n’étant pas tout à fait un pays comme les autres, il faut se rendre compte de la réalité du conflit qui réside dans cet Etat depuis des décennies. Le moral des gens est très affecté et les attentats ne sont pas forcément favorables au retour du public dans les salles de cinéma. Toutefois, la vie continue malgré l’insécurité avec la création cinématographique et la diffusion de films européens et méditerranéens assez variés avec des prises de risques financiers d’envergure. Les enjeux pour la Commission européenne sont ici importants et doivent être regardés au plus près car ce pays du Moyen Orient n’a rien de comparable avec ses voisins et possède de fait une originalité et une richesse à exploiter.

 

AUTORITE PALESTINIENNE

 

Il n’y a pratiquement pas de salles de cinéma. Beaucoup de contacts avec les Libanais et les Egyptiens pour l’acheminement des copies de films. L’autre source d’approvisionnement en films est Jérusalem Est. Une exception pourtant avec une salle à Ramallah qui fait un travail de premier plan sur le cinéma européen dans des conditions très difficiles (l’exploitant est aussi distributeur). La situation en Territoires palestiniens est extrêmement complexe et préoccupante car la conjoncture économique est totalement déplorable. L’épuisement et la lassitude de la population palestinienne face à cette situation de guerre entraînent une forme de résistance qui passe aussi par les arts. L’aide apportée par Europa Cinémas pour la salle de Ramallah et la distribution des films est très bienvenue mais jugée insuffisante au vue des besoins et de l’entretien de l’endroit. Le bureau de représentation de la Commission européenne pour les Territoires palestiniens effectue un travail remarquable de relais sur le terrain. Sont en projet d’adhésion Europa Cinémas des salles à Bethléem, Naplouse et Jérusalem Est. L’existence même à Ramallah d’un très beau lieu culturel qui marche bien (évidemment en fonction des éventuelles incursions militaires qui stoppent toute activité) est très motivant pour les dirigeants du lieu et pour le public qui s’y rend. Il est indispensable de continuer de soutenir de manière très substantielle un lieu culturel qui est aussi un refuge intellectuel et permet de faire évoluer les pensées et les idées.

 

 

 

 

JORDANIE

 

Les films montrés dans le pays sont des films américains de série B comme ceux montrés également en Syrie. Une salle pendant un an à Amman a tenté de remplir ses objectifs Europa Cinémas sans jamais y parvenir. La salle a fermé depuis. Il n’y a que très peu de salles dans la capitale. Un complexe a ouvert récemment mais peu de chiffres ont été donnés depuis l’ouverture. Pour l’instant, un complexe de deux écrans est envisagé dans le nouveau Hilton de Amman. Le problème le plus important en Jordanie pour la distribution des films est le manque de salles et d’écrans. Quant au prix des places de cinéma, il est excessivement cher : 9 €. Beaucoup de contraintes existent dans ce pays où les contacts avec la Délégation de la Commission européenne sont inexistants.

 

LIBAN

 

Beyrouth est la plaque tournante de la sortie des films en provenance de l’Europe et des Etats Unis. C’est un système de sous-distribution de films qui touche aussi bien les pays tels que l’Egypte, la Syrie et la Jordanie mais aussi les pays du Golfe dans lesquels certains complexes de salles sont tenus par des Libanais. Le Liban est un petit pays de 3 millions d’habitants (plutôt francophone et francophile) dont le public de cinéma semble plus ouvert à l’Europe que dans certains pays voisins. Un accord distributeur/exploitant a vu le jour dans le cadre d’une distribution régionale, dont l’Egypte, la sous-distribution étant assurée par un exploitant du Caire. A ce jour, dans le pays, il existe 3 salles Europa Cinémas mais d’autres salles aussi mettent des films européens à l’affiche (soutien à 6 sociétés de distribution). Plusieurs festivals de cinéma à Beyrouth affichent le label Europa Cinémas. La Délégation de la Commission européenne est également active dans le secteur du cinéma.

 

SYRIE

 

La Syrie ne compte que peu de salles toutes concentrées à Damas et Alep. Les films sont proposés aux exploitants aux enchères d’où les limites de marché évidentes. Si les films sont choisis directement vers l’extérieur, les taxes à acquitter sont énormes. Seule exception les salles Cham, situées sous forme de complexes dans l’hôtellerie à Damas et Alep, bénéficient du soutien Europa Cinémas (4 écrans). La fréquentation des salles est principalement étrangère. Les films viennent de Beyrouth ; le circuit est donc très limité. Une seule société de distribution est soutenue par Europa Cinémas. Des idées de festivals ont été évoquées mais non encore abouties. Peu d’informations ni de demandes. Le budget de la Délégation de la Commission européenne est presque intégralement consacré à l’archéologie.

 

TURQUIE

 

En dix ans, le nombre de salles Europa Cinémas en Turquie a été multiplié par 15 puisque le pays a bénéficié du programme Eurimages du Conseil de l’Europe dès 1994. Le passage par Eurimages pour les demandes de soutien est obligatoire avant de passer par celui d’Euromed Audiovisuel, les deux n’étant pas cumulables. La coordination qui existe entre Eurimages et Euromed Audiovisuel est réduite au minimum ne faisant que rendre plus difficile les contacts à assurer. Dans le cadre d’Eurimages, 50 écrans dans trois villes sont des écrans Europa Cinémas. La ville d’Izmir a été la première à adhérer à la procédure Euromed Audiovisuel avec 3 écrans dès 2001. Dix écrans de plus (Ankara et Istanbul) sont venus les rejoindre depuis. Quant à la distribution, une seule société pour le moment reçoit le soutien Europa Cinémas. La Turquie, de par sa situation géographique à la fois proche de l’Europe sans faire partie de la Communauté et grand pays de la Méditerranée, ne peut pas être évaluée comme un bénéficiaire du réseau Europa Cinémas ordinaire. Elle bénéficie d’une ancienneté et d’une approche différentes des autres pays méditerranéens en matière d’exploitation et de distribution du cinéma en salles.

 

CHYPRE

 

La situation la plus chaotique qui soit, due en partie aux différents mécanismes de soutien européen par lesquels Chypre est passée : Eurimages d’abord, puis deux fois le programme Média et enfin Euromed Audiovisuel. L’alimentation en films méditerranéens de Chypre peut provenir de distributeurs grecs ayant les droits pour Chypre ou bien de distributeurs libanais. Un seul présent à Beyrouth et Chypre est en contact avec toutes les salles et distribue des films européens. Il y a une volonté évidente de regroupement des anciennes salles de l’île. A l’heure actuelle, trois candidatures de salles sont en vue pour Europa Cinémas à Nicosie et Larnaca.

 

MALTE

 

L’île reste très « anglaise » dans son cinéma. La culture anglo-saxonne fait partie du paysage. Les salles sont belles et très modernes gérées par quatre sociétés d’exploitation de films. Il existe également des multiplexes. La forteresse de La Valette renferme un lieu culturel qui comporte une salle Europa Cinémas à l’intérieur. Par ailleurs, il n’existe qu’une seule société de distribution de films à Malte qui a le monopole et l’exclusivité de tous les films. Une difficulté majeure existe également car le sous-titrage des films n’est pas accepté. Problèmes de promotion des films aussi. La vraie question qui se pose actuellement est celle de l’opportunité d’une continuité en matière de soutien malgré tous ces obstacles inhérents à la culture interne de l’île.

 

               A.3.  Critères d’évaluation

 

L’analyse de l’évaluation Europa Cinémas/Euromed Audiovisuel telle qu’elle est précédemment décrite fait bien ressortir l’existence d’un vrai projet professionnel de type institutionnel ayant pu bénéficier d’une expérience du même type menée dans le cadre de l’Union européenne et au-delà. Ceci pour dire que Europa Cinémas, qui ne collabore pas avec des partenaires spécifiques dans les pays euro-méditerranéens à l’intérieur de son projet mais seulement avec des bénéficiaires issus de la Méditerranée du Sud et de l’Union européenne, justifie une approche particulière dans l’évaluation quant au travail accompli qui appelle toutefois des réponses précises aux questions qui se posent maintenant.

 

L’analyse pays par pays se justifie complètement au vue des interlocuteurs concernés dans les pays partenaires méditerranéens car elle rend compte de l’extrême difficulté d’action inhérente aux pays eux-mêmes dans la région concernée par le programme.

 

Grâce à la diversité et la cohérence des missions menées par l’expert 1 sur le projet Europa Cinémas, il a été possible de mener des enquêtes de terrain riches et approfondies débouchant sur une évaluation qui a pu permettre non seulement de rendre compte de résultats concluants quant aux objectifs fixés mais de rencontres humaines passionnantes et déterminantes.

                                                                                                                             

Pertinence

 

Le projet, de par sa diversité et son professionnalisme, a rempli beaucoup des objectifs fixés au départ. Une prise en compte réaliste des nouveaux terrains d’action a vu le jour afin d’optimiser les résultats. Le nombre de salles de cinéma, de distributeurs et de festivals aidés est en train de s’accroître. Toutefois, une flexibilité dans les lignes directrices du programme semble de mise pour une meilleure compréhension et atteinte des objectifs spécifiques au projet. L’ensemble reste cohérent avec des ajustements nécessaires en fonction des pays concernés. Le travail de terrain de l’équipe dirigeante a joué un rôle déterminant quant au facteur de persuasion et la mise en place d’une politique audiovisuelle euro-méditerranéenne qui commence à porter ses fruits. Les problèmes (tous différents d’un pays à l’autre) sont maintenant décelés et contournés au mieux afin de pouvoir répondre aux attentes de part et d’autre. Des propositions d’intervention différentes devraient pouvoir aussi intervenir.

 

Efficience

 

Beaucoup de leçons ont été tirées de ces presque trois ans d’activités. Si les délais impartis n’ont pas forcément toujours été respectés, c’est que la connaissance du terrain est passée avant tout avec juste raison. On ne peut pas travailler correctement dans un environnement qu’on ne maîtrise pas. Il faut savoir répondre aux bonnes questions aux bons moments. Il est vrai que les pays partenaires méditerranéens n’attendent pas tous la même chose du projet Europa Cinémas et font eux-mêmes des propositions à regarder au plus près. Les méthodes d’intervention sont convenables et cadrent bien les actions au démarrage ; ensuite, un nouveau regard s’impose car les façons de travailler diffèrent tellement d’un pays à l’autre au regard de sa culture, ses traditions et sa situation géopolitique du moment.

 

Efficacité

 

La considération du monde du cinéma par la Commission européenne, à l’intérieur des pays sud-méditerranéens, est une initiative forte et bien ciblée. Les bénéficiaires du projet éprouvent une certaine fierté de faire partie du programme Euromed Audiovisuel qui véhicule des ressources en termes financiers bien sûr mais aussi en terme de relationnel, de compréhension et ouverture d’esprit mutuelles. Les résultats planifiés peuvent dépasser les espérances (rencontre des 3 pays du Maghreb du programme en novembre 2002 à Paris) alors que des problèmes inattendus peuvent aussi survenir dans d’autres cas. Une route a été tracée afin de maintenir une ligne. Cette ligne risque fort de ne pas rester toujours droite au regard des méthodes de travail dans certains des pays. Les résultats relatés dans le bilan des actions menées montrent bien à travers les chiffres obtenus combien il est encore difficile de tirer des conclusions hâtives et définitives relatives aux bénéficiaires concernés. 

 

Impact

 

L’impact est assurément fort. Europa Cinémas a créé des synergies évidentes inter- régionales. Des rendez-vous sont pris régulièrement. Les professionnels du cinéma dans les pays partenaires sont rassemblés tous ensemble plusieurs fois dans l’année ce qui influe fortement sur leurs capacités professionnelles et leurs possibilités d’être entendus. Cette dynamique est importante car elle est entièrement tournée vers la communication et la reconnaissance du travail. Le travail dont il s’agit ici est lourd à monter mais indispensable quand on traite avec l’ensemble de tous les pays euro-méditerranéens. La visibilité du projet existe bien et renforce la visibilité du programme Euromed Audiovisuel tout entier. L’équipe joue de son savoir-faire en la matière et de son sens de l’information et de la communication.

 

Viabilité

 

Le projet Europa Cinémas a démontré depuis longtemps qu’il fonctionne bien, au regard de ses activités menées avec succès depuis plus de 10 ans en Europe. La Commission européenne doit maintenir sa contribution budgétaire indispensable à la mise en place du deuxième programme Euromed Audiovisuel. Europa Cinémas a fait ses preuves dans les pays partenaires méditerranéens qui doivent bénéficier d’un suivi efficace et adapté. La consolidation du projet doit peut-être passer par l’exploration de nouveaux domaines et l’abandon de certains ; des recommandations seront d’ailleurs faites dans ce sens. Certains réseaux créés (Maghreb par exemple) devraient pouvoir commencer et continuer de fonctionner ensemble sans l’assistance de la Commission européenne dans certains domaines. C’est une première étape dans le fonctionnement et les attentes réciproques sont déjà chargées de résultats probants.

 

 

     B.  CAPMED

 

Les missions CapMed furent menées au titre de l’évaluation à mi-parcours en octobre 2002 au siège de l’ERTU (télévision) au Caire et de JRTV (télévision) à Amman, en novembre à Marseille au siège de la coordinatrice du projet, Nancy Angel et enfin en décembre auprès de ENTV (télévision) à Alger et de 2M et TVM (télévisions) au Maroc. 

 

Le projet CapMed a démarré le 23 mars 2000 pour une durée de 42 mois. La contribution financière de la Commission européenne s’élève à 3.825.066 €.

 

            B.1. Objectifs et résultats attendus

 

Le projet vise à sauvegarder et à valoriser le patrimoine audiovisuel des télévisions des pays partenaires méditerranéens que sont l’Italie, la Grèce, la France, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, la Jordanie, l’Autorité palestinienne, la Turquie, Chypre et Malte.

Les résultats attendus sont les suivants :

 

- Création des conditions d’une politique de sauvegarde effective dans chacun des sites, et d’un transfert des archives à verser dans CapMed.

 

- Création d’un service simple et rapide d’accès à un fonds d’archives audiovisuelles méditerranéennes qui répond aux besoins dans ce domaine et augmenter la visibilité du patrimoine méditerranéen. Le fonds sera organisé au sein d'une banque de références thématique, multimédia, multilingue et consultable en ligne via le site Internet CapMed.

 

Le projet CapMed est un des projets les plus complexes et les plus ambitieux du programme Euromed Audiovisuel. Il est particulièrement lourd et dépend à la fois de la bonne volonté des équipes nationales, de la situation politique et de la fiabilité des machines. Il est mené de manière extrêmement efficace et dynamique par le coordinateur du projet, l’Institut National de l’Audiovisuel (INA/France), à partir de la filiale de Marseille. CapMed regroupe douze télévisions nationales publiques, deux organismes universitaires et un organisme détenteur d’archives.

La coordinatrice du projet, Nancy Angel, est épaulée par Denis Frambourg, responsable du plan sauvegarde des archives de l’INA et par Vincent Prost, responsable des outils informatiques. II faut enfin souligner le haut niveau des coordinateurs désignés par chaque organisme partenaire, leur assiduité et leur implication dans la mise en oeuvre des actions, ce qui augure de bien des résultats finaux.

  

 

            B.2. Bilan des activités menées et analyse pays par pays.

 

Du retard a été constaté dans les actions prévues la première année, concernant essentiellement la mise en œuvre des formations et le développement de la base de données. La principale raison fut le parti pris d'utiliser au maximum les ressources internes au réseau CapMed. Une autre raison du retard fut la nécessaire étape de rodage et d'acculturation au projet, aux personnes, aux méthodes, sachant qu'entre la montée en puissance du projet et son démarrage beaucoup de changements sont intervenus dans la région, que CapMed a perdu certains partenaires (TVC Espagne, TV Israël et TeleLiban) tandis que d'autres l’ont rejoint (TRT, CyBC, TVM) et que lors de la réunion de démarrage d'avril 2000 à Marseille bon nombre de participants découvraient le projet et se rencontraient pour la première fois.

Le point le plus positif de la première année fut, chez toutes les Télévisions partenaires, un changement d'attitude tangible à l'égard de leurs Archives.

 

Les coordinateurs du projet CapMed se réunissent 3 à 4 fois par an. Ces réunions tournantes, dans des villes différentes, permettent à chaque équipe de participer au moins à une réunion. Les informations sont alors retransmises au sein des équipes nationales. Les réunions de coordination sont des réunions décisionnelles au cours desquelles chaque volet du projet est passé en revue et poussé en avant.

 

- Volet Sauvegarde

Chaînes de transfert vidéo : Les premières expertises effectuées sur chaque site ont permis d'effectuer un premier diagnostic des besoins (remise en état des chaînes de transfert) et de définir des priorités, des procédures et un plan de travail. Un comité technique a été constitué composé d'un représentant de l'ENTV, l'ERT, l'ERTU, JRTC et TVM, piloté par le coordinateur du volet sauvegarde (INA). Il a ensuite été procédé au lancement d’un appel d’offre afin d’effectuer localement la remise en état de marche des chaînes de transfert 2 Pouces. Les sociétés KVS (France) et Vectracom (Italie) ont été choisies. Il s’en est suivi la mise en oeuvre des actions de remise en état des chaînes de transfert vidéo sur chacun des sites. Les transferts ont alors commencé jusqu’à la phase de 20 heures par mois.

Il reste à acheter deux machines à nettoyer les bandes 2 Pouces pour l’ERTU et TVM. Par contre, des difficultés techniques de mise en œuvre des transferts de sauvegarde des bandes 2P ont été constatées. Ces difficultés sont dues à la fragilité et au manque de fiabilité inhérent aux machines 2P. Des demandes de maintenance ont été formulées.

 

Chaîne de transfert films : des locaux ont été affectés et rénovés. La livraison des télécinémas et la réfection des équipements est prévue pour le début de 2003. Elles ont été accompagnées par une formation « exploitation » films qui a eu lieu à Chypre en janvier 2003.

Il reste à fournir des machines à nettoyer la pellicule film, appareils qui s’avèrent nécessaires pour réaliser un travail de qualité lors des transferts télécinéma. Huit partenaires seront dotés de ces machines.

Restauration : les travaux de restauration envisagés sur une partie des programmes sélectionnés pour alimenter la base CapMed ont été illustrés par la présentation d’extraits d’émission restaurés. Pour rappel, la restauration s’applique aux images animées et aux sons après transferts de sauvegarde et vise à supprimer des défauts visibles et audibles (bruits, rayures, etc.) et à améliorer la qualité (contraste, couleur, timbre, etc.). Elle est appliquée par l’intermédiaire d’outils de traitement numérique complexes et coûteux. Les visionnages ont mis en évidence l’intérêt et les limites des traitements qui sont aujourd’hui possibles en restauration.

 

- Volet Formation

Cet aspect du travail, relatif notamment aux formations documentaires, a eu quelques difficultés à se mettre en place. En effet, si la plupart des Archives partenaires sont informatisées, l'organisation du travail, le format des données documentaires et les pratiques de description et d'analyse d'un document audiovisuel ne se recouvrent pas totalement. Le problème des équipements pédagogiques nécessaires à ces formations restait, en partie, à résoudre : problème des logiciels documentaires disponibles, sur quels sites et dans quelles langues ? La présentation à Amman des développements de la base de données a permis de constater que l'on pouvait utiliser cet outil pour les formations (arabe, anglais) dès lors que l'interface de saisie et de recherche était opérationnel.

 

La formation documentaliste est à présent achevée et comprend essentiellement le traitement documentaire des archives audiovisuelles, les techniques audiovisuelles, des connaissances informatiques et une compétence juridique. Les documentalistes sont responsables de l’alimentation de la base de données CapMed, rédigée en trois langues : arabe, français et anglais.

Les formations techniques ont été plus simples à mettre en œuvre. La révision des chaînes 2P de I'ERT, en avril 2001 par KVS, a permis de programmer la première session de formation des exploitants. D’autres formations techniques se sont poursuivies jusqu’à la dernière en date qui se déroula à Chypre en janvier 2003 et qui concernait la formation d’exploitation télécinéma. Par contre, une nouvelle formation de perfectionnement des opérateurs exploitant les magnétoscopes 2 P est à l’étude.

 

- Volet Informatique

Base de données :

L’objectif premier de CapMed est de donner à connaître le patrimoine audiovisuel méditerranéen restauré. Afin de créer une base de données commune à tous les coordinateurs, il a fallu définir le formatage des données en harmonisant des systèmes différents et en se mettant d’accord sur un format unique de description. Des champs communs ont été définis et des thèmes ont été précisés. Un logo CapMed a été retenu. L’outil informatique CapMed a été installé dans chaque site partenaire et les transferts et saisies ont pu commencer. La présentation du site CapMed a eu lieu pour la première fois au MIP TV (Cannes 2002). Il comprend un premier objectif : fournir une offre de 1000 heures de programmes, soit environ 1500 items. Ce qui représente pour chaque partenaire 75 heures, soit une centaine de programmes. 

Site Web :

Un site CapMed a été créé. Outre la base de données archives, il comprend la présentation du projet et des partenaires et propose un agenda d’événements et de commémorations. Il offre des services techniques et des projets de production à base d’archives. Il propose des dossiers thématiques, comme l’Archéologie, la Musique ou les Migrations. Chaque site détenteur d'archives a dû définir une équipe et des procédures ; le coordinateur a demandé aux archives une première sélection thématique intégrant les genres requis pour CapMed et couvrant I'ensemble des thèmes et des périodes. Cette première sélection a été examinée et discutée avec la coordinatrice, le directeur général, le directeur des programmes, les commerciaux et retravaillée pour aboutir à la sélection qui a été présentée aux coordinateurs CapMed.

 

- Volet Marketing

Il a été possible de bénéficier de la tenue du marché du documentaire (Sunny Side of the Doc) fin juin 2002 à Marseille pour commencer à sensibiliser producteurs et réalisateurs et à sonder leurs besoins, intérêts, futures productions à base d'archives, constitutions de groupes d'utilisateurs tests, etc. Les échos très positifs répercutés par les partenaires du réseau, de l’intérêt suscité par ce projet chez certains diffuseurs, producteurs ou associations professionnelles, confortent les partenaires dans l’idée d'associer, le plus étroitement possible, les usagers/clients à la dynamique de l'offre d'Archives, sous des formes qui, elles, restent à définir: projections, questionnaires, agenda de productions à base d'archives, intégré à CapMed, travail sur les grilles de programme, etc.

Création d'une Lettre d'information trimestrielle CapMed (dont le n° 1 est sorti à l’occasion du Sunny Side of the Doc).

Harmonisation des tarifs ou présentation de la grille tarifaire de chaque partenaire.

 

Vu la différence des partenaires et des pays, il a semblé judicieux de faire une évaluation pays par pays afin de valoriser au mieux les travaux et les compétences de chacun tout en en les replaçant dans leur environnement culturel.

 

Analyse pays par pays

 

MAROC

 

2M à Casablanca est une télévision jeune. Elle date de 1989. Il n’y a donc pas de programmes sur support ancien. Tout est tourné et archivé en Betacam SP. La chaîne diffusant 24 heures sur 24, un système d’archivage fiable et rapide est indispensable. CapMed a permis à l’équipe de suivre une formation informatique à Marseille et à Paris. 

Grâce à CapMed et son principe 80/20, 2M a pu acquérir une station d’ordinateur CapMed avec une carte vidéo, ce qui lui a permis un travail plus exhaustif au niveau de la possibilité de la mise en réseau interne, de la captation d’images fixes et de séquences vidéo. Les textes ont été uniformisés. Le travail sur la station CapMed se fait quotidiennement, à raison de 2 à 3 heures par jour. Jusqu’à présent, une trentaine d’émissions ont été rentrées dans la base de données. La priorité est donnée aux événements marquants du Maroc ou du bassin méditerranéen, aux programmes sociaux et documentaires.

2M représente une grande ressource pour le groupe car l’investissement au travail est important et les compétences sont bien retransmises aux autres.

 

 

TVM est une télévision publique qui existe depuis 1962. Elle est en passe de devenir une société anonyme. Ce changement de statut lui permettra une plus grande souplesse dans les prises de décision et surtout dans la gestion quotidienne. Aujourd’hui, pour chaque achat ou pour chaque demande de prestation, il faut procéder à un appel d’offres qui doit être visé par le Ministère des Finances. CapMed dépend du service de Documentation qui occupe une quarantaine de personnes. Le Fonds Film est important (de 1962 à 1980), environ 9.000 bobines en 16 mm. Jadis, le transfert du film en vidéo se faisait à la demande. Aujourd’hui, on attend le télécinéma qui sera envoyé par CapMed dans les premiers mois de 2003 (nombre d’heures transférées : 100 heures à partir de bandes 1 pouce et ¾ de pouce). En attendant, des documentalistes et des monteurs s’occupent du re-conditionnement des boîtes et d’une ré-identification à la table de montage.

 

TVM attend également de CapMed une machine de nettoyage 2P. Les programmes en 1P et en 3/4P sont transférés régulièrement sur Betacam SP et les machines fonctionnent bien.

Une formation de documentaliste a été suivie par deux personnes à Marseille et à Paris. Jusqu’à présent, 80 notices ont été rentrées dans la base de données. Elles concernent essentiellement des actualités, des variétés, des documentaires et des grands événements. TVM travaille avec ENTV sur une base de translittération français/anglais/arabe. 90% des notices fournies par TVM sont en arabe. 

Le responsable de la cellule duplication a suivi la formation technicien vidéo en octobre 2001 à Athènes. Deux personnes suivront à Chypre la formation d’exploitation télécinéma. Des locaux ont été affectés à la chaîne de transfert 2P, 1P et ¾ pouce et au télécinéma.

Le responsable CapMed à l’intérieur de TVM, est très actif au sein du Comité technique qui se réunit à la demande.

 

ALGERIE

 

ENTV : jusqu’à l’Indépendance, la télévision algérienne faisait partie de l’ORTF (Office de Radio Télévision Française). En 1962, elle est devenue la Radio Télévision Algérienne (RTA). En 1986, la radio et la télévision ont été dissociées et la télévision algérienne a été rebaptisée ENTV. Cette longue existence explique le fonds Archives très important que possède l’ENTV, aussi bien au niveau des films qu’au niveau des vidéos. Bien avant l’existence de CapMed, ENTV était déjà engagée dans des plans de transfert de ses archives. La chaîne est très concernée par la conservation de ses programmes anciens. Aujourd’hui, avec l’adjonction de Canal Algérie et de Arabsat, ils rediffusent environ 60% de leurs programmes. Une vingtaine de personnes travaillent à la direction des Archives.

De 1962 jusqu’au milieu des années 70, la télévision algérienne travaille en 16mm. Cette production ancienne est constituée d’environ 45.000 boîtes de films 16mm, représentant environ 7.500 mètres linéaires. Un important travail de restauration légère a été entrepris. D’anciens monteurs sont mis à contribution afin d’aider à l’identification des sujet et des personnalités filmées. ENTV attend avec impatience l’arrivée d’un télécinéma à fournir par CapMed qui leur permettra de commencer à transférer les films sur cassettes Betacam et ce dès le début de l’année 2003.

Les deux machines 2 Pouces envoyées par CapMed ont très bien fonctionné pendant plusieurs mois. Depuis un mois, elles sont à l’arrêt. En effet, le résultat transféré sur bandes vidéo présentait des défauts (lignes horizontales) incompatibles avec le but final. Ces machines 2 P sont anciennes, on ne les fabrique plus et leur bonne marche dépend de pièces qu’il est devenu très difficile de trouver. Il s’agit d’ailleurs d’un problème récurrent que connaissent toutes les chaînes de transfert 2P du monde. Il existe également un problème de maintenance des machines. Deux personnes ont suivi à Marseille une formation de documentaliste, archivage, traitement et analyse. Un technicien a été envoyé en Grèce pendant dix jours afin d’acquérir une formation sur tous les formats vidéo. Cette formation a été particulièrement bénéfique car, à son retour, il a pu mettre ses collègues à niveau. Deux personnes ont été envoyées au mois de janvier à Chypre pour une formation d’exploitation du télécinéma.

 

Une trentaine de programmes ont été rentrés dans la base de données, ce qui équivaut à une moyenne de 30 à 40 heures. Il s’agit pour la plupart de programmes récents qui ont été tournés en Betacam, ce qui ne correspond pas au cahier des charges lancé par CapMed, selon lequel il faut rentrer dans la base des programmes couvrant un plus large éventail chronologique. Le problème principal provient de la mauvaise qualité de certains 2P qui ont été mal conservés. Il y a un retard à combler à ce niveau et l’équipe algérienne de CapMed fonde de grands espoirs sur le télécinéma qui leur permettra d’alimenter la base de données en sujets anciens de bonne qualité. Jusqu’à présent, les données introduites sont en français et en arabe. La traduction anglaise est prévue pour le début de l’année prochaine.

 

TUNISIE

 

ERTT : les fonds Films et Vidéo sont importants. Problèmes de personnes et conflits relationnels à cause du changement de président et de la nomination d’un sous-président aux Archives peu apprécié. Formation de cinq personnes et affectation des locaux aux transferts des archives. Les cellules techniques de transfert vidéo fonctionnent bien, ainsi d’ailleurs que la base de données qui est alimentée par à coups. Au début, ERTT était un des leaders du projet. Depuis, ils se maintiennent. Par contre, grande sensibilisation à la redécouverte de leurs archives. Compétence et conscience. Le travail avance contre vents et marées.

 

EGYPTE

 

ERTU : le Fonds est important en films et en vidéo. Un formalisme règne à l’intérieur de la chaîne qui est spécifique à l’Egypte. Le responsable de CapMed est aussi le vice-président de la chaîne. Grande hiérarchisation des rapports. Les responsables se montrent très sourcilleux de leurs droits et de leurs obligations par rapport au projet. Besoin également de faire reconnaître leurs compétences. Des locaux et du personnel ont été affectés au projet. La chaîne de transfert vidéo fonctionne. Le nombre d’heures transférées est de 30 heures par mois. Deux personnes ont suivi des stages de formation.

 

AUTORITE PALESTINIENNE

 

PBC : CapMed représente pour la chaîne un véritable soutien. En appartenant à un programme collectif sur la Méditerranée, c’est pour les Palestiniens une manière de montrer au monde qu’ils existent toujours, malgré le conflit sur leur sol. Le volume des archives est inconnu, car celles-ci sont dissimulées dans divers endroits, suite aux événements politiques. Une centaine d’heures a pu être référencée. Il est envisagé un transfert de ces archives sur DVD Pro grâce à une unité mobile de transfert (une centaine d’émissions ont été retrouvées). Un double du master obtenu serait confié à l’INA. La situation politique de plus en plus difficile rend fort aléatoire la présence du responsable CapMed aux réunions de travail.

 

 

 

JORDANIE

 

JRTV : le directeur des Archives vient d’être remplacé. Le coordinateur CapMed au sein de JRTV est très concerné et fait partie des fidèles de la première heure. La chaîne est également très impliquée dans le comité technique. Un local a été affecté à la chaîne de transfert 2P gérée par deux techniciens qui ont suivi une formation vidéo en Grèce. Si les machines 2P et 1P fonctionnent, il y a du retard dans les transferts à cause d’un manque de cassettes Betacam dont les commandes ne se font qu’une fois par an suite à un appel d’offres (100 heures ont été transférées à partir de bandes 2 pouces). Un local sera également affecté au télécinéma promis par CapMed et qui devrait arriver en début d’année 2003.

Après le stage de formation, les informaticiens ont commencé à rentrer les programmes dans la base de données. Dans l’ensemble, peu de problèmes si ce n’est un accès limité à Internet. Les formations ont porté leurs fruits. Par contre, certains programmes transférés présentent de nombreux « drops » et segments abîmés. Le Président de la télévision jordanienne veut entamer la numérisation de sa télévision et de ses archives, avec deux axes, une captation directe des programmes pour archivage, et la numérisation du fonds. Il est donc extrêmement intéressé par un CapMed 2.

 

TURQUIE

 

TRT : le fonds est important et le plan de numérisation a été entrepris en dehors de CapMed, bien que CapMed en assure l’accompagnement. Un gros travail a été réalisé sur l’organisation des flux et sur la gestion de transfert de sauvegarde de masse. CapMed les a aidés à réorganiser la chaîne de transfert 2P. TRT est très intéressée par des stages de restauration lourde qui se feraient à l’INA. Le pays est avancé dans ses choix et CapMed a amélioré la mise en route.

 

CHYPRE

 

CYBC : le fond est petit ainsi que la structure. Le directeur est très actif et très décisionnel. Il a procédé à la réorganisation complète de ses archives. Vu le peu de volume des 2P, la décision a été prise de les transférer en Grèce (18 heures ont été transférées partir de bandes 2 pouces). Des locaux ont été affectés. Les techniciens ont suivi plusieurs formations (documentaliste et vidéo). CYBC sera le premier à recevoir un télécinéma et c’est à Chypre que s’est déroulé la formation télécinéma en janvier 2003. CYBC s’occupe également du marketing de CapMed.

 

GRECE

 

ERT : c’est à la fois un musée des archives et une télévision. Ce sont les plus rigoureux en matière de préservation du patrimoine. Grande aide dans la mise en place des formations. Les techniciens sont excellents sur le matériel ancien et la vidéo. Des équipements complémentaires pour la remise en état de leur chaîne de transfert leur ont été fournis en contrepartie d’une prise en charge au niveau de la formation (9 heures transférées à partir de 2 pouces, 3 heures à partir de 1 pouce, 2 heures à partir de ¾ pouce et 19 heures à partir de films soit un total de 33 heures). La Grèce a bénéficié et a apporté au projet des compétences irréfutables. Elle est très active également dans la proposition de thèmes de travail pour la base de données. Elle joue son double rôle d’Européen du sud.

 

ITALIE

 

RAI : une bonne ressource existe pour le projet dans le domaine de la formation et de la base de données. Mise en route compliquée. Le fonds est considérable : des millions d’heures. Ils ont démarré la connaissance de leur fonds avec la multimédiatisation et petit à petit remontent dans le temps. La machine est énorme, lente et lourde. Jusqu’à présent, ils n’ont presque rien rentré dans la base de données. Il faut les persuader de rentrer dans la base des films anciens, et pas uniquement des films à base d’archives. Ils ont bien fait l’interface de la formation. La RAI étant obligée de sous-traiter la commercialisation de ses archives, cela risque de poser problème par rapport aux autres partenaires de CapMed.

 

MALTE

 

PBS : la structure est très petite. Il n’y a pas beaucoup d’argent. Bonne stabilité à la tête de la télé. Grand intérêt du président pour le projet CapMed qui est très concerné par la suite de CapMed. Le concours de logo CapMed a été gagné par PBS qui édite aussi le CapMed News. 

Les archives sont constituées principalement par des news, des programmes politiques, des émissions humoristiques et des documentaires. Locaux affectés et formation de 3 personnes (documentaliste, vidéo et restauration film). Ils sont très actifs dans le projet CapMed.

 

FRANCE

 

INA : le réseau fonctionne bien. Les réunions de CapMed servent beaucoup à l’INA. Tout le monde est très conscient de l’importance du projet y compris les responsables financiers. Ils ont beaucoup appris et méthodologiquement ont beaucoup partagé. Un peu de mal toutefois à alimenter la base de données par manque de personnel. Il serait envisagé d’engager quelqu’un à mi-temps sur CapMed et pour cela convaincre l’entreprise qu’une « thema » méditerranéenne pourrait se révéler très intéressante.

En plus des 12 pays précédemment cités, CapMed dispose encore de deux partenaires universitaires IOM (Grèce) et MMSH (France).

 

B.3. Critères d’évaluation

 

Pertinence

 

Les objectifs spécifiques du programme sont plus que jamais valables. La ligne de conduite n’a pas dévié de sa course depuis le début. Le programme de conservation et de restauration se déroule point par point, ainsi que la création d’une base de données de références qui est, aujourd’hui à l’évaluation à mi-parcours, opérationnelle et consultable.

Grâce à CapMed, les différents partenaires télévisuels ont pris conscience de l’importance de leurs archives, ils ont aménagé des locaux, envoyé du personnel en formation, transféré et restauré des programmes anciens et enfin ils alimentent régulièrement la base de données. Au fil des années, des relations étroites se sont développées entre les différents partenaires, et grâce à CapMed un nouveau réseau audiovisuel euro-méditerranéen, lié aux Archives télévisuelles, a vu le jour dans des pays où jusqu’à présent les archives étaient considérées comme « encombrantes ».

 

Efficience

 

Il s’agit d’un projet financièrement lourd qui nécessite de multiples déplacements, de nombreuses réunions dans différentes villes, des formations de plusieurs personnes, des achats d’équipements difficiles parfois à localiser, des pièces à faire réparer aux Etats-Unis, de fréquentes visites techniques et de maintenance, etc. Mais il semble bien que le meilleur rapport coût/résultat ait été obtenu et que les choix justes aient été pris. La coordinatrice du projet est extrêmement compétente et a su s’entourer de collaborateurs aussi compétents qu’elle-même. Rien n’a été laissé au hasard. Il s’agit d’un projet ambitieux et complexe, dont les différentes étapes ont été franchies dans les temps. Par contre, de nouveaux facteurs imprévus vont obliger à prendre des décisions plus adaptées.

Le facteur qui a eu la plus grande influence sur la réalisation des activités, est sans conteste le dynamisme de la coordinatrice du projet et une organisation de travail qui fut conçue avec beaucoup de logique dès le départ. Le projet a été ensuite bien accueilli par les présidents et directeurs des chaînes qui ont très vite compris son importance et ont facilité son déroulement à l’intérieur des équipes.

 

La visibilité du projet est excellente. Deux présentations de la banque de données CapMed ont été lancées à Cannes, au cours du MIP TV 2002, et à Marseille lors du « Sunny Side of the Doc » en juin 2002. Le site Web est opérationnel et consultable. Il permet d’avoir accès à 839 notices (arabe/français/anglais) reliées à des images fixes ou à de courtes séquences vidéo.

La revue trimestrielle CapMed News est éditée en français, anglais et arabe et paraît tous les trimestres (3 numéros sortis). De plus, des informations à propos du projet CapMed ont été lancées dans des revues spécialisées. Toutes ces actions faisant partie inhérente des objectifs du programme de base.

 

Efficacité

 

Le premier audit de la Commission européenne a beaucoup aidé la coordinatrice de CapMed. Des remarques sur les chiffres (qui ont été redressés) signifie que les rapports ont été lus. Par contre, la coordinatrice du projet regrette qu’il n’y ait pas de retours de la part de la Commission européenne sur les comptes-rendus ni sur les rapports. La coordinatrice regrette également que, lors des réunions annuelles, il n’y ait pas de temps prévu afin que les six coordinateurs de projets Euromed Audiovisuel puissent se réunir avec les responsables de la Commission et puissent discuter méthodes, difficultés et résultats. Elle regrette également qu’il n’y ait aucune réaction de la part de la Commission sur les dépenses et les remboursements. Cela fait craindre pour l’avenir au moment de la liquidation financière du projet.

 

Les résultats planifiés sont immenses et portent déjà leurs fruits. On pourrait les résumer en une phrase : volonté de la part des pays tiers à mettre en place une réelle stratégie de sauvegarde alors que l’archivage ne constituait pas une priorité parmi les chaînes de télévision.

Mais il y eut également des résultats non planifiés. CapMed aida à changer les mentalités à l’intérieur des chaînes de télévision des pays sud-méditerranéens. De plus, le projet a permis aux services archives de se valoriser au sein de la chaîne. Il a permis également de faire l’expérience de participer à un projet international. Un réseau solidaire s’est constitué d’un pays à l’autre. Il en a émergé une nouvelle vision d’une culture méditerranéenne liée aux archives. Des thèmes de travail en commun sont proposés. De plus, la base de données CapMed a pu être adaptée à la base de données des chaînes de télévision elles-mêmes. Ce qui a constitué un « plus » pour les services de documentation dépourvus jusqu’à présent d’outil informatique approprié.

 

Par contre, des adaptations doivent être apportées au programme lui-même au niveau des délais. CapMed nécessite encore de six à dix mois supplémentaires pour finaliser ses activités. Une partie des fonds n’a pas encore été utilisé. Il faut donc négocier avec la Commission européenne une extension de durée et une ré-affectation de certaines parties du budget. A la lueur de la réalité des fonds, il faut également redéfinir le volet restauration afin d’atteindre une meilleure valorisation des fonds d’archives des TV partenaires.

Concrètement, les actions envisagées sont les suivantes :

-          Equiper les partenaires en machines de nettoyage films et vidéos.

-          Doter les chaînes de transfert des correcteurs de base (débruiteur, descratcheurs, un ou deux équipements de base sur 10 sites).

-          Restauration du fichier via l’implantation de l’outil CapMed sur chacun des sites des TV partenaires.

 

Par ailleurs, à la demande générale, il faut trouver une solution au problème de maintenance. La solution retenue serait de mener une action de formation préventive et de premier niveau et mettre en place un dispositif transversal sous-traité par la société qui a installé les équipements sous la forme de :

-          Dispositif « hot line ». Ligne de téléphone pour répondre aux urgences.

-          Etablissement d’un suivi qui comporte une ou deux visites par site pour assurer la maintenance.

-          Constituer une base arrière de « spare parts », de cartes et de têtes de lecture.

-          Mise en place d’un dispositif de visites de dépannage en plus du dispositif de suivi.

 

Pour la dernière année du projet avril 2003-mars 2004, il faut aussi prévoir une personne supplémentaire qui s’occuperait de la partie éditoriale du site, afin de rendre plus dynamique la base de données et le site lui-même.

 

Impact

 

L’impact général du projet est concrétisé par le site Internet de CapMed et par la banque de données qui est opérationnelle. La revue CapMed News, envoyée à tous les professionnels spécialisés de l’audiovisuel et des archives, participe à la même volonté de vitrine. Une véritable dynamique a été créée par le programme dans le secteur audiovisuel des différents partenaires. L’objectif actuel de la coordinatrice du projet serait de lancer l’idée d’un documentaire qui rassemblerait des archives de CapMed. Le thème pourrait être les Jeux Olympiques, les Migrations etc. Ce serait une autre manière de tisser une passerelle entre les archives et la réalisation. Une manière de dynamiser la base de données en répondant aux nécessités de la production.

 

Viabilité

 

Le projet CapMed a atteint un premier objectif. Mais le premier niveau d’autonomie n’est pas encore atteint. Il faut consolider le réseau, maintenir le niveau des compétences, relancer de nouveaux programmes à l’intérieur du projet. Si la base de données est opérationnelle et consultable, il s’agit plutôt d’une vitrine que d’un outil de commercialisation. Aucune télévision, aucun centre d’archives, ne dispose de ressources propres suffisantes pour traiter et sauvegarder ses archives. Cela est vrai même pour les télévisions les plus riches. La BBC, la RAI se font aider par des dotations spéciales ou par des aides européennes afin de développer les outils qui permettent d’accélérer le processus de transfert, tels que le projet Presto, alors comment des télévisions beaucoup moins nanties pourraient-elles y arriver ?

Il est peu pensable, par conséquent, de croire que, en quatre ans, les télévisions aidées par CapMed pourraient être autonomes. Il s’agit là d’un processus lent qui devrait prendre quinze à vingt ans. Aujourd’hui, CapMed a atteint l’objectif qu’il s’était fixé. Mais si on ne veut pas que CapMed régresse, il faut poursuivre l’effort jusqu’au bout.

 

 

 

C.     EUROMEDIATOON – VIVA CARTHAGO

 

Les missions Euromédiatoon – Viva Carthago furent menées au titre de l’évaluation à mi-parcours aux mois d’octobre et novembre 2002 au siège du coordinateur du projet à Tunis : Ahmed Attia, ainsi qu’à Paris (lieu de résidence du directeur d’écriture et d’une grande partie de son équipe) en novembre 2002.

 

Le projet Euromédiatoon – Viva Carthago a démarré le 1er août 2000 pour une durée de 47 mois. La contribution financière de la Commission européenne s’élève à 3.988.000 €.

 

 

 

                    C.1.  Objectifs et résultats attendus

 

Le projet Euromédiatoon – Viva Carthago est l’un des projets les plus ambitieux du programme Euromed Audiovisuel.

Sur le plan économique, il a pour but la création, dans un premier temps, d’une série d’animation de 26 épisodes de 26 minutes chacun (« Viva Carthago ») retraçant l’histoire mouvementée de la Méditerranée et ses légendes du 10ème siècle avant Jésus Christ jusqu’au 7ème siècle après tout en alliant l’expérience et le savoir-faire de l’Europe et la sensibilité du Sud. Pour atteindre ce but, le projet a entrepris de former des professionnels du Sud de la Méditerranée à l’ensemble des techniques de l’animation (écriture de scénario, conception graphique, storyboard, animation, production). A l’issue de la création de cette première série, un atelier d’animation permanent basé à Tunis (« Euromédiatoon ») doit permettre de poursuivre une activité de création menée par des techniciens et des artistes du bassin méditerranéen et formés par des professionnels de l’Union européenne prolongeant ainsi le transfert de technologie et d’expérience entre opérateurs audiovisuels de l’animation euro-méditerranéens.

Sur le plan culturel, le projet a pour ambition de contribuer à la création d’une identité culturelle euro-méditerranéenne, de sensibiliser le grand public euro-méditerranéen à la diversité et à la richesse des cultures de part et d’autre de la Méditerranée, ainsi qu’au patrimoine culturel commun de la zone euro-méditerranéenne.

 

Ce projet représente une aventure passionnante à plus d’un titre. Tout d’abord, et c’est là à la fois l’ambition louable et la principale source des difficultés rencontrées par le projet à ce jour, il s’agit de créer un studio d’animation à partir d’expériences, d’énergies et de talents qui sont au départ presque totalement étrangers à cette activité. Si le coordinateur de projet, Ahmed Attia, est un des producteurs de films cinématographiques méditerranéens le plus expérimenté et le plus audacieux qui soit, il n’avait au moment de la création du projet aucune expérience spécifique en matière d’animation. Sa passion pour ce projet, qui représente une opportunité exceptionnelle de revisiter l’histoire du bassin méditerranéen, représentait son principal capital. Il a su le faire fructifier en s’entourant d’une équipe compétente, mais la confrontation entre le rêve de départ et la réalité liée à la complexité extrême de cette activité, a été aussi douloureuse que riche d’enseignements. Si le projet accuse aujourd’hui un retard indéniable dans sa réalisation, ce retard s’explique principalement par ce décalage et ne signifie donc pas, loin de là, que le projet soit voué à l’échec. De nombreux ajustements ont eu lieu et doivent se poursuivre de façon à permettre au projet de se concrétiser.

 

 

               C.2.  Bilan des activités menées

 

 

L’atelier Euromédiatoon a été créé en août 2000 et le développement de la série « Viva Carthago » a démarré simultanément.

Le contribution budgétaire au projet de 3.9888.000€ se situe au niveau des projets les plus importants du programme en termes financiers (comme CapMed, Europa Cinémas et Medea) c’est à dire autour de 4 millions €.

 

Euromédiatoon fait travailler environ 40 personnes et envisage d’employer jusqu’à 80 personnes lorsque la série aura atteint son plus haut point. Ses partenaires dans l’Union européenne sont Sofidoc (Belgique) pour l’écriture et la formation au scénario, La Fabrique (France) et la Lanterna Magica (Italie) pour l’animation ainsi que plusieurs producteurs des pays partenaires méditerranéens.

 

La documentation écrite remise à l’expert 3 lors des missions effectuées à Tunis et à Paris est principalement liée au développement de la Bible (document synthétique définissant les principes de la série sur le plan du concept, des personnages et du récit) et les synopsis et/ou scénarios des premiers épisodes. La principale source d’information relative aux autres aspects du projet provient d’entretiens réalisés par l’expert 1 et l’expert 3 lors des missions effectuées à Tunis en octobre et en novembre 2002.

 

A ce jour, les activités menées se répartissent en plusieurs catégories :

 

     - Equipements de locaux, notamment en matériel infographique et informatique de façon à permettre une part importante de l’activité (formation, design, réalisation) au siège du projet en Tunisie.

      - Un travail très important de recherche, de documentation et d’archivage a été réalisé dans le but de documenter la série « Viva Carthago » de façon très pointue sur le plan historique, aussi bien sur le plan du récit (véracité des événements historique) que sur celui de l’iconographie (décors, costumes). Un département spécifique (documentation et iconographie) a été créé, sous la direction d’un historien réputé, assisté de trois personnes. Ce département collabore étroitement aussi bien avec l’équipe d’écriture qu’avec l’équipe d’animation en produisant un dossier historique très complet par épisode : événements historiques, personnages et repères iconographiques liés aux lieux, aux costumes et aux décors de l’épisode. Son travail est remarquable sur le plan de la documentation mais la collaboration sur le plan de l’écriture n’est jamais facile, en raison de la difficulté à trouver un équilibre entre la véracité historique et les besoins de la fiction sur le plan du récit dramatique.

      - Une activité de formation dans le domaine de l’écriture a été menée par la société Sofidoc, principalement à travers un atelier à Hammamet (Tunisie) animé en novembre 2001. Ses participants : 9 scénaristes du Sud de la Méditerranée sur une quinzaine sélectionnées en septembre 2001 : 2 Marocaines, 2 Algériens, 3 Tunisiens, 2 Libanais. A l’exception des Libanais, ces scénaristes, jeunes dans l’ensemble, avaient peu ou pas d’expérience en matière d’écriture audiovisuelle.

      - Une formation continue en story board, layout et infographie a lieu soit sur place à Tunis soit dans des centres européens de formation en animation, comme par exemple celui d’Angoulême en France. Cette activité, très importante, permet de former un personnel sud- méditerranéen aux techniques d’animation les plus modernes. Des professionnels expérimentés d’origine méditerranéenne ayant eu l’occasion de travailler et d’étudier en Europe ont été recrutés et travaillent sur place, à Tunis, au transfert de compétences. Les partenaires de l’Union européenne assurent également une partie de cette formation même si cette collaboration doit être renforcée à l’avenir.

       - La « Bible » de la série et les synopsis des premiers épisodes ainsi que plusieurs scénarios ont été écrits. Cette activité accuse un retard très important par rapport au planning envisagé initialement (environ un an). Ce retard n’est absolument pas anormal si l’on tient compte d’un processus de développement habituel, en particulier dans la mesure où les principaux scénaristes doivent être formés. C’est le planning initial qui était irréaliste et a dû être révisé en fonction des difficultés rencontrées. Voir à ce sujet les rapports de mission de l’expert 3 en annexe (Paris et Tunis / octobre et novembre 2002).

       - Un pilote (bande-annonce du premier épisode) de deux minutes a été réalisé et la production du premier épisode de la série est en cours. Le pilote a pour mérite de donner un premier aperçu visuel des personnages et du style de la série, même si techniquement de nombreux points sont à améliorer : qualité de l’animation, expressions des personnages, musique, définition des personnages en particulier le personnage féminin. Sur le plan de la production, la série accuse un retard important, lié à celui généré par les problèmes rencontrés au niveau de la formation des scénaristes, de la constitution de l’équipe d’écriture et du développement des scénarios.

-          Le projet a entamé une recherche de financements complémentaires difficile, tant que le premier épisode n’est pas réalisé et que la « Bible » de la série n’est pas finalisée et accompagnée de la totalité des synopsis des 26 épisodes ainsi que de plusieurs scénario complets et solides. La réalisation de ce dossier est cruciale pour l’obtention de tout financement externe.

 

 

 

                C.3.  Critères d’évaluation

 

Pertinence

 

Les objectifs du projet Euromédiatoon – Viva Carthago sont totalement en phase avec le programme Euromed Audiovisuel, aussi bien sur le plan économique que culturel. Ils répondent à un besoin de formation réel d’un secteur économique jusque là inexistant en  Méditerranée du Sud (celui de l’animation) et utilisent la force du support audiovisuel pour véhiculer une vision différente de l’histoire d’une région et contribuer à une meilleure compréhension entre les peuples. Si ces objectifs sont pertinents au niveau de la conception du projet et ont d’ores et déjà atteint des premiers résultats, notamment au niveau de la formation et des transferts de compétence/technologie, il faut toutefois être attentif à ce qu’ils ne subissent pas une dérive au moment de la réalisation de la première série, dérive qui les amènerait à manquer leur cible en terme de public et donc une partie de leurs effets (communication du contenu culturel et viabilité économique à long terme du studio).

 

L’absence d’étude de faisabilité au début du projet, le manque d’expérience spécifique de ses initiateurs et le contrôle principalement administratif ou budgétaire de la part de la Commission européenne ont eu deux conséquences principales : un retard important par rapport au planning envisagé et une révision – justifiée – des ambitions du programme en terme de formation. Il a en effet été décidé de faire appel à des professionnels de l’écriture issus de l’Union européenne pour définir la série et écrire les épisodes en collaboration avec des scénaristes sud-méditerranéens qui bénéficient ainsi d’une première expérience et d’une formation continue. Il s’agit là d’une décision nécessaire qui permet de concentrer, dans un premier temps, le transfert de compétences et la formation sur la partie réalisation.

 

La définition plus précise du public visé par la série, principalement en terme d’âge (certains épisodes en cours d’écriture semblent difficilement accessibles à un public très jeune), l’amélioration de la conception de la série (Bible et scénarios) et la production rapide des premiers épisodes puis du reste de la série, sont des conditions essentielles pour que la pertinence du projet reste totale.

 

Efficience

 

Sur ce plan, le projet a accumulé les problèmes à différents niveaux mais a aussi fait preuve de réactivité et d’adaptation pour les corriger.

 

-          Sur le plan de la gestion, des anomalies constatées au cours de la première année d’activité ont donné lieu à un audit qui a déclenché une réorganisation complète du fonctionnement du projet en terme de prise de décision et de méthode comptable. La situation sur ce plan est satisfaisante du côté du projet, mais alarmante du côté de la Commission européenne qui, aux dires des bénéficiaires, a accumulé des retards dans le paiement des différentes phases, retards préjudiciables à l’activité du projet. La Commission européenne porterait donc aussi une certaine part de responsabilité dans la situation actuelle du projet.

 

-          Sur le plan du développement du projet (Bible et scénario), l’ambition de départ à savoir utiliser des scénaristes locaux à l’issue d’une formation initiale sous la direction du conseiller historique (trop optimiste), a dû être progressivement révisée c’est à dire utiliser un directeur d’écriture et des scénaristes expérimentés pour l’écriture des premiers épisodes, travaillant ensuite en collaboration avec les scénaristes formés et le conseiller historique, ce qui a entraîné un retard important. Une analyse plus réaliste du projet avant sa mise en œuvre par des experts compétents aurait sans aucun doute permis d’anticiper et d’ajuster à la fois le planning de livraison et les moyens nécessaires pour atteindre plus efficacement un objectif plus réaliste.

-          Plus généralement, un projet de ce type devrait avoir pour interlocuteur principal à la Commission européenne, une ou plusieurs personnes ayant une expérience dans le domaine très spécifique qu’est la production audiovisuelle (et l’animation en particulier, même si ce point est vrai pour d’autres projets du programme Euromed Audiovisuel comme « Elles…aux abords de l’an 2000 » par exemple. Cette absence de compétence spécifique à l’activité concernée a obligé les dirigeants du projet à consacrer un temps et une énergie non négligeables à la compréhension des mécanismes bureaucratiques lourds et complexes de la Commission européenne.

 

Efficacité

 

L’efficacité du projet est sur certains points incontestable. Par exemple, le transfert de technologie et d’expérience est plus qu’amorcé ; la formation de professionnels sud-méditerranéens est une réussite dans le domaine technique de l’animation et un début de réussite dans le domaine de l’écriture de scénario (pour les raisons déjà évoquées). Sur ce dernier point, les effets seront plus visibles à long terme, en particulier à l’issue de la production de la série.

 

Les stagiaires rencontrés ont tous exprimé les bénéfices de la formation qu’ils ont reçue et de l’expérience qu’ils ont acquise, même si sur le plan de l’écriture des réserves ont été émises sur le plan organisationnel, financier et juridique. Le coordinateur de projet a toutefois entendu ces problèmes soulevés lors de l’évaluation et s’est engagé à prendre des mesures pour y remédier. Il est indispensable de vérifier la réalité de ces mesures suite à l’évaluation à mi-parcours du projet Euromédiatoon – Viva Carthago.

 

Sur d’autres points, comme par exemple la qualité dans l’absolu de la série produite qui sera déterminante pour assurer à la fois les objectifs culturels du projet et la pérennité du studio sur le plan économique, de nombreux points d’interrogation demeurent. Le fait qu’au terme de plus de deux années de développement, seul un pilote de deux minutes ( imparfait) soit visible, l’absence d’épisodes complets produits, les carences sur le plan de la Bible et des scénarios déjà écrits, sans remettre en cause l’intérêt du projet ou son sérieux, demandent néanmoins une vigilance accrue et des mesures fermes pour ne pas risquer de manquer l’un des volets principaux du projet.

 

De nombreux facteurs externes imprévus ont contribué à créer cette situation, mais ils auraient pu être pour partie détectés bien plus en amont. Sur ce point, il est important que le coordinateur de projet et son équipe intègrent davantage les conseils et l’expérience des partenaires de l’Union européenne et de l’assistance technique dans la suite du projet.

 

Les relations entre les partenaires de l’Union européenne et Euromédiatoon n’ont pas toujours été au beau fixe, les premiers reprochant au projet de ne pas les impliquer suffisamment dans les décisions et la réalisation de la série, le second leur reprochant de ne pas nécessairement leur apporter les solutions et les conseils qu’il attendait. Ces problèmes ont culminé lors de la Conférence annuelle Euromed Audiovisuel au Caire en octobre 2002, où certains partenaires de l’Union européenne ont menacé de démissionner.

 

Il semble que Euromédiatoon ait depuis fait des propositions concrètes allant dans le sens d’un resserrement des relations entres le projet et ses partenaires. Cette démarche est plus que nécessaire, elle est indispensable. Si certains des partenaires n’apportent pas au projet les réponses nécessaires ou ne parviennent pas à apporter leur contribution, il faut soit en rechercher les causes et trouver une solution, soit changer de partenaire(s). Le projet a en effet grand besoin de l’expertise de partenaires expérimentés dans un domaine qu’il ne fait que découvrir graduellement, à la condition d’éviter le paternalisme au niveau de la forme et l’altération du contenu culturel du projet au niveau du fond.

 

Impact

 

L’impact du projet ne sera réellement appréciable au niveau du grand public qu’à la diffusion de la série « Viva Carthago ». Pour l’instant les bénéfices du projet sont concentrés sur les artistes et techniciens impliqués directement dans l’atelier d’animation et ses partenaires.

C’est principalement lors de la diffusion de la série, aussi bien dans les pays sud-méditerranéens que dans l’Union européenne et dans le reste du monde que l’on pourra mesurer les effets du projet sur le plan culturel. Pour l’essentiel, c’est également après cette diffusion que l’on pourra mesurer l’impact économique du projet, en appréciant sa capacité à développer d’autres programmes à la suite de « Viva Carthago ».

 

Cela permet d’insister une nouvelle fois sur la nécessité de tout mettre en œuvre pour s’assurer que cette série réponde aux critères de qualité exigés par les diffuseurs européens, car si elle n’est diffusée que dans les pays partenaires méditerranéens, une partie essentielle des objectifs sera perdue en terme d’impact, d’échange culturel et de sensibilisation.

 

Viabilité

 

Le projet n’est clairement plus viable dans un premier temps sans le soutien financier de la Commission européenne et il pourrait être opportun d’effectuer un suivi financier du projet au moins pour la suite du programme en cours, sans quoi les investissements déjà effectués seront tout simplement perdus. Il est vrai que les problèmes rencontrés sont nombreux et que le retard accumulé est important mais la passion de l’équipe, sa capacité d’adaptation et d’apprentissage, permettent de conserver l’espoir que le projet parviendra à relever l’extraordinaire défi qu’il a lancé.

 

Une fois la série « Viva Carthago » réalisée et diffusée, si elle répond aux critères de qualité envisagés et rencontre le succès qu’elle mérite, Euromédiatoon sera sans doute en mesure de continuer à fonctionner avec une assistance réduite dans un premier temps puis éventuellement supprimée. La pertinence extrême du projet vis-à-vis des objectifs du programme et les nombreuses adaptations et changements réalisés ou en cours de réalisation méritent que l’investissement soit poursuivi pour l’instant, avec un contrôle opérationnel spécifique accru, même s’il demeure une incertitude quant aux résultats finaux notamment au niveau de la production de la série.

 

   

 

                   D.  ELLES… AUX ABORDS DE L’AN 2000

 

 

Les missions Elles… aux abords de l’an 2000 furent menées au titre de l’évaluation à mi-parcours aux mois d’octobre au siège de la coordinatrice du projet Marianne Khoury au Caire, en décembre à Alger auprès de l’héroïne principale de l’un des documentaires et enfin à Casablanca auprès du réalisateur marocain chargé de l’un des derniers films de la série.

 

Le projet Elles … aux abords de l’an 2000 a démarré le 8 mars 2000 pour une durée de 42 mois. La contribution financière de la Commission européenne s’élève à 1.200.000 €.

 

 

 

 

 

                  D.1. Objectifs et résultats attendus 

 

Ce projet a pour but de coproduire une série de portraits de figures féminines arabes qui jouèrent un rôle important dans leurs pays en raison de leur engagement politique en faveur du féminisme ou de leurs talents artistiques ou littéraires. Ce que ces femmes ont en commun, c’est le rôle pionnier qu’elles jouèrent dans leur société, leur apport dans le développement de ces sociétés et la formation du bagage culturel et émotif de leur peuple. Ces contributions féminines pionnières coïncidèrent avec l’éruption des mouvements nationaux dans la région arabe, à commencer par la lutte contre l’occupant anglais en Egypte, ce qui confirme la relation solidement établie entre l’émancipation de la femme et la libération de la patrie.

 

Cette série de portraits réalisée en vidéo est destinée essentiellement à une diffusion télévisuelle.

Au départ, le projet était d’un format légèrement différent. Il s’agissait de réaliser 24 portraits d’une durée de 26 minutes chacun. Très vite, le coordinateur du projet a compris qu’il était préférable de se limiter à 12 documentaires de 52 minutes. D’une part, ce format correspond mieux aux grilles des chaînes de télévision et d’autre part il permet de travailler les portraits en profondeur, tout en laissant la place à une mise en perspective historique.

(Une lettre dans ce sens a été communiquée à la Commission européenne en date du 5 octobre 2000 qui a donné son aval par fax en date du 30 octobre 2000.)

 

Le projet doit contribuer à sensibiliser le grand public euro-méditerranéen à la diversité et à la richesse des cultures de la région méditerranéenne, en insistant sur le rôle des femmes dans la société. Cette série de 12 documentaires doit permettre une lecture plus informée et plus réaliste du vécu de la femme arabe. Il tire son importance de l’absence de documents audiovisuels sur la plupart des figures féminines d’avant-garde du monde arabe. Le projet comble un vide et doit constituer une référence précieuse pour quiconque désire à l’avenir se lancer dans un travail de recherche sur le sujet.

Les pays concernés par le projet sont l’Egypte, le Liban, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et l’Autorité palestinienne.

 

 

                  D.2. Bilan des activités menées

 

 

Il a fallu au départ définir les paramètres de la série et choisir les personnages féminins les plus emblématiques. Il y eut de nombreux entretiens et rencontres avec des spécialistes, des chercheurs, des historiens, des écrivains, des féministes, des témoins de l’époque et des proches des personnages choisis. Le véritable point de départ du projet fut une rencontre sur le thème des « femmes arabes » qui se déroula à l’Université américaine de Beyrouth. Le projet de la série a été présenté devant un public nombreux par le directeur du Centre National de la Cinématographie égyptienne, accompagné de la coordinatrice du projet. Plusieurs idées de personnages ou de thèmes ont été échangées et proposées. L’équipe a ensuite procédé au repérage de matériel d’archives auprès de centres d’archives publics et privés.

 

A partir du moment où les personnages et les thèmes ont été choisis, le projet Elles… aux abords de l’an 2000 relève essentiellement des compétences et du savoir-faire du producteur, à la manière de n’importe quelle autre production indépendante. La coordination du projet, la société Misr International, est une maison de production bien connue sur la place qui possède une vaste expérience de la production égyptienne. Elle est liée au plus célèbre réalisateur égyptien, Youssef Chahine. On peut donc lui faire confiance pour mener à bien cette série relativement lourde et trouver des formules de partenariat avec d’autres pays, à l’intérieur du budget imparti.

 

Pour la mise en œuvre de certains des films de la série, des productions déléguées ont été confiées à d’autres partenaires du bassin méditerranéen, Misr International gardant la direction des opérations générales. Par contre, un producteur français (Ognon Films) chapeaute l’ensemble de la série. Ces divers partenariats ont tenu compte de la compétence et de l’expérience des réalisateurs et des scénaristes. Une grande diversité de styles et de pays a été recherchée. La coordinatrice a cherché à mêler des réalisateurs confirmés et des jeunes talents. Pour une série retraçant des portraits de femmes, il était souhaitable que certains de ces films soient réalisés par des femmes. En dehors des deux premiers films réalisés par Marianne Khoury (également coordinatrice du projet et productrice déléguée), deux autres projets seront confiés à des réalisatrices. Il s’agit d’une jeune réalisatrice égyptienne et de la réalisatrice tunisienne Raja Amari. 

 

Les films terminés ont été écrits, tournés et réalisés dans des conditions professionnelles correctes, avec une grande implication des réalisateurs dans les scénarios, chaque scénario nécessitant en moyenne deux mois de développement. Le tournage a été réalisé avec des caméras digitales et le montage s’est fait sur un banc de montage Avid. Le projet a adopté « une politique du moindre coût, tout en s’assurant un matériel de qualité, avec lequel il pouvait ainsi réaliser des produits comparables aux films européens. » La post-production s’est étalée sur huit à dix semaines de montage et deux semaines de sonorisation, mixage et étalonnage. Du personnel a été recruté selon les procédures classiques de la profession, par CV ou par réputation. Misr International dispose aujourd’hui d’un réseau important de professionnels et de techniciens pliés aux techniques du documentaire. Des stagiaires ont également été engagés.

 

Selon le contrat avec la Commission européenne, la coordinatrice du projet s’était engagée à produire les 12 épisodes de la série en 42 mois, les derniers six mois étant consacrés à la promotion et à la diffusion. L’important retard apporté au deuxième paiement de la série a entraîné de sérieuses perturbations dans le plan de travail, les réalisateurs pressentis ayant dû accepter d’autres projets. De tout cela, il résulte aujourd’hui, au terme de cette évaluation à mi-parcours, que sur les 12 films de la série, quatre sont terminés, quatre sont en tournage ou en montage, et les quatre derniers en développement. La coordinatrice du projet a conscience de son retard et met à présent les « bouchées doubles » afin de boucler la série pour le début de l’année 2004.

 

La coordinatrice du projet s’est également impliquée dans la promotion des films terminés, dans leur inscription à divers festivals, ainsi que dans la recherche de partenaires éventuels pour les films en développement : projections à l’Université américaine du Caire et au Centre Culturel d’Alexandrie, Prix remporté au Festival international du film d’art et pédagogique à la Maison de l’Unesco à Paris, inscription au Fipa et au Fipatel de Biarritz (France), « pitching » au Forum d’Amsterdam (International Documentary Film Festival) et participation à une journée spéciale qui s’est déroulée à l’Institut du Monde Arabe à Paris, dans le cadre de l’année de l’Algérie en France.

Une brochure sur les deux premiers films de la série a été éditée et distribuée lors de la Conférence annuelle Euromed Audiovisuel du Caire en octobre 2002.

 

Au niveau de la distribution et de la diffusion, les résultats sont moins concluants. Jusqu’à présent, aucun des quatre films terminés n’a été diffusé par une chaîne de télévision. On pourrait y voir une préoccupation majeure, les films étant faits pour être vus, mais la coordinatrice du projet après avoir montré des épisodes isolés lors de festivals ou de marchés du film, est convaincue à présent de pouvoir vendre la série en bloc dès que les douze épisodes seront terminés.

 

               

 

 

                 D. 3. Critères d’évaluation

 

Pertinence

 

Les objectifs spécifiques du projet sont plus que jamais d’actualité. En effet, suite à la flambée des formes d’intégrisme religieux qui soufflent aujourd’hui sur le monde, il est extrêmement important de pouvoir témoigner du rôle des femmes dans le monde arabe depuis le début du vingtième siècle, en sortant des tabous et des clichés. C’est à la fois important pour les pays méditerranéens mais aussi pour les pays européens. Chacun devrait y gagner une plus grande humanité.

La série Elles… aux abords de l’an 2000 invite à une véritable découverte de quelques portraits de femmes exceptionnelles et très souvent méconnues. Cette série comble un vide tant dans les pays arabes que dans les pays européens. Le choix des portraits est vaste et témoigne d’une volonté de culture au sens large. Plusieurs sujets touchent à la musique arabe classique ou populaire, d’autres à la condition féminine, d’autres enfin montrent des femmes ayant joué un rôle politique important ou plus modeste, mais qui témoignent à chaque fois du besoin vital de secouer un joug colonialiste.

 

Ces objectifs spécifiques cadrent parfaitement avec les objectifs généraux à savoir : favoriser le rapprochement et la compréhension entre les peuples de part et d’autre de la Méditerranée, ainsi que l’amélioration de leur perception mutuelle.

 

Par contre, on peut détecter une faiblesse dans la conception même du projet, faiblesse qui risque de mener à la paralysie. En effet, l’objectif principal de Elles… aux abords de l’an 2000 est la coproduction d’une série de 12 documentaires évoquant des portraits de femmes arabes. Mais il n’est pas fait mention dans l’élaboration du cadre logique de la manière dont ces films seront montrés, distribués ou diffusés. Cela n’a jamais été précisé et reste encore aujourd’hui un élément flou. Malgré les efforts de la coordinatrice qui ne ménage pas sa peine pour inscrire les films aux festivals ou aux marchés télévisuels, il manque un partenaire diffuseur (chaîne de télévision) qui programmerait la série et en ferait la promotion. Pour mémoire, cette obligation de devoir s’associer à une chaîne de télévision pour la production de documentaires télévisuels est impératif dans les demandes d’aide auprès d’organismes officiels, tels que le Centre National de la Cinématographie en France ou le Ministère de la Communauté française en Belgique. Avoir un partenaire télé-diffuseur est un garant à la fois d’une certaine qualité technique et d’une diffusion. Et donc d’un public.

 

Cette réflexion en entraîne une autre : à qui est destinée cette série de films documentaires ? A un public arabe ou à un public européen voire même au-delà ? Il aurait peut-être fallu préciser ce point avant de commencer la production de la série. En effet, ces femmes, à l’exception de Oum Kalsoum, sont très peu connues en dehors des pays arabes. Il faut donc les introduire auprès d’une audience européenne. Ce qui demande une structure scénaristique légèrement différente.

Une incohérence semble se profiler : idéalement ces films devraient pouvoir être diffusés par les télévisions arabes. Or, d’après la coordinatrice du projet, ces chaînes diffusent peu de documentaires. N’y aurait-il pas là un travail à entreprendre en collaboration avec la Commission européenne auprès des chaînes de télévision arabes ou méditerranéennes qui font partie d’un autre projet Euromed Audiovisuel, CapMed, ce qui pourrait aboutir au final à une évolution du paysage audiovisuel méditerranéen. 

 

Certaines erreurs commises sur les films visionnés (narration plate, sous-titres mal calibrés, montage trop ou pas assez nerveux, mauvais équilibre des extraits d’archives, qualité sonore parfois déplorable, peu de « point de vue ») ne font que renforcer la conviction des experts qu’il faut dorénavant un contrôle appuyé sur certaines étapes de la production des films à venir. Rechercher plus d’efficacité dans la forme (narration et réalisation) tout en privilégiant un contenu original à l’ensemble des épisodes. C’est pourquoi l’implication en amont d’un diffuseur pourrait être une solution envisageable pour l’avenir, à condition que cela ne « formate » pas la série mais lui permette au contraire de créer des films adaptés aux exigences des différents marchés tout en leur conservant une intégrité culturelle.   

 

 

Efficience

 

Les coûts se justifient par l’impact considérable du projet. A l’exception de quelques documentaires sur la chanteuse Oum Kalsoum, il existait très peu de films retraçant la vie ou le rôle de femmes arabes. Aujourd’hui, grâce à la série, ce manque est en train d’être comblé. On a ressuscité des comédiennes, des chanteuses, des productrices, des compositrices de musique, des journalistes. On a fait appel à la mémoire de leurs familles ou de leurs collaborateurs. On a forcé les portes des prisons. On a exhumé des photos, donné un sens à des archives muettes, tiré de l’oubli des destins exceptionnels. De jeunes réalisateurs se sont trouvés des modèles et ont pris la route des oasis à la recherche de telle ou telle chanteuse oubliée. Un mouvement a été créé qui a généré une nouvelle vision du passé.

La série comblera un vide dans les cinémathèques arabes et mondiales en ce qui concerne la femme arabe et constituera une référence précieuse pour les chercheurs à l’avenir

 

Le projet fut-il mené de manière optimale ? L’objectif était relativement ambitieux et complexe au départ. Organiser la production de douze documentaires de 52 minutes en 42 mois à travers six pays arabes constitue une tâche lourde. De plus le documentaire, tel qu’on le connaît en Europe ou aux Etats-Unis, n’est pas un mode d’expression habituelle des cinéastes arabes. Il n’y a pas de grande tradition documentaire dans ces pays. Il a donc fallu tâtonner. Tâtonner pour définir les sujets, tâtonner pour trouver les équipes et les partenaires, tâtonner pour aboutir à une ligne de production efficace. Et ce fut la raison de plusieurs mois de retards. Mais dès que les premiers thèmes ont été choisis, la série a pu débuter dans de bonnes conditions. La coordinatrice du projet est très présente sur la plupart des fronts et travaille à la manière d’une productrice responsable. Elle dispose d’une petite équipe bien rodée. Grâce à l’achat de caméras digitales et d’un banc de montage central servant à la plupart des productions, le projet est mené de manière économique et souple. La coordinatrice veille à travailler dans des conditions techniques identiques à celles des pays européens.

 

Des contrats de production exécutive ont été signés avec certains partenaires d’autres pays et la série bénéficie de l’aide d’un coproducteur français, Humbert Balsan (Ognon Pictures).

Par contre, il semble que la coordinatrice du projet ait préféré rester seule maître à bord de l’ensemble de la série en refusant une proposition de coproduction et de diffusion qui lui fut apportée par un réalisateur arabe chevronné vivant en Europe. Cette proposition qui fut rejetée aurait peut-être donné à l’un des films une plate-forme internationale dont aurait pu bénéficier ensuite l’ensemble de la série.

 

A la question de savoir si le budget disponible du projet a été suffisant par rapport aux objectifs, on peut effectivement se poser la question. Une estimation financière grossière porte le budget de chaque film à environ 100.000 € (moins l’apport de 20% apporté par Misr International Films). Il s’agit d’un coût inférieur à la production d’un documentaire européen. Ce coût bas explique sans doute la politique générale d’économie de la série. (Peu de réalisateurs chevronnés, équipe réduite, recherche d’archives timorée). D’autre part, cette politique d’économie permet à de jeunes réalisateurs de se former sur des sujets dont ils assument à la fois le scénario, la recherche d’archives, les repérages et la réalisation. 

 

L’expert 2 a pu aider la coordinatrice du projet à se préparer pour le « pitching » d’Amsterdam qui eut lieu en décembre 2002. Cette présentation des projets de documentaires devant un panel de « Commissioning editors » appartenant à la plupart des chaînes du monde entier constitue le summum en la matière. En effet, le producteur ou le réalisateur dispose d’un certain nombre de minutes pour exposer son projet et répondre aux questions des professionnels. L’expert 2 conseilla à Marianne Khoury, de suivre le stage de formation au « pitching » qui s’est déroulé le week-end précédent le Forum, ce qu’elle fit.

 

 

Efficacité

 

La coordinatrice du projet a profité de la Conférence annuelle Euromed Audiovisuel du Caire pour montrer des extraits de ses films. Et devant le très beau générique du film, « La légende de Rose Al-Youssef », devant ces images liées à la condition féminine et à la répression, on ne pouvait qu’être frappés par le bien fondé du projet.

 

Il est à regretter par contre qu’aucune dynamique n’ait été mise en place dans le secteur audiovisuel auprès des autres partenaires méditerranéens, et notamment de Medea et de CapMed. Medea aurait pu fournir à certains des scénaristes-réalisateurs de Elles… aux abords de l’an 2000 un encadrement leur permettant de développer leur projet dans de bonnes conditions, face à des professionnels de l’écriture, qui auraient pu les aider ensuite à résoudre certaines questions de structure et de mise en perspective.

 

Quant à CapMed, il est indéniable que les deux projets auraient pu s’appuyer l’un sur l’autre dès le départ. En effet, CapMed vise à la conservation, à la restauration des archives télévisuelles des partenaires méditerranéens et à la création d’une base de données de références pour ces archives, tandis que Elles… aux abords de l’an 2000 est à la recherche d’archives destinées à illustrer les différents portraits féminins, archives appartenant elles aussi au bassin méditerranéen.

 

Si Marianne Khoury semble avoir pensé à CapMed dès la rédaction de son rapport de 2002, elle ne lui a jamais véritablement fourni une liste de sujets susceptibles de l’intéresser. Ce n’est que lors d’une réunion à la Conférence du Caire en octobre 2002 que Marianne Khoury et Nancy Angel (coordinatrice du projet CapMed) ont décidé de collaborer. 

 

On ne peut que déplorer ce début d’occasion ratée. Mais au niveau des archives, les choses peuvent encore être redressées et corrigées. Pour les deux films qu’elle a réalisés, Marianne Khoury a travaillé essentiellement avec la Cinémathèque égyptienne. Seul le film algérien illustrant la lutte d’indépendance du FLN contre l’armée française a pâti d’un manque de recherches systématiques d’archives. Les images qui illustrent les propos de l’interviewée sont mal choisies et servent maladroitement le propos du film. Ce ne fut visiblement pas l’objectif principal.

 

Impact

 

Comme pour « Euromédiatoon », l’impact du projet ne sera réellement appréciable au niveau du grand public qu’à la diffusion de la série. Pour l’instant, les bénéfices du projet sont concentrés sur les réalisateurs et techniciens impliqués directement dans la production des documentaires.

De la même manière que « Viva Carthago », ce sera principalement lors de la diffusion de la série, tant dans les pays sud-méditerranéens que dans l’Union européenne et dans le restant du monde que l’on pourra mesurer les effets du projet sur le plan culturel.

 

La coordinatrice du projet est très présente sur les festivals et les marchés du film. Elle ne ménage pas sa peine pour se déplacer en Europe et dans le Maghreb afin d’assurer la promotion de ses films. Elle a édité en français et en arabe une brochure très illustrée sur les deux premiers films consacrés aux « Passionnées du Cinéma » et a en projet la fabrication d’un dépliant, façon calendrier, sur les 12 épisodes de la série, en français, anglais et arabe. On peut espérer que ce matériel de promotion aidera à promouvoir le projet et à trouver d’autres partenaires, tels que les bibliothèques ou les médiathèques, susceptibles d’acquérir la série. Mais il faudra attendre la terminaison des douze documentaires avant de connaître véritablement les résultats escomptés, à la fois sur le public arabe et sur le public européen.

 

Viabilité

 

Douze documentaires de 52’ retraçant des portraits de femmes arabes seront terminés au début de l’année 2004. La série pourra alors être diffusée par des chaînes de télévision à travers le monde entier. C’est dire si les résultats positifs du projet perdureront après que les financements externes auront pris fin. Cette série est appelée à connaître un large impact tant au niveau de la communauté arabe que des pays européens. Elle pourra faire également l’objet d’une distribution sur cassette vidéo ou encore sur DVD. A titre d’exemple, le coordinateur du projet a été contacté par un distributeur américain spécialisé dans les programmes arabes qui attend la fin de la série. 

De plus, la série sera programmée dans des festivals et donnera lieu à de nombreux colloques et débats qui se poursuivront pendant de nombreuses années. Enfin la série sera un outil de référence pour les chercheurs et les spécialistes qui s’intéressent à la femme arabe. Et suscitera à son tour d’autres projets de livres ou de films.

 

La diffusion et la vente de la série constituant un point important de la viabilité du projet, la Commission européenne pourrait fournir un guide dans le choix des chaînes intéressées et dans la jungle des territoires et des droits en nommant auprès du coordinateur du projet un spécialiste de la vente et de la distribution qui pourrait fournir une assistance technique afin d’assurer un meilleur impact du projet.

 

 

 

               E.  CINEMA MED

 

 

Les missions Cinema Med furent menées au titre de l’évaluation à mi-parcours au mois d’octobre au siège du coordinateur du projet à Naples : Michele Capasso et en décembre 2002 à Marrakech.

Cinema Med fait partie intégrante de la Fondation du laboratoire méditerranéen, née en 1994 à l’initiative de l’Académie de la Méditerranée, en vue de l’introduction d’un programme spécifique pour la région méditerranéenne et centralisé au cœur de Naples (24 personnes). Michele Capasso est également le directeur général de cette Fondation.

 

Le projet Cinema Med a démarré le 16 mars 2000 pour une durée de 36 mois. La contribution financière de la Commission européenne s’élève à 1.000.000 €.

 

 

 

               E.1.  Objectifs et résultats attendus

 

Le projet Cinema Med a ceci de particulièrement intéressant qu’il associe à la fois le cinéma du patrimoine et le cinéma contemporain sud-méditerranéens sous plusieurs aspects.

La valorisation du patrimoine du cinéma en Méditerranée du Sud est une belle cause à mener en ce sens qu’elle fait prendre conscience aux professionnels du cinéma de la richesse et de la valeur de leurs archives cinématographiques, le but recherché étant la présentation des films à un public le plus large possible. Qui dit archive dit sauvegarde, conservation et restauration. C’est le cas pour ce projet qui fait appel aux compétences de plusieurs cinémathèques prestigieuses de la Méditerranée. Faire connaître le travail accompli des deux côtés des rives de la Méditerranée demande un travail colossal et acharné d’édition pour informer les spectateurs et les professionnels du cinéma attentifs à ce genre d’activités. Il faut laisser une trace de qualité dès lors que l’on s’attaque à l’histoire du cinéma car les documents fabriqués deviennent alors des biens précieux et des outils de référence. La programmation de rétrospectives liées à l’histoire du cinéma est toujours difficile à organiser car peu rentable et n’attirant souvent qu’un public restreint. Mais c’est aussi à travers les grands noms de cinéastes d’une région que la population d’un pays de cette même région est en mesure de pouvoir se reconnaître et retrouver son identité et sa culture. Tout un travail d’information et de mise en valeur du patrimoine est à entreprendre en évitant de tomber dans l’écueil de l’amateurisme et du laxisme, faute de moyens par exemple, ce qui appauvrirait le but recherché. Sensibiliser les foules sur le patrimoine sud-méditerranéen est une tâche ardue mais respectable à condition qu’elle soit menée de manière efficace.

 

Même chose avec le cinéma contemporain et la création d’un festival itinérant qui a affiché une programmation de films arabo-méditerranéens dans plusieurs villes euro-méditerranéennes et a pu donner ainsi la possibilité à plusieurs cinéastes des films choisis de venir s’exprimer sur leurs œuvres dans certains cas. Le public revêt là encore une importance considérable puisqu’il joue son rôle d’indicateur de satisfaction. Toutes ces actions en liaison avec le cinéma, qu’elles soient patrimoniales ou contemporaines, demandent une attention soutenue de la part des partenaires méditerranéens du projet et ne peut pas exister sans eux. Les compétences et échanges de vue entre les cinémathèques jouent un rôle primordial quant aux techniques et savoir-faire à échanger et adapter suivant les cas. Le projet par lui-même génère ces complicités surtout dès qu’il s’agit du milieu des archives qui passe pour un monde très fermé et élitiste. Une possibilité d’ouverture existe là à faire fructifier. Cinema Med organise par ailleurs, dans des pays partenaires méditerranéens, des modules de formation à l’écriture de scénarios ce qui donne au projet une responsabilité et une crédibilité notoires car il associe un volet exploratoire en direction des jeunes créateurs, très en amont, sur le cinéma sud-méditerranéen en développement

 

En premier lieu, c’est évidemment de dialogues entre les peuples dont il s’agit. De part ses objectifs, le projet part de la racine du cinéma (patrimoine et écriture de scénarios) pour aller à la rencontre du public dans les salles. Un festival itinérant, comme son nom l’indique, bouge pour aller au-devant des gens : c’est sa fonction première. Si les films sont bien choisis et montrés dans de bonnes conditions, le public est sensible et se souvient. Il est reconnaissant du bien-fondé de l’opération et en redemande. La fidélisation du public satisfait est importante car l’événementiel peut se transformer en habitude. A condition évidemment que les moyens alloués au projet permettent d’envisager une suite. Les professionnels, comme le public, suivent le même état d’esprit. Ils ont besoin d’être motivés et reconnus dans leurs domaines pour donner le meilleur de leurs capacités. Tout ceci, à plus ou moins longue ou brève échéance, a pour but de sensibiliser tous les publics et acquérir une visibilité suffisamment affirmée pour convaincre aussi bien sur le terrain (partenaires et bénéficiaires) qu’au niveau de la Commission européenne. Les techniques d’écriture s’apprennent et se transmettent et les relations entre scénaristes de pays différents peuvent engendrer une compréhension mutuelle qui ne pourra qu’enrichir leurs projets de scénario. La démarche est simple mais délicate. Une attention particulière aux personnalités des individus prend ici toute sa place car les domaines d’intervention du projet Cinema Med sont très variés même si les axes d’intervention sont complémentaires. La mise en réseau de professionnels de qualité est un enjeu de taille quand il s’agit comme ici de métiers du cinéma si différents dont les actions sont plutôt traitées de manière ponctuelle et relativement inégale voire déséquilibrée. Réunir, encourager et motiver toutes ces compétences permet de valoriser le cinéma des pays partenaires méditerranéens dans leur région et pour leur public, mais aussi de lui donner la chance d’exister sur les écrans de cinéma pour le public dans l’Union européenne.

 

 

 

 

 

 

               E.2.  Bilan des activités menées

 

Un festival itinérant existait déjà dans le dispositif du programme méditerranéen de la Fondation et fut ensuite intégré à Cinema Med dès l’existence du projet en mars 2000. Le budget est le moins important des six projets Euromed Audiovisuel. Cinema Med rassemble un certain nombre de partenaires autour de lui qui vise à faire exister au mieux les différentes lignes du programme.

 

Cinema Med fait travailler environ 5 personnes. La documentation remise à l’expert 1 est impressionnante en volume et qualité. Pour le festival itinérant, un catalogue assez prestigieux a été rédigé (en collaboration avec des historiens de cinéma spécialisés et de personnalités de renom) et remis gratuitement aux spectateurs qui ont assisté à des débats après les projections. On peut toutefois regretter que le contenu du catalogue soit seulement rédigé en italien et en anglais omettant la langue arabe. A la fin 2002, un catalogue des Cinémathèques a été publié (750 exemplaires) ainsi qu’un catalogue sur le cinéaste égyptien Salah Abu Seif (en italien et anglais) qui fut distribué pour la première fois à Marrakech lors du dernier module de formation de scénaristes (programme « Aristote ») en décembre 2002.

 

Tous les catalogues sont imprimés à Naples. Il faut ajouter que tous les films montrés durant le festival itinérant sont des films en location et que Cinema Med dispose de 2 copies par films toutes en dépôt à Rome. Ces films arabo-méditerranéens ont circulé principalement dans les pays du Sud de l’Union européenne (Italie, Espagne et Portugal) avec une incursion à Edimbourg (Ecosse) et Amman (Jordanie). La valorisation du cinéma du patrimoine s’est faite à travers l’hommage rendu à la Cinémathèque d’Alger et celui rendu au grand cinéaste égyptien Salah Abu Seif en montrant une rétrospective de son œuvre (8 longs métrages et 1 court métrage) à Naples et Bologne du 5 au 12 décembre 2002 (une autre rétrospective devait avoir lieu en janvier 2003 à Toulouse). La restauration de la première œuvre de ce maître du cinéma égyptien, un documentaire très abîmé dans un incendie à Turin, a été prise en charge financièrement par Euromed Audiovisuel et réalisée par la Cinémathèque de Bologne. M. Capasso est étroitement lié à la culture de la région de Naples (Campanie) et le projet Cinema Med a profité depuis le départ de sa grande connaissance de la culture du bassin méditerranéen et de son peuple. Ceci pour dire combien il attache d’importance au prolongement des actions menées, déplorant que la fin des moyens financiers alloués ne permette plus de continuer de répondre aujourd’hui à certaines demandes pour l’année en cours.

Le programme « Aristote » (atelier d’écriture de scénario) s’est déroulé jusqu’à présent en deux volets : l’un s’est tenu à Beyrouth en juillet 2002 à l’Académie libanaise des Beaux- Arts et l’autre, suivant la même formule, à l’Université Cadi Ayyad de Marrakech du 12 au 18 décembre 2002. Pendant quelques jours les dix participants (4 venus du Liban, 2 de France, 1 de Belgique et 3 du Maroc) ont pu bénéficier d’un enseignement théorique sur l’écriture et son aspect technique complet grâce à des tuteurs expérimentés. Le producteur extérieur invité a eu une action déterminante car les participants ont pu bénéficier d’un regard sensible en connexion directe avec le marché du cinéma. En raison du budget total réduit du projet Cinema Med (1 million € au lieu des 2,4 millions € prévus), des manques véritables surviennent quant à l’organisation de ces sessions de scénario qui deviennent de fait un peu « flottantes ». En conséquence, les objectifs du programme « Aristote » semblent trop ambitieux par rapport aux moyens dont ils disposent et aux critères de sélection en place. « Aristote » devrait, soit sélectionner des participants plus expérimentés, soit se donner les moyens de proposer une réelle formation initiale. Sur le plan culturel cependant, l’atelier atteint clairement ses objectifs car le groupe de jeunes talents constitué va continuer sans aucun doute de conserver des relations à l’avenir au vue de leur complémentarité.

 

 

 

             

                 E.3.  Critères d’évaluation

 

Pertinence

 

Les objectifs du projet Cinema Med sont, de par leur diversité et leur prise directe avec la réalité euro-méditerranéenne, totalement en phase avec le programme Euromed Audiovisuel. Les objectifs spécifiques sont bien sûr éloquents par le travail fourni avec les moyens financiers alloués mais n’atteignent pas forcément une dimension d’envergure (même si un « coup » a été tenté apparemment avec succès dans un festival à Amman en Jordanie)  suffisante pour répondre largement à une compréhension mutuelle des peuples sur le plan culturel. L’ensemble, bien que complet dans son contenu, semble vouloir rester en terrain connu (Italie) et se restreindre quelque peu dans ses actions ne donnant pas vraiment l’impression que le grand public est toujours concerné.

 

Efficience

 

Il est vrai que le budget de ce projet était très limité au départ compte tenu, qui plus est, de la volonté d’entreprendre du coordinateur de projet. Les autres partenaires annoncés dans les pays sud-méditerranéens sur ce projet sont nombreux sur le papier et vont de Amman à Edimbourg en passant par Alger ou Lisbonne. Cette détermination et cette volonté affichées ont maintenu les actions décidées au moment du lancement du programme malgré la réduction de budget. Ce qui a été annoncé a été réalisé dans les délais impartis. On peut regretter toutefois que l’énergie dépensée dans chacun des volets d’intervention du projet n’ait pas pu servir aussi à maintenir et prolonger le cap de toutes ces bonnes initiatives. Le coordinateur du projet a bien utilisé son budget pour mener à leur terme les actions prévues sans trop se préoccuper de l’impact et de la suite qui serait donner ou non. Il est toujours dommage de voir de bonnes chose entreprises s’arrêter faute d’argent surtout quand on a commencé à ouvrir des portes et à mesurer l’importance des enjeux. La passion pour le cinéma est bien là ; il suffit de noter la qualité de ce qui a été organisé durant trois ans. L’information semble insuffisante ; mais sans perspective d’avenir, il est difficile de mettre au point une vraie politique de communication surtout vis à vis de la presse et des médias.

 

 

Efficacité

 

Beaucoup des compétences des partenaires méditerranéens ont été utilisées tout au long du déroulement du projet. Que ce soit les universitaires (Maroc), les institutionnels dans les arts (Liban, Jordanie, Maroc), les organisateurs de festivals internationaux du film (Edimbourg, Bologne, Montpellier), les cinémathèques (Alger, Lisbonne, Toulouse) pour ne citer que ces exemples de professionnels du cinéma, tous ont contribué efficacement de près ou de loin au bon fonctionnement du projet. Quant aux bénéficiaires scénaristes, malgré seulement deux sessions d’écriture en 2002, ils ont particulièrement apprécié la structure de formation qui leur était offerte tout à fait adaptée à leur niveau. L’atelier, afin d’atteindre de meilleurs résultats au vue de la satisfaction réelle des bénéficiaires, doit continuer en se dotant de moyens de fonctionner adaptés, pour réussir son pari tout d’abord sur un plan logistique puis sur le plan de l’enseignement en conservant les professionnels/tuteurs de qualité. L’expert 3 a participé quelques jours en tant qu’observateur au module de formation à l’écriture de scénarios en décembre 2002 à Marrakech et a pu ainsi constater l’efficacité de la formation et ses effets sur l’évolution des scénarios après six mois de suivi.

 

Impact

 

Le sérieux de l’ensemble du projet n’est pas à remettre en cause. Du bon travail a été fait. C’est difficile de gérer plusieurs axes d’intervention de manière égale et récurrente. Les festivals ont été organisés dans huit villes et ont rassemblé environ 60 000 personnes ; des demandes de villes nouvelles sont en attente (Tunis, Naples, Athènes). Un seul film de Salah Abu Seif a été restauré dans la rétrospective qui lui a été consacré. Deux newsletters ont pu être réalisées à ce jour et envoyées au nombre de 8000 chacune. On peut témoigner de l’impact du projet en visionnant plusieurs vidéos qui ont été tournées lors du festival itinérant à Edimbourg et à Palerme. L’évaluation à mi-parcours n’a pas pu permettre à l’expert 1 de se rendre sur aucune des manifestations publiques organisées par Cinema Med, festival ou rétrospective, afin de se rendre compte avec plus de justesse de l’impact sur le public, des conditions de projections des films, de l’état des copies et des problèmes qui se posent. La diffusion potentielle des films développés dans le cadre de l’action de formation est également susceptible de contribuer à l’impact général du projet.

 

Viabilité

 

Le projet n’est plus viable sans le soutien financier de la Commission européenne. Si la Commission européenne juge que le travail effectué a rempli tous ses objectifs et est utile dans son domaine, il serait dommage d’interrompre les actions et donner ainsi l’image d’un événementiel sans suite. Pour fidéliser un public, il faut créer des habitudes et des rendez-vous culturels appropriés sinon tout reste éphémère, superficiel et insatisfaisant. Après toute l’énergie et la passion dépensées à créer les bases solides d’un travail, on peut trouver dommageable d’en rester là et d’avoir ainsi utilisé des moyens financiers, somme toute importants, sans volonté de pérennité. Les 6 projets du programme Euromed Audiovisuel sont par essence en état de fragilité. Ce sont des projets neufs et qui peuvent encore faire leurs preuves. Cinema Med n’échappe pas à cette règle. Le projet mérite de continuer et de pouvoir s’atteler maintenant au travail d’une meilleure visibilité (public, presse, professionnels) dès lors qu’il aura obtenu une chance de se maintenir et donc la poursuite de ses engagements. Il y a certainement des changements à opérer dans la manière de fonctionner mais toutes les actions de qualité menées jusqu’ici méritent d’être consolidées et peut-être développées autrement.

 

   

 

                           F.  MEDEA

 

Les missions Medea furent menées au titre de l’évaluation à mi-parcours aux mois d’octobre et décembre 2002 au siège du coordinateur du projet à Séville ainsi qu’à Tunis (lieu de l’un des séminaires du projet).

 

Le projet Medea a démarré le 8 mars 2000 pour une durée de 36 mois. La contribution financière de la Commission européenne s’élève à 4.000.000 €.

 

 

                  F.1.  Objectifs et résultats attendus

 

 

Le projet Medea constitue une initiative originale, innovante et particulièrement utile du programme Euromed Audiovisuel.

 

Sur le plan économique, il a pour but d’apporter une aide financière au développement de 75 projets audiovisuels développés par des sociétés de production indépendantes euro-méditerranéennes ainsi qu’une assistance aux participants sélectionnés tout au long du processus de développement, ponctuée de modules de formations en écriture de scénario, financement et marketing/distribution.

 

Sur le plan culturel, le projet souhaite contribuer au rapprochement entre les cultures et les peuples de la région euro-méditerranéenne, à la diffusion d’une identité culturelle arabo-méditerranéenne. Il souhaite également encourager l’échange de savoir-faire et la coopération entre les acteurs du secteur audiovisuel euro-méditerranéen. Pour ce faire, il souhaite contribuer à la création d’un réseau solide et durable de professionnels et d’institutions de l’audiovisuel qui reflètent à travers leurs actions comme à travers leurs créations la diversité et la richesse de cette région, tout en favorisant le développement d’un respect mutuel entre les populations des pays qui la composent.

 

Ce lien établi entre formation et développement se situe dans la bonne direction et répond à un besoin réel présent dans l’ensemble des pays concernés, au Nord comme au Sud de la Méditerranée, que les industries concernées soient naissantes ou établies de longue date. Même si le besoin se fait plus cruellement sentir dans les pays où Medea représente quasiment la seule source de financement ou de formation au processus de développement, même les pays plus favorisés ont un besoin permanent de ressources (qu’elles soient financières, informatives ou formatrices) à ce stade crucial de la vie d’un projet audiovisuel.

               

 

                    F.2.  Bilan des activités menées

 

 

Après presque deux ans d’activité et six modules de formations, le projet Medea a sélectionné 75 projets (25 projets représentant un mélange fiction/documentaire dans un premier stade puis 25 projets de fiction et 25 projets de documentaires dans un second stade).

 

La contribution financière de la Commission européenne au projet (4.000.000€) se situe au niveau des projets les plus importants du programme en terme budgétaire (avec CapMed, Europa Cinémas et Euromédiatoon).

Medea emploie 5 personnes de façon permanente et fait appel à plusieurs dizaines de collaborateurs internes et externes au moment des ateliers. Ses partenaires dans l’Union européenne sont la Fundación cultural Media/Media Business School (Espagne), Science Com’ (France) et dans les pays sud-méditerranéens, The New Israeli Foundation for Cinema and Television (Israël) et le Centre Cinématographique Marocain (Maroc). Le Maurits Binger Film Institute (Pays Bas) a été un partenaire jusqu’en 2002.

 

A ce jour, les activités menées se répartissent en plusieurs catégories :

 

- Constitution de l’équipe et aménagement des locaux au siège de l’organisation à Séville. Il faut noter que le premier coordinateur du projet a été remplacé fin 2002. L’équipe a également intégré fin 2002 une personne responsable de la logistique des ateliers (préparation/déroulement/suivi).

- Promotion du programme (mailing, Internet, campagne de presse, présentations diverses) de façon à assurer le recrutement le plus large possible des participants dans l’ensemble des pays partenaires.

- Sélection des bénéficiaires à la suite de trois appels à candidatures distincts, le premier (mêlant 25 projets de fiction et documentaires) s’étant achevé en décembre 2000, le second en septembre 2001 pour des projets de fiction uniquement (25) et le dernier en décembre 2001 pour des projets de documentaire (25 également). Au total, 75 bénéficiaires ont été retenus à ce jour. 850 000€ sont alloués au développement de chaque groupe de 25 projets, soit en moyenne de 25 000€ à 36 000€ par projet. La part du développement dans un budget représente en moyenne 10% du coût d’un projet si l’on retient un coût total moyen par œuvre compris entre 0,5 et 1 million €.

- Mise en place des modules de formation (6 à ce jour s’étant déroulés à chaque fois dans un pays euro-méditerranéen différent) couvrant les domaines de l’écriture de scénario, du financement et du marketing/distribution. Ces modules ont jusqu’à présent été organisés par les partenaires du projet (Maurits Binger Institute et ses successeurs pour le scénario, Media Business School pour le financement et Science Com’ pour le marketing/distribution).

- Mise en place du suivi de la formation au cours de chaque module et du suivi du développement des projets entre les modules par des tuteurs externes différents pour la fiction et pour le documentaire.

 

              

                 F.3.  Critères d’évaluation

 

Pertinence

 

Les objectifs du projet Medea sont totalement en phase avec le programme Euromed Audiovisuel, aussi bien sur le plan économique que culturel. Ils répondent à un besoin important de formation et d’investissement au stade du développement, phase cruciale dans la production d’œuvres audiovisuelles qui est pourtant trop souvent négligée, par manque de moyens et de compétences, aussi bien au Nord qu’au Sud de la Méditerranée.

 

Les objectifs sont non seulement toujours valables, mais probablement même renforcés par les difficultés rencontrées dans la plupart des industries cinématographiques de l’Union européenne. Pour ce qui concerne les pays du Sud de la Méditerranée, l’absence presque totale d’aides au développement en dehors de quelques fonds spécifiques rend une initiative comme Medea encore plus indispensable.

 

A l’issue de cette première phase d’activité, les objectifs spécifiques de Medea demandent toutefois à être précisés notamment en ce qui concerne le type de bénéficiaires concernés par le programme et la façon dont ils sont représentés lors des modules de formation, de façon à ce que la formation proposée puisse garantir une meilleure continuité et une meilleure efficacité. En effet, jusqu’à présent, il était possible pour les bénéficiaires d’envoyés à chaque module de formation, un participant différent lié au projet sélectionné (scénariste, producteur, responsable du développement), rendant ainsi la continuité de la formation difficile pour les tuteurs et pouvant compromettre l’efficacité de la formation pour les bénéficiaires finaux.

 

Le projet demeure toutefois totalement focalisé sur les problèmes du secteur audiovisuel euro-méditerranéen et a commencé à couvrir une partie de ses besoins dans le domaine du développement, en particulier pour ce qui concerne les pays du Sud de la Méditerranée. Son action peut toutefois et même se doit d’être optimisée, aussi bien sur le plan de l’organisation interne et externe que sur celui de la définition même de l’action à tous les niveaux.

Le contenu des modules de formation doit ensuite être adapté de façon bien plus spécifique aux besoins très particuliers de chacun des pays sud-méditerranéens. La transposition plus ou moins directe d’ateliers conçus pour des pays de l’Union européenne et la présence d’intervenants, qui ne connaissent pas suffisamment les spécificités de la région, n’apportent qu’une réponse très partielle aux besoins réels des participants.

 

 

Efficience

 

Sur le plan quantitatif, le projet a globalement atteint ses résultats escomptés au niveau du nombre de projets aidés et du nombre de modules de formation organisés mais sur le plan qualitatif les résultats du projet dans ce domaine sont entachés par une accumulation de problèmes internes et externes.

 

-          Sur le plan interne, le projet a fait preuve dès le départ d’une mauvaise organisation, certes aggravée par le remplacement au cours de la seconde année de la coordinatrice du projet et de son remplacement juste avant le quatrième module. Les critiques sont nombreuses, aussi bien du côté des tuteurs et partenaires que du côté des bénéficiaires finaux qui expriment tous la même frustration en ce qui concerne les relations avec l’équipe : mauvaise organisation et mauvaise communication principalement. Globalement, l’équipe a jusqu’à ce jour donné l’image d’un groupe plein de bonne volonté et très sympathique, mais également très désorganisé et à l’efficacité plutôt réduite, en tout cas insuffisante en dépit de l’énergie déployée. Le manque de connaissances spécifiques du milieu de l’audiovisuel au départ du projet explique en partie ces problèmes mais un certain laxisme a aussi accompagné cette incompétence particulière. Les experts ont fait part de ces problèmes à l’équipe qui les a reconnus et a entrepris une réorganisation interne complète, laquelle s’est notamment manifestée par une nouvelle embauche de façon à améliorer la logistique pendant et entre les ateliers. Cette prise de conscience positive ajoutée à la nomination récente d’une nouvelle coordinatrice signifie qu’une chance doit être donnée à cette nouvelle équipe de faire ses preuves en matière d’organisation interne tout au long de l’année et lors de chaque atelier. Medea a tiré tout dernièrement un bilan faisant ressortir les points forts et les points faibles du système. Apparemment, des leçons ont été tirées des années passées et les nouvelles perspectives mises en œuvre porteraient déjà leurs fruits. 

-          Sur le plan externe, en particulier en ce qui concerne la relation avec les partenaires extérieurs, l’équipe a été portée, en raison de son inexpérience, à déléguer au début de son activité l’organisation de chaque module au partenaire concerné (scénario, finance, marketing/distribution). Cela a sans doute permis d’effectuer les premiers modules en utilisant des compétences extérieures reconnues et incontestées, mais cela a aussi eu pour double effet négatif, une insuffisante adaptation du contenu des modules au public spécifique du projet en particulier en ce qui concerne les besoins très spécifiques des pays sud-méditerranéens, et un manque de cohérence et de suivi flagrant entre les modules. Forte de l’expérience acquise à l’issue de presque deux ans d’expérience, l’équipe revendique aujourd’hui, à juste titre, un contrôle plus important sur le choix des intervenants et la conception de chaque module, en liaison avec les tuteurs spécifiques à chaque domaine (l’un pour le documentaire, l’autre pour la fiction) de façon à améliorer la continuité du travail entre les modules et la cohérence d’un module à l’autre ainsi que le suivi. Ces problèmes ont également été soulevés lors de l’évaluation et discutés avec l’équipe qui en est très consciente et demande une chance de faire ses preuves sans être tributaire de ses partenaires. Vu l’importance du projet et sa pertinence extrême pour le programme Euromed Audiovisuel, cette chance doit leur être donnée, mais assortie d’un contrôle important de façon à procéder aux ajustements nécessaires si les résultats n’étaient pas rapidement au rendez-vous.

 

Le budget du projet n’est donc globalement pas en cause, mais la façon dont il est utilisé doit impérativement être revue et optimisée. Jusqu’à présent, l’équipe n’avait pas les moyens de faire face aux problèmes rencontrés dans la mesure où elle était obligée de déléguer l’ensemble du contenu de chaque module aux partenaires concernés. Avec l’aide déterminante apportée par l’assistance technique financée par la Commission européenne, elle a toutefois tenté d’apporter des solutions partielles aux problèmes rencontrés, notamment en tentant de renforcer le rôle des tuteurs dans l’élaboration du contenu des modules. On peut donc dire qu’elle a fait preuve de réactivité dans les limites imposées par le cahier des charges existant. Ces limites doivent toutefois être repoussées si l’on veut donner à Medea une chance d’atteindre ses objectifs.

 

Il convient de noter à ce sujet que la Commission européenne porte là encore une part de responsabilité dans la non-résolution de ces problèmes, l’assistance technique et l’équipe de Medea ayant à plusieurs reprises demandé, en vain, de changer le statut des partenaires vis-à-vis du projet. L’expérience spécifique de l’expert externe pour l’assistance technique a contribué à diagnostiquer en grande partie les problèmes : malheureusement, ses suggestions émises n’ont pas rencontré une écoute suffisante, que ce soit de la part des partenaires de Medea, de la Commission européenne ou même de l’équipe elle-même (en tout cas avant l’intervention des évaluateurs).

 

Sur le plan de la communication, si le site Internet du projet est plutôt complet, la communication externe doit être grandement améliorée. La visibilité du programme dans l’industrie n’est pas assez importante et si le nom du projet commence à être connu, son activité n’est pas encore claire. Cela signifie que la documentation proposée lors des actions de communication doit être améliorée, ce qui semblerait être en cours. Ce point est également à vérifier car la visibilité d’un projet comme Medea est cruciale si l’on veut être en mesure de recruter les bénéficiaires les plus intéressants et les projets offrant le meilleur potentiel.

 

Efficacité

 

Là encore, sur un plan purement quantitatif, le projet remplit son cahier des charges pour ce qui concerne le nombre de projets aidés et le nombre de modules de formation organisés.

Par ailleurs, le projet a bien réagi à l’issue du premier appel à candidatures en prenant la décision de séparer les projets de documentaire des projets de fiction. Ces deux types d’œuvres demandent en effet un traitement très particulier, le processus de développement étant très différent et spécifique à chaque activité (en particulier les sources de financement et le marché des œuvres produites) même si l’on retrouve naturellement des constantes.

 

Enfin, le premier niveau de résultat a été atteint, c'est-à-dire la constitution d’un réseau de partenaires euro-méditerranéens. C’est probablement le résultat le plus facile à atteindre, mais il faut noter ce succès dont se félicitent les participants, qui ont tous exprimé leur satisfaction devant l’opportunité offerte par Medea de rencontrer des partenaires venant parfois de pays totalement opposés politiquement, allant même jusqu’à s’associer pour une coproduction. C’est dans ces résultats que Medea prouve à la fois sa raison d’être et sa pertinence par rapport aux objectifs du programme Euromed Audiovisuel.

 

En revanche, sur un plan qualitatif, les problèmes déjà soulevés dans la section « efficience » ont eu des incidences indéniables sur l’action du projet. Si la section « documentaire » semble aujourd’hui avoir trouvé ses marques et s’accommode du suivi de 25 projets par un seul tuteur, il n’en est pas de même de la section « fiction ». Le tuteur pour la partie fiction a en effet exprimé la difficulté de suivre 25 projets en simultané et trouverait plus profitable de limiter le nombre de projets à la moitié (12 à 14) ou encore de nommer un second tuteur pour partager la charge de travail.

 

Les partenaires ne faisant pas tous preuve de la même ouverture et de la même flexibilité, voire de la même capacité à entendre les souhaits émis par l’équipe de Medea et les tuteurs, il est indispensable de définir un nouvel organigramme hiérarchique définissant plus clairement les responsabilités et le pouvoir de chacun.

 

Enfin, l’équipe dirigeante doit se reprendre en main et faire preuve de davantage de rigueur et d’efficacité sur tous les plans de façon à limiter la frustration intense des bénéficiaires et des partenaires sur ce point, ce qui est indispensable pour se donner une chance d’assurer sa pérennité.

 

Impact

 

Pour l’instant, l’impact du projet est essentiellement limité au public spécifique des bénéficiaires finaux, même si les projets aidés commencent à entrer en production, voire à être distribués.

 

Les objectifs globaux du projet ne sont donc pas encore complètement atteints, ce qui n’est pas un problème en soit et n’est pas anormal ni surprenant, le processus de développement des œuvres audiovisuelles étant un processus à la fois long et incertain. C’est donc en laissant au projet une chance de faire ses preuves sur le moyen et le long terme que l’on pourra commencer à mesurer ses effets sur le grand public et sur les populations euro-méditerranéennes en général.

 

Ce qui est certain, c’est que l’aide financière apportée par le projet aux producteurs indépendants des pays où le besoin est le plus aigu fait figure de mesure providentielle. De nombreux participants ont confié aux experts que sans Medea, leurs projets n’auraient pas pu voir le jour ou n’auraient pas connu la chance d’être développés. Cette aide financière a donc un effet incontestable non seulement sur les industries naissantes, stagnantes ou parfois même déclinantes des pays concernés, mais également sur le moral des auteurs ou producteurs bénéficiaires, qui se sentent souvent abandonnés ou négligés.

 

Viabilité

 

Le projet n’est pas viable sans le soutien de la Commission européenne. Il est donc crucial de poursuivre le travail amorcé tout en remédiant aux insuffisances constatées, de façon à ne pas retirer l’oxygène apporté aux bénéficiaires avant que les effets plus permanents du projet n’aient eu une chance d’être mesurés.

 

Si l’équipe confirme sa réorganisation, améliore sa communication interne et externe, parvient à créer une sorte de « label » Medea qui lui permettra de séduire des partenaires financiers institutionnels et privés, alors l’action pourra être poursuivie avec un soutien réduit ou supprimé de la Commission européenne. Mais dans cette phase de (re)démarrage, le soutien de la Commission est indispensable si l’on ne veut pas réduire à néant aussi bien les efforts déjà fournis que les espoirs suscités par le projet.

 

 

 

 

4) CONCLUSIONS  ET  RECOMMANDATIONS

 

 

                 4.1. EUROPA CINEMAS

 

 

 

CONCLUSIONS

 

Le premier programme Euromed Audiovisuel a été vécu à Europa Cinémas comme un projet pilote. Les déplacements nombreux de l’équipe dirigeante ont permis d’avoir une vision globale des situations et de se donner de bonnes bases de travail. La flexibilité avec les lignes directrices semble incontournable autant qu’inévitable quand on travaille d’une manière si étroite avec ces différents pays. Il faut apprendre à être proches des partenaires, très concrets dans les actions et les discours, très précis et rigoureux dans les demandes. Comme précisé ci-dessus, les contrats doivent pouvoir s’adapter au cas par cas. Si ces capacités n’existent pas, la mission est trop difficile voire impossible. Ce sont souvent des cas de force majeure auxquels il faut faire face dans certains pays sans toutefois négliger aucune piste. Les contacts jusqu’à présent ont été nombreux et prometteurs ayant abouti à beaucoup d’adhésions que ce soit au niveau du nombre de salles que du nombre de films européens sortis par les distributeurs. L’action menée est globalement récurrente sur un terrain parfois mouvementé mais qui détient aussi des forces insoupçonnées pouvant mener à des actions d’envergure inattendues. La contribution financière de la Commission européenne a provoqué un effet de levier en générant de la part des bénéficiaires des co-investissements qui apparaissent comme des retours conséquents au regard des sommes allouées. Ce projet a donc révélé des forces au sein des professionnels motivés qui se sentent ainsi considérés et de ce fait prêts à donner beaucoup en échange. Si on prend en compte quelques uns des pays concernés, on s’aperçoit que grâce à Europa Cinémas, le Maroc, par exemple, continue de construire et développer une image positive dans le secteur du cinéma. Même si la contribution financière est peu importante dans un premier temps, elle a le mérite d’exister, révéler des compétences et transformer les mentalités. C’est le bénéficiaire qui doit saisir la chance qui lui est offerte et par-là même tenter de l’optimiser en apportant ses ressources individuelles propres associées à sa motivation personnelle. D’autres pays essaient de se reconstruire au vue d’une situation conflictuelle interne désastreuse telle l’Algérie, qui tente de sortir d’un chaos meurtrier de plus de dix ans et tant bien que mal rouvre, l’une après l’autre, ses salles de cinéma et compte sur la présence bienfaitrice de Europa Cinémas dans cette entreprise. Même chose dans les territoires palestiniens où une salle de référence rempli parfaitement son rôle de « programmateur européen » dans une situation politique indescriptible (mais c’est aussi une ouverture sur le monde et la culture qui est en cause). Europa Cinémas, grâce à la Commission européenne, tente de nouer des liens entre pays partenaires méditerranéens sur le plan de la circulation des énergies à travers la diffusion des films euro-méditerranéens. A ce propos, une union de coopération a été scellée, lors de la dernière conférence annuelle Europa cinémas en novembre 2002, entre Le Maroc, l’Algérie et la Tunisie afin de constituer une force plus grande face à l’Union européenne et son accès aux films et mieux faire exister dans chaque pays sud-méditerranéen les films de son voisin. C’est une première victoire venant de pays sud-méditerranéens francophones, proches de l’Europe mais unis par la langue et la culture. La tâche est évidemment plus lourde dans d’autres pays sans tradition cinématographique forte où l’aventure du film européen se vit comme un challenge. Impulser un changement dans les mentalités sur un plan purement cinématographique n’est pas anodin et requiert une bonne dose d’acharnement et de volonté. Les films sud-méditerranéens projetés dans les salles de cinéma de l’Union européenne font face à d’autres problèmes souvent liés à la politique commerciale des sorties de films en Europe à laquelle il faut imposer les règles spécifiques relatives à Europa Cinémas. Des festivals de cinéma existent dans les pays partenaires méditerranéens et sont l’occasion pour Europa Cinémas d’afficher une autre forme de visibilité en terme de diffusion cinématographique. D’autres partenariats devraient voir le jour et venir s’ajouter aux quelques festivals déjà existants travaillant en collaboration avec Europa Cinémas. En général, les bénéficiaires mettent toujours leur appartenance au réseau Europa Cinémas en valeur mais des contrôles s’imposent régulièrement de toutes façons.

Europa Cinémas réussit à s’imposer dans certains pays sans trop de difficultés et doit insister dans certains autres quitte à revoir les procédures en terme de soutiens financiers et de faisabilité. Le sérieux du travail n’est plus démontrer mais au contraire doit se poursuivre, évoluer, se modifier, prendre en compte les leçons tirées du premier programme Euromed Audiovisuel afin d’améliorer les relations entre les partenaires et bénéficiaires pour donner des résultats optimum dans le paysage cinématographique actuel à l’intérieur de ces pays.     

 

 

RECOMMANDATIONS

 

Dans la suite de tout ce qui a été exposé auparavant, on peut dégager des aspects ou points importants débouchant sur un certain nombre de recommandations :

 

-          Mener une enquête constructive de terrain permettant de connaître au mieux le public qui se déplace dans les salles Europa Cinémas en Méditerranée du Sud. Il s’agit là de porter un autre regard sur les entrées du public dans les salles de cinéma car une meilleure connaissance de la clientèle pour le cinéma européen ne peut que donner des indications satisfaisantes et influer dans certains cas sur le choix des films montrés. L’important est que le public y trouve son compte. Il faut que le film vu apporte toute satisfaction et donne envie de renouveler l’expérience. Fidéliser un public est important pour un exploitant de salles. Dans les pays très éloignés de la filmographie européenne, un pas important serait franchi si certains exploitants (parmi les plus nantis en salles de cinéma) prenaient un risque vis à vis de leur public en associant programmation et découverte. Il ne s’agit évidemment pas de commencer par des films européens « inaccessibles » mais plutôt divertissants révélant toutefois une qualité confirmée. Plutôt que chercher les entrées à tous prix, l’essentiel est malgré tout de « travailler » le public en le ciblant beaucoup mieux tout en tenant compte de ses goûts qui ne demandent qu’à évoluer et se diversifier.

-          Mettre en valeur les salles « phares » de manière à souligner de façon substantielle, à travers des événements promotionnels, des moyens financiers accrus et des promotions adéquates, le travail fourni par les exploitants les plus motivés et compétitifs du réseau. Il s’agirait là presque d’une forme de « prime » venant récompenser les professionnels les plus inventifs et les plus passionnés pour lesquels Europa Cinémas a été une source inespérée de développement et de remise en cause de leur activité. De plus, cette action permettrait de motiver d’autres intervenants.

-          Eviter dans certains cas un soutien systématique sur toutes les salles possibles et dans tous les pays sans distinction (résultats attendus du cadre logique) mais adopter une stratégie qui consisterait à favoriser une action soutenue dans certains pays dont l’essor est déjà visible et renoncer à d’autres trop difficiles pour le moment tels la Jordanie et la Syrie par exemple. Il faut continuer de proposer dans certains endroits, de manière sélective, un « cinéma différent » (mini-festivals, hommages spécifiques, festivals en plein air etc.) de façon à attirer un public auquel des choix de qualité seront ainsi offerts pour aiguiser son esprit de découverte.

-          Trouver une cohérence dans la manière de soutenir les festivals de cinéma sud-méditerranéens de façon à ne pas disperser les énergies et à bien se coordonner avec les autres actions de terrain menées par ailleurs dans le programme ou dans les Délégations de la Commission européenne.

-          Continuer de prospecter en profondeur et découvrir ainsi de nouveaux contacts à entretenir sans oublier la visibilité à donner aux actions menées en général, ayant pour seul but d’attirer, satisfaire et fidéliser le public. Toujours privilégier la qualité à la quantité est une règle qui s’applique ici encore plus qu’ailleurs.

-          Valoriser au mieux le cinéma sud-méditerranéen dans les salles de cinéma de l’Union européenne sans oublier de dégager le budget correspondant.

 

           

                 4.2. CAPMED

 

 

CONCLUSIONS

 

Le projet est lourd, complet, dynamique mené efficacement. C’est la première fois que le département Archives des télévisions nationales (12 pays sont ici concernés) est reconnu comme un service à part entière et ce grâce à la Commission européenne. Les lignes directrices du projet n’ont pas changé depuis le début. La base de données donne une visibilité à l’ensemble mais doit être alimentée et améliorée. Toutes les actions importantes engagées jusque là sont à poursuivre : sauvegarde, formation, gestion des fonds, banque de données, consolidation des réseaux. Ce projet a permis de faire prendre conscience aux partenaires méditerranéens de leur patrimoine national et de porter un regard neuf sur leurs images d’archives.

 

Des observations récentes ont permis de se rendre compte que pour une meilleure valorisation des fonds d’archives il fallait redéfinir le volet restauration. L’orientation générale retenue est d’une part, éviter de générer de nouveaux défauts au moment du transfert et d’autre part essayer de traiter la majorité des défauts récurrents que l’on peut supprimer au moment du transfert. De plus, il faudrait restaurer les fichiers documentaires papier.

Concrètement, les actions envisagées sont les suivantes :

- Equiper les partenaires en machines de nettoyage films et vidéos

- Doter les chaînes de transfert des correcteurs de base (dé-bruiteur, descratcheurs, un ou deux équipements de base sur 10 sites)

- Restauration du fichier via l’implantation de l’outil CapMed sur chacun des sites des TV partenaires.

- Renforcement de la formation au niveau de la maintenance des lecteurs 2P.

 

RECOMMANDATIONS

 

Il est impératif que le projet CapMed se poursuive dans les meilleurs conditions.

CapMed nécessite de six à dix mois supplémentaires pour finaliser ses activités (le projet se termine en principe en septembre 2003). Une partie des fonds n’a pas encore été utilisé. Il faut donc négocier avec la Commission européenne une rallonge temporelle et une ré-affectation de certaines parties du budget. Un programme de consolidation est à lancer pour la suite du projet en cours, qui concerne plus particulièrement la restauration lourde.

 

Proposition pour un CapMed 2 : il est impensable de croire que, en quatre ans, les télévisions aidées par CapMed pourront être autonomes. Aujourd’hui, CapMed a atteint les objectifs, qu’il s’était fixé. Mais si on ne veut pas que CapMed régresse, il faut poursuivre la tâche entreprise. CapMed 1 doit pouvoir se poursuivre dans CapMed 2. Voici quelques suggestions à proposer pour l’avenir proche :

 

-          Maintenance du réseau lui-même et d’un volant d’expertise à travers un certain nombre d’actions, dont la maintenance sur le Web.

-          Consolidation grâce à un nouveau projet qui pourrait être lié à un projet de numérisation ou amplification de la sauvegarde de masse.

-          Mise en place de projets qui s’appuient sur les acquis de la première ligne et qui définissent très clairement les apports incontournables de chacune des télévisions pour entrer dans le projet.

 

L’objectif pourrait être d’arriver à une sélection de X heures numérisées (sur fichier numérique) ce qui pourrait constituer un appui à la mutation vers le tout numérique.

Une prise de conscience progressive s’est faite à l’intérieur des chaînes de télévisions sur l’importance des archives, qui commencent à être considérées non seulement comme un patrimoine mais comme un capital.

 

On pourrait imaginer un programme de reconsolidation qui impliquerait davantage les Etats, puisque ce sont les Etats qui sont les financeurs des télévisions publiques.

 

Il s’agirait d’un double financement Etats/Euromed Audiovisuel à hauteur d’un pourcentage à définir. Le financement par Etat se ferait soit par un apport financier qui se répercuterait sur les archives de la télévision, soit en termes d’opérations. Ce second niveau de travail politique devra être traité au cas par cas, car les télévisions n’ont pas les mêmes moyens. Il est certain, par exemple, que pour l’Autorité palestinienne, il faudrait l’aider à continuer à collecter ses fonds.

 

Dans un premier temps, il faudrait inviter les présidents et les directeurs généraux des chaînes de télévision à Marseille, lors de la prochaine Conférence annuelle Euromed Audiovisuel de 2003, préparés de l’intérieur par leurs équipes, pour un séminaire sur la numérisation de leurs archives. Un dossier et des documents de travail seraient constitués ainsi que des recommandations fermes en direction des Etats, en direction de la diplomatie Euromed Audiovisuel, en direction de la Commission et du Parlement européen, jointes à un travail de lobbying auprès des parlementaires.

 

 

 

                    4.3. EUROMEDIATOON – VIVA CARTHAGO

 

 

CONCLUSIONS

 

Euromédiatoon - Viva Carthago est un projet magnifique, qui a dû confronter des ambitions louables mais démesurées à la dure réalité de la production d’une série d’animation, qui plus est à contenu historique, doublée de la création d’un studio d’animation. Cette série est conçue par des passionnés, habités par une vision et un enthousiasme qui ne parviennent pas à être élimés par cette dure confrontation avec la réalité, ce qui est remarquable. A ce stade, il est impératif de poursuivre les efforts engagés, aussi bien du côté de l’équipe que de la Commission européenne, à condition que les dirigeants montrent qu’ils sont capables de tirer les enseignements des erreurs commises à différents niveaux et de redresser la course de leur « Carthago » d’ici la fin du premier programme Euromed Audiovisuel.

 

Le projet Euromédiatoon se trouve à un stade crucial de son existence. Le coordinateur du projet et l’équipe constituée ont dû surmonter bon nombre de problèmes et d’obstacles, certains prévisibles, d’autres moins. Aujourd’hui, alors que la production devrait être en rythme de croisière de façon à être en mesure de livrer les 26 épisodes de la série « Viva Carthago » dans les délais convenus, il apparaît clairement que l’objectif initial ne sera pas atteint, en tout cas en terme de délais.

 

Le développement de la série (aussi bien en ce qui concerner l’écriture des scénarios que la réalisation des épisodes) accuse un retard important (plusieurs mois par rapport au dernier calendrier prévisionnel). Ceci n’est pas une véritable surprise pour qui est en mesure de mesurer l’ampleur du défi posé par le projet : créer, à partir de rien, un studio d’animation en Tunisie et une première série d’animation de 26 épisodes de 26 minutes sur l’histoire de la Méditerranée. En revanche, cela rend nécessaire un certain nombre de mesures drastiques.

 

 

RECOMMANDATIONS

 

La résolution de l’ensemble des problèmes semble difficile sans la nomination d’un expert indépendant ayant une importante expérience dans le domaine spécifique du développement et de la production de séries télévisées d’animation. Les problèmes auxquels la série doit faire face sont en effet trop complexes pour être réglés uniquement avec l’aide des partenaires extérieurs, en particulier dans la mesure où les relations avec ces partenaires ne sont pas encore normalisées, même si elles semblent en voie d’amélioration. Un audit spécifique mené par un expert choisi d’un commun accord par Euromédiatoon et la Commission européenne paraît donc représenter une urgence absolue de façon à remettre la série sur des rails et à lui permettre d’atteindre ses objectifs à tous les niveaux. Une série d’animation est un produit très particulier, qui en dehors des contraintes culturelles et de récit répond à des contraintes très spécifiques en matière de développement, de production, de financement et de marché. Seul un spécialiste peut apporter un diagnostic précis et fiable en la matière. C’est probablement à cette condition que le défi lancé par Euromédiatoon - Viva Carthago pourra être complètement relevé, non seulement en parvenant à livrer une série d’animation produite par le premier studio d’animation du Sud de la Méditerranée et traitant d’une histoire fascinante sous un jour nouveau, mais en faisant en sorte qu’elle touche le public le plus large auquel il est tout à fait légitime de la destiner grâce à un traitement scénaristique et une forme totalement à la hauteur de ses ambitions au niveau du contenu culturel, sociologique et historique.

 

Le fait que les délais initiaux soient compromis ne signifie pas toutefois que la validité du projet soit remise en cause ; il est en revanche indispensable de prendre une série de mesures immédiates et fortes pour redresser la barre et donner au projet une chance de remplir son contrat en atteignant tous ses objectifs, en particulier sur le plan culturel et économique, et non pas seulement sur ceux qui sont déjà acquis, notamment en matière de formation technique.

 

Le projet gagnerait sans doute à redéfinir le concept même de la série ainsi que son format de façon à optimiser ses chances de livrer un produit terminé dans les délais envisagés tout en s’assurant de la diffusion de la série. En effet, si le studio veut avoir une chance de fonctionner de façon au moins partiellement autonome à l’issue du premier programme Euromed Audiovisuel, il doit avoir une carte de visite convaincante à montrer. Par ailleurs, les objectifs du projet en terme d’impact ne seront atteints que si la série « Viva Carthago » est largement diffusée.

 

Sur le plan du développement du scénario, les recommandations principales sont les suivantes:

 

-          Un retard anormal ayant été pris dans l’établissement et la signature de contrats assurant la continuité de la chaîne de droits (en particulier les contrats du directeur d’écriture de la série et des scénaristes impliqués dans l’écriture des épisodes), il faut impérativement que ces contrats soient vérifiés à la suite de l’évaluation à mi-parcours car il n’est pas envisageable que des épisodes soient produits sans que la validité de la chaîne de droits ne soit confirmée.

-          L’organisation et la communication doivent être améliorées pour faire face à la difficulté de développer une série « à distance ». L’expert 3 a suggéré l’établissement d’une procédure définissant clairement le circuit de validation pour chaque étape. Par ailleurs, des réunions d’écriture ont lieu régulièrement au siège d’Euromédiatoon pour discuter de l’état d’avancement de chaque épisode et des problèmes posés sur les différents plans d’intervention. Le directeur d’écriture devrait être présent à ces réunions car lui seul peut faire l’interface entre les réactions des différents intervenants et les scénaristes, répondre aux problèmes d’interprétation et aux objections non justifiées et prendre note des remarques fondées. Au lieu de cela, ce rôle est tenu par le producteur exécutif de la série. Ce mode de fonctionnement n’est pas idéal mais il est difficile de trouver une solution si le directeur d’écriture et les scénaristes ne sont pas basés à Tunis ; il pourrait être intéressant d’organiser une conférence téléphonique permettant au directeur d’écriture de réagir directement aux remarques formulées par les différents intervenants, sans devoir passer par l’intermédiaire d’un tiers, aussi compétent et motivé soit-il.

-          Sur le plan artistique, la bible de la série n’est pas totalement finalisée. La liste et le contenu des épisodes doivent être arrêtés. A l’heure actuelle, la bible n’est pas réellement « montrable » à des partenaires financiers potentiels (diffuseurs notamment) et il s’agit d’un problème à résoudre d’urgence. Une bible révisée devait être livrée par le directeur d’écriture mais elle n’a pas été communiquée aux experts. Sur le plan de la dramaturgie, il semble que le potentiel dramatique (de la série et de chaque épisode) puisse être amélioré. Enfin, l’âge du public cible n’est probablement pas défini assez clairement à l’heure actuelle, en particulier pour les scénaristes.

 

Sur le plan de la réalisation et de l’animation, les recommandations principales sont les suivantes :

 

-          Un certain nombre de décisions doivent être prises et de nombreuses améliorations doivent être apportées. Certains points faibles de l’animation à ce stade sont illustrés par la bande annonce imparfaite de deux minutes du premier épisode ; bien que des réponses satisfaisantes aient été apportées (l’équipe étant consciente des problèmes graphiques) des améliorations doivent impérativement être vérifiées à l’occasion de la livraison du premier épisode. Cet épisode aurait dû être terminé à la fin de l’année 2002 mais les experts n’ont toujours pas reçu cet élément déterminant. Il est clair que la qualité de ce premier épisode doit être évaluée par des professionnels extérieurs au projet, de façon à mieux apprécier la viabilité et l’attrait de la série pour le marché international. Dans l’immédiat, il n’apparaît pas judicieux de précipiter la réalisation d’épisodes qui peuvent encore être améliorés - sur le plan du traitement du scénario, de l’intégration des contraintes historiques comme de l’adéquation avec le public visé.  Il est important de mettre en œuvre le plus rapidement possible les moyens (humains, financiers, logistiques) nécessaires qui permettront d’arriver à un bon résultat dans les meilleurs délais.

-          Les relations avec les partenaires européens (en France, en Belgique et en Italie) doivent être impérativement clarifiées et améliorées. Euromédiatoon a en effet grand besoin des conseils et de l’expérience apportés par ses partenaires sur tous les plans (scénario, animation, réalisation, production). Il est très difficile pour les experts de se prononcer sur la qualité du travail, de l’assistance et des conseils fournis par les partenaires, dans la mesure où l’évaluation des carences relevées ne s’expliquent que par l’insuffisance des conseils émis par les partenaires ou bien par celle du manque d’écoute côté Euromédiatoon. Il est clair que les conseils donnés par les partenaires ont été, lorsqu’ils ont été écoutés, très précieux. Il semblerait que des propositions importantes ont été faites par Euromédiatoon à l’issue des réunions privées tenues lors de la conférence Euromed Audiovisuel du Caire en octobre 2002. Quoi qu’il en soit, il est urgent de clarifier ces relations et de les rendre positives.

-          Il faut enfin lever les incertitudes liées à la sous-traitance de l’animation, ce qui est partiellement lié au point précédent. Même s’il est possible de poursuivre la pré-production de la série et de développer aussi bien les épisodes que la partie graphique tout en avançant sur les formations techniques, il est indispensable de clarifier rapidement ce point ; il n’est pas juste de demander à Euromédiatoon d’assurer l’animation de sa production dans l’Union européenne alors que la majorité des concurrents du secteur sous-traite cette partie de la production de façon délocalisée (en Corée du Nord ou en Europe de l’Est notamment). La position de la Commission européenne doit être clarifiée à ce sujet et soit permettre à Euromédiatoon de sous-traiter l’animation en dehors de l’Union européenne de façon à avoir des coûts de production en phase avec ceux budgétisé, soit accepter d’augmenter le poste animation pour faire face aux devis proposés par des sous-traitants européens trois ou quatre fois plus coûteux que ceux d’une animation délocalisée. 

 

 

 

                      4.4. ELLES … AUX ABORDS DE L’AN 2000

 

 

CONCLUSIONS

 

Pour la première fois, douze portraits de femmes arabes hors du commun sont réalisés pour la télévision par des réalisateurs et des réalisatrices arabes. A condition d’une large diffusion, le projet pourra influencer l’opinion publique tant européenne qu’arabe face aux femmes et modifier positivement la perception de l’autre sexe sur le plan culturel.

 

De plus le coordinateur du projet est quelqu’un que l’on pourrait qualifier de « right man at the right place », à la différence près qu’il s’agit d’une femme… En effet, Marianne Khoury et son frère Gabriel Khoury, sont des professionnels de la production et de la distribution qui, grâce à leur société Misr International Films, sont très bien implantés dans le milieu du cinéma du Caire. Leur oncle, le réalisateur Youssef Chahine, est célèbre dans le monde entier.

 

La coordinatrice du projet, Marianne Khoury, s’acquitte du suivi de la production avec efficacité et économie. Peu d’erreurs professionnelles sont commises. Elle arrive à déléguer la production de certains films de la série à d’autres producteurs du monde arabe tout en gardant les rênes de la production finale. Elle est également présente sur la plupart des festivals et des marchés du film et établit des contacts avec des acheteurs ou des distributeurs potentiels. Elle s’appuie véritablement sur le réseau de promotion et de vitrine qu’offre le documentaire européen. On peut dire qu’elle est à la fois « au four et au moulin ».

 

La série a été longue à mettre en place. Il a fallu choisir entre l’idée de départ, c’est à dire les 24 portraits initiaux et la décision finale qui fut de n’en garder que 12. Un retard de huit mois entre le premier et le deuxième paiement a perturbé le plan de travail et paralysé la production, des réalisateurs ayant été contraints d’accepter d’autres projets. Depuis, la production s’est poursuivie et aujourd’hui, au terme de l’évaluation à mi-parcours, quatre films sont terminés, quatre sont en voie d’achèvement, et quatre sont en développement. Le coordinateur du projet espère avoir bouclé la série pour le début de 2004.

Si la production semble se dérouler sans heurts, des remarques sont à formuler quant à la qualité des films et leur diffusion.

 

Pour cette évaluation à mi-parcours, les experts ont eu l’occasion de visionner les quatre premiers films terminés. Ils n’ont pas été très enthousiastes. Ils ont constaté une banalité de réalisation, un manque de point de vue, un montage parfois trop lent, parfois trop nerveux, et souvent peu approprié face à des extraits de films ou à des archives, peu de mise en perspective historique des sujets, une déficience de la qualité sonore, un manque de calibrage des sous-titres entraînant une lecture difficile, et de façon générale une structure de récit mal dominée. Ces maladresses et ces défauts pourraient être corrigés par une assistance technique et par un contrôle renforcé sur certaines étapes de production des films à venir. Il est évident que les partenaires ont intérêt à s’enorgueillir de la série plutôt que du contraire….

 

On peut regretter également un manque total de synergie entre d’autres projets du programme Euromed Audiovisuel, comme Medea ou CapMed. Le projet aurait pu bénéficier d’un soutien scénaristique de la part de Medea, comme il devrait pouvoir s’appuyer sur la banque de données de CapMed.

Peut-être faudrait-il un intervenant extérieur qui puisse faire comprendre à la coordinatrice du projet qu’une recherche d’archives poussée est indispensable et qu’elle aurait tout à gagner à collaborer avec les partenaires de CapMed. Il faudrait en faire autant auprès des partenaires de CapMed et les convaincre d’ouvrir leurs archives aux réalisateurs de la série Elles…aux abords de l’an 2000 sans pour autant pratiquer des prix exorbitants. Il y a là un travail que pourrait essayer de prendre en charge la Commission européenne.

 

Jusqu’à présent, aucun des films terminés n’a été diffusé par une chaîne de télévision. La coordinatrice du projet ne s’en émeut pas trop et espère pouvoir vendre les douze films dès que la série sera terminée. Par contre, pour les experts, il s’agit d’un point important qui mérite réflexion. En effet, la nécessité d’un partenaire diffuseur aurait dû apparaître dès le départ dans la constitution même du projet, en regroupant à la base un producteur et un diffuseur. Peut-on aujourd’hui encore intéresser un diffuseur à la série ?

 

Le titre du projet « Elles … aux abords de l’an 2000 » a été discuté à plusieurs reprises durant l’évaluation avec les principaux intéressés. En effet, en 2004, à la terminaison de la série, l’intitulé du titre sera devenu obsolète et pourrait évoluer en se raccourcissant pour devenir tout simplement « Elles… ». Mais pour l’impact de la série, ne serait-il pas préférable d’inclure dans le titre la notion de femmes arabes ?

 

 

 

 

 

 

RECOMMANDATIONS

 

-          Nécessité d’améliorer la qualité des films afin qu’ils trouvent acquéreurs, diffuseurs et distributeurs. Ce qui signifie un contrôle plus appuyé sur certaines étapes de production des films en développement.

 

-          Vérification de la part de la Commission européenne d’un relais possible entre le coordinateur du projet et CapMed afin de faciliter la mise à disposition d’archives télévisuelles.

 

-          Nécessité de s’enquérir d’une assistance technique en vue de la diffusion et de la distribution de la série afin de guider le coordinateur du projet vers un choix optimum des chaînes de télévision et de leurs territoires.

 

-          Changer le titre de la série qui est devenu obsolète et insérer au générique de chacun des documentaires un intitulé spécifique visible rappelant le titre de la série.

 

-          Réfléchir à la manière d’intéresser davantage le public européen à ces sujets de films par une exploitation et une diffusion les plus larges possibles, mais aussi par des événements ponctuels.

 

 

                            4.5.  CINEMA MED

 

 

CONCLUSIONS

 

Cinema Med, avec un budget réduit, a accompli un certain nombre d’actions visibles de qualité. Il est dommage qu’il n’est pas été donné la possibilité à l’expert 1 d’assister à un festival itinérant de films arabo-méditerranéens dans une ville de l’Union européenne ou sud-méditerranéenne (ou même à un festival en hommage au réalisateur égyptien Salah Abu Seif).

Les festivals sont arrêtés faute d’avoir épuisé le budget initial (budget réduit à la base). Il est difficile d’apporter un jugement définitif sur une manifestation à laquelle il est impossible d’assister comme mesurer l’impact sur le public, vérifier la qualité des projections de films et l’état des copies ainsi que la manière dont le public et la presse sont informés. La plupart de ces programmations de festivals permettent de faire travailler ensemble des cinémathèques prestigieuses et d’échanger des savoir-faire en plus des copies de films : collaborations entre la Cinémathèque de Lisbonne et la Cinémathèque d’Alger, entre la Cinémathèque de Bologne et le Ministère de la culture du Caire, programmations de films égyptiens détenus par la Cinémathèque de Lisbonne, présentation d’une sélection des meilleurs films arabo-méditerranéens de ces dix dernières années, destinés à l’éducation d’un public peu habitué à la programmation de ce genre de films. Une documentation importante, de grande qualité rédactionnelle, a été fabriquée et restera comme une trace historique de référence pour le public et les professionnels spécialisés. Ces actions ont demandé malgré tout un investissement important personnel du coordinateur de projet et son équipe. Malgré tout, l’ensemble est resté un peu limité et n’a pas su générer des appuis extérieurs suffisamment conséquents pour pouvoir continuer. Les pays partenaires du projet n’ont peut-être pas tous été à la hauteur des actions menées ou alors ne l’ont pas voulu ; quoi qu’il en soit, l’entreprise fut menée avec sérieux sans projection dans l’avenir ce qui est toujours très démotivant dans le travail.  

L’autre volet important de Cinema Med repose sur la formation à l’écriture de scénarios (programme « Aristote ») et on imagine assez mal, après les deux sessions organisées (Liban et Maroc) l’arrêt du travail de suivi entrepris depuis maintenant plus de six mois auprès des jeunes scénaristes choisis. Il s’agit de bénéficiaires venant de pays sud-méditerranéens différents qui apprécient fortement ce genre d’initiatives et cette manière de pouvoir nouer aisément des contacts efficaces. Le projet Medea du programme, quoique très différent et beaucoup plus complet, rassemble beaucoup de bénéficiaires sud-méditerranéens et donne un bon exemple de réussite sur ce plan-là. Cinema Med tourne principalement autour des échanges humains, des mises en relations et compétences de chacun. Le public est un facteur important en tant qu’indicateur de satisfaction. Un vrai travail a été accompli sans trop savoir quelle suite y sera donné. Chaque action menée est à reconsidérer. Le travail de restauration des films, de leur sauvegarde et de leur archivage est souvent peu mis en valeur généralement. Grâce à Euromed Audiovisuel, il a pu regagner un peu de terrain et essayer de trouver le chemin du public.

 

 

RECOMMANDATIONS

 

Le projet Cinema Med n’a eu à disposition qu’une contribution budgétaire de la Commission européenne relativement peu importante comparée à celle des autres projets. Si le festival itinérant doit être relancé et poursuivi, il faut que la Commission verse les moyens financiers appropriés afin de donner une vraie place et une envergure à cette manifestation qui doit travailler sur sa visibilité. Il semblerait que les résultats donnés par le festival n’aient pas été suffisamment convaincants pour préjuger de cet avenir-là.

Malgré tout, il est urgent maintenant de prolonger le soutien au programme « Aristote » qui ne doit pas s’arrêter en cours de route. Il serait toutefois souhaitable de prendre des mesures pour permettre un rééquilibrage des participants aux modules de formation de scénaristes en fonction de leur pays d’origine. Si le festival itinérant n’était pas poursuivi, il serait très important que les moyens financiers alloués par la Commission européenne se concentrent alors sur cette action de formation qui souffre de dysfonctionnements parfaitement identifiés par l’expert 3 lors de la session de Marrakech en décembre 2002.

Un recadrage de Cinema Med semble tout à fait justifié et ne peut que résoudre les problèmes qui se sont posés jusqu’ici. Les bonnes volontés et les passions ne manquent pas. Une meilleure collaboration est souhaitable avec les autres projets du programme (un contrat a même été signé entre Europa Cinémas et Cinema Med sans jamais donner de résultats). La Commission européenne doit prendre en compte l’emplacement privilégié « méditerranéen » de Cinema Med (centre ville de Naples) situé dans les locaux de la Fondation du laboratoire méditerranéen. L’immeuble est symbolique et pourrait être utilisé comme « vitrine » intéressante pour monter des manifestations de prestige ou des séminaires ; en effet, l’espace expositions est vaste et pourrait se prêter à un certain nombre d’actions liées au programme Euromed Audiovisuel en général tout comme dans les salles de réunion d’ailleurs. Le projet Cinema Med ne mérite pas d’être abandonné complètement car compte tenu de son budget, il a rempli plusieurs de ses objectifs tout en jouant un peu « cavalier seul » ce qui ne devrait pas durer. Les rapports doivent se fluidifier entre les partenaires, les autres projets et la Commission européenne. 

 

                

 

4.6.   MEDEA

 

 

CONCLUSIONS

 

Le fait que l’équipe Medea ait reconnu et accepté la majorité des problèmes et des erreurs commises par le passé, a permis de se concentrer lors de l’évaluation sur les solutions à trouver pour y remédier. La situation de Medea est difficile tout comme les problèmes auxquels elle doit faire face, mais une telle autocritique représente déjà une bonne partie du travail. Les documents d’analyse des problèmes et des solutions envisagées, remis aux experts en début de mission et révisés à l’issue de la mission de décembre 2002 à Séville, sont déjà un grand pas en avant. Ces problèmes ne doivent pas dissimuler les résultats positifs du projet qui se retrouvent dans la satisfaction générale exprimée par les participants, même si cette satisfaction est tempérée par une certaine frustration.

 

Il est à souhaiter que dans un temps assez proche, Medea puisse se faire mieux connaître et reconnaître parmi les structures internationales spécialisées existantes dans le cinéma et documentaire (festivals de films, ateliers de formation et d’écriture, séminaires sur le financement). De l’information pourrait circuler et des réunions ou prises de contacts pourraient être organisées lors des grands festivals de cinéma internationaux.

 

Le projet Medea a déjà accompli une part importante de ses objectifs sur le plan quantitatif, mais son organisation interne et externe doit être complètement remaniée si l’on veut permettre à Medea de développer tout son potentiel sur le plan qualitatif.

A l’issue des premières conclusions des experts, la nouvelle coordinatrice et son équipe ont mené une autocritique sans concession des forces et des faiblesses du projet et les conclusions des experts rejoignent celles de l’équipe dans bien des cas.

 

Très généralement, si l’intérêt et la viabilité du projet ne sont pas remis en cause, l’équipe en place qui mérite une nouvelle chance doit faire rapidement ses preuves ou se préparer à subir une nouvelle réorganisation, plus radicale cette fois. En effet, le projet Medea est un projet aussi nécessaire qu’utile et son existence, comme son succès, ne doit pas être compromise par des faiblesses internes liées à la mise en œuvre d’objectifs réalistes et parfaitement atteignables. Il est donc indispensable de suivre de très près le projet suite à l’évaluation à mi-parcours de façon à valider les améliorations apportées ou à prendre les mesures qui s’imposent pour assurer le bon développement du projet.

 

 

 

RECOMMANDATIONS

 

 

-          Nécessité d’adapter la relation avec les partenaires formateurs. Afin de donner une plus grande cohérence à l’ensemble du programme et permettre une meilleure coordination entre les intervenants, il faut définir de façon précise leur fonction à l’intérieur d’un cursus général et établir clairement les liens hiérarchiques entre les directeurs d’études et les différents intervenants. Ce problème de manque de coordination et de préparation, lié à l’organisation de chaque module par des partenaires externes, était flagrant lors de l’atelier de Tunis et relevé par la grande majorité des participants et intervenants. Ce mode d’organisation a été directement responsable de nombreux incidents et dysfonctionnements. C’est pourquoi la solution proposée par Medea de prendre en charge la définition de la totalité du cursus en collaboration avec les directeurs d’études ainsi que la préparation nous apparaît comme étant la meilleure possible, à condition que le tandem Medea/directeurs d’études fasse la preuve de sa capacité à définir un tel contenu. Cela semble être le cas pour la partie documentaire et c’est ce qui devrait voir le jour pour la partie fiction. Une définition révisée du contenu des modules et de l’ensemble du cursus devrait être validée par l’expert en charge de l’assistance technique, lequel avait relevé ces dysfonctionnements de longue date sans toutefois parvenir à obtenir une écoute suffisante, en particulier de la part des partenaires formateurs.

 

-          Nécessité de définir plus clairement les objectifs de la partie films de fiction/longs métrages de l’atelier et le contenu de chaque module. En effet, si la partie documentaire de l’atelier affiche des objectifs clairs et réalistes pour l’ensemble du cursus et pour chaque module, il n’en est pas de même pour la partie films de fiction et ce pour la raison suivante : les disparités liées aux divers degrés de développement des différentes industries du cinéma des pays concernés qui génèrent des différences de niveau comme de besoin pour les bénéficiaires sélectionnés. Medea souhaite à l’avenir concentrer son action sur les producteurs, ce qui est une bonne décision. Cela permettra de donner plus de cohérence au cursus en rendant obligatoire la présence d’une même personne appartenant à la société bénéficiaire de chaque module, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Ceci étant, les disparités liées aux différents stades de projets acceptés jusque là, rendent très difficiles une cohérence au niveau des objectifs de chaque atelier et de la participation des producteurs à l’activité de formation.

 

-          Nécessité de définir plus clairement et plus efficacement le lien entre la partie formation et la partie développement de Medea. En effet, cette particularité du programme en est à la fois une caractéristique essentielle, déterminante et très positive et un écueil potentiel en raison de la disparité des participants et des projets bénéficiaires. Il est en effet important de faire en sorte que la participation des bénéficiaires à l’activité de formation ne soit pas une simple formalité pour accéder aux fonds de développement, bien qu’il soit crucial pour eux de ne pas être retardés afin de respecter artificiellement un calendrier de formation (ne coïncidant pas toujours au calendrier idéal de chaque projet). Le stade des projets sélectionnés doit donc être défini de façon plus restrictive et la manière dont le travail est effectué au cours des modules précédents doit également être précisé. En effet, on imagine mal comment un projet de long métrage cinéma peut réellement être développé en moins de 6 mois : le temps nécessaire pour écrire un scénario finalisé étant plus proche de 18 mois ou plus si l’on veut obtenir un scénario solide dans le meilleur des cas.

 

-          Nécessité de modifier et d’adapter les critères de sélections. Ce sont ces modifications et adaptations qui permettront de choisir des projets et des bénéficiaires se trouvant à un stade de développement compatible avec les objectifs (qui restent à préciser) de Medea. C’est seulement à cette condition (nécessaire mais non suffisante) que l’on évitera d’avoir d’un côté des participants qui se plaignent soit de perdre leur temps lors de sessions plénières inutiles et trop générales, et de l’autre des producteurs qui n’ont pas les capacités requises pour apprécier le contenu desdites sessions les jugeant non adaptées à leurs besoins (à cause du stade d’avancement de leurs projets).

 

-          Nécessité d’améliorer le fonctionnement de Medea en tant qu’organisation. Un certain nombre d’améliorations sont attendues : une meilleure communication interne, externe (vis-à-vis des bénéficiaires), un contrôle accru des contrats et des relations avec les bénéficiaires de façon à mieux valider leurs dépenses et le respect de leurs engagements contractuels, un meilleur suivi logistique dans la préparation et le déroulement des ateliers. L’équipe Medea semble consciente de l’ensemble de ces problèmes et le recrutement récent au sein de l’équipe d’une personne chargée de la logistique constitue un pas en vue d’une amélioration de la situation. D’autres contacts ont été pris avec des experts en organisation et il est clair que l’ajout de telles compétences ne pourrait être que bénéfique au projet.

 

-          Rapports avec la Commission européenne : comme pour le programme Euromédiatoon – Viva Carthago, les retards de paiement de la Commission européenne ont entraîné des délais trop longs pour les bénéficiaires qui s’en sont plaints aux experts. Il est essentiel à l’avenir de veiller au respect des délais de paiement si l’on veut que les projets tiennent leurs engagements. Il est également indispensable de tenir compte davantage des conseils donnés par l’expert externe qui a depuis longtemps suggéré que les relations avec les partenaires formateurs de Medea devaient être adaptées voire modifiées sous forme d’avenant contractuel.

 

-          Si le projet Medea n’était pas reconduit pour le deuxième programme Euromed Audiovisuel, il est indispensable que le secteur d’activité concerné, à savoir le soutien et la formation au développement de projets audiovisuels euro-méditerranéens, soit lui par contre reconduit. En dépit de ses dysfonctionnements, Médéa répond en effet au moins partiellement à un besoin essentiel qu’il serait très dommageable de négliger totalement.

 

 

 

5) EVALUATION DU PROGRAMME EUROMED AUDIOVISUEL

 

 

5.1.  Objectifs et résultats attendus

 

Le programme Euromed Audiovisuel fait partie intégrante du volet social et culturel institué par la Commission européenne après les décisions prises dans le prolongement de la déclaration de Barcelone de 1995. L’action première porte sur quatre années (2000-2004) avec 20 millions € de budget dans le but de promouvoir le développement du secteur audiovisuel, d’encourager le transfert technologique et la coopération entre les télévisions sans oublier la distribution et l’exploitation des films de cinéma ainsi que l’investissement dans ce secteur.

 

Les buts ainsi définis ont pu permettre, à travers les activités des 6 projets du programme Euromed Audiovisuel analysés ci-dessus, de favoriser le rapprochement et la compréhension entre les peuples de part et d’autre de la Méditerranée afin d’améliorer leur compréhension mutuelle. Ces projets sont destinés à l’émergence d’une « vision » euro-méditerranéenne parmi les populations concernées (Union européenne et 12 pays partenaires méditerranéens) mettant en valeur les richesses et diversités culturelles dans l’idée d’affirmer l’identité d’une région. La mise en réseau des opérateurs audiovisuels des pays concernés (27) associée à une promotion à hauteur de l’événement est un travail lourd et délicat qui inclut une implication politique importante. La communication doit jouer un rôle primordial dans ce programme consacré à l’audiovisuel qui par nature puise sa force dans les relations publiques extérieures. Le monde de l’image est en soi une forme de communication évidente mais il doit mettre tous les moyens en œuvre à sa disposition pour atteindre ses objectifs c’est à dire tous ses publics.

D’abord, il faut que les secteurs d’intervention retenus par le programme dans le domaine de l’audiovisuel soient bien choisis, ambitieux, efficaces, complémentaires et réalisables.

 

Organiser une bonne coopération entre professionnels du secteur n’est pas simple et peut se heurter aux problèmes des différences et des incompréhensions culturelles qu’elle engendre. Pourtant tout repose dans l’évolution du paysage audiovisuel chez les partenaires méditerranéens. Dans les 6 projets, on peut se rendre compte à quel point les différences influent sur les projets : différences de tradition, de langue, de politique, de niveau social, d’adaptation etc. mais ces différences font aussi toute la richesse des projets dans leurs diversités. Le mélange des peuples et la possibilité donnée à certains de se former ailleurs que dans leurs pays d’origine afin de se transmettre mutuellement les savoir-faire sont une initiative intéressante et courageuse pouvant déboucher sur la conception et la réalisation de matériel ou d’œuvre inattendus. Les risques pris existent et les déceptions aussi mais il faut prendre conscience de la réalité du terrain exploré en Méditerranée du Sud et des susceptibilités des personnalités en présence qui luttent aussi pour le maintien de leur pouvoir au sein de leur art et n’admettent pas si facilement les « leçons » données par l’Union européenne. Celle-ci a tendance à croire qu’elle détient tous les moyens (surtout financiers) et toutes les solutions sans vouloir admettre ou reconnaître le professionnalisme qui pourtant existe, d’une manière parfois différente, dans les pays partenaires méditerranéens. C’est donc aussi de leçon d’humilité dont on parle qui devrait exister et opérer de la même manière des deux côtés des rives de la Méditerranée.

 

La sensibilisation du public et des professionnels à la culture euro-méditerranéenne à travers le secteur du cinéma et de l’audiovisuel est l’un des principaux résultats attendus du programme Euromed Audiovisuel. Cette diversité et cette richesse dans le mélange des cultures sont un atout inestimable dans cette vision du paysage cinématographique à véhiculer sur le terrain. Une amélioration des rapports entre l’Union européenne et les pays partenaires méditerranéens ainsi qu’entre pays sud-méditerranéens doit permettre une meilleure circulation et exploitation des films à l’intérieur des pays en référence. Le patrimoine cinématographique d’un pays fait partie intégrante de sa culture et de son identité. Le cinéma est un art jeune qui possède le pouvoir d’attirer le jeune public qui sera ainsi formé par l’image dans laquelle il puisera richesse d’esprit et connaissance (d’où l’importance du choix des films).

 

La responsabilité pour Euromed Audiovisuel de multiplier les possibilités de contacts et de rencontres, d’attirer des publics divers constitue un enjeu de taille. C’est grâce à toutes ces prises de contacts, à ces échanges de compétences, à la politique de formation que les activités menées à l’intérieur des six projets prennent alors tout leur sens. Le transfert de technologies et d’expériences entre opérateurs audiovisuels euro-méditerranéens fonctionne de mieux en mieux. Des candidats postulent pour la formation que ce soit pour l’écriture de scénario de films, le marketing et le financement que pour le secteur de la télévision à travers des échanges entre pays (sauvegarde des supports, archivage de matériel etc.)

Les actions sont en route depuis bientôt 3 ans et au regard de leur degré d’avancement devraient permettre une visibilité de plus en plus soutenue pour l’ensemble du programme.

 

 

 

5.2. Bilan des activités menés

 

 

Cette évaluation à mi-parcours arrive à point nommé dans le programme Euromed Audiovisuel. Après pratiquement 3 ans d’activités, un bilan s’impose pour traiter au mieux les problèmes rencontrés sur le parcours et pour soulever les vraies questions qui se posent. Les 6 projets ne peuvent pas être regardés sous le même angle car des disparités profondes existent entre eux et à l’intérieur de chacun d’eux. Les problèmes ne peuvent pas se régler de la même façon au vue des situations décrites pays par pays. Ces disparités et ces problèmes rencontrés en cours de route ont été pour la plupart clairement identifiés, grâce à la conduite sérieuse, concrète et franche des bénéficiaires et partenaires, durant les missions d’évaluation menées dans certains des pays partenaires méditerranéens et de l’Union européenne par les trois experts choisis. Le programme doit se remettre en cause dans sa manière de fonctionner afin que les projets puissent être poursuivis convenablement. Les coordinateurs de projet choisis sont de bons professionnels qui ont pu commettre des erreurs et mettre du temps à trouver leurs marques. Ne perdons pas de vue qu’il s’agit ici de cinéma et d’audiovisuel ; nous sommes dans l’abstraction la plus totale car les règles de succès ou de réussite fulgurantes n’existent pas. Le talent et le professionnalisme sont la base de tout. Le sérieux et l’honnêteté conditionnent l’environnement des projets qui traversent souvent des phases compliquées difficilement compréhensibles par les profanes. La culture ne se juge pas comme on jugerait un secteur économique ou social. L’image, en l’occurrence, se place au premier plan pour parler aux gens et se doit d’être manipulée délicatement avec beaucoup de dextérité. Tous les publics sont dans la nature et les images tournées dans un pays spécifique ne s’adresseront pas forcément d’emblée au public d’un autre pays ou alors pourront être interprétées d’une autre façon. Euromed Audiovisuel peut essayer de pallier à ce genre de situations en tentant de faire découvrir des œuvres (européennes ou sud-méditerranéennes), en essayant de solliciter des nouveaux publics, en les faisant participer à des débats de fond et en leur permettant de pouvoir s’exprimer et former leur jugement. Le visionnage d’un film entraîne presque toujours conversations et débats et agit comme vrai outil de communication. Il suscite des discussions parfois vives, émotionnelles jamais banales et un film a le mérite absolu de pouvoir traverser les frontières et délivrer ses messages.

 

On peut dire que maintenant les 6 projets sont en place ayant tous suivis des chemins différents pour tenter d’atteindre leurs buts.

L’élargissement du réseau des salles (Europa Cinémas) aux pays partenaires méditerranéens est une bonne idée en soi car l’agrandissement du réseau donne une meilleure visibilité et une originalité à l’ensemble. La création d’un fonds d’archives télévisuelles euro-méditerranéennes (CapMed) avec plan de sauvegarde, de restauration et de formation ainsi que l’élaboration d’une banque de données est une réalisation de premier plan dont les ramifications sont nombreuses et en voie d’exploitation. La mise en place du premier studio d’animation sud-méditerranéen (Euromédiatoon) et la réalisation d’une longue série de dessins animés de 26 épisodes relative à l’histoire du bassin méditerranéen, sont un grand défi dans le temps et dans les relations avec les pays partenaires européens. La co-production d’une série télévisée de 12 documentaires (Elles…aux abords de l’an 2000) sur des portraits emblématiques de femmes arabes propose de porter un autre regard sur l’outil télévisuel puisqu’il s’agit de création et de diffusion. C’est l’audience à la télévision qui parlera d’elle-même quand les films seront programmés. Il faut que les films soient montrés pour exister ; c’est tout l’enjeu du projet qui n’est pas encore rendu à ce point. La mise en place d’un festival de films itinérant et celle de modules de formation à l’écriture de scénarios (Cinema Med) ont le mérite d’essayer d’aller au-devant du public et des professionnels du cinéma en essayant de faire, pour le festival par exemple, un travail d’information et de visibilité en rapport avec le but recherché. Encore faut-il que les séances de cinéma soient régulières et bien organisées et que le public prenne conscience de la qualité de ce qui lui est offert. Quant au dernier projet (Medea), il intervient sur le développement et la production des films tout en soutenant la formation. Le projet est lourd et difficile à organiser car les bénéficiaires sont nombreux et originaires de beaucoup de pays différents. Ce projet a le mérite d’exister (dans un environnement peu propice) et d’apporter une aide précieuse à certains (producteurs, réalisateurs ou scénaristes) mais la structure du projet lui-même est à surveiller de près tant la tâche est contraignante et soumise à de fortes pressions.

 

 

                      5.3. Critères d’évaluation

 

 

Coordination, cohérence et complémentarité :

 

Les 6 projets de par leurs actions entreprises se complètent parfaitement depuis l’origine du programme. Les choix ont été bien faits, plus aventureux pour certains, ambitieux dans l’ensemble et répondant parfaitement aux axes à développer dans le cadre d’un partenariat voulu et décidé à très haut niveau entre l’Union européenne et la Méditerranée du Sud.

 

L’ensemble est cohérent mettant en avant la plupart des métiers importants du monde du cinéma et de l’audiovisuel. Par contre, il existe peu de synergies entre les projets car les coordinateurs sont trop impliqués et trop pris dans leur travail pour avoir le temps de faire un point régulier et envisager de se rapprocher des projets menés par les autres. Ils ne sont même jamais réunis tous ensemble par les instances de la Commission européenne. Il serait judicieux d’utiliser les conférences annuelles du programme pour réunir les coordinateurs de projets voire organiser des réunions régulières à Bruxelles et en profiter pour discuter de synergies à adopter entre projets. Pourtant des essais de collaboration entre projets ont existé, des contrats ont même été signés sans vraiment jamais donner de résultats. Des occasions nouvelles de penser le travail autrement se perdent certainement. Ce manque de collaboration et d’échange handicape Euromed Audiovisuel en matière de communication car il ne fédère pas vraiment les 6 projets sous la même bannière. Dans certains cas, des projets ont pu se compléter avec d’autres programmes euro-méditerranéens ou européens. Pour ne citer qu’eux, Europa Cinémas, partenaire du programme Média, a pu étendre son intervention vers le Sud de la Méditerranée en intégrant Euromed Audiovisuel.

 

La communication reste une lacune importante pour Euromed Audiovisuel. Apparemment, rien n’a été fait au départ pour rendre visible le lancement du programme et l’ensemble de ses actions par la suite. Aucun logo spécifique « Euromed Audiovisuel », réunissant les 6 projets, n’a même été créé. Aucune charte graphique n’existe et les coordinateurs de projet travaillent comme ils peuvent à leur propre communication avec plus ou moins d’éclat et de résultat en oubliant souvent, sans mauvaise volonté consciente, l’appartenance à Euromed Audiovisuel puisque chacun des 6 projets travaille en son nom propre.

 

Les relations entre les coordinateurs de projets et les services de la Commission européenne sont préoccupants à la fois pour les équipes en charge du projet et pour les projets eux-mêmes. En effet, les équipes travaillant sur les projets croulent sous les demandes répétées de la Commission européenne quant à la fourniture de rapports en grand nombre et la répétition de contrôles incessants, très souvent au détriment du respect du travail à faire pour le bon rendement des projets. Il est normal que la Commission européenne exerce son pouvoir de contrôle sur les actions menées mais les procédures appliquées prennent beaucoup de temps et d’énergie. Comme il a été précisé plus haut dans ce rapport, il s’agit ici, et c’est important de le souligner, du domaine de la culture (cinéma et audiovisuel) ; la Commission devrait prendre en compte et apprécier à sa juste valeur cette forme de travail si particulière (et les pays concernés), si loin des réalités d’un pur travail de bureau ; les lourdeurs administratives plombent gravement le travail et les mentalités. Afin de se soumettre aux exigences des services de la Commission européenne, les gens s’exécutent puis se mettent à douter, fatigués par ces tracas qui interviennent trop souvent et risquent de mettre les projets en péril.

 

L’évaluation a bien fait ressortir cet état de fait car les retards pris pour certains projets ou les difficultés de poursuivre correctement les autres, s’apparentent souvent aux difficultés pour la Commission européenne de gérer en temps voulu les problèmes qui se posent réellement et demandent des réactions rapides.

De nombreuses remarques ont été faites également sur le manque de retour d’opinions venant de Bruxelles quant aux nombreux rapports envoyés par les coordinateurs de projets et le manque de communication générale avec les services de la Commission européenne.

 

 

Contribution au partenariat euro-méditerranéen :

 

Tous les projets travaillent dans le sens voulu par la Commission européenne pour promouvoir la coopération dans le secteur audiovisuel situé dans le cadre euro-méditerranéen. Les six projets fonctionnent positivement en termes de dialogues entre les cultures et dans le rapprochement nord/sud ainsi que dans les pays partenaires méditerranéens entre eux. Tout le monde n’est pas à égalité sur le sujet surtout dans le cas des projets les plus fragiles qui ont connu une mise en place difficile et l’abandon effectif de partenaires qu’ils soient européens ou sud-méditerranéens. Certaines situations chez les partenaires des deux rives se sont soldées par des échecs et les ont contraint d’abandonner leur partenariat sur des projets. Les lacunes existent bel et bien et rejoignent le constat d’une communication et d’un suivi mal gérés par le programme voire inexistants par certains endroits.

 

 

Pertinence

 

Arrivé à ce moment crucial du programme, on peut dire que les objectifs spécifiques de l’ensemble et des six projets sont dans la droite ligne de ce qui avait été envisagé au départ. Les actions se sont déroulées suivant un schéma bien précis, contraignant par ailleurs, mais qui a permis au moins d’explorer de nouvelles pistes en matière de cinéma et d’audiovisuel. La nouveauté dans ce programme consiste justement dans le fait que les compétences des uns et des autres sont à confronter avec la réalité des difficultés inhérentes à certains des pays. Ces « handicaps » et ces différences de point de vue ont permis un enrichissement intellectuel de part et d’autre ainsi qu’une meilleure connaissance des populations entre elles. Ce programme permet de saisir beaucoup d’opportunités qui vont à la rencontre de ces professionnels du cinéma et de l’audiovisuel. Il ne faut pas douter de la reconnaissance de beaucoup d’entre eux et de la chance qui leur a été apporté et dont ils sont très fiers.

 

 

Efficience

 

Le fait que la Commission européenne ait bien voulu considérer à sa juste valeur le potentiel existant dans les pays sud-méditerranéens en matière de cinéma et d’audiovisuel, compte énormément à l’intérieur des pays concernés. C’est un acte politique fort et motivant pour ces pays qui sont tout à coup confrontés à l’un des aspects de leur patrimoine culturel et sa mise en valeur. On peut dire que les bénéfices en termes de relationnel sont énormes. Rien ne peut se faire sans la complicité entre les gens. La Commission européenne a eu raison de mettre des moyens suffisants à disposition pour la mise en place du programme. Bien sûr, des actions entreprises ont été sous-évaluées compte tenu de l’importance du projet lui-même (méconnaissance de départ évidente) et des difficultés qui ont surgi durant l’élaboration du plan de travail sur la durée. Les projets ne sont pas rendus au même point car ils ont chacun connu des problèmes très différents au cours de ces années. Certains des projets sont plus risqués que d’autres et la phase exploratoire a duré longtemps. Il faut mieux toutefois prendre le temps de réfléchir avant d’agir car les résultats s’en ressentent bien souvent. Les coordinateurs de projet sont suffisamment professionnels pour avoir compris les démarches à suivre et ne pas trop se fourvoyer en route. C’est un point salutaire et raisonnable.

 

Rien de concluant n’a été vraiment mis en place en matière de presse et communication. Il faut un travail régulier et professionnel dans ce domaine pour acquérir une visibilité. Les projets Europa Cinémas et Cinema Med sont les seuls qui font un travail dans ce sens et qui font ou ont fait parler d’eux dans la presse. Les autres projets sont plus timorés vis à vis des médias. Certains pourtant pourraient ou auraient pu se faire mieux connaître à travers la presse et les médias. Une bonne politique menée en matière de presse est bénéfique pour un projet qui se préoccupe de son image et peut ainsi faire rejaillir sur Euromed Audiovisuel sa bonne notoriété. A condition aussi que le programme lui-même se préoccupe largement de sa propre notoriété et de son existence au sein des médias. Internet est trop limitatif et trop « interne » en termes de communication si celle-ci n’est principalement présente qu’à travers ce vecteur. Le cinéma et l’audiovisuel jouent sur la proximité et la vision directe : journaux (Union européenne et au-delà), magazines, affiches, reportages télévisés, radios, présence dans les instances internationales concernées (festivals ou autres). Le programme Euromed Audiovisuel n’est pas connu à sa juste valeur et n’informe pas assez sur le bien-fondé de son existence sur un plan international malgré la richesse et l’originalité de ses actions. Il faut remédier à cette situation en affichant fièrement ses réussites et ses prises de risques car elles sont constructives et méritent une reconnaissance des professionnels et du public sur le plan international.

 

L’assistance de l’expert au service du programme Euromed Audiovisuel (financé par la Commission européenne) est un atout considérable pour le programme et ses projets. Son assistance technique est appréciée par tous les coordinateurs de projets et beaucoup de leurs partenaires. Il est le lien direct et unique sur le terrain entre les projets et la Commission européenne et fait preuve d’une écoute appréciable et d’une compréhension appréciée de la part de pratiquement tous les intervenants. On peut affirmer que sans lui, les projets n’auraient pas pu voir le jour correctement, ni même survivre pour certains, tant les rapports sont compliqués (prises de rendez-vous impossibles parfois) et les attentes avec les services de la Commission européenne. Les missions menées par les 3 experts sur le terrain ont pu faire constat de cet état de fait. Il est toutefois regrettable que les avis de l’expert externe sur des problèmes posés récurrents (Medea et Euromédiatoon par exemple) n’aient pas été pris en compte en temps voulu et que les choses ne soient pas encore réglées maintenant de manière satisfaisante. Le rôle de cet expert externe en assistance technique est incontournable voire indispensable dans bien des cas.  

 

Efficacité

 

La richesse des projets décrits a permis d’obtenir à la fois des résultats planifiés et non planifiés. C’est normal car le monde de l’image est aussi celui de l’irrationnel. Les recettes n’existent pas. Il faut être préparé à l’inattendu qui souvent apporte des résultats inespérés et pleins de promesses. C’est la règle du genre. En revanche, le contraire arrive aussi. Pour certains des projets, les résultats sont toujours insuffisants par rapport à ceux planifiés car ils ont connu des déboires et doivent surmonter des épreuves. Les indicateurs du cadre logique de départ ont pu être suivis mais ont subi des déviances inévitables surtout en termes de temps et de coût. Ils « cadrent » des actions difficilement mesurables et sont soumis à des changements réguliers et inévitables pour satisfaire à la bonne marche des projets.

 

Impact

 

La dynamique créée dans les pays partenaires méditerranéens est forte car les projets sont dirigés par de bons professionnels qui prennent bien compte de la réalité de terrain. Les professionnels sud-méditerranéens prennent conscience petit à petit de la chance offerte ici de faire mieux connaître leur culture et d’améliorer leurs performances. Ce but atteint est un grand pas. S’intéresser à la culture de ses voisins et apprécier les richesses qu’elle contient sont une base de travail conséquente. Difficile de dire encore comment les projets sont perçus à l’intérieur de chaque pays à des échelons différents. Il faudrait pouvoir enquêter pour le savoir et rencontrer à cette occasion les personnalités déterminantes et concernées. Là encore, l’information sur le programme n’est pas toujours bien passée par manque évident de communication sur le terrain.

 

Viabilité

 

Certains des projets seront peut-être plus viables que d’autres sans l’assistance de la Commission européenne mais dans l’ensemble, tous réclament la poursuite sérieuse d’une attention particulière. La spécificité du programme repose aussi sur sa fragilité et ses difficultés de mise en œuvre. On ne peut pas tout interrompre après avoir mis autant d’énergie et de moyens financiers dans la faisabilité des choses. Rien n’est pire que de commencer à mettre en place des bases de travail intéressantes voire même sophistiquées pour s’apercevoir à l’arrivée que les attentes étaient seulement ponctuelles. Si on veut toucher un public, le fidéliser, l’accroître, il faut en prendre soin. On parle ici de pays peu habitués aux règles européennes dont la remise en cause des moyens alloués par la Commission pourraient avoir des effets désastreux à la fois sur le travail et sur les mentalités. Les pays dont on parle ici sont, pour certains, des pays qui connaissent de gros problèmes de fonctionnement et des conflits politiques durs (Algérie, Israël, Autorité palestinienne). Il ne faut pas qu’ils aient l’impression que la Commission européenne les abandonne maintenant qu’un travail substantiel a été fait. Les recommandations de cette évaluation permettront justement d’aborder positivement ce point crucial en ayant pu analyser précédemment toutes les données de ce problème.

 

 

 

 

 

CONCLUSIONS

 

Le programme Euromed Audiovisuel est novateur en tous points. Mais, comme tous les projets neufs, il nécessite le passage par un certain nombres d’étapes clés qui révèlent des facteurs positifs et négatifs permettant ainsi d’examiner la situation actuelle pour en tirer des conclusions et tenter de remédier aux problèmes récurrents qui se posent. Les différents projets répondent globalement aux besoins définis lors de la Conférence de Thessalonique (1997) à savoir un effort important dans le domaine de la formation technique, un développement des échanges nord/sud et sud/sud, la création et le renforcement de réseaux entre professionnels des industries concernées, l’investissement dans l’exploitation du cinéma en salles, la reconnaissance de l’importance des archives télévisuelles et la meilleure circulation des œuvres.

 

L’évaluation à mi-parcours qui vient d’être menée pour les 6 projets du programme, ne reflète la situation que jusqu’à la mi-janvier 2003. Il est important de le dire à nouveau car ces projets « cinéma et audiovisuel » ont justement la caractéristique de pouvoir bouger, se modifier, se transformer au fil des semaines et finalement dévier du projet initial après la remise en cause profonde de divers modes de fonctionnement. C’est donc un programme fragile et fort à la fois capable de surprendre par ses audaces et ses réactions non planifiées.

 

La Commission européenne, dans sa volonté politique forte de prendre en compte la situation du monde de l’audiovisuel dans les pays sud-méditerranéens, dénote d’un parti pris fondateur en même temps que d’un engagement tangible, à l’intérieur de pays tourmentés et fascinants, qui à terme devraient permettre des échanges fructueux entre les peuples et cultures basés des deux côtés des rives de la Méditerranée. La situation politique actuelle dans le monde arabo-méditerranéen constitue une opportunité évidente à saisir pour faciliter l’entrée sur le marché de l’audiovisuel sud-méditerranéen, de valeurs culturelles européennes tout comme la réciproque est aussi valable en direction du marché audiovisuel européen. Il n’y a pas de temps à perdre car les professionnels de l’audiovisuel sont des gens très réactifs et mobiles pour lesquels le sens du commercial et la facilité d’exécution sont innés à leur métier.

 

Les films ont la particularité de bien voyager et d’exporter leurs valeurs et leurs messages de pays en pays que ce soit sur des écrans de cinéma ou de télévision. Dans les situations les plus conflictuelles politiquement, seuls les artistes de l’image continueront de communiquer et d’exporter leurs œuvres cinématographiques en bravant les guerres ou les censures. Ce pont entre les peuples résistera toujours grâce à des êtres d’exception qui portent en eux toute la richesse de leurs pays meurtris. Le programme Euromed Audiovisuel peut rejoindre, grâce aux actions qui ont été développées à travers les six projets jusqu’ici, ces visions d’un avenir peut-être flou mais plein de promesses et d’attentes passionnées. Le cinéma est un art jeune qui marque les esprits et les cœurs et ouvre toutes les portes sur le monde. Le soutien Euromed Audiovisuel en Territoires palestiniens, par exemple, est capital parce que générant des forces insoupçonnées de collaboration avec l’Union européenne tout en aidant un peuple à garder sa dignité. Les échanges de savoir-faire entre les pays ont fonctionné même si les mises en place sont quelquefois difficiles et se heurtent à de sérieuses difficultés dans bien des endroits. Les déplacements nombreux de beaucoup des intervenants, à la fois dans l’Union européenne et dans les pays sud-méditerranéens, ont permis une approche concrète, une connaissance et une culture approfondies des métiers du cinéma et des hommes des deux côtés des rives de la Méditerranée, donnant aussi un éclairage significatif sur des situations géopolitiques complexes qui échapperaient à la vision de personnes non-initiées. Dans la grande majorité des pays partenaires méditerranéens, la Commission européenne a fait effet de levier dans bien des cas et cet atout est considérable.

 

Cette coopération européenne décentralisée a fonctionné depuis l’année 2000 suivant un concept défini par la Commission européenne qui fixe un cadre d’axes prioritaires mais non étatique. Les 6 projets choisis, qui bénéficient d’une contribution financière très conséquente sur 4 ans de la part de la Commission (20 millions €), sont entièrement délégués dans leur fonctionnement aux coordinateurs de projets. La Commission n’a d’ailleurs pas pour vocation de s’immiscer à l’intérieur des projets eux-mêmes. Elle procède à des contrôles réguliers (audits, monitoring, évaluations) et demande des informations continues relatives aux résultats attendus. Il faut bien prendre en compte que les tableaux de chiffres ou autres rapports quels qu’ils soient ne constituent pas forcément des éléments de véracité absolue, surtout lorsqu’il s’agit du milieu du cinéma et de l’audiovisuel.

 

Par contre, le manque de ressources humaines sur le projet Euromed Audiovisuel est flagrant et inquiétant. Il n’y a pas d’équipe constituée à Bruxelles sur le projet lui-même ayant les compétences requises en matière de cinéma et audiovisuel, ce qui évidemment n’aide pas les coordinateurs de projets à travailler toujours dans le bon sens en suivant les bonnes pistes. Pourtant, les coordinateurs de projets, au dire de la Commission, ont tous les éléments en main pour répondre aux attentes de Bruxelles concernant l’exploitation des contrats de départ (suite à la conférence de Rabat en 2000), la Commission européenne se plaignant par ailleurs du manque de structuration des rapports rendus.

 

Les experts, au cours de cette évaluation, ont pu constater et dû subir pendant des semaines les problèmes de contrats qui lient la Commission européenne et une organisation intermédiaire en charge de la logistique de cette évaluation. Les dysfonctionnements de part et d’autre ne présagent malheureusement rien de positif si aucune décision n’est prise à haut niveau car l’interruption de trois mois de cette évaluation, dont les résultats étaient attendus pour fin janvier, se révèle tout à fait inacceptable compte tenu de l’urgence de la mise en place du deuxième programme Euromed Audiovisuel.

 

Quoi qu’il en soit, Euromed Audiovisuel, qui est un programme ambitieux et méritant, ne bénéficie d’aucune aide à l’intérieur des services de la Commission européenne sur le plan de la communication et de la presse ainsi que sur celui de la logistique et du suivi des actions à mener par des personnes qualifiées. Il s’agit vraisemblablement d’un manque d’effectifs et de moyens tout à fait regrettables qui, s’il n’est pas réglé rapidement par les instances compétentes, risque fort de continuer de perturber la bonne marche du programme. Il faut profiter de la mise en place de Euromed Audiovisuel II pour remédier à cet état de fait. Une certaine fluidité dans les rapports serait la bienvenue entre la Commission européenne et les pays partenaires méditerranéens. Il serait inconséquent de démarrer le deuxième programme sans prendre en compte les problèmes développés ci-dessus et sans fournir au niveau de la Commission européenne les besoins nécessaires (humains et financiers) devant appuyer et soutenir efficacement le responsable du programme et l’expert externe pour l’assistance technique.

 

Euromed Audiovisuel est un beau programme qui va continuer ce qui marque une volonté de s’inscrire durablement dans l’avenir. Tout est loin d’être fait pour lui garantir toutes les chances de succès mais les bonnes volontés ne manquent pas. Les programmes choisis sont des programmes difficiles en même temps que passionnants. Ne pas avoir choisi la facilité de départ est plutôt bon signe et encourageant pour un futur encore indéfini. Il est temps pourtant de commencer à récolter les fruits et à tout mettre en œuvre pour optimiser les résultats déjà obtenus. Euromed Audiovisuel II doit faire mieux que le premier programme (Euromed Audiovisuel I). C’est le type même de programme qui n’a pas le droit de rester moyen, tomber dans la facilité et de ne pas se développer. Il faut rechercher l’envergure requise à tous prix et la mettre au service des projets. Certains projets vont continuer, d’autres vont s’arrêter et de nouveaux seront choisis.

Le paysage audiovisuel dans les pays partenaires méditerranéens tout comme le paysage géopolitique, va bouger, continuer de se transformer et d’évoluer.

Il faut saisir cette chance et faire en sorte que tous ces pays sud-méditerranéens évoqués soient de plus en plus, grâce à une communication de qualité, un symbole fort pour appuyer un désir de collaboration artistique et de meilleure connaissance de l’autre entre le Nord et le Sud tout en développant une richesse culturelle nouvelle de premier plan dans les pays de l’Union européenne.

 

 

RECOMMANDATIONS

 

Euromed Audiovisuel I

 

Outre les recommandations spécifiques à chaque projet développées plus haut, les principales recommandations pour le programme en cours sont les suivantes :

 

-          Meilleure visibilité dans la presse et les médias de l’ensemble du programme afin de mettre à profit tout l’aspect positif dégagé jusqu’à maintenant.

 

-          Diminution souhaitée des retards et dysfonctionnements divers à l’intérieur des services de la Commission européenne qui affectent grandement les projets et causent des pertes financières ainsi que des démotivations chez les coordinateurs de projets qui voient leur professionnalisme remis en cause de façon négative.

 

-          Meilleure accessibilité aux membres concernés de la Commission européenne par les coordinateurs de projets (demandes de rendez-vous prises en compte, etc.).

 

-          Retours de la Commission en réponse aux rapports reçus venant des projets.

 

-          Diminution souhaitée par la Commission des retards de transmission de rapports, des compléments de rapports et des demandes de paiement par les coordinateurs de projets ainsi que des dysfonctionnements divers constatés par les évaluateurs au sein des projets.

 

-          Traduction en anglais du rapport final d’évaluation à mi-parcours de façon à ce qu’il puisse toucher la totalité des personnes concernées par le programme.

 

 

Euromed Audiovisuel II

 

-          Nécessité absolue d’éviter un temps de latence entre Euromed Audiovisuel I et Euromed Audiovisuel II afin de ne pas décrédibiliser le programme dans son ensemble et ses projets car les investissements financiers risqueraient de pâtir d’une telle situation sans parler de certains des projets qui seraient alors compromis.

 

-          Développement de la communication sur le deuxième programme sans oublier de mettre à profit les leçons tirées du premier programme.

 

-          Ré-aménagement des contrats de subvention type mal appropriés pour le suivi des activités menées à l’intérieur du projet.

 

-          Mise en place d’un suivi rigoureux par des personnes qualifiées en cinéma et audiovisuel pour assurer la bonne marche des projets. C’est peut-être une erreur d’avoir voulu trop déléguer les projets aux coordinateurs et par conséquent imposer une multitude de contrôles souvent mal vécus et pas toujours appropriés aux situations.

 

-          Mise en place à l’intérieur de chacun des projets d’une personne ayant une bonne connaissance de la rigueur budgétaire et des procédures de la Commission européenne, qui jouerait ainsi l’interface entre la Commission et le projet et serait donc à même de répondre aux demandes sans retard et avec efficacité.

 

-          Flexibilité accrue des procédures de contrôles, souvent contraignants et disproportionnés pour les coordinateurs de projets, de façon à faciliter le travail et répondre aux demandes dans les temps requis par la Commission européenne. Le monitoring, effectué à la demande de la Commission, n’a pas rempli au départ tous ses objectifs (les premières enquêtes se sont souvent soldées par des controverses, des pertes de temps et de l’incompréhension mutuelle) car visiblement trop éloigné et peu concerné par l’univers des partenaires du monde de l’audiovisuel visités. Il semblerait que la procédure ait été depuis améliorée.

 

-          Mise en place de réunions régulières à Bruxelles entre les coordinateurs de projets et le chef du programme Euromed Audiovisuel, ceci afin d’accroître la synergie entre les différents projets et faciliter la communication entre la Commission européenne et les coordinateurs.

 

-          Les conférences annuelles du programme gagneraient à solliciter la venue de davantage de professionnels de l’audiovisuel extérieurs au programme et susciter plus fortement des débats d’idées de façon à bénéficier de leurs questions et avis sur l’évolution du programme.

 

-          Lors de la sélection des projets du deuxième programme Euromed Audiovisuel, il est indispensable de faire effectuer par des professionnels des domaines concernés des études de faisabilité avant la sélection définitive. Des erreurs lourdes de conséquences pourront ainsi être évitées.

 

-          Les secteurs d’activité couverts par Euromed Audiovisuel pourraient être étendus au soutien à la promotion, à la diffusion, à la coproduction des œuvres audiovisuelles euro-méditerranéennes, ainsi qu’à l’unification des législations dans les pays partenaires, par exemple dans le domaine du piratage et de la contrefaçon.

 

-          Lorsque des projets ont pour objectif la production directe d’œuvres audiovisuelles, un ou plusieurs diffuseurs ou distributeurs euro-méditerranéens devraient être associés en tant que partenaires, même si leur contribution n’est pas nécessairement financière dans un premier temps. La marque d’intérêt associée au contrôle de qualité sur le plan technique qu’un tel partenaire peut prodiguer, représente une chance accrue de financement, de diffusion ou de distribution.

 

-          Adaptation si nécessaire des cadres logiques au domaine spécifique de l’audiovisuel en fonction des projets retenus.

 

-          Utilisation de la complémentarité possible entre le programme Média et le programme Euromed Audiovisuel. Par exemple, ouvrir aux ressortissants des pays tiers la participation aux actions de formation dans certains domaines couverts par le programme Média comme l’écriture de scénario, la production ou la formation technique. Inversement, il est important de conserver voire de renforcer la spécificité des actions Euromed Audiovisuel dans le domaine du financement ou de la distribution, les besoins des participants sud-méditerranéens étant très spécifiques.

 

-          Il est regrettable et surprenant que la contribution budgétaire de la Commission européenne ait été réduite pour le deuxième programme Euromed Audiovisuel. Si aucune correction ne peut être apportée en 2004, il serait souhaitable d’y remédier le plus rapidement possible de façon à donner au prochain programme toutes les chances de poursuivre, améliorer et développer son action.

 

 

6)  ANNEXES

 

 

6.1.     Termes de Références de l’évaluation (en annexe)

 

6.2.     Noms des évaluateurs + (C.V. en annexe) :

 

-          Catherine Lecoq, expert 1 chef d’équipe

-          Françoise Levie, expert 2 « archive »

-          Emmanuel Oberg, expert 3 « écriture »

 

 

6.3.   Méthodologie de l’étude

 

La méthodologie de l’évaluation à mi-parcours du programme Euromed Audiovisuel suivie par les trois experts, choisis par la Commission européenne et qualifiés dans le secteur du cinéma et de l’audiovisuel, a été la suivante :

Un debriefing initial a été organisé début octobre 2002 (le chef d’équipe des experts avait eu un premier rendez-vous à Bruxelles le 19 septembre de manière à démarrer l’évaluation au plus vite) par le chef du programme Euromed Audiovisuel à Bruxelles en présence de l’expert externe chargé de l’assistance technique. A la suite de ce debriefing, le calendrier des missions a été mis en place, les dates de remises de rapports ont été prises et un certain nombre de documents ont été remis aux experts à cette occasion. Il était prévu au départ que ce rapport final soit remis au plus tard fin janvier 2003. La documentation mise à disposition dans un premier temps par la Commission européenne a été consultée attentivement : contrats de subvention type, rapports de mission (venant de la Commission européenne) antérieurs à l’évaluation, rapports de monitoring, tableaux d’activités et de résultats depuis le démarrage des projets, établis par les équipes des six projets concernés.

Après une lecture approfondie de la documentation de base fournie, les trois experts sont partis en missions à la fois dans l’Union européenne et dans les pays partenaires méditerranéens :

-          Paris

-          Tunis

-          Le Caire

-          Amman

-          Naples

-          Marseille

-          Maroc (Casablanca, Rabat, Marrakech)

-          Séville

-          Alger

-          Israël (Tel Aviv, Jérusalem)

-          Ramallah

 

Des rapports de missions très détaillés ont été rédigés par les experts après le retour de chacune des missions. Certaines non prévues au départ dans les Termes de Références ont été ajoutées en cours d’évaluation. Les missions se sont déroulées entre septembre 2002 et janvier 2003. Elles furent très positives et ont constitué la principale base de travail de rédaction du rapport final. Les experts ont également assisté, lors de quelques missions, à plusieurs projections de documentaires, téléfilms, bandes-annonces, archives de film ou de télévision et reportages vidéo relatifs à certains des projets. Des sites Internet furent également consultés.

 

 

Ces missions ont permis aux experts sur le terrain de rencontrer principalement :

 

-          les responsables du programme Euromed Audiovisuel et certains des responsables du programme Média de l’Union européenne

-          les coordinateurs de projets et leurs adjoints

-          des producteurs de cinéma et audiovisuel

-          des scénaristes et formateurs

-          des réalisateurs

-          des dessinateurs et infographistes

-          des directeurs artistiques

-          des directeurs d’institutions cinématographiques

-          des distributeurs de films

-          des exploitants de salles de cinéma

-          des professionnels du cinéma d’animation

-          des directeurs de festivals de cinéma

-          des responsables et professionnels de chaînes de télévision

-          des universitaires

-          des personnalités politiques et diplomatiques

 

Les personnes rencontrées ainsi que toutes les informations recueillies proviennent de l’Union européenne et des pays partenaires méditerranéens.

Les experts ont assisté à la 3ème Conférence du programme Euromed Audiovisuel au Caire les 18 et 19 octobre 2002 : ce fut une occasion unique de rencontrer des partenaires/bénéficiaires des six projets ainsi que les équipes dirigeantes de chaque projet presque au complet.

 

Un rapport intermédiaire de mi-mission a été remis à la Commission européenne au 15 novembre 2002.

 

Après la dernière mission effectuée en janvier 2003, un debriefing devait se tenir à Bruxelles mais des dysfonctionnements contractuels entre la Commission européenne et l’organisation intermédiaire en charge de la logistique de l’évaluation (Gico) ont particulièrement affecté le travail des experts en même temps que l’évaluation elle-même qui fut interrompue et accuse par conséquent un retard de trois mois. Une réunion à Bruxelles avec l’expert 1 chef d’équipe a eu lieu le 15 avril 2003 et a permis d’examiner un premier projet de rapport final.

Un debriefing avec toute l’équipe à Bruxelles a été organisé pour le 29 avril après remise à la Commission européenne du rapport final d’évaluation. 

 

 

6.4.   Cadres logiques du programme et des 6 projets (en annexe)

 

6.5.      Carte de la zone géographique couverte par le projet (en annexe) 

 

6.6.      Liste des personnes et organisations consultées (par projet)

 

-          Commission européenne :

 

Johannes Gehringer, responsable du programme Euromed Audiovisuel (DG EuropeAid Office de coopération, Unité B/2)

Basile Papadopoulos, chef d’unité en charge de la coopération régionale euro-méditerranéenne (DG EuropeAid Office de coopération, Unité B/2)

Costas Daskalakis, chef d’unité adjoint programme Média (DG Education et Culture, Unité C/3)

Giorgio Ficcarelli, programme Média (DG Education et Culture, Unité C/3)

Xavier Troussard, chef d’unité adjoint politique audiovisuelle (DG Education et culture, Unité C/1)

José Bellod, politique audiovisuelle (DG Education et Culture, Unité C/1)

-          Experts externes (assistance technique) :

 

John Dick, cinéma/promotion (bureau d’assistance pour le programme Média)

Valerio Caruso, expert externe pour le programme Euromed Audiovisuel (société Gico)

 

-          Europa Cinémas :

 

Claude-Eric Poiroux, coordinateur du projet (Paris)

Menem Richa, adjoint (Paris)

Aude Erenberk, assistante (Paris)

 

Gabriel Khoury, producteur Misr International Films/exploitant (Le Caire)

Lilia Charfi, exploitant (Tunis)

Lassaad Mehrez, exploitant (Bizerte)

Hikmat Antypas, distributeur (Liban)

Mohammed Alaoui El Hassini, exploitant (Casablanca)

Amal Benbarka, exploitante (Casablanca)

Hassan Belkady, exploitant (Casablanca)

David Frauciel, exploitant (Casablanca)

Mohammed Layadi, exploitant (Marrakech)

M. Hachmi, exploitant (adjoint de Charles Zafrani, Rabat)

Souheil Benbarka, directeur général du CCM (Centre Cinématographique Marocain / Rabat)

Mustapha Stitou, secrétaire général du CCM

Mohamed Kamal Mghazli, distribution et exploitation CCM

Abdellatif Laassadi, promotion et coopération CCM

Kishin Chandiramani, agence marocaine de films

Mohammed Chouikh, réalisateur/membre comité d’experts Europa Cinémas/Euromed Audiovisuel (Algérie)

Hachemi Zertal, distributeur/exploitant (Algérie)

Rami Romanovsky, exploitant (Tel Aviv)

Ami Burg, distributeur de films (Israël)

Nurit Shani, distributrice/exploitante (Tel Aviv, Jérusalem)

Dahlia Schapira, distributrice/exploitante (Tel Aviv)

Avital Rosen, distributrice/exploitante (Tel Aviv)

Lea van Leer, directrice de la Cinémathèque et Festival de Jérusalem

George Ibrahim, producteur/exploitant (Ramallah)

Jean Brétéché, directeur du Bureau de représentation de la Délégation européenne pour l’Autorité palestinienne (délégation de la Commission Jérusalem Est)

Sylvie Fouet, assistante politique (délégation de la Commission Jérusalem Est)

Fadia Nahhas, presse et information (délégation de la Commission Jérusalem Est)

 

-          CapMed :

 

Nancy Angel, coordinatrice du projet (INA Marseille)

Marie-Claire Amblard (directeur des archives / INA)

 

Faiza Majeri, responsable des relations extérieures à ERTT (télévision tunisienne)

Maher Elamzaoui, vice-président de ERTU (télévision égyptienne) et coordinateur du projet 

Taisir Fawaz, ingénieur ERTU

Maha El Daly, assistante ERTU

Hanaa Farouk Abd El Maahoud, vidéo département ERTU

Denis Frambourg, responsable du plan de sauvegarde (INA)

Hala Zureiqat, coordinateur du projet JRTV (télévision jordanienne)

Ayman Safadi, directeur général JRTV 

Sufian Zudhi Nabulsi, TV engineering JRTV

Rima Bajahi, responsable archives JRTV

Nadi Daour, documentaliste JRTV

Naif Khaleefe, responsable vidéothèque JRTV

Mohammed Ali Smail, sous-directeur département des archives et coordinateur du projet à ENTV (télévision algérienne)

Hamachi Nacy, traitement et analyse ENTV

Amameri Mohamed Lamine, chef département filmothèque ENTV

Attou Faycal, chef département transfert ENTV

Ali Rezzouk, monteur ENTV

Belayat Bouhemi, chef de service au CAN (archives algériennes)

Nourredine Sail, directeur de 2 M (télévision marocaine)

Karim Abdelhamid, coordinateur du projet à 2M

Rita Lahlou, chef de service coopération internationale 2 M

Mohamed Mamad, conseiller à la direction générale 2M

Hassane Bachiri, chef département communication et coordinateur CapMed à TVM (télévision marocaine)

Hafida Mesdouri, documentaliste TVM

Kyriaki Arseni, coordinateur CapMed à ERT (télévision grecque)

Maryline Crivello, historienne (MMSH)

Radwan Abu-Ayyash, president de PBC (Palestinian Broadcasting Corporation)

 

-          Euromédiatoon – Viva Carthago :

 

Ahmed Attia, coordinateur du projet et producteur / exploitant Cinétéléfilms (Tunis)

Jean-Pierre Gallepe, producteur exécutif (Tunis)

Abdel Belhadi, responsable des formations (Tunis)

Sleh Hamzaoui, directeur artistique (Tunis)

Mohammed Habib Attia, directeur de production (Tunis)

Philippe Mest, réalisateur

Moflah Kraiem, assistant réalisateur

Laurent Rullier, directeur d’écritures, scénariste, formateur (France)

Elisabeth Verry, scénariste, formatrice (France)

Catherine Forest, documentation historique/iconographie (Tunis)

Jouhaina Chamman, documentation historique/iconographie (Tunis)

Pierre Levie, Sofidoc (Belgique)

Nathalie Bloden, Sofidoc (Belgique)

 

 

-          Elles…aux abords de l’an 2000 :

 

Marianne Khoury, coordinatrice du projet / Misr International Films (Le Caire)

Humbert Balsan, producteur (France)

Magda Wassef, responsable du cinéma (Institut du monde arabe / Paris)

Louiza Ighilariz, psychologue et écrivain (Alger)

Ali Essafi, réalisateur (Maroc)

 

 

-          Cinema Med :

 

Michele Capasso, coordinateur du projet et directeur général de la Fondazione Laboratorio Mediterraneo (Naples)

Catarina Arcidiacono, vice-présidente (Naples)

Soumaya Tifnouti, docteur d’état (Université Cadi Ayyad/Marrakech)

Khalil Smayra, coordinateur représentant l’Académie libanaise des Beaux-Arts (Liban)

Arantza Mota, coordinatrice programme « Aristote »

Gilles Cahoreau, scénariste, journaliste/formateur (France)

Jean-Pierre Barnaud, centre européen de production à la production de films (France)

Aïssa Djabri, producteur (Vertigo productions/France)

Tous les participants du module de formation de Marrakech

 

 

-          Medea :

 

Alicia Gallardo, coordinatrice du projet (Séville)

Frederic Parilla, coordinateur formation et développement (Séville)

Linda Wais, responsable communication et logistique (Séville)

John Marshall, directeur d’études pour le documentaire (Royaume Uni)

Juan Pita, Media Business School/partenaire Medea

Christian Routh, modérateur/superviseur

Philippe Torjman, consultant en financement de films (Peacefulfish)

Thierry Beaujard, expert-consultant en financement/ Peacefulfish

Isabelle Fauvel, conseiller en développement et suivi des projets

Marie-Françoise Mascaro, productrice/intervenante (France)

Francine Jean-Baptiste, productrice/intervenante (France)

Dora Bouchoucha, productrice/intervenante (Tunisie)

Michel Reilhac, directeur cinéma Arte (France)

Tous les participants du module de Tunis et plus particulièrement :

Hassan Benjelloun, bénéficiaire/réalisateur (Maroc)

Moncef Dhouid, bénéficiaire/scénariste (Tunisie)

Eris Akman, bénéficiaire/producteur (Turquie)

Monique Perez, bénéficiaire/productrice (France)

Michel E. Ghosn, bénéficiaire/consultant producteur (Liban)

Nabil Maleh, bénéficiaire/réalisateur producteur (Syrie)

Mazen Saadeh, bénéficiaire/scénariste réalisateur (Autorité palestinienne)

Cyriac Auriol, bénéficiaire/producteur (France)

Hani Kort, bénéficiaire/producteur (Jordanie)

Cécilia Nyström, bénéficiaire/productrice (Suède)

Jérôme Vidal, bénéficiaire producteur (France)

 

David Fischer, directeur général de New Israeli Foundation for Cinema and Television (Tel Aviv) /partenaire (Israël)

Jean-Philippe Raffard, responsable des enseignements média (Sciences Com/France)

 

 

 

6.7.      Littérature et documentation consultées

 

La documentation consultée au long de cette évaluation à mi-parcours fut de plusieurs types :

 

-          Des documents généraux : 1 CD Rom (récapitulatif de l’ensemble des documents importants édités sur chaque projet et sur l’ensemble du programme ainsi que les manifestations événements), 6 fiches de présentation des projets, guide de l’évaluation à la Commission européenne, 1 manuel de gestion du cycle de projet, les Termes de Références

 

-          Des documents relatifs à l’ensemble des 6 projets : rapports de monitoring, contrats de subvention type, rapports annuels, rapports intermédiaires, rapports semestriels, contrats internes aux projets, plans d’actions, récapitulatifs de programmes, revues de la Commission européenne

 

-          Des documents relatifs à certains des projets : programmes, plaquettes de présentation, formulaires, newsletters, listings de films, listings de salles, listings d’exploitants de salles, tableaux de chiffres, tableaux synoptiques, rapports de mission, rapports de stages, conventions type, dépliants, catalogue de festivals, affiches, brochures, livres de cinéma, scénarios dialogués d’épisodes de dessins animés, scénarios de films ou synopsis, dossiers historiques et iconographiques, revues de presse, coupures de presse, plans média

 

-          Des documents divers : exemplaires de rapports de missions, extraits du Synopsis Euromed, dossier spécial Euromed, documents annexes liés aux séminaires (programmes/liste de participants) organisés par certains des projets (Medea et Cinema Med)

 

 

6.8.      Résumé CAD

 

Titre de l’évaluation :

 

Evaluation à mi-parcours du programme Euromed Audiovisuel

 

                                                              Résumé

 

Le rapport final de l’évaluation a pour but la mise en œuvre de la suite à donner au programme Euromed Audiovisuel qui devra prendre en compte les actions menées et les résultats obtenus à ce jour ainsi que les problèmes soulevés au cours de l’avancement des projets sur les deux premières années et demie d’activités.

 

Objet de l’évaluation :

 

Les six projets choisis par la Commission européenne et dont l’action a démarré l’année 2000 : Europa Cinémas, soutien à la diffusion et l’exploitation du cinéma en salles, CapMed, création des conditions d’une politique de sauvegarde des archives télévisuelles, Euromédiatoon – Viva Carthago, mise en place d’un studio d’animation et réalisation d’épisodes de dessins animés, Elles…aux abords de l’an 2000, production d’une série de 12 documentaires sur les femmes arabes, Cinema Med, valorisation du patrimoine cinématographique des pays arabo-méditerranéens, Medea, soutien au développement de projets de films et formation au développement de scénarios.

 

 

Description de l’évaluation :

 

Chacun des projets doit faire l’objet d’une description dans son action et sa forme tout en suivant des points bien précis relatant les objectifs et les résultats attendus ainsi que les activités menées. Les critères de pertinence, efficience, efficacité, impact et viabilité jouent un rôle de tout premier plan surtout la viabilité puisqu’elle répond aux possibilités de projection dans l’avenir. Les missions menées par les 3 experts, suivant les expériences et les compétences de chacun, dans les pays concernés par les 6 projets ont été la source d’une base de travail et de réflexion conséquente.

 

Conclusions principales :

 

Le programme Euromed Audiovisuel est novateur en tous points et a nécessité le passage par un certain nombre d’étapes clés qui révèlent des facteurs positifs et négatifs permettant ainsi d’examiner la situation actuelle pour en tirer des conclusions et tenter de remédier aux problèmes récurrents qui se posent. Il est important de dire que les six projets évalués concernent le cinéma et l’audiovisuel et ont justement la caractéristique de pouvoir bouger, se transformer au fil des semaines et finalement dévier du projet initial après la remise en cause profonde de divers modes de fonctionnement. La Commission européenne, dans sa volonté politique forte de prendre en compte la situation du monde de l’audiovisuel dans les pays sud-méditerranéens, dénote d’un parti pris fondateur et d’un engagement tangible qui devrait permettre des échanges fructueux entre les peuples et les cultures basés des deux côtés des rives de la Méditerranée. Les sommes allouées pour le programme sont très substantielles, démontrant ainsi une volonté de pérennité pour s’inscrire durablement dans l’avenir. Les films ont la particularité de bien voyager et d’exporter leurs valeurs et leurs messages de pays en pays que ce soit sur des écrans de cinéma ou de télévision. Euromed Audiovisuel peut rejoindre, grâce aux actions menées jusqu’ici, ces visions d’un avenir peut-être flou dans un premier temps mais plein de promesses et d’attentes passionnées. Le programme, avec ses six projets très différents quoique complémentaires, est un programme ambitieux et méritant qui manque malheureusement d’effectifs et de moyens au sein de la Commission européenne. Ne pas avoir choisi la facilité de départ est plutôt bon signe et encourageant dans un futur encore indéfini. C’est le type même de programme qui n’a pas le droit de rester moyen et surtout de ne pas se développer. Il faut rechercher l’envergure à tous prix et la mettre au service des projets.

 

Le programme a marqué une contribution importante dans le domaine de la formation technique, du développement des échanges culturels nord/sud et sud/sud, de la création et du renforcement des réseaux entre professionnels des industries concernées, de l’investissement dans l’exploitation du cinéma en salles, de la reconnaissance de l’importance des archives télévisuelles ainsi que d’une meilleure circulation des œuvres dans la région.

 

 

 

Recommandations :

 

 

Euromed Audiovisuel I

 

-          Bonne continuation des projets en cours nécessitant toutefois des améliorations, parfois profondes, dans leur mode de fonctionnement.

 

-          Meilleure visibilité dans la presse et les médias de l’ensemble du programme.

 

-          Diminution souhaitée des retards et dysfonctionnements divers à l’intérieur des services de la Commission européenne, ce qui affecte grandement les projets et peut causer des pertes financières ainsi que des démotivations regrettables dans le travail.

 

-          Retours de la Commission en réponse aux rapports reçus venant des projets.

 

-          Réduction des retards de transmission des rapports et autres informations en direction de la Commission européenne par les bénéficiaires des projets.

 

 

 

Euromed Audiovisuel II

 

-          Euromed Audiovisuel II (particulièrement pour Europa Cinémas ; le réseau CapMed nécessiterait également d’être valorisé).

 

-          Développement de la communication sur le deuxième programme sans oublier de mettre à profit les leçons tirées du premier.

 

-          Flexibilité accrue en matière de contrôles, souvent contraignants et disproportionnés pour les coordinateurs de projets afin de respecter les temps requis.

 

-          Mise en place d’un suivi rigoureux par des personnes qualifiées en cinéma et audiovisuel pour assurer la bonne marche des projets. L’erreur a peut-être été de vouloir trop déléguer les projets aux coordinateurs et imposer une multitude de contrôles souvent inappropriés.

 

-          Mise en place de réunions régulières à Bruxelles entre les coordinateurs de projets et le chef du programme Euromed Audiovisuel.