Contrat-cadre AMS/451 – Lot n° 9
Lettre de marché n°
2002/27808 entre la Commission européenne et GICO
Rapport préparé par
Catherine Lecoq, expert 1 chef d’équipe Euromed Audiovisuel, Françoise Levie,
expert 2 « archive » et Emmanuel Oberg, expert 3
« écriture »
Rapport Final
Table des
matières
1) RESUME………………………………………………………………..pages
3 - 6
2) INTRODUCTION………………………………………………………pages
7 - 9
3) EVALUATION DES 6
PROJETS DU PROGRAMME………………pages 9 - 47
A - Europa Cinémas ( pages 9 –
18)
B - CapMed (pages 19 – 27)
C - Euromédiatoon
– Viva Carthago (pages 27 – 32)
D - Elles…. Aux abords de l’an 2000 (pages 32 –
38)
E - Cinema Med (pages 38 – 42)
F - Medea (pages 42 – 47)
4) CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS………………………. pages 47- 58
4.1. Europa Cinémas (pages 47 - 49)
4.2. CapMed (pages 49 - 50)
4.3. Euromédiatoon – Viva Carthago
(pages 51 - 53)
4.4. Elles….aux abords de l’an 2000
(pages 53 - 55)
4.5. Cinema Med (pages 55 - 56)
4.6.
Medea (pages
56 - 59)
5) EVALUATION DU PROGRAMME EUROMED
AUDIOVISUEL……pages 59 - 68
CONCLUSIONS ET
RECOMMANDATIONS (pages 65 – 68)
6) ANNEXES……………………………………………………………….. pages 69 - 76
1) RESUME
OBJECTIFS
DU PROGRAMME ET BUTS DE L’EVALUATION
EUROMED
AUDIOVISUEL
Les 6 projets
cinéma et audiovisuel évalués après 2 ans et demie d’activités (premier
programme Euromed Audiovisuel) ont pour but de mettre à exécution les objectifs
fixés par la Commission européenne, suite à la Conférence de Thessalonique
(1997), en terme de coopération régionale euro-méditerranéenne. Il s’agit d’une
coopération décentralisée, la Commission européenne fixant des axes
prioritaires d’intervention dans un cadre non étatique. Ce concept a pour but
de déléguer au maximum les actions aux 6 coordinateurs de projets, Euromed
Audiovisuel exerçant régulièrement des formes de contrôle qui doivent rendre
compte de l’état d’avancement des projets. En l’occurrence, les projets menés
ici, très ambitieux dans l’ensemble, sont tous très différents les uns des
autres en même temps que complémentaires et soulevant à l’évidence un grand
nombre de questions en matière de faisabilité et de résultats attendus. Les
difficultés rencontrées sont liées à la nature de chaque projet. Elles existent
en tous cas de manière très identifiables et se sont révélées de façon concrète
lors des différentes missions d’évaluation dans les pays concernés. En fonction
de la nature des difficultés, certains projets semblent plus fragiles que
d’autres mais cela n’entache en rien le bien-fondé de l’ensemble en général.
Il est
nécessaire maintenant de mettre tout en œuvre pour que le programme se
ressaisisse, reprenne des forces et se développe en empruntant les bonnes voies
derrière les bonnes personnes. Rien n’est à remettre en cause sur le fond mais
des ajustements sont nécessaires dans certains cas et seront salutaires si la
Commission européenne prend acte de toutes les recommandations et les décisions
adéquates sur le sujet. Ce programme est passionnant et riche d’enseignement.
Les pays concernés ne facilitent pas toujours la mise en place du programme qui
est quelquefois vécu comme un défi entre les différents intervenants. C’est une
prise de connaissance entre les partenaires dont il a été question dans un
premier temps, en rapport direct avec les diversités culturelles et les
traditions de ces pays sud-méditerranéens qui ont souvent une importance capitale
voire prioritaire quant à la réalisation des programmes engagés. Il faut bien
prendre en compte ces considérations car c’est un point important. En effet,
ces diversités de toutes sortes qui sont inhérentes aux pays et donc aux
projets en eux-mêmes agissent plus fortement et plus radicalement qu’on ne le
croit. Evidemment, comme toujours, c’est le courage, la motivation et le talent
qui auront gain de cause à la fin et qui seront les atouts les plus précieux
pour mener à bien le programme et donner les résultats escomptés.
Il convient
donc dans cette évaluation, qui reflète la situation jusqu’à mi-janvier 2003,
de traiter d’une façon rigoureuse et honnête les uns après les autres chacun
des 6 projets :
1)
Europa
Cinémas
2)
CapMed
3)
Euromédiatoon-Viva
Carthago
4)
Elles…aux
abords de l’an 2000
5)
Cinema
Med
6) Medea
PRINCIPALES
CONCLUSIONS
Evidemment, les
premières conclusions émises sur chaque projet reflètent la teneur de ce qui
vient d’être exprimé au-dessus. Chacun des projets rend compte de sa propre
réalité. C’est pourquoi, il sera plus judicieux et convenable de traiter les 6
projets l’un après l’autre dans le texte principal de ce rapport final
d’évaluation. On peut toutefois porter un premier jugement dans la présentation
en abordant des conclusions développées plus loin sur les projets :
-
Europa
Cinémas peut affirmer avoir vécu les années qui
viennent de s’écouler comme des « années pilote ». En effet, ce
projet est celui qui est le plus ancré sur le terrain et le plus proche du
public. Les lignes directrices du projet apparaissent de plus en plus
contraignantes au vue des situations régnant dans les pays partenaires
méditerranéens. Le soutien de la Commission européenne a fait effet de levier
et révélé des forces insoupçonnées parmi les professionnels du cinéma dans ces
pays. C’est un encouragement énorme et les efforts prodigués par Europa Cinémas
en matière de relationnel est un gage de qualité qui mérite un développement
durable.
-
CapMed
est un projet lourd, complet, dynamique mené avec efficacité et passion. Le
service des archives télévisuelles nationales méditerranéennes est pour la
première fois considéré comme un service à part entière grâce à la Commission
européenne. Ce projet a permis de faire prendre conscience aux pays partenaires
méditerranéens de leur patrimoine national et de porter un autre regard sur
leurs archives. Il faut du temps pour révéler des compétences et de nouveaux
chantiers peuvent maintenant se mettre en place puisque la plupart des actions
entreprises depuis le début ont déjà porté leurs fruits.
-
Cinema
Med apparaît en premier lieu comme un projet en
rapport avec les archives cinématographiques et contribuer à leur valorisation
est une tâche noble et belle ; c’est aussi le seul projet dont le budget
fut réduit au départ et qui n’a pas voulu déroger au programme des actions
prévues. L’ensemble est varié et se justifie complètement au milieu des 6
programmes. Malgré quelques désordres organisationnels, le projet porte à la
fois sur les festivals, le cinéma arabo-méditerranéen contemporain, le
patrimoine cinématographique méditerranéen le tout associé à l’édition d’une
documentation de qualité et à la formation à l’écriture de scénarios. L’impact
souhaité mérite de s’améliorer que ce soit sur le plan des médias que sur le
plan du public.
-
Elles…
aux abords de l’an 2000 est un projet
consacré au travail de production de films documentaires. Le projet est
vraiment à mi-parcours puisque sur les douze films à tourner, quatre ont déjà
été réalisés, quatre sont en production et les quatre derniers en négociation.
L’entreprise en elle-même est ambitieuse et louable mais manque sérieusement de
regards professionnels extérieurs sur les documentaires qui racontent la vie de
femmes arabo-méditerranéennes sous la forme de portraits. Il faut impérativement
que les diffuseurs européens soient amenés à voir ces films, tous traités de
manière inégale, afin de se prononcer sur leurs qualités pour trouver un
débouché public efficace. L’ensemble reste pour le moins original et s’inscrit
bien dans un réseau.
-
Euromédiatoon-Viva
Carthago est certainement l’un des projets les
plus ambitieux du programme Euromed Audiovisuel. La mise en route fut longue et
difficile et l’ensemble n’a pas encore atteint tous ses buts. Les
dysfonctionnements ne manquent pas car l’ensemble est lourd à maîtriser. Le
projet est d’envergure et n’a pas le droit à l’erreur. Il concerne aussi bien
l’écriture que le graphisme et la réalisation de 26 épisodes de dessins animés
racontant l’histoire du bassin méditerranéen sur dix siècles est, il faut le
reconnaître, une tâche immense à entreprendre. L’équipe interne fut difficile à
constituer et les relations avec les partenaires engendrent beaucoup de
passions et de tensions car les décisions prises restent souvent imprécises et
floues. A côté de cela, l’image du projet suscite beaucoup d’admiration et
d’attente et les résultats espérés se situent à la hauteur de l’entreprise.
-
Medea
est un projet axé sur le soutien au développement de projets audiovisuels
euro-méditerranéens à travers une aide financière et une assistance aux
participants tout au long du processus de développement ponctuée de modules de
formation (écriture de scénarios, financement, marketing/distribution). Ce
secteur commence à peine à se professionnaliser en Europe et n’existe quasiment
pas encore dans les pays partenaires méditerranéens. Il en résulte que
l’attente pour les bénéficiaires est donc considérable. Les contacts à
provoquer sont importants et indispensables pour le bon équilibre du projet.
L’ensemble doit être productif et bien relayé par les rapports humains qui se
tissent entre les bénéficiaires euro-méditerranéens. En revanche, de nombreux
problèmes d’organisation, de communication, de pédagogie, nuisent au projet et
compromettent son évolution. L’équipe dirigeante paraît consciente de cet état
de fait et semble décider à mettre tout en œuvre pour régler les problèmes de
fond. Des questions se posent sur l’encadrement Medea et des frustrations
apparaissent au sein de l’équipe qui met pourtant un point d’honneur à vouloir
se préoccuper de l’avenir immédiat.
Le programme Euromed Audiovisuel
Se pencher sur
la situation actuelle des projets du programme Euromed Audiovisuel et dresser
un état des lieux quant à son développement futur répond à une demande de la
Commission européenne qui va tenter grâce à cela de bâtir une suite encore plus
riche et diversifiée du programme qui prendra en compte les écueils et les
réussites rencontrés jusqu’ici. Ce programme ambitieux répond à une volonté
soutenue d’exploration des cultures euro-méditerranéennes à travers « le
cinéma et l’audiovisuel », secteurs qui ont toujours transmis des valeurs
fortes et proches des gens. Le domaine de l’image est en prise directe avec la
vie et développe l’imagination et la connaissance.
Le programme a
marqué une contribution importante dans le domaine de la formation technique,
du développement des échanges culturels nord/sud et sud/sud, de la création et
du renforcement des réseaux entre professionnels des industries concernées, de
l’investissement dans l’exploitation du cinéma en salles, de la reconnaissance
de l’importance des archives télévisuelles ainsi que d’une meilleure
circulation des œuvres dans la région.
RECOMMANDATIONS
On peut dégager
pour chaque projet à cette date un certain nombre de recommandations à
développer plus loin de manière détaillée.
Des
recommandations-clés apparaissent toutefois de manière évidente sur les 6
projets pour une bonne continuation et un développement positif du programme
engagé :
Europa Cinémas
ne doit pas s’interrompre entre les deux programmes Euromed Audiovisuel
(Euromed Audiovisuel I et II). Le travail accompli serait mis en péril sans
compter la perte de confiance qui s’installerait entre l’Union européenne et
les pays partenaires méditerranéens. Tous ces pays partenaires méditerranéens
ne peuvent être traités de manière semblable. Le travail doit s’effectuer de
façon plus sélective et mettre en valeur les partenaires les plus motivés du
réseau. Une meilleure approche du public devrait permettre aux programmateurs
de salles de mieux cibler les films choisis. L’action en profondeur doit être
maintenue sur le terrain mais les moyens financiers font cruellement défaut
dans certains cas. Il y a de l’envergure à donner à ce projet qui pourrait
devenir la meilleure « vitrine » pour le programme Euromed
audiovisuel tout entier.
CapMed doit
lancer maintenant son programme de consolidation de tout ce qui a été mis en
place. La Commission européenne doit continuer de soutenir CapMed car le
travail fait reste complexe et fragile sans soutien extérieur fort. La
dynamique marketing et commerciale commence seulement, ce qui va donner de
l’ampleur au projet qui ne cesse de croître. Les archives télévisuelles
euro-méditerranéennes, jamais traitées par le passé, apprennent à se connaître,
à exploiter leurs fonds, à restaurer et sauvegarder leurs images, à former du
personnel. Cet élan de curiosité dans le travail doit se poursuivre et
continuer de pouvoir bénéficier d’un apport financier significatif de la Commission
européenne.
Cinema Med
est allé aux termes de ses actions entreprises malgré sa diminution de budget
au départ. Chacune des actions menées est à reconsidérer. Les premiers pas
faits dans le domaine du patrimoine cinématographique arabo-méditerranéen sont
importants et doivent se poursuivre. Tout le travail accompli dans ce domaine
le fut de manière qualitative. Le programme Cinema Med est bientôt terminé et
les demandes de pays partenaires existent. Il serait dommage que la Commission
européenne ne prenne pas assez en compte le travail effectué et les
institutions ou organismes culturels prestigieux ayant collaboré au déroulement
du projet. Cinema Med a besoin d’une meilleure coordination avec les autres
projets et de donner plus d’envergure à ses actions qui méritent d’être mieux
connues du public.
Elles… aux abords de l’an 2000
est un projet qui demande l’implication en amont d’un diffuseur pour les films
documentaires restant encore à réaliser. Les films s’adapteront ainsi aux
exigences des différents marchés ce dont ils sont cruellement dépourvus depuis
le début. L’intégrité culturelle des sujets de films ne doit pas être touchée
ou transformée mais ces portraits de femmes, aussi intéressants soient-ils, ont
besoin de trouver leur public et ceci à la télévision principalement. Seule
l’exigence de la Commission européenne sur ce point devrait permettre une
meilleure utilisation des budgets mis à disposition ainsi qu’un meilleur choix
sur la qualité des réalisateurs et intervenants.
Euromédiatoon-Viva Carthago
est un projet qui se situe à un point crucial de son développement. Si
justement il est envisagé une amélioration sur le développement des scénarios
de films, il faut le faire vite car seul le premier épisode est en production
actuellement. Les problèmes juridiques, financiers ou logistiques doivent être
réglés le plus rapidement possible (sans la Commission européenne, la mission
semble impossible) si on veut éviter une aggravation de la situation due à des
retards supplémentaires. Il est impératif que les décisions soient prises au
plus vite afin de poursuivre les efforts engagés. Le projet est un défi qu’il
faut relever en mettant toutes les chances de son côté.
Medea est un
programme qui est en train de mener son autocritique, « positive » semble-il
pour l’instant. Le problème majeur étant l’organisation propre à Medea, il va
bien falloir suivre de près attentivement les effets de cette réorganisation en
cours. Que ce soit au niveau des partenaires ou des bénéficiaires, les
problèmes internes assombrissent le travail accompli par Medea sur le terrain.
Il y a de meilleures articulations à trouver entre formation et développement
et de meilleures définitions à donner en ce qui concerne la fiction cinéma de
l’atelier. Medea doit se poursuivre en tant qu’exemple unique sur ce thème en
Méditerranée à condition de trouver des solutions acceptables conséquentes
remédiant au climat actuel qui doit cesser de se dégrader.
Programme Euromed Audiovisuel I
Le programme
demande une meilleure visibilité à travers les médias et chez les
professionnels de l’audiovisuel. Une diminution des retards et
dysfonctionnements serait souhaitable à l’intérieur des services de la
Commission européenne ainsi qu’une meilleure accessibilité aux membres
concernés de la Commission par les coordinateurs de projets. Des retours de la
Commission en réponse aux rapports reçus venant des projets sont tout aussi
souhaitables. Du côté des bénéficiaires, il est également important de réduire
les retards de transmission des rapports et des autres informations
nécessaires.
Programme Euromed Audiovisuel II
La
recommandation principale est d’éviter un temps de latence entre les deux
programmes pour ne pas risquer de décrédibiliser l’ensemble et de compromettre
des actions (projet Europa Cinémas particulièrement). Le suivi à mettre en
place devra être rigoureux (personnes qualifiées) sans tomber dans des demandes
incessantes de contrôles souvent inappropriés aux situations concrètes des
projets. Des études de faisabilité doivent être menées en amont de chacun des
projets choisis afin d’éviter des erreurs lourdes de conséquences. Il faudrait
aussi pouvoir utiliser la complémentarité entre le programme Média et Euromed
Audiovisuel à savoir l’élargissement aux pays tiers des actions spécifiques à
Euromed Audiovisuel comme le domaine du financement et de la distribution.
Enfin, il est regrettable que la contribution budgétaire de la Commission
européenne pour le deuxième programme soit réduite ce qui affectera d’autant la
poursuite des actions à mener.
2) INTRODUCTION
Après la
déclaration de Barcelone de novembre 1995 qui avait défini les grands axes
d’intervention (social, culturel et humain) d’une politique
intergouvernementale dont l’un des buts serait de développer un dialogue entre
les cultures et civilisations euro-méditerranéennes, il a fallu attendre le 15
novembre 1997 à la Conférence de Thessalonique en Grèce afin que soient
annoncées les grandes lignes d’une coopération audiovisuelle. Les participants
se sont mis d’accord sur la mise en œuvre d’un programme qui ferait suite à un
appel à propositions en termes opérationnels.
Les conclusions
de la Conférence de Thessalonique ont permis concrètement le lancement d’une
coopération audiovisuelle euro-méditerranéenne régionale dont les deux
principaux objectifs furent les suivants :
-
Promouvoir l’émergence
d’une « vision » euro-méditerranéenne en multipliant les programmes
sur les régions et en mettant en valeur la richesse et la diversité culturelle
afin de favoriser le rapprochement et la compréhension entre les peuples de
part et d’autre de la Méditerranée.
-
Promouvoir la mise en
réseau des opérateurs audiovisuels au niveau euro-méditerranéen en utilisant
tous les moyens possibles à disposition.
Des objectifs
plus spécifiques furent ensuite définis :
-
Développer, par la
coopération entre opérateurs, le secteur audiovisuel au sud de la Méditerranée.
-
Promouvoir des
transferts de technologie et de savoir-faire dans le monde de l’audiovisuel
euro-méditerranéen, encourageant ainsi la production et la diffusion de
programmes de qualité accessibles au plus grand nombre.
-
Soutenir la
coopération entre producteurs et distributeurs de films et programmes
euro-méditerranéens.
-
Promouvoir la
formation professionnelle et faciliter les investissements de manière à créer
des emplois dans le secteur audiovisuel.
-
Promouvoir la
valorisation du patrimoine audiovisuel et cinématographique relatif à l’espace
euro-méditerranéen.
-
Soutenir la promotion
et la diffusion des œuvres cinématographiques originaires de l’espace
euro-méditerranéen.
Les pays et
territoires concernés par cette coopération sont les 15 Etats membres de
l’Union européenne et les 12 partenaires méditerranéens au sens de la
Déclaration de Barcelone à savoir : Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Israël,
Autorité palestinienne, Liban, Jordanie, Syrie, Turquie, Chypre et Malte.
Le montant du
soutien financier accordé par la Commission européenne à chaque bénéficiaire au
titre du programme MEDA ne pouvait excéder 80% du coût total de l’action
proposée. Le bénéficiaire doit garantir le reste du financement. Six projets
ont été mis en œuvre dans le cadre du premier programme Euromed Audiovisuel,
chaque projet comportant un réseau de partenaires euro-méditerranéens avec un
chef de projet, coordinateur du réseau.
Le rôle de la
culture et plus particulièrement dans ce cadre précis, celui de l’audiovisuel
et des médias, est fondamental dans une optique de meilleure connaissance et
compréhension entre les cultures et les civilisations. Ce domaine a bénéficié
d’une volonté politique forte de la part des 27 pays partenaires
euro-méditerranéens afin qu’une action communautaire soit entreprise au niveau
régional. En l’occurrence, Euromed Audiovisuel a consisté dans son premier
programme à co-financer 6 projets régionaux pluriannuels dans le domaine du
cinéma et de la télévision, correspondant aux critères de l’appel à
propositions relatif au programme :
1)
Europa Cinémas :
soutien aux exploitants de salles de cinéma et aux distributeurs en
Méditerranée ainsi qu’aux festivals dans les pays partenaires méditerranéens.
Renforcement d’une programmation de films sud-méditerranéens dans les salles de
cinéma de l’Union européenne.
2)
CapMed :
création des conditions d’une politique de sauvegarde et de restauration des
archives télévisuelles des pays partenaires méditerranéens parallèlement à
l’élaboration d’une banque de données.
3)
Euromédiatoon - Viva
Carthago : mise en place d’un studio
d’animation dans un pays sud-méditerranéen et réalisation d’une série de 26
épisodes de dessins animés racontant l’histoire du bassin méditerranéen sur
plusieurs siècles.
4)
Elles… aux abords de
l’an 2000 : production d’une série de 12
films documentaires de 52 minutes racontant, à travers des portraits de femmes
arabo-méditerranéennes, des histoires aux destins troublants.
5)
Cinema Med :
valorisation du patrimoine cinématographique de pays arabo-méditerranéens à
travers des rétrospectives, festivals, restauration, conservation de films et
soutien à la formation pour l’écriture de scénarios.
6)
Medea :
soutien au développement de projets de films de long métrage de fiction et de
documentaires. Formation à l’écriture de scénarios, au financement et à la
distribution des projets audiovisuels.
Le rapport
final de l’évaluation à mi-parcours du programme a pour but essentiel l’analyse
détaillée et objective des actions poursuivies depuis deux ans et demie à
l’intérieur des 6 projets retenus et les conclusions s’y rapportant. Il devrait
également permettre de définir des recommandations sur la mise en œuvre du deuxième
programme Euromed Audiovisuel.
Chacun des
projets doit faire l’objet d’une description dans son action et sa forme tout
en suivant des points bien précis relatant les objectifs et les résultats
attendus ainsi que les activités menées.
Les questions
clés horizontales concernant la coordination, la cohérence, la complémentarité
ou la contribution au partenariat euro-méditerranéen ainsi que les critères de
pertinence, efficience, efficacité, impact et viabilité jouent un rôle de tout
premier plan quant à l’analyse du programme, en particulier le critère de
viabilité puisqu’il répond aux possibilités de projections dans l’avenir. Les
conclusions et recommandations apportées en fin de rapport doivent permettre de
regarder la situation différemment au vue des éléments nouveaux apportés pour
une meilleure compréhension de part et d’autre et une autre manière d’envisager
le travail.
La plupart des
actions menées, dans le domaine du cinéma et de l’audiovisuel à l’intérieur des
six projets, ont impliqué de nombreux professionnels de l’image dans les pays
de l’Union européenne et les pays partenaires méditerranéens. Les sommes
d’argent engagées par la Commission européenne ont été très substantielles et
ont marqué ainsi une volonté d’engagement et d’efficacité dans tous les
domaines choisis afin que le programme puisse ainsi se pérenniser dans
l’avenir. Il faut prendre en compte les problèmes de départ à savoir les
projets en eux-mêmes, les pays où ils se déroulent et les nombreuses
difficultés de communication inhérentes aux « acteurs » vivant sur le
terrain et les rapports bureaucratiques spécifiques à la Commission européenne.
Il faut bien
comprendre et considérer que nous parlons ici de « cinéma et
d’audiovisuel » et qu’en l’occurrence ces disciplines demandent une
réactivité et une souplesse d’intervention très importantes afin d’optimiser
les résultats attendus et de saisir rapidement des occasions qui se présentent
pour améliorer la qualité du travail.
Une vue
d’ensemble des projets permet de constater une réelle volonté de traiter des
domaines d’action très différents, quoique toujours complémentaires, regroupant
l’ensemble des métiers de l’audiovisuel en général. Les pays partenaires
méditerranéens ont eu besoin de trouver leurs repères dans une structure à
laquelle ils n’étaient pas habitués et d’explorer à travers leur expérience et
leur culture les chemins les plus faciles à emprunter.
Tous les
éléments positifs et négatifs rencontrés jusque là seront évoqués. Les missions
des trois experts, suivant les compétences et expériences de chacun, dans les
pays concernés par les 6 projets sont la source d’une base de travail et de
réflexion conséquente car concrète et variée allant bien au-delà d’un
simple travail d’interviews de terrain. Au contraire, ces mélanges de cultures
et de traditions bien enracinées jusque dans le quotidien des gens, apporte une
vision pour le moins chargée de sens quant aux rapports humains à générer, à
faire fructifier et à entretenir par la suite dans le travail. Tout repose
sur une politique attentive
de communication. C’est la seule
réponse à l’éloignement et à la différence entre les peuples et c’est de fait
la seule garantie de succès et de poursuite efficace des actions en cours.
Evidemment des questions diverses se posent et les objectifs de départ ne
doivent pas être perdus de vue tout comme les résultats escomptés malgré les
problèmes qui ont pu survenir tout au long de ces deux ans et demi de travail.
La situation actuelle dans les pays arabes ne peut qu’affecter et ralentir les
opérations menées pour cause d’accroissement des difficultés pour travailler
ensemble et se déplacer en toute sécurité. D’un autre côté, cette situation
revêt aussi une importance considérable quant à la prise de connaissance de
l’autre et de sa culture. Le moment semble donc bien choisi pour faire preuve
de réalisme et de détermination et mesurer en toute objectivité les écueils
possibles du programme et tenter d’y remédier pour sa poursuite dans les années
qui viennent.
3) EVALUATION DES 6
PROJETS DU PROGRAMME
A.
EUROPA
CINEMAS
La mission
Europa Cinémas fut la première menée au titre de l’évaluation à mi-parcours au
mois de septembre 2002 au siège du coordinateur du projet à Paris : Claude-Eric
Poiroux.
D’autres
missions Europa Cinémas seront également menées au Maroc, en Israël, en
Territoires palestiniens, en Egypte et en Tunisie.
Le projet
Europa Cinémas/Euromed Audiovisuel a démarré le 24 février 2000 pour une durée
de 36 mois. La contribution financière de la Commission européenne s’élève à 4.000.000
€.
A.1. Objectifs et résultats attendus
Europa Cinémas
a dû remplir un vrai contrat de communication pour être en mesure de pouvoir
déchiffrer le paysage cinématographique sud-méditerranéen durant ces deux ans
et demie de travail dans le cadre Euromed Audiovisuel. Les déplacements
nombreux de l’équipe dirigeante (basée à Paris) à travers tous les pays
partenaires méditerranéens ont permis une vision plus globale des situations de
terrain afin de se donner de bonnes bases de travail. Ce travail de proximité
était le seul possible pour atteindre les populations concernées par le cinéma
et susceptibles de porter un intérêt à la cinématographie européenne dans les
salles. Il faut savoir être proches des partenaires et très concrets dans les
discours. Pour rendre le projet réalisable, il faut saisir l’importance que
revêt le relationnel dans les pays sud-méditerranéens. Une forme de pédagogie
et une initiation à l’Europe ont dû faire partie intégrante de l’environnement
du projet. En ce sens, Europa Cinémas, grâce à son expérience dans le cadre du
programme Média en matière de soutien aux salles de cinéma en Europe, a pu
profiter des leçons apprises lors des années passées, pour s’en servir et
tenter de les appliquer au cadre Euromed Audiovisuel. C’est bien de
compréhension dont il s’agit car les pays concernés, qui sont quelquefois
proches de l’Union européenne sur le plan géographique, sont souvent de
cultures et traditions millénaires qu’il convient de respecter dès lors que
l’on essaie d’imposer des règles strictes souvent éloignées des valeurs
intrinsèques à l’individu. L’objectif premier a donc été celui de se faire
accepter et comprendre sans manifester trop d’impatience et de volontarisme car
un apport financier peut, aussi paradoxal que cela puisse paraître, susciter de
la méfiance et du doute chez celui qui va en bénéficier.
Europa Cinémas
est certainement le projet qui véhicule le plus de contacts tant sur le plan
professionnel que sur le plan du public. Europa Cinémas, qui n’a pas pour
vocation d’intervenir dans le choix artistique des films choisis peut inciter,
grâce à de nombreuses discussions personnelles, à porter un regard qualitatif
sur les choix à opérer.
Il a fallu, au
cours de ces « années pilote », tisser des liens profonds entre les
professionnels du cinéma à l’intérieur de chacun des pays en fonction des
possibilités et des motivations des uns et des autres afin de rendre plus
performante l’activité de distribution et d’exploitation des films dans les
pays partenaires méditerranéens.
L’objectif
d’une meilleure collaboration entre les pays partenaires méditerranéens est
d’une importance capitale car cela devrait permettre une meilleure circulation
des films entre chacun des pays (surtout dans ceux qui parlent la même langue)
qu’ils soient d’origine méditerranéenne ou européenne et d’accroître ainsi une
meilleure visibilité dans le travail accompli par les intervenants. Afin de
motiver les professionnels du cinéma, il faut savoir rendre leur activité
performante de manière à ce qu’ils puissent ressentir une certaine fierté du
travail bien fait. Reste à souhaiter que la profession cinématographique dans
l’Union européenne continuera à suivre l’exemple donné en Méditerranée du Sud
et programmera encore plus de films de cette région dans ses salles. Il est
vrai que la politique de distribution dans les salles européennes suit des
circuits commerciaux bien définis et difficiles à influencer sauf si des sommes
financières conséquentes étaient allouées par la Commission européenne pour
influer sur l’opinion de l’économie du marché de la distribution des films dans
les pays de l’Union (à voir peut-être avec le programme Média). Europa Cinémas
a eu la lourde tâche d’imposer des lignes directrices de fonctionnement qu’il a
fallu rendre plus flexibles avec le temps, compte tenu des difficultés
géopolitiques et conflictuelles liées à certains pays. Persévérance et
persuasion sont les deux mots clés de ce travail de fond.
A.2. Bilan des activités menées et analyse pays
par pays
Europa Cinémas
mène depuis 1992, dans le cadre du programme Média, une action de programmation
de films européens à travers l’Europe communautaire jusqu’aux pays d’Europe
centrale et orientale (50 pays). Il était donc presque normal voire logique que
le réseau puisse aussi s’implanter dans les 12 pays partenaires méditerranéens
afin de renforcer son action de programmation dans les salles de cinéma du Sud
de la Méditerranée et de nouer des liens productifs avec les exploitants et les
distributeurs des pays concernés. Par ailleurs, un soutien aux festivals de
cinéma de cette région ajoute un troisième volet au travail à entreprendre afin
d’assurer à la fois la promotion et la mise sur le marché de films européens et
sud-méditerranéens. La bonne connaissance des pays de l’Union européenne et
au-delà ainsi que celle des différents mécanismes de soutien des instances
européennes diverses a permis à Europa Cinémas d’imposer plus facilement le
cinéma sud-méditerranéen dans les salles de cinéma de l’Union. Cette grande
compétence et ce professionnalisme reconnus depuis des années, dus à la fois à
l’expérience de terrain et à la qualité du directeur et son équipe, a permis à
l’expert une prise en compte rapide et claire des aspects positifs et négatifs
quant au travail accompli jusque là et un passage en revue des différents
problèmes posés afin d’évoluer vers une réflexion constructive. Il était
intéressant pour l’expert 1 de mener sa première mission au siège Europa
Cinémas à Paris pour commencer cette évaluation car il s’agit, surtout dans le
cas de ce projet précis, d’une prise de connaissance directe du terrain puisque
les 27 pays euro-méditerranéens sont ici concernés et révèlent une disparité
telle que l’évaluation n’a pu se faire précisément que pays par pays.
Les missions
relatives au projet Europa Cinémas menées par l’expert 1 par la suite dans
certains des pays partenaires méditerranéens (Maroc, Israël, Autorité
palestinienne avec des compléments d’information recueillis en Tunisie et en
Egypte) ont pu démontrer et mettre à jour la réalité quotidienne des différents
intervenants (partenaires et bénéficiaires) et la motivation des uns et des
autres en fonction des pays où ils résident.
La première
année d’activités a été basée principalement sur la promotion des lignes
directrices du projet à travers divers documents dont un dossier détaillé qui a
été envoyé à tous les exploitants, professionnels du cinéma et institutions
cinématographiques. La plupart des salles de cinéma pouvant faire partie du réseau,
situées majoritairement dans les grandes villes des pays partenaires
méditerranéens, ont été visitées à commencer par les capitales. Deux types de
contrat ont ainsi été mis en place pour les salles. Ce processus a pris effet
en deux temps de façon à créer un système incitatif pour certains pays (Maroc,
Algérie, Tunisie) car il existe un manque évident de films sur le marché. C’est
le soutien aux salles qui a démarré en premier car il s’agit d’un dispositif
concret qui a donné tout de suite un aspect « vitrine » au projet en
lui-même. C’est la salle de cinéma qui est le lieu de rencontre par excellence
car elle dégage une vraie dynamique et la convivialité recherchée. Le contrat
est renouvelé chaque année car il prend en compte les exigences requises quant
à la qualité des salles tant sur le plan technique que sur le plan du confort.
Des formulaires de demande de soutien et de candidatures (exploitation ou
distribution) sont régulièrement envoyés pouvant aboutir à la rédaction d’une
convention/type entre Europa Cinémas et un exploitant. Il devra se soumettre
aux critères et mécanismes à respecter pour l’obtention des subventions qui lui
seront ou non versées.
Durant l’année
2000, le nombre d’écrans pour le cinéma européen a augmenté progressivement
tandis que l’aspect distribution n’est apparu qu’à la fin de cette même année.
Une des règles étant qu’une société de distribution ne pourra pas obtenir de
soutien pour plus de 5 films par an sur un même territoire. Un comité d’experts
(10 personnes) déjà existant a été élargi à 2 membres supplémentaires pour
Euromed Audiovisuel : une réunion a lieu tous les six mois afin
d’apprécier le travail des exploitants et décider des subventions à verser. La
Conférence annuelle Euromed Audiovisuel à Rabat en septembre 2000 a mis en
évidence la difficile logique de marché (exploitation/distribution) qui revêt
bien souvent encore un caractère risqué et aventureux.
Dès le premier
semestre 2001, le nombre d’écrans Europa Cinémas a doublé passant de 30 à 60
dans 11 pays partenaires sud-méditerranéens sur 12, Chypre ne figurant pas
encore sur la liste des pays demandeurs. La distribution connaît alors un bond
important puisque 19 films sont distribués dans les premiers mois de l’année.
Le nombre de copies de films par salle va également en augmentant. Tout ceci
amenant le secteur distribution à 35 films soutenus à la fin de l’année 2001.
On peut donc affirmer que la distribution est monté en flèche et que le parc de
salles s’est agrandi de manière régulière. Le bond en avant connu par la
distribution en 2001 a intégralement utilisé le budget de soutien alloué à ce
secteur.
Les premières
demandes pour les festivals sont apparues aussi en 2001 : deux en
provenance du Liban (Festival de Beyrouth et un festival itinérant sur 9
sites), deux en provenance de la Turquie (Festival européen dans 4/5 villes et
le Festival international du film d’Ankara) et une demande en provenance de
Tétouan.
Au fil des ans,
les candidatures se sont multipliées mais de manière inégale en fonction des
pays et de leurs infrastructures. Les contacts jusqu’ici ont été nombreux et
prometteurs ayant abouti, dans le cadre Euromed Audiovisuel, à l’adhésion de 34
salles de cinéma (72 écrans dans 9 pays partenaires méditerranéens) et à la
distribution de 108 films européens ou sud-méditerranéens (514 copies) avec 21
sociétés de distribution différentes à l’intérieur de 9 pays du Sud de la
Méditerranée. En ce qui concerne les entrées en salles, Europa Cinémas a pu
comptabiliser 2 740 185 spectateurs jusqu’ici dans les pays partenaires
méditerranéens. Le soutien aux festivals de cinéma commence à émerger avec 5
festivals soutenus dans 2 pays sud-méditerranéens et 13 villes différentes. De
nouvelles salles (16 pour 41 écrans) sont candidates au réseau ainsi que 4
festivals de cinéma dans 3 pays. Les festivals de cinéma sont très utiles pour
stimuler l’esprit de découverte et participer à la promotion du cinéma européen
et sud-méditerranéen. Dans l’Union européenne, 91 salles sont soutenues pour
leur programmation de films sud-méditerranéens. L’action menée est récurrente,
parfois sur un terrain accidenté, mais donnant aussi des surprises positives
d’envergure. Une documentation variée et de qualité donne une bonne visibilité
au projet.
D’ailleurs, les
bénéficiaires n’hésitent pas à promouvoir à travers leurs nombreux documents
(catalogues, affiches, billets d’entrée, films, documents et panneaux
publicitaires) le soutien Europa Cinémas / Euromed Audiovisuel en apposant le
logo créé spécifiquement pour le projet. C’est la fonction d’appartenance à un
réseau qui joue ici son rôle de fédérateur et de « metteur en
lumière ». Les exploitants et distributeurs de films des trois pays du
Maghreb faisant partie du projet ont décidé récemment de rapprocher leur
savoir-faire et de travailler ensemble pour stimuler les énergies dans leurs
propres pays. La presse a d’ailleurs émis un écho favorable à ce rapprochement
décidé lors de la dernière Conférence annuelle Europa Cinémas à Paris en
novembre 2002. Des actions communes ont envie de voir le jour car dans les pays
difficiles et isolés sur le plan culturel, une association de compétences avec
les professionnels les plus motivés du réseau ne peut donner que des résultats
positifs et remarqués.
On peut
également ajouter que pendant les deux premières années, toutes les Délégations
de la Commission européenne des pays partenaires méditerranéens ont été en
premier lieu informées par écrit, voire plus, en fonction de leur
disponibilité. Dans la mesure du possible, des contacts ont été pris sur le
terrain afin d’obtenir des soutiens logistiques ou de coordonner certaines
actions. Il faut prendre en compte qu’une certaine disparité existe dans ces
organismes en fonction des lieux et des personnes. On peut toutefois noter que
les festivals des Délégations de la Commission européenne se multiplient et
s’enrichissent.
Analyse pays par pays
MAROC
C’est le seul
pays du Maghreb qui a pu bénéficier d’une enquête approfondie grâce à la
mission menée par l’expert 1 sur le terrain, donnant ainsi un éclairage le plus
proche possible de la réalité sur l’industrie cinématographique et sur le
positionnement de Europa Cinémas dans ce pays en pleine mutation.
Le pays est en
plein essor avec ses 150 salles de cinéma en activité qui bénéficient aussi
d’un système d’aide à la rénovation. Un complexe de 14 salles, dirigé par un
exploitant français, s’est même implanté en centre ville de Casablanca depuis
mai 2002. Cette présence suscite à la fois des résultats positifs et
négatifs ; en effet, c’est un lieu de prestige dont la plus grande salle
(800 places) est magnifique et qui attire une clientèle jeune et motivée. Le
but recherché de l’exploitant, si l’affaire marche, est de s’implanter de la
même manière dans d’autres villes du Maroc comme Marrakech ou Agadir par
exemple. Par contre, la proximité avec des salles « indépendantes »
pose des problèmes : fréquentation faible d’où une menace de fermeture
pour certaines d’entre elles et grande difficulté pour d’autres de continuer
d’occuper le terrain. Malgré tout, la motivation est forte bien que la
concurrence soit énorme entre les salles qui sont pourtant à peu près
alimentées régulièrement en films.
Depuis le
lancement d’Euromed Audiovisuel, le Maroc est leader concernant le nombre de
salles Europa Cinémas implantées en profondeur dans le pays (Casablanca, Rabat,
Marrakech, Tétouan, Tanger, Salé, Settat). Le Centre cinématographique marocain
(CCM) fait travailler 220 personnes, ce qui est beaucoup pour un pays qui
produit aussi peu de films, et affiche un fonctionnement dynamique le plus
efficace de tout le Maghreb. Paradoxalement, le Maroc est le dernier des pays à
demander des aides à la distribution. C’est la difficulté d’approvisionnement
en films qui cause le plus de problèmes pour l’exploitation du cinéma en salles
et c’est pourquoi le soutien apporté par Europa Cinémas est vécu comme un signe
fort d’encouragement. Le film européen est principalement d’importation
française : ce sont les films d’actions ou de comédies qui marchent le
mieux. Il faut savoir que sur les 150 salles existant au Maroc, 120 passent des
films indiens de manière très traditionnelle. Certains exploitants sont aussi
distributeurs ce qui leur permet, grâce au soutien Europa cinémas, de pouvoir
commander un nombre suffisant de copies pour alimenter aussi d’autres salles.
Sans aide, impossible de sortir des films européens mais ce n’est pas incitatif
pour tout le monde. C’est la guerre entre les distributeurs. Le boycott actuel
des valeurs américaines pourrait toutefois donner de bonnes opportunités pour
les films européens.
Malgré un
dynamisme évident, le cinéma marocain est en mauvaise santé dans le domaine de
la production car les films pour la plupart ne sont pas bons. Pourquoi les
films des autres pays du Maghreb ne sont pas montrés au Maroc ? La plupart
des exploitants de cinéma évoque aussi la difficulté pour eux de promouvoir
correctement les films européens et insiste sur l’importance de pouvoir les
sortir en même temps que la France afin de bénéficier de la promotion de la
télévision française, très regardée au Maroc. Dans l’ensemble, les salles sont
belles, grandes, accueillantes, rénovées ou en voie de rénovation. Certaines
sont même classées. D’autres vont encore ouvrir et réclamer un soutien à Europa
Cinémas dont le rôle est de plus en plus apprécié à travers le pays. Des
festivals bénéficient également de son soutien comme celui de Marrakech
(festival international) par exemple pour la 2ème année consécutive.
En conclusion,
on peut dire que le Maroc essaie de se construire une image
« cinéma » forte. La production cinématographique marocaine ne trouve
pas de marché à l’étranger ni même bien souvent une place dans les festivals de
cinéma internationaux. Le problème des salles reste complexe. C’est toute une
éducation du public à faire ou refaire qui s’est laissé envahir par les films
indiens ou américains (de série B ou C). La « percée » européenne est
importante car les professionnels du cinéma sont demandeurs et à l’écoute. Le
cinéma doit redevenir une sortie événement malgré l’omniprésence de la
télévision (chaînes par centaines) et des formes de piratage incontrôlées.
ALGERIE
Avant
l’indépendance, le pays comptait plus de 500 salles de cinéma. Beaucoup d’entre
elles ont fermé et sont en très mauvais état. Celles qui ont été rénovées sont
soumises à des retards très importants empêchant la réouverture. Les problèmes
d’infrastructures sont énormes. Il faut bien prendre en compte la situation
politique grave du pays depuis maintenant plus de dix
ans et des
conséquences dramatiques sur sa population. Deux salles Europa Cinémas (3
écrans) existent pour l’instant. Le cas de la Cinémathèque d’Alger reste une
option sérieuse pour Europa Cinémas bien qu’il s’agirait là d’une aide et
mesure exceptionnelles mais compte tenu de la situation du pays et de
l’importance de sa Cinémathèque, la proposition d’adhésion mérite d’être
attentivement regardée. Quant à la distribution, elle est organisée de manière
différente que dans les autres pays du Maghreb puisque la plupart des
distributeurs est installée à la fois à Paris et à Alger. Trois sociétés de
distribution sont soutenues par Europa Cinémas. Le problème des salles reste à
débloquer ; la situation semble figée pour l’instant mais de nouveaux
contacts ont été pris à Alger (2 salles), Oran et Constantine.
TUNISIE
Les salles de
cinéma en Tunisie sont très vétustes mais grandes. La plupart d’entre elles
sont situées au centre ville de Tunis qui est un endroit assez vide le soir et
qui se dégrade progressivement. Jusqu’à présent, une salle à Tunis a bien
rempli son contrat avec Europa Cinémas car elle est située dans un endroit
résidentiel vivant, proche de l’université et éloigné du centre ville. Les
sorties de films se font de manière un peu trop confidentielle à cause du
manque de public et sont très localisées de façon à ne pas générer trop de
dépenses. C’est un cercle vicieux puisque la distribution de films existe mais
sans promotion à cause du manque de spectateurs. Une société de distribution
actuellement est soutenue par Europa Cinémas. De plus, le prix du terrain est
très cher et les problèmes d’infrastructures sont tels que même les films
américains sortent dans de mauvaises conditions. En dehors de Tunis, seule une
salle de cinéma à Bizerte répond aux normes d’Europa Cinémas avec beaucoup de
difficultés malgré une implication maximum. Malgré tout, plusieurs salles
actuellement sont en cours de rénovation et devraient bientôt être candidates à
Europa Cinémas. La Délégation de la Commission européenne organise depuis 2 ans
un festival de cinéma européen et n’a pas fait appel pour la première édition
en 2000 à une salle Europa Cinémas. La deuxième année, la salle Europa Cinémas,
qui a cette fois-ci pu collaborer avec la Délégation de la Commission
européenne, n’avait pas encore été dédommagée de ses frais par la Délégation
lors du passage de l’expert 1 à Tunis en octobre 2002. Toutefois, l’exploitant,
très motivé, souhaiterait la tenue d’un festival deux fois par an afin
d’accroître l’événementiel pour mieux « accrocher » le public. La situation
en Tunisie est difficile mais non figée grâce à des exploitants de bonne
volonté qui misent sur une amélioration du parc de salles et une diversité dans
la programmation.
EGYPTE
La situation de
la production du cinéma en Egypte est catastrophique pour les films égyptiens
(15 films produits en 2002 au lieu d’une trentaine l’année précédente), le tout
s’ajoutant à une pénurie d’écrans de cinéma puisque moins de 100 salles
existent au Caire pour 16 millions d’habitants. Les salles de cinéma ne montrent
que des films américains ou égyptiens et lors de périodes bien précises qui
excluent tout l’été ainsi que les jours de fête importants. Ceci pour démontrer
la multiplicité des handicaps existant dans les manières de fonctionner. Il n’y
a pas de tradition du film européen en Egypte ; même les films des autres
pays arabes ne sont pas montrés. Le cinéma européen n’est peut-être pas
représenté en Egypte mais aucune véritable initiative n’a été prise dans ce
secteur à ce jour. Un complexe de 6 salles en cours de finition a été visité
par l’expert en octobre 2002 au Caire et aurait posé depuis sa candidature pour
adhérer à Europa Cinémas. Même démarche pour un autre exploitant de complexe à
Alexandrie. C’est un véritable travail de pionnier à accomplir dans ce vaste
pays demandant un investissement personnel considérable dans le but de
convaincre. Pour l’instant, au vue de la situation et du grand nombre de
difficultés, la voie d’entrée sur le marché semblerait ne pouvoir se faire que
par la distribution (2 sociétés soutenues actuellement).
ISRAEL
On est ici en
présence d’une distribution de films qui s’apparente à celle des pays
européens.
Le parc de
salles est très développé (plusieurs centaines pour 6 millions d’habitants)
avec beaucoup de complexes. C’est le seul pays au monde contenant autant de
multiplexes sur une si petite superficie avec un nombre de spectateurs
potentiels aussi limité (entre 4 et 5 millions). Les sociétés de distribution
sont très puissantes et les cinémathèques (surtout Jérusalem) très actives. De
gros budgets sont alloués pour la sortie des films qui bénéficient également
d’une promotion et d’un suivi médiatique importants. La production de films et
l’exploitation de salles sont très développées. Le nombre d’écrans (18) aux
normes Europa Cinémas est le plus développé de tous les pays et se situent pour
la plupart à Tel Aviv et dans ses faubourgs ainsi qu’à Jérusalem. Trois
sociétés de distribution sont également soutenues par Europa Cinémas.
La crise
économique qui sévit actuellement en Israël et qui touche tous les domaines a
entraîné une chute de la fréquentation des salles de cinéma d’au moins 30%,
surtout celles situées en dehors de Tel Aviv. Israël n’étant pas tout à fait un
pays comme les autres, il faut se rendre compte de la réalité du conflit qui
réside dans cet Etat depuis des décennies. Le moral des gens est très affecté
et les attentats ne sont pas forcément favorables au retour du public dans les
salles de cinéma. Toutefois, la vie continue malgré l’insécurité avec la création
cinématographique et la diffusion de films européens et méditerranéens assez
variés avec des prises de risques financiers d’envergure. Les enjeux pour la
Commission européenne sont ici importants et doivent être regardés au plus près
car ce pays du Moyen Orient n’a rien de comparable avec ses voisins et possède
de fait une originalité et une richesse à exploiter.
AUTORITE
PALESTINIENNE
Il n’y a
pratiquement pas de salles de cinéma. Beaucoup de contacts avec les Libanais et
les Egyptiens pour l’acheminement des copies de films. L’autre source
d’approvisionnement en films est Jérusalem Est. Une exception pourtant avec une
salle à Ramallah qui fait un travail de premier plan sur le cinéma européen
dans des conditions très difficiles (l’exploitant est aussi distributeur). La
situation en Territoires palestiniens est extrêmement complexe et préoccupante
car la conjoncture économique est totalement déplorable. L’épuisement et la
lassitude de la population palestinienne face à cette situation de guerre entraînent
une forme de résistance qui passe aussi par les arts. L’aide apportée par
Europa Cinémas pour la salle de Ramallah et la distribution des films est très
bienvenue mais jugée insuffisante au vue des besoins et de l’entretien de
l’endroit. Le bureau de représentation de la Commission européenne pour les
Territoires palestiniens effectue un travail remarquable de relais sur le
terrain. Sont en projet d’adhésion Europa Cinémas des salles à Bethléem,
Naplouse et Jérusalem Est. L’existence même à Ramallah d’un très beau lieu
culturel qui marche bien (évidemment en fonction des éventuelles incursions
militaires qui stoppent toute activité) est très motivant pour les dirigeants
du lieu et pour le public qui s’y rend. Il est indispensable de continuer de
soutenir de manière très substantielle un lieu culturel qui est aussi un refuge
intellectuel et permet de faire évoluer les pensées et les idées.
JORDANIE
Les films
montrés dans le pays sont des films américains de série B comme ceux montrés
également en Syrie. Une salle pendant un an à Amman a tenté de remplir ses
objectifs Europa Cinémas sans jamais y parvenir. La salle a fermé depuis. Il
n’y a que très peu de salles dans la capitale. Un complexe a ouvert récemment
mais peu de chiffres ont été donnés depuis l’ouverture. Pour l’instant, un
complexe de deux écrans est envisagé dans le nouveau Hilton de Amman. Le
problème le plus important en Jordanie pour la distribution des films est le
manque de salles et d’écrans. Quant au prix des places de cinéma, il est excessivement
cher : 9 €. Beaucoup de contraintes existent dans ce pays où les contacts
avec la Délégation de la Commission européenne sont inexistants.
LIBAN
Beyrouth est la
plaque tournante de la sortie des films en provenance de l’Europe et des Etats
Unis. C’est un système de sous-distribution de films qui touche aussi bien les
pays tels que l’Egypte, la Syrie et la Jordanie mais aussi les pays du Golfe
dans lesquels certains complexes de salles sont tenus par des Libanais. Le
Liban est un petit pays de 3 millions d’habitants (plutôt francophone et
francophile) dont le public de cinéma semble plus ouvert à l’Europe que dans
certains pays voisins. Un accord distributeur/exploitant a vu le jour dans le
cadre d’une distribution régionale, dont l’Egypte, la sous-distribution étant
assurée par un exploitant du Caire. A ce jour, dans le pays, il existe 3 salles
Europa Cinémas mais d’autres salles aussi mettent des films européens à
l’affiche (soutien à 6 sociétés de distribution). Plusieurs festivals de cinéma
à Beyrouth affichent le label Europa Cinémas. La Délégation de la Commission
européenne est également active dans le secteur du cinéma.
SYRIE
La Syrie ne
compte que peu de salles toutes concentrées à Damas et Alep. Les films sont
proposés aux exploitants aux enchères d’où les limites de marché évidentes. Si
les films sont choisis directement vers l’extérieur, les taxes à acquitter sont
énormes. Seule exception les salles Cham, situées sous forme de complexes dans
l’hôtellerie à Damas et Alep, bénéficient du soutien Europa Cinémas (4 écrans).
La fréquentation des salles est principalement étrangère. Les films viennent de
Beyrouth ; le circuit est donc très limité. Une seule société de
distribution est soutenue par Europa Cinémas. Des idées de festivals ont été évoquées
mais non encore abouties. Peu d’informations ni de demandes. Le budget de la
Délégation de la Commission européenne est presque intégralement consacré à
l’archéologie.
TURQUIE
En dix ans, le
nombre de salles Europa Cinémas en Turquie a été multiplié par 15 puisque le
pays a bénéficié du programme Eurimages du Conseil de l’Europe dès 1994. Le
passage par Eurimages pour les demandes de soutien est obligatoire avant de
passer par celui d’Euromed Audiovisuel, les deux n’étant pas cumulables. La
coordination qui existe entre Eurimages et Euromed Audiovisuel est réduite au
minimum ne faisant que rendre plus difficile les contacts à assurer. Dans le
cadre d’Eurimages, 50 écrans dans trois villes sont des écrans Europa Cinémas.
La ville d’Izmir a été la première à adhérer à la procédure Euromed Audiovisuel
avec 3 écrans dès 2001. Dix écrans de plus (Ankara et Istanbul) sont venus les
rejoindre depuis. Quant à la distribution, une seule société pour le moment
reçoit le soutien Europa Cinémas. La Turquie, de par sa situation géographique
à la fois proche de l’Europe sans faire partie de la Communauté et grand pays
de la Méditerranée, ne peut pas être évaluée comme un bénéficiaire du réseau
Europa Cinémas ordinaire. Elle bénéficie d’une ancienneté et d’une approche
différentes des autres pays méditerranéens en matière d’exploitation et de
distribution du cinéma en salles.
CHYPRE
La situation la
plus chaotique qui soit, due en partie aux différents mécanismes de soutien
européen par lesquels Chypre est passée : Eurimages d’abord, puis deux
fois le programme Média et enfin Euromed Audiovisuel. L’alimentation en films
méditerranéens de Chypre peut provenir de distributeurs grecs ayant les droits
pour Chypre ou bien de distributeurs libanais. Un seul présent à Beyrouth et
Chypre est en contact avec toutes les salles et distribue des films européens.
Il y a une volonté évidente de regroupement des anciennes salles de l’île. A
l’heure actuelle, trois candidatures de salles sont en vue pour Europa Cinémas
à Nicosie et Larnaca.
MALTE
L’île reste
très « anglaise » dans son cinéma. La culture anglo-saxonne fait
partie du paysage. Les salles sont belles et très modernes gérées par quatre
sociétés d’exploitation de films. Il existe également des multiplexes. La
forteresse de La Valette renferme un lieu culturel qui comporte une salle
Europa Cinémas à l’intérieur. Par ailleurs, il n’existe qu’une seule société de
distribution de films à Malte qui a le monopole et l’exclusivité de tous les
films. Une difficulté majeure existe également car le sous-titrage des films
n’est pas accepté. Problèmes de promotion des films aussi. La vraie question
qui se pose actuellement est celle de l’opportunité d’une continuité en matière
de soutien malgré tous ces obstacles inhérents à la culture interne de l’île.
A.3. Critères d’évaluation
L’analyse de
l’évaluation Europa Cinémas/Euromed Audiovisuel telle qu’elle est précédemment
décrite fait bien ressortir l’existence d’un vrai projet professionnel de type
institutionnel ayant pu bénéficier d’une expérience du même type menée dans le
cadre de l’Union européenne et au-delà. Ceci pour dire que Europa Cinémas, qui
ne collabore pas avec des partenaires spécifiques dans les pays
euro-méditerranéens à l’intérieur de son projet mais seulement avec des
bénéficiaires issus de la Méditerranée du Sud et de l’Union européenne,
justifie une approche particulière dans l’évaluation quant au travail accompli
qui appelle toutefois des réponses précises aux questions qui se posent
maintenant.
L’analyse pays
par pays se justifie complètement au vue des interlocuteurs concernés dans les
pays partenaires méditerranéens car elle rend compte de l’extrême difficulté
d’action inhérente aux pays eux-mêmes dans la région concernée par le
programme.
Grâce à la
diversité et la cohérence des missions menées par l’expert 1 sur le projet
Europa Cinémas, il a été possible de mener des enquêtes de terrain riches et
approfondies débouchant sur une évaluation qui a pu permettre non seulement de
rendre compte de résultats concluants quant aux objectifs fixés mais de
rencontres humaines passionnantes et déterminantes.
Pertinence
Le
projet, de par sa diversité et son professionnalisme, a rempli beaucoup des
objectifs fixés au départ. Une prise en compte réaliste des nouveaux terrains
d’action a vu le jour afin d’optimiser les résultats. Le nombre de salles de
cinéma, de distributeurs et de festivals aidés est en train de s’accroître.
Toutefois, une flexibilité dans les lignes directrices du programme semble de mise
pour une meilleure compréhension et atteinte des objectifs spécifiques au
projet. L’ensemble reste cohérent avec des ajustements nécessaires en fonction
des pays concernés. Le travail de terrain de l’équipe dirigeante a joué un rôle
déterminant quant au facteur de persuasion et la mise en place d’une politique
audiovisuelle euro-méditerranéenne qui commence à porter ses fruits. Les
problèmes (tous différents d’un pays à l’autre) sont maintenant décelés et
contournés au mieux afin de pouvoir répondre aux attentes de part et d’autre.
Des propositions d’intervention différentes devraient pouvoir aussi intervenir.
Efficience
Beaucoup
de leçons ont été tirées de ces presque trois ans d’activités. Si les délais
impartis n’ont pas forcément toujours été respectés, c’est que la connaissance
du terrain est passée avant tout avec juste raison. On ne peut pas travailler
correctement dans un environnement qu’on ne maîtrise pas. Il faut savoir
répondre aux bonnes questions aux bons moments. Il est vrai que les pays partenaires
méditerranéens n’attendent pas tous la même chose du projet Europa Cinémas et
font eux-mêmes des propositions à regarder au plus près. Les méthodes
d’intervention sont convenables et cadrent bien les actions au démarrage ;
ensuite, un nouveau regard s’impose car les façons de travailler diffèrent
tellement d’un pays à l’autre au regard de sa culture, ses traditions et sa
situation géopolitique du moment.
Efficacité
La
considération du monde du cinéma par la Commission européenne, à l’intérieur des
pays sud-méditerranéens, est une initiative forte et bien ciblée. Les
bénéficiaires du projet éprouvent une certaine fierté de faire partie du
programme Euromed Audiovisuel qui véhicule des ressources en termes financiers
bien sûr mais aussi en terme de relationnel, de compréhension et ouverture
d’esprit mutuelles. Les résultats planifiés peuvent dépasser les espérances
(rencontre des 3 pays du Maghreb du programme en novembre 2002 à Paris) alors
que des problèmes inattendus peuvent aussi survenir dans d’autres cas. Une
route a été tracée afin de maintenir une ligne. Cette ligne risque fort de ne
pas rester toujours droite au regard des méthodes de travail dans certains des
pays. Les résultats relatés dans le bilan des actions menées montrent bien à
travers les chiffres obtenus combien il est encore difficile de tirer des
conclusions hâtives et définitives relatives aux bénéficiaires concernés.
Impact
L’impact
est assurément fort. Europa Cinémas a créé des synergies évidentes inter-
régionales. Des rendez-vous sont pris régulièrement. Les professionnels du
cinéma dans les pays partenaires sont rassemblés tous ensemble plusieurs fois
dans l’année ce qui influe fortement sur leurs capacités professionnelles et
leurs possibilités d’être entendus. Cette dynamique est importante car elle est
entièrement tournée vers la communication et la reconnaissance du travail. Le
travail dont il s’agit ici est lourd à monter mais indispensable quand on
traite avec l’ensemble de tous les pays euro-méditerranéens. La visibilité du
projet existe bien et renforce la visibilité du programme Euromed Audiovisuel
tout entier. L’équipe joue de son savoir-faire en la matière et de son sens de
l’information et de la communication.
Viabilité
Le
projet Europa Cinémas a démontré depuis longtemps qu’il fonctionne bien, au
regard de ses activités menées avec succès depuis plus de 10 ans en Europe. La
Commission européenne doit maintenir sa contribution budgétaire indispensable à
la mise en place du deuxième programme Euromed Audiovisuel. Europa Cinémas a
fait ses preuves dans les pays partenaires méditerranéens qui doivent
bénéficier d’un suivi efficace et adapté. La consolidation du projet doit
peut-être passer par l’exploration de nouveaux domaines et l’abandon de
certains ; des recommandations seront d’ailleurs faites dans ce sens.
Certains réseaux créés (Maghreb par exemple) devraient pouvoir commencer et
continuer de fonctionner ensemble sans l’assistance de la Commission européenne
dans certains domaines. C’est une première étape dans le fonctionnement et les
attentes réciproques sont déjà chargées de résultats probants.
B. CAPMED
Les missions CapMed furent menées au titre de
l’évaluation à mi-parcours en octobre 2002 au siège de l’ERTU (télévision) au
Caire et de JRTV (télévision) à Amman, en novembre à Marseille au siège de la
coordinatrice du projet, Nancy Angel et enfin en décembre auprès de ENTV
(télévision) à Alger et de 2M et TVM (télévisions) au Maroc.
Le projet CapMed a démarré le 23 mars 2000
pour une durée de 42 mois. La contribution financière de la Commission
européenne s’élève à 3.825.066 €.
B.1.
Objectifs et résultats attendus
Le projet vise à sauvegarder et à valoriser le patrimoine audiovisuel des télévisions des pays partenaires méditerranéens que sont l’Italie, la Grèce, la France, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, la Jordanie, l’Autorité palestinienne, la Turquie, Chypre et Malte.
Les résultats attendus sont les
suivants :
- Création des conditions d’une politique de
sauvegarde effective dans chacun des sites, et d’un transfert des archives à
verser dans CapMed.
- Création d’un service simple et rapide
d’accès à un fonds d’archives audiovisuelles méditerranéennes qui répond aux
besoins dans ce domaine et augmenter la visibilité du patrimoine méditerranéen.
Le fonds sera organisé au sein d'une banque de références thématique,
multimédia, multilingue et consultable en ligne via le site Internet CapMed.
Le projet CapMed est un des projets les plus
complexes et les plus ambitieux du programme Euromed Audiovisuel. Il est
particulièrement lourd et dépend à la fois de la bonne volonté des équipes
nationales, de la situation politique et de la fiabilité des machines. Il est
mené de manière extrêmement efficace et dynamique par le coordinateur du projet,
l’Institut National de l’Audiovisuel (INA/France), à partir de la filiale de
Marseille. CapMed regroupe douze télévisions nationales publiques, deux
organismes universitaires et un organisme détenteur d’archives.
La coordinatrice du projet, Nancy Angel, est
épaulée par Denis Frambourg, responsable du plan sauvegarde des archives de
l’INA et par Vincent Prost, responsable des outils informatiques. II faut enfin
souligner le haut niveau des coordinateurs désignés par chaque organisme
partenaire, leur assiduité et leur implication dans la mise en oeuvre des
actions, ce qui augure de bien des résultats finaux.
B.2.
Bilan des activités menées et analyse pays par pays.
Du retard a été constaté dans les actions prévues la première année,
concernant essentiellement la mise en œuvre des formations et le développement
de la base de données. La principale raison fut le parti pris d'utiliser au
maximum les ressources internes au réseau CapMed. Une autre raison du retard
fut la nécessaire étape de rodage et d'acculturation au projet, aux personnes,
aux méthodes, sachant qu'entre la montée en puissance du projet et son
démarrage beaucoup de changements sont intervenus dans la région, que CapMed a
perdu certains partenaires (TVC Espagne, TV Israël et TeleLiban) tandis que
d'autres l’ont rejoint (TRT, CyBC, TVM) et que lors de la réunion de démarrage
d'avril 2000 à Marseille bon nombre de participants découvraient le projet et
se rencontraient pour la première fois.
Le point le plus positif de la première année
fut, chez toutes les Télévisions partenaires, un changement d'attitude tangible
à l'égard de leurs Archives.
Les coordinateurs du projet CapMed se
réunissent 3 à 4 fois par an. Ces réunions tournantes, dans des villes
différentes, permettent à chaque équipe de participer au moins à une réunion.
Les informations sont alors retransmises au sein des équipes nationales. Les
réunions de coordination sont des réunions décisionnelles au cours desquelles
chaque volet du projet est passé en revue et poussé en avant.
- Volet Sauvegarde
Chaînes de transfert vidéo : Les premières expertises effectuées
sur chaque site ont permis d'effectuer un premier diagnostic des besoins
(remise en état des chaînes de transfert) et de définir des priorités, des
procédures et un plan de travail. Un comité technique a été constitué composé
d'un représentant de l'ENTV, l'ERT, l'ERTU, JRTC et TVM, piloté par le
coordinateur du volet sauvegarde (INA). Il a ensuite été procédé au lancement
d’un appel d’offre afin d’effectuer localement la remise en état de marche des
chaînes de transfert 2 Pouces. Les sociétés KVS (France) et Vectracom (Italie)
ont été choisies. Il s’en est suivi la mise en oeuvre des actions de remise en
état des chaînes de transfert vidéo sur chacun des sites. Les transferts ont
alors commencé jusqu’à la phase de 20 heures par mois.
Il reste à acheter deux machines à nettoyer les bandes 2 Pouces pour
l’ERTU et TVM. Par contre, des difficultés techniques de mise en œuvre des
transferts de sauvegarde des bandes 2P ont été constatées. Ces difficultés sont
dues à la fragilité et au manque de fiabilité inhérent aux machines 2P. Des
demandes de maintenance ont été formulées.
Chaîne de transfert films : des locaux ont été affectés et
rénovés. La livraison des télécinémas et la réfection des équipements est
prévue pour le début de 2003. Elles ont été accompagnées par une formation
« exploitation » films qui a eu lieu à Chypre en janvier 2003.
Il reste à fournir des machines à nettoyer la pellicule film, appareils
qui s’avèrent nécessaires pour réaliser un travail de qualité lors des
transferts télécinéma. Huit partenaires seront dotés de ces machines.
Restauration : les travaux de restauration envisagés sur une
partie des programmes sélectionnés pour alimenter la base CapMed ont été
illustrés par la présentation d’extraits d’émission restaurés. Pour rappel, la
restauration s’applique aux images animées et aux sons après transferts de
sauvegarde et vise à supprimer des défauts visibles et audibles (bruits,
rayures, etc.) et à améliorer la qualité (contraste, couleur, timbre, etc.).
Elle est appliquée par l’intermédiaire d’outils de traitement numérique
complexes et coûteux. Les visionnages ont mis en évidence l’intérêt et les
limites des traitements qui sont aujourd’hui possibles en restauration.
- Volet Formation
Cet aspect du travail, relatif notamment aux formations documentaires,
a eu quelques difficultés à se mettre en place. En effet, si la plupart des
Archives partenaires sont informatisées, l'organisation du travail, le format
des données documentaires et les pratiques de description et d'analyse d'un
document audiovisuel ne se recouvrent pas totalement. Le problème des
équipements pédagogiques nécessaires à ces formations restait, en partie, à
résoudre : problème des logiciels documentaires disponibles, sur quels sites et
dans quelles langues ? La présentation à Amman des développements de la base de
données a permis de constater que l'on pouvait utiliser cet outil pour les
formations (arabe, anglais) dès lors que l'interface de saisie et de recherche
était opérationnel.
La formation documentaliste est à présent achevée et comprend
essentiellement le traitement documentaire des archives audiovisuelles, les
techniques audiovisuelles, des connaissances informatiques et une compétence
juridique. Les documentalistes sont responsables de l’alimentation de la base
de données CapMed, rédigée en trois langues : arabe, français et anglais.
Les formations techniques ont été plus simples à mettre en œuvre. La
révision des chaînes 2P de I'ERT, en avril 2001 par KVS, a permis de programmer
la première session de formation des exploitants. D’autres
formations techniques se sont poursuivies jusqu’à la dernière en date qui se
déroula à Chypre en janvier 2003 et qui concernait la formation d’exploitation
télécinéma. Par contre, une nouvelle formation de perfectionnement des
opérateurs exploitant les magnétoscopes 2 P est à l’étude.
- Volet Informatique
Base de données :
L’objectif premier de CapMed est de donner à connaître le patrimoine audiovisuel
méditerranéen restauré. Afin de créer une base de données commune à tous les
coordinateurs, il a fallu définir le formatage des données en harmonisant des
systèmes différents et en se mettant d’accord sur un format unique de
description. Des champs communs ont été définis et des thèmes ont été précisés.
Un logo CapMed a été retenu. L’outil informatique CapMed a été installé dans
chaque site partenaire et les transferts et saisies ont pu commencer. La
présentation du site CapMed a eu lieu pour la première fois au MIP TV (Cannes
2002). Il comprend un premier objectif : fournir une offre de 1000 heures
de programmes, soit environ 1500 items. Ce qui représente pour chaque
partenaire 75 heures, soit une centaine de programmes.
Site Web :
Un
site CapMed a été créé. Outre la base de données archives, il comprend la
présentation du projet et des partenaires et propose un agenda d’événements et
de commémorations. Il offre des services techniques et des projets de
production à base d’archives. Il propose des dossiers thématiques, comme
l’Archéologie, la Musique ou les Migrations. Chaque
site détenteur d'archives a dû définir une équipe et des procédures ; le
coordinateur a demandé aux archives une première sélection thématique intégrant
les genres requis pour CapMed et couvrant I'ensemble des thèmes et des
périodes. Cette première sélection a été examinée et discutée avec la
coordinatrice, le directeur général, le directeur des programmes, les
commerciaux et retravaillée pour aboutir à la sélection qui a été présentée aux
coordinateurs CapMed.
- Volet Marketing
Il a été possible de bénéficier de la tenue du marché du documentaire
(Sunny Side of the Doc) fin juin 2002 à Marseille pour commencer à sensibiliser
producteurs et réalisateurs et à sonder leurs besoins, intérêts, futures
productions à base d'archives, constitutions de groupes d'utilisateurs tests,
etc. Les échos très positifs répercutés par les partenaires du réseau, de
l’intérêt suscité par ce projet chez certains diffuseurs, producteurs ou associations
professionnelles, confortent les partenaires dans l’idée d'associer, le plus
étroitement possible, les usagers/clients à la dynamique de l'offre d'Archives,
sous des formes qui, elles, restent à définir: projections, questionnaires,
agenda de productions à base d'archives, intégré à CapMed, travail sur les
grilles de programme, etc.
Création
d'une Lettre d'information trimestrielle CapMed (dont le n° 1 est sorti à
l’occasion du Sunny Side of the Doc).
Harmonisation des tarifs ou présentation de la grille tarifaire de chaque partenaire.
Vu la différence des partenaires et des pays, il a semblé judicieux de
faire une évaluation pays par pays afin de valoriser au mieux les travaux et
les compétences de chacun tout en en les replaçant dans leur environnement
culturel.
MAROC
2M à Casablanca est une télévision jeune.
Elle date de 1989. Il n’y a donc pas de programmes sur support ancien. Tout est
tourné et archivé en Betacam SP. La chaîne diffusant 24 heures sur 24, un
système d’archivage fiable et rapide est indispensable. CapMed a permis à
l’équipe de suivre une formation informatique à Marseille et à Paris.
Grâce à CapMed et son principe 80/20, 2M a pu
acquérir une station d’ordinateur CapMed avec une carte vidéo, ce qui lui a permis
un travail plus exhaustif au niveau de la possibilité de la mise en réseau
interne, de la captation d’images fixes et de séquences vidéo. Les textes ont
été uniformisés. Le travail sur la station CapMed se fait quotidiennement, à
raison de 2 à 3 heures par jour. Jusqu’à présent, une trentaine d’émissions ont
été rentrées dans la base de données. La priorité est donnée aux événements
marquants du Maroc ou du bassin méditerranéen, aux programmes sociaux et
documentaires.
2M représente une grande ressource pour le
groupe car l’investissement au travail est important et les compétences sont
bien retransmises aux autres.
TVM est une télévision publique qui existe
depuis 1962. Elle est en passe de devenir une société anonyme. Ce changement de
statut lui permettra une plus grande souplesse dans les prises de décision et
surtout dans la gestion quotidienne. Aujourd’hui, pour chaque achat ou pour
chaque demande de prestation, il faut procéder à un appel d’offres qui doit
être visé par le Ministère des Finances. CapMed dépend du service de
Documentation qui occupe une quarantaine de personnes. Le Fonds Film est
important (de 1962 à 1980), environ 9.000 bobines en 16 mm. Jadis, le transfert
du film en vidéo se faisait à la demande. Aujourd’hui, on attend le télécinéma
qui sera envoyé par CapMed dans les premiers mois de 2003 (nombre d’heures
transférées : 100 heures à partir de bandes 1 pouce et ¾ de pouce). En
attendant, des documentalistes et des monteurs s’occupent du re-conditionnement
des boîtes et d’une ré-identification à la table de montage.
TVM attend également de CapMed une machine de
nettoyage 2P. Les programmes en 1P et en 3/4P sont transférés régulièrement sur
Betacam SP et les machines fonctionnent bien.
Une formation de documentaliste a été suivie
par deux personnes à Marseille et à Paris. Jusqu’à présent, 80 notices ont été
rentrées dans la base de données. Elles concernent essentiellement des
actualités, des variétés, des documentaires et des grands événements. TVM
travaille avec ENTV sur une base de translittération français/anglais/arabe.
90% des notices fournies par TVM sont en arabe.
Le responsable de la cellule duplication a
suivi la formation technicien vidéo en octobre 2001 à Athènes. Deux personnes
suivront à Chypre la formation d’exploitation télécinéma. Des locaux ont été
affectés à la chaîne de transfert 2P, 1P et ¾ pouce et au télécinéma.
Le responsable CapMed à l’intérieur de TVM, est très actif au sein du Comité technique qui se réunit à la demande.
ALGERIE
ENTV : jusqu’à l’Indépendance, la
télévision algérienne faisait partie de l’ORTF (Office de Radio Télévision
Française). En 1962, elle est devenue la Radio Télévision Algérienne (RTA). En
1986, la radio et la télévision ont été dissociées et la télévision algérienne
a été rebaptisée ENTV. Cette longue existence explique le fonds Archives très
important que possède l’ENTV, aussi bien au niveau des films qu’au niveau des
vidéos. Bien avant l’existence de CapMed, ENTV était déjà engagée dans des
plans de transfert de ses archives. La chaîne est très concernée par la
conservation de ses programmes anciens. Aujourd’hui, avec l’adjonction de Canal
Algérie et de Arabsat, ils rediffusent environ 60% de leurs programmes. Une
vingtaine de personnes travaillent à la direction des Archives.
De 1962 jusqu’au milieu des années 70, la
télévision algérienne travaille en 16mm. Cette production ancienne est
constituée d’environ 45.000 boîtes de films 16mm, représentant environ 7.500
mètres linéaires. Un important travail de restauration légère a été entrepris.
D’anciens monteurs sont mis à contribution afin d’aider à l’identification des
sujet et des personnalités filmées. ENTV attend avec impatience l’arrivée d’un
télécinéma à fournir par CapMed qui leur permettra de commencer à transférer
les films sur cassettes Betacam et ce dès le début de l’année 2003.
Une trentaine de programmes ont été rentrés
dans la base de données, ce qui équivaut à une moyenne de 30 à 40 heures. Il
s’agit pour la plupart de programmes récents qui ont été tournés en Betacam, ce
qui ne correspond pas au cahier des charges lancé par CapMed, selon lequel il
faut rentrer dans la base des programmes couvrant un plus large éventail
chronologique. Le problème principal provient de la mauvaise qualité de
certains 2P qui ont été mal conservés. Il y a un retard à combler à ce niveau
et l’équipe algérienne de CapMed fonde de grands espoirs sur le télécinéma qui
leur permettra d’alimenter la base de données en sujets anciens de bonne
qualité. Jusqu’à présent, les données introduites sont en français et en arabe.
La traduction anglaise est prévue pour le début de l’année prochaine.
TUNISIE
ERTT : les fonds Films et Vidéo sont
importants. Problèmes de personnes et conflits relationnels à cause du
changement de président et de la nomination d’un sous-président aux Archives
peu apprécié. Formation de cinq personnes et affectation des locaux aux
transferts des archives. Les cellules techniques de transfert vidéo
fonctionnent bien, ainsi d’ailleurs que la base de données qui est alimentée
par à coups. Au début, ERTT était un des leaders du projet. Depuis, ils se
maintiennent. Par contre, grande sensibilisation à la redécouverte de leurs
archives. Compétence et conscience. Le travail avance contre vents et marées.
EGYPTE
ERTU : le Fonds est important en films et
en vidéo. Un formalisme règne à l’intérieur de la chaîne qui est spécifique à
l’Egypte. Le responsable de CapMed est aussi le vice-président de la chaîne.
Grande hiérarchisation des rapports. Les responsables se montrent très
sourcilleux de leurs droits et de leurs obligations par rapport au projet.
Besoin également de faire reconnaître leurs compétences. Des locaux et du
personnel ont été affectés au projet. La chaîne de transfert vidéo fonctionne.
Le nombre d’heures transférées est de 30 heures par mois. Deux personnes ont
suivi des stages de formation.
AUTORITE PALESTINIENNE
PBC : CapMed représente pour la chaîne
un véritable soutien. En appartenant à un programme collectif sur la
Méditerranée, c’est pour les Palestiniens une manière de montrer au monde
qu’ils existent toujours, malgré le conflit sur leur sol. Le volume des
archives est inconnu, car celles-ci sont dissimulées dans divers endroits,
suite aux événements politiques. Une centaine d’heures a pu être référencée. Il
est envisagé un transfert de ces archives sur DVD Pro grâce à une unité mobile
de transfert (une centaine d’émissions ont été retrouvées). Un double du master
obtenu serait confié à l’INA. La situation politique de plus en plus difficile
rend fort aléatoire la présence du responsable CapMed aux réunions de travail.
JORDANIE
JRTV : le directeur des Archives vient
d’être remplacé. Le coordinateur CapMed au sein de JRTV est très concerné et
fait partie des fidèles de la première heure. La chaîne est également très
impliquée dans le comité technique. Un local a été affecté à la chaîne de
transfert 2P gérée par deux techniciens qui ont suivi une formation vidéo en
Grèce. Si les machines 2P et 1P fonctionnent, il y a du retard dans les
transferts à cause d’un manque de cassettes Betacam dont les commandes ne se
font qu’une fois par an suite à un appel d’offres (100 heures ont été
transférées à partir de bandes 2 pouces). Un local sera également affecté au
télécinéma promis par CapMed et qui devrait arriver en début d’année 2003.
Après le stage de formation, les informaticiens ont commencé à rentrer les programmes dans la base de données. Dans l’ensemble, peu de problèmes si ce n’est un accès limité à Internet. Les formations ont porté leurs fruits. Par contre, certains programmes transférés présentent de nombreux « drops » et segments abîmés. Le Président de la télévision jordanienne veut entamer la numérisation de sa télévision et de ses archives, avec deux axes, une captation directe des programmes pour archivage, et la numérisation du fonds. Il est donc extrêmement intéressé par un CapMed 2.
TURQUIE
TRT : le fonds est important et le
plan de numérisation a été entrepris en dehors de CapMed, bien que CapMed en
assure l’accompagnement. Un gros travail a été réalisé sur l’organisation des
flux et sur la gestion de transfert de sauvegarde de masse. CapMed les a aidés
à réorganiser la chaîne de transfert 2P. TRT est très intéressée par des stages
de restauration lourde qui se feraient à l’INA. Le pays est avancé dans ses
choix et CapMed a amélioré la mise en route.
CHYPRE
CYBC : le fond est petit ainsi que
la structure. Le directeur est très actif et très décisionnel. Il a procédé à
la réorganisation complète de ses archives. Vu le peu de volume des 2P, la
décision a été prise de les transférer en Grèce (18 heures ont été transférées
partir de bandes 2 pouces). Des locaux ont été affectés. Les techniciens ont
suivi plusieurs formations (documentaliste et vidéo). CYBC sera le premier à
recevoir un télécinéma et c’est à Chypre que s’est déroulé la formation
télécinéma en janvier 2003. CYBC s’occupe également du marketing de CapMed.
GRECE
ERT : c’est à la fois un musée des
archives et une télévision. Ce sont les plus rigoureux en matière de
préservation du patrimoine. Grande aide dans la mise en place des formations.
Les techniciens sont excellents sur le matériel ancien et la vidéo. Des
équipements complémentaires pour la remise en état de leur chaîne de transfert
leur ont été fournis en contrepartie d’une prise en charge au niveau de la formation
(9 heures transférées à partir de 2 pouces, 3 heures à partir de 1 pouce, 2
heures à partir de ¾ pouce et 19 heures à partir de films soit un total de 33
heures). La Grèce a bénéficié et a apporté au projet des compétences
irréfutables. Elle est très active également dans la proposition de thèmes de
travail pour la base de données. Elle joue son double rôle d’Européen du sud.
ITALIE
RAI : une bonne ressource existe pour le projet dans le domaine de la formation et de la base de données. Mise en route compliquée. Le fonds est considérable : des millions d’heures. Ils ont démarré la connaissance de leur fonds avec la multimédiatisation et petit à petit remontent dans le temps. La machine est énorme, lente et lourde. Jusqu’à présent, ils n’ont presque rien rentré dans la base de données. Il faut les persuader de rentrer dans la base des films anciens, et pas uniquement des films à base d’archives. Ils ont bien fait l’interface de la formation. La RAI étant obligée de sous-traiter la commercialisation de ses archives, cela risque de poser problème par rapport aux autres partenaires de CapMed.
MALTE
PBS : la structure est très petite. Il
n’y a pas beaucoup d’argent. Bonne stabilité à la tête de la télé. Grand
intérêt du président pour le projet CapMed qui est très concerné par la suite
de CapMed. Le concours de logo CapMed a été gagné par PBS qui édite aussi le
CapMed News.
Les archives sont constituées principalement
par des news, des programmes politiques, des émissions humoristiques et des
documentaires. Locaux affectés et formation de 3 personnes (documentaliste,
vidéo et restauration film). Ils sont très actifs dans le projet CapMed.
FRANCE
INA : le réseau fonctionne bien. Les
réunions de CapMed servent beaucoup à l’INA. Tout le monde est très conscient
de l’importance du projet y compris les responsables financiers. Ils ont
beaucoup appris et méthodologiquement ont beaucoup partagé. Un peu de mal
toutefois à alimenter la base de données par manque de personnel. Il serait
envisagé d’engager quelqu’un à mi-temps sur CapMed et pour cela convaincre
l’entreprise qu’une « thema » méditerranéenne pourrait se révéler
très intéressante.
En plus des 12 pays précédemment cités,
CapMed dispose encore de deux partenaires universitaires IOM (Grèce) et MMSH
(France).
B.3. Critères
d’évaluation
Pertinence
Les objectifs spécifiques du programme sont
plus que jamais valables. La ligne de conduite n’a pas dévié de sa course
depuis le début. Le programme de conservation et de restauration se déroule
point par point, ainsi que la création d’une base de données de références qui
est, aujourd’hui à l’évaluation à mi-parcours, opérationnelle et consultable.
Grâce à CapMed, les différents partenaires
télévisuels ont pris conscience de l’importance de leurs archives, ils ont
aménagé des locaux, envoyé du personnel en formation, transféré et restauré des
programmes anciens et enfin ils alimentent régulièrement la base de données. Au
fil des années, des relations étroites se sont développées entre les différents
partenaires, et grâce à CapMed un nouveau réseau audiovisuel
euro-méditerranéen, lié aux Archives télévisuelles, a vu le jour dans des pays
où jusqu’à présent les archives étaient considérées comme
« encombrantes ».
Efficience
Il s’agit d’un projet financièrement
lourd qui nécessite de multiples déplacements, de nombreuses réunions dans
différentes villes, des formations de plusieurs personnes, des achats
d’équipements difficiles parfois à localiser, des pièces à faire réparer aux
Etats-Unis, de fréquentes visites techniques et de maintenance, etc. Mais il
semble bien que le meilleur rapport coût/résultat ait été obtenu et que les
choix justes aient été pris. La coordinatrice du projet est extrêmement
compétente et a su s’entourer de collaborateurs aussi compétents qu’elle-même.
Rien n’a été laissé au hasard. Il s’agit d’un projet ambitieux et complexe,
dont les différentes étapes ont été franchies dans les temps. Par contre, de
nouveaux facteurs imprévus vont obliger à prendre des décisions plus adaptées.
Le facteur qui a eu la plus grande influence
sur la réalisation des activités, est sans conteste le dynamisme de la
coordinatrice du projet et une organisation de travail qui fut conçue avec
beaucoup de logique dès le départ. Le projet a été ensuite bien accueilli par
les présidents et directeurs des chaînes qui ont très vite compris son
importance et ont facilité son déroulement à l’intérieur des équipes.
La visibilité du projet est excellente. Deux
présentations de la banque de données CapMed ont été lancées à Cannes, au cours
du MIP TV 2002, et à Marseille lors du « Sunny Side of the Doc » en
juin 2002. Le site Web est opérationnel et consultable. Il permet d’avoir accès
à 839 notices (arabe/français/anglais) reliées à des images fixes ou à de courtes
séquences vidéo.
La revue trimestrielle CapMed News est éditée
en français, anglais et arabe et paraît tous les trimestres (3 numéros sortis).
De plus, des informations à propos du projet CapMed ont été lancées dans des
revues spécialisées. Toutes ces actions faisant partie inhérente des objectifs
du programme de base.
Efficacité
Le premier audit de la Commission européenne
a beaucoup aidé la coordinatrice de CapMed. Des remarques sur les chiffres (qui
ont été redressés) signifie que les rapports ont été lus. Par contre, la
coordinatrice du projet regrette qu’il n’y ait pas de retours de la part de la
Commission européenne sur les comptes-rendus ni sur les rapports. La
coordinatrice regrette également que, lors des réunions annuelles, il n’y ait
pas de temps prévu afin que les six coordinateurs de projets Euromed
Audiovisuel puissent se réunir avec les responsables de la Commission et
puissent discuter méthodes, difficultés et résultats. Elle regrette également
qu’il n’y ait aucune réaction de la part de la Commission sur les dépenses et
les remboursements. Cela fait craindre pour l’avenir au moment de la
liquidation financière du projet.
Les résultats planifiés sont immenses et
portent déjà leurs fruits. On pourrait les résumer en une phrase : volonté
de la part des pays tiers à mettre en place une réelle stratégie de sauvegarde
alors que l’archivage ne constituait pas une priorité parmi les chaînes de
télévision.
Mais il y eut également des résultats non
planifiés. CapMed aida à changer les mentalités à l’intérieur des chaînes de
télévision des pays sud-méditerranéens. De plus, le projet a permis aux
services archives de se valoriser au sein de la chaîne. Il a permis également
de faire l’expérience de participer à un projet international. Un réseau
solidaire s’est constitué d’un pays à l’autre. Il en a émergé une nouvelle
vision d’une culture méditerranéenne liée aux archives. Des thèmes de travail
en commun sont proposés. De plus, la base de données CapMed a pu être adaptée à
la base de données des chaînes de télévision elles-mêmes. Ce qui a constitué un
« plus » pour les services de documentation dépourvus jusqu’à présent
d’outil informatique approprié.
Par contre, des adaptations doivent être
apportées au programme lui-même au niveau des délais. CapMed nécessite encore
de six à dix mois supplémentaires pour finaliser ses activités. Une partie des
fonds n’a pas encore été utilisé. Il faut donc négocier avec la Commission
européenne une extension de durée et une ré-affectation de certaines parties du
budget. A la lueur de la réalité des fonds, il faut également redéfinir le
volet restauration afin d’atteindre une meilleure valorisation des fonds
d’archives des TV partenaires.
Concrètement, les actions envisagées sont les suivantes :
-
Equiper les partenaires en machines de nettoyage
films et vidéos.
-
Doter les chaînes de transfert des correcteurs de
base (débruiteur, descratcheurs, un ou deux équipements de base sur 10 sites).
-
Restauration du fichier via l’implantation de
l’outil CapMed sur chacun des sites des TV partenaires.
Par ailleurs, à la demande générale, il faut
trouver une solution au problème de maintenance. La solution retenue serait de
mener une action de formation préventive et de premier niveau et mettre en
place un dispositif transversal sous-traité par la société qui a installé les
équipements sous la forme de :
-
Dispositif « hot line ». Ligne de
téléphone pour répondre aux urgences.
-
Etablissement d’un suivi qui comporte une ou deux
visites par site pour assurer la maintenance.
-
Constituer une base arrière de « spare
parts », de cartes et de têtes de lecture.
-
Mise en place d’un dispositif de visites de
dépannage en plus du dispositif de suivi.
Pour la dernière année du projet avril
2003-mars 2004, il faut aussi prévoir une personne supplémentaire qui
s’occuperait de la partie éditoriale du site, afin de rendre plus dynamique la
base de données et le site lui-même.
Impact
L’impact général du projet est concrétisé par
le site Internet de CapMed et par la banque de données qui est opérationnelle.
La revue CapMed News, envoyée à tous les professionnels spécialisés de
l’audiovisuel et des archives, participe à la même volonté de vitrine. Une
véritable dynamique a été créée par le programme dans le secteur audiovisuel
des différents partenaires. L’objectif actuel de la coordinatrice du projet
serait de lancer l’idée d’un documentaire qui rassemblerait des archives de
CapMed. Le thème pourrait être les Jeux Olympiques, les Migrations etc. Ce
serait une autre manière de tisser une passerelle entre les archives et la
réalisation. Une manière de dynamiser la base de données en répondant aux
nécessités de la production.
Viabilité
Le
projet CapMed a atteint un premier objectif. Mais le premier niveau d’autonomie
n’est pas encore atteint. Il faut consolider le réseau, maintenir le niveau des
compétences, relancer de nouveaux programmes à l’intérieur du projet. Si la
base de données est opérationnelle et consultable, il s’agit plutôt d’une
vitrine que d’un outil de commercialisation. Aucune télévision, aucun centre
d’archives, ne dispose de ressources propres suffisantes pour traiter et
sauvegarder ses archives. Cela est vrai même pour les télévisions les plus
riches. La BBC, la RAI se font aider par des dotations spéciales ou par des
aides européennes afin de développer les outils qui permettent d’accélérer le
processus de transfert, tels que le projet Presto, alors comment des
télévisions beaucoup moins nanties pourraient-elles y arriver ?
Il est peu
pensable, par conséquent, de croire que, en quatre ans, les télévisions aidées
par CapMed pourraient être autonomes. Il s’agit là d’un processus lent qui
devrait prendre quinze à vingt ans. Aujourd’hui, CapMed a atteint l’objectif
qu’il s’était fixé. Mais si on ne veut pas que CapMed régresse, il faut
poursuivre l’effort jusqu’au bout.
C.
EUROMEDIATOON
– VIVA CARTHAGO
Les missions
Euromédiatoon – Viva Carthago furent menées au titre de l’évaluation à
mi-parcours aux mois d’octobre et novembre 2002 au siège du coordinateur du
projet à Tunis : Ahmed Attia, ainsi qu’à Paris (lieu de résidence du
directeur d’écriture et d’une grande partie de son équipe) en novembre 2002.
Le projet
Euromédiatoon – Viva Carthago a démarré le 1er août 2000 pour une
durée de 47 mois. La contribution financière de la Commission européenne s’élève
à 3.988.000 €.
C.1. Objectifs et résultats attendus
Le projet
Euromédiatoon – Viva Carthago est l’un des projets les plus ambitieux du
programme Euromed Audiovisuel.
Sur le plan
économique, il a pour but la création, dans un premier temps, d’une série
d’animation de 26 épisodes de 26 minutes chacun (« Viva Carthago »)
retraçant l’histoire mouvementée de la Méditerranée et ses légendes du 10ème
siècle avant Jésus Christ jusqu’au 7ème siècle après tout en alliant
l’expérience et le savoir-faire de l’Europe et la sensibilité du Sud. Pour
atteindre ce but, le projet a entrepris de former des professionnels du Sud de
la Méditerranée à l’ensemble des techniques de l’animation (écriture de
scénario, conception graphique, storyboard, animation, production). A l’issue
de la création de cette première série, un atelier d’animation permanent basé à
Tunis (« Euromédiatoon ») doit permettre de poursuivre une activité
de création menée par des techniciens et des artistes du bassin méditerranéen
et formés par des professionnels de l’Union européenne prolongeant ainsi le
transfert de technologie et d’expérience entre opérateurs audiovisuels de
l’animation euro-méditerranéens.
Sur le plan
culturel, le projet a pour ambition de contribuer à la création d’une identité
culturelle euro-méditerranéenne, de sensibiliser le grand public
euro-méditerranéen à la diversité et à la richesse des cultures de part et
d’autre de la Méditerranée, ainsi qu’au patrimoine culturel commun de la zone
euro-méditerranéenne.
Ce projet
représente une aventure passionnante à plus d’un titre. Tout d’abord, et c’est
là à la fois l’ambition louable et la principale source des difficultés
rencontrées par le projet à ce jour, il s’agit de créer un studio d’animation à
partir d’expériences, d’énergies et de talents qui sont au départ presque
totalement étrangers à cette activité. Si le coordinateur de projet, Ahmed
Attia, est un des producteurs de films cinématographiques méditerranéens le
plus expérimenté et le plus audacieux qui soit, il n’avait au moment de la
création du projet aucune expérience spécifique en matière d’animation. Sa
passion pour ce projet, qui représente une opportunité exceptionnelle de
revisiter l’histoire du bassin méditerranéen, représentait son principal
capital. Il a su le faire fructifier en s’entourant d’une équipe compétente,
mais la confrontation entre le rêve de départ et la réalité liée à la
complexité extrême de cette activité, a été aussi douloureuse que riche
d’enseignements. Si le projet accuse aujourd’hui un retard indéniable dans sa
réalisation, ce retard s’explique principalement par ce décalage et ne signifie
donc pas, loin de là, que le projet soit voué à l’échec. De nombreux
ajustements ont eu lieu et doivent se poursuivre de façon à permettre au projet
de se concrétiser.
C.2. Bilan des activités menées
L’atelier
Euromédiatoon a été créé en août 2000 et le développement de la série
« Viva Carthago » a démarré simultanément.
Le contribution
budgétaire au projet de 3.9888.000€ se situe au niveau des projets les plus
importants du programme en termes financiers (comme CapMed, Europa Cinémas et
Medea) c’est à dire autour de 4 millions €.
Euromédiatoon
fait travailler environ 40 personnes et envisage d’employer jusqu’à 80 personnes
lorsque la série aura atteint son plus haut point. Ses partenaires dans l’Union
européenne sont Sofidoc (Belgique) pour l’écriture et la formation au scénario,
La Fabrique (France) et la Lanterna Magica (Italie) pour l’animation ainsi que
plusieurs producteurs des pays partenaires méditerranéens.
La
documentation écrite remise à l’expert 3 lors des missions effectuées à Tunis
et à Paris est principalement liée au développement de la Bible (document
synthétique définissant les principes de la série sur le plan du concept, des
personnages et du récit) et les synopsis et/ou scénarios des premiers épisodes.
La principale source d’information relative aux autres aspects du projet
provient d’entretiens réalisés par l’expert 1 et l’expert 3 lors des missions
effectuées à Tunis en octobre et en novembre 2002.
A ce jour, les
activités menées se répartissent en plusieurs catégories :
- Equipements de locaux, notamment en
matériel infographique et informatique de façon à permettre une part importante
de l’activité (formation, design, réalisation) au siège du projet en Tunisie.
- Un travail très important de recherche,
de documentation et d’archivage a été réalisé dans le but de documenter la
série « Viva Carthago » de façon très pointue sur le plan historique,
aussi bien sur le plan du récit (véracité des événements historique) que sur
celui de l’iconographie (décors, costumes). Un département spécifique
(documentation et iconographie) a été créé, sous la direction d’un historien
réputé, assisté de trois personnes. Ce département collabore étroitement aussi
bien avec l’équipe d’écriture qu’avec l’équipe d’animation en produisant un
dossier historique très complet par épisode : événements historiques,
personnages et repères iconographiques liés aux lieux, aux costumes et aux
décors de l’épisode. Son travail est remarquable sur le plan de la
documentation mais la collaboration sur le plan de l’écriture n’est jamais
facile, en raison de la difficulté à trouver un équilibre entre la véracité
historique et les besoins de la fiction sur le plan du récit dramatique.
- Une activité de formation dans le
domaine de l’écriture a été menée par la société Sofidoc, principalement à
travers un atelier à Hammamet (Tunisie) animé en novembre 2001. Ses participants :
9 scénaristes du Sud de la Méditerranée sur une quinzaine sélectionnées en
septembre 2001 : 2 Marocaines, 2 Algériens, 3 Tunisiens, 2 Libanais. A
l’exception des Libanais, ces scénaristes, jeunes dans l’ensemble, avaient peu
ou pas d’expérience en matière d’écriture audiovisuelle.
- Une formation continue en story board,
layout et infographie a lieu soit sur place à Tunis soit dans des centres
européens de formation en animation, comme par exemple celui d’Angoulême en
France. Cette activité, très importante, permet de former un personnel sud-
méditerranéen aux techniques d’animation les plus modernes. Des professionnels
expérimentés d’origine méditerranéenne ayant eu l’occasion de travailler et
d’étudier en Europe ont été recrutés et travaillent sur place, à Tunis, au
transfert de compétences. Les partenaires de l’Union européenne assurent
également une partie de cette formation même si cette collaboration doit être
renforcée à l’avenir.
- La « Bible » de la série et
les synopsis des premiers épisodes ainsi que plusieurs scénarios ont été
écrits. Cette activité accuse un retard très important par rapport au planning
envisagé initialement (environ un an). Ce retard n’est absolument pas anormal
si l’on tient compte d’un processus de développement habituel, en particulier
dans la mesure où les principaux scénaristes doivent être formés. C’est le
planning initial qui était irréaliste et a dû être révisé en fonction des
difficultés rencontrées. Voir à ce sujet les rapports de mission de l’expert 3
en annexe (Paris et Tunis / octobre et novembre 2002).
- Un pilote (bande-annonce du premier
épisode) de deux minutes a été réalisé et la production du premier épisode de
la série est en cours. Le pilote a pour mérite de donner un premier aperçu visuel
des personnages et du style de la série, même si techniquement de nombreux
points sont à améliorer : qualité de l’animation, expressions des
personnages, musique, définition des personnages en particulier le personnage
féminin. Sur le plan de la production, la série accuse un retard important, lié
à celui généré par les problèmes rencontrés au niveau de la formation des
scénaristes, de la constitution de l’équipe d’écriture et du développement des
scénarios.
-
Le projet a entamé une
recherche de financements complémentaires difficile, tant que le premier
épisode n’est pas réalisé et que la « Bible » de la série n’est pas
finalisée et accompagnée de la totalité des synopsis des 26 épisodes ainsi que
de plusieurs scénario complets et solides. La réalisation de ce dossier est
cruciale pour l’obtention de tout financement externe.
C.3. Critères d’évaluation
Pertinence
Les objectifs
du projet Euromédiatoon – Viva Carthago sont totalement en phase avec le
programme Euromed Audiovisuel, aussi bien sur le plan économique que culturel.
Ils répondent à un besoin de formation réel d’un secteur économique jusque là
inexistant en Méditerranée du Sud (celui
de l’animation) et utilisent la force du support audiovisuel pour véhiculer une
vision différente de l’histoire d’une région et contribuer à une meilleure
compréhension entre les peuples. Si ces objectifs sont pertinents au niveau de
la conception du projet et ont d’ores et déjà atteint des premiers résultats,
notamment au niveau de la formation et des transferts de
compétence/technologie, il faut toutefois être attentif à ce qu’ils ne
subissent pas une dérive au moment de la réalisation de la première série,
dérive qui les amènerait à manquer leur cible en terme de public et donc une
partie de leurs effets (communication du contenu culturel et viabilité
économique à long terme du studio).
L’absence
d’étude de faisabilité au début du projet, le manque d’expérience spécifique de
ses initiateurs et le contrôle principalement administratif ou budgétaire de la
part de la Commission européenne ont eu deux conséquences principales : un
retard important par rapport au planning envisagé et une révision – justifiée –
des ambitions du programme en terme de formation. Il a en effet été décidé de
faire appel à des professionnels de l’écriture issus de l’Union européenne pour
définir la série et écrire les épisodes en collaboration avec des scénaristes
sud-méditerranéens qui bénéficient ainsi d’une première expérience et d’une
formation continue. Il s’agit là d’une décision nécessaire qui permet de
concentrer, dans un premier temps, le transfert de compétences et la formation
sur la partie réalisation.
La définition
plus précise du public visé par la série, principalement en terme d’âge
(certains épisodes en cours d’écriture semblent difficilement accessibles à un
public très jeune), l’amélioration de la conception de la série (Bible et
scénarios) et la production rapide des premiers épisodes puis du reste de la
série, sont des conditions essentielles pour que la pertinence du projet reste
totale.
Efficience
Sur ce plan, le
projet a accumulé les problèmes à différents niveaux mais a aussi fait preuve
de réactivité et d’adaptation pour les corriger.
-
Sur le plan de la
gestion, des anomalies constatées au cours de la première année d’activité ont
donné lieu à un audit qui a déclenché une réorganisation complète du
fonctionnement du projet en terme de prise de décision et de méthode comptable.
La situation sur ce plan est satisfaisante du côté du projet, mais alarmante du
côté de la Commission européenne qui, aux dires des bénéficiaires, a accumulé
des retards dans le paiement des différentes phases, retards préjudiciables à
l’activité du projet. La Commission européenne porterait donc aussi une
certaine part de responsabilité dans la situation actuelle du projet.
-
Sur le plan du
développement du projet (Bible et scénario), l’ambition de départ à savoir
utiliser des scénaristes locaux à l’issue d’une formation initiale sous la
direction du conseiller historique (trop optimiste), a dû être progressivement
révisée c’est à dire utiliser un directeur d’écriture et des scénaristes
expérimentés pour l’écriture des premiers épisodes, travaillant ensuite en
collaboration avec les scénaristes formés et le conseiller historique, ce qui a
entraîné un retard important. Une analyse plus réaliste du projet avant sa mise
en œuvre par des experts compétents aurait sans aucun doute permis d’anticiper
et d’ajuster à la fois le planning de livraison et les moyens nécessaires pour
atteindre plus efficacement un objectif plus réaliste.
-
Plus généralement, un
projet de ce type devrait avoir pour interlocuteur principal à la Commission
européenne, une ou plusieurs personnes ayant une expérience dans le domaine
très spécifique qu’est la production audiovisuelle (et l’animation en
particulier, même si ce point est vrai pour d’autres projets du programme
Euromed Audiovisuel comme « Elles…aux abords de l’an 2000 » par
exemple. Cette absence de compétence spécifique à l’activité concernée a obligé
les dirigeants du projet à consacrer un temps et une énergie non négligeables à
la compréhension des mécanismes bureaucratiques lourds et complexes de la
Commission européenne.
Efficacité
L’efficacité du
projet est sur certains points incontestable. Par exemple, le transfert de
technologie et d’expérience est plus qu’amorcé ; la formation de
professionnels sud-méditerranéens est une réussite dans le domaine technique de
l’animation et un début de réussite dans le domaine de l’écriture de scénario
(pour les raisons déjà évoquées). Sur ce dernier point, les effets seront plus
visibles à long terme, en particulier à l’issue de la production de la série.
Les stagiaires
rencontrés ont tous exprimé les bénéfices de la formation qu’ils ont reçue et
de l’expérience qu’ils ont acquise, même si sur le plan de l’écriture des
réserves ont été émises sur le plan organisationnel, financier et juridique. Le
coordinateur de projet a toutefois entendu ces problèmes soulevés lors de
l’évaluation et s’est engagé à prendre des mesures pour y remédier. Il est
indispensable de vérifier la réalité de ces mesures suite à l’évaluation à
mi-parcours du projet Euromédiatoon – Viva Carthago.
Sur d’autres
points, comme par exemple la qualité dans l’absolu de la série produite qui sera
déterminante pour assurer à la fois les objectifs culturels du projet et la
pérennité du studio sur le plan économique, de nombreux points d’interrogation
demeurent. Le fait qu’au terme de plus de deux années de développement, seul un
pilote de deux minutes ( imparfait) soit visible, l’absence d’épisodes complets
produits, les carences sur le plan de la Bible et des scénarios déjà écrits,
sans remettre en cause l’intérêt du projet ou son sérieux, demandent néanmoins
une vigilance accrue et des mesures fermes pour ne pas risquer de manquer l’un
des volets principaux du projet.
De nombreux
facteurs externes imprévus ont contribué à créer cette situation, mais ils
auraient pu être pour partie détectés bien plus en amont. Sur ce point, il est
important que le coordinateur de projet et son équipe intègrent davantage les
conseils et l’expérience des partenaires de l’Union européenne et de
l’assistance technique dans la suite du projet.
Les relations
entre les partenaires de l’Union européenne et Euromédiatoon n’ont pas toujours
été au beau fixe, les premiers reprochant au projet de ne pas les impliquer
suffisamment dans les décisions et la réalisation de la série, le second leur
reprochant de ne pas nécessairement leur apporter les solutions et les conseils
qu’il attendait. Ces problèmes ont culminé lors de la Conférence annuelle
Euromed Audiovisuel au Caire en octobre 2002, où certains partenaires de
l’Union européenne ont menacé de démissionner.
Il semble que
Euromédiatoon ait depuis fait des propositions concrètes allant dans le sens
d’un resserrement des relations entres le projet et ses partenaires. Cette
démarche est plus que nécessaire, elle est indispensable. Si certains des
partenaires n’apportent pas au projet les réponses nécessaires ou ne parviennent
pas à apporter leur contribution, il faut soit en rechercher les causes et
trouver une solution, soit changer de partenaire(s). Le projet a en effet grand
besoin de l’expertise de partenaires expérimentés dans un domaine qu’il ne fait
que découvrir graduellement, à la condition d’éviter le paternalisme au niveau
de la forme et l’altération du contenu culturel du projet au niveau du fond.
Impact
L’impact du
projet ne sera réellement appréciable au niveau du grand public qu’à la
diffusion de la série « Viva Carthago ». Pour l’instant les bénéfices
du projet sont concentrés sur les artistes et techniciens impliqués directement
dans l’atelier d’animation et ses partenaires.
C’est
principalement lors de la diffusion de la série, aussi bien dans les pays sud-méditerranéens
que dans l’Union européenne et dans le reste du monde que l’on pourra mesurer
les effets du projet sur le plan culturel. Pour l’essentiel, c’est également
après cette diffusion que l’on pourra mesurer l’impact économique du projet, en
appréciant sa capacité à développer d’autres programmes à la suite de
« Viva Carthago ».
Cela permet
d’insister une nouvelle fois sur la nécessité de tout mettre en œuvre pour
s’assurer que cette série réponde aux critères de qualité exigés par les
diffuseurs européens, car si elle n’est diffusée que dans les pays partenaires
méditerranéens, une partie essentielle des objectifs sera perdue en terme
d’impact, d’échange culturel et de sensibilisation.
Viabilité
Le projet n’est
clairement plus viable dans un premier temps sans le soutien financier de la
Commission européenne et il pourrait être opportun d’effectuer un suivi
financier du projet au moins pour la suite du programme en cours, sans quoi les
investissements déjà effectués seront tout simplement perdus. Il est vrai que
les problèmes rencontrés sont nombreux et que le retard accumulé est important
mais la passion de l’équipe, sa capacité d’adaptation et d’apprentissage,
permettent de conserver l’espoir que le projet parviendra à relever
l’extraordinaire défi qu’il a lancé.
Une fois la
série « Viva Carthago » réalisée et diffusée, si elle répond aux
critères de qualité envisagés et rencontre le succès qu’elle mérite,
Euromédiatoon sera sans doute en mesure de continuer à fonctionner avec une
assistance réduite dans un premier temps puis éventuellement supprimée. La
pertinence extrême du projet vis-à-vis des objectifs du programme et les
nombreuses adaptations et changements réalisés ou en cours de réalisation
méritent que l’investissement soit poursuivi pour l’instant, avec un contrôle
opérationnel spécifique accru, même s’il demeure une incertitude quant aux
résultats finaux notamment au niveau de la production de la série.
D. ELLES… AUX ABORDS DE L’AN 2000
Les missions Elles… aux abords de l’an 2000
furent menées au titre de l’évaluation à mi-parcours aux mois d’octobre au
siège de la coordinatrice du projet Marianne Khoury au Caire, en décembre à
Alger auprès de l’héroïne principale de l’un des documentaires et enfin à
Casablanca auprès du réalisateur marocain chargé de l’un des derniers films de
la série.
Le projet Elles … aux abords de l’an 2000 a
démarré le 8 mars 2000 pour une durée de 42 mois. La contribution financière de
la Commission européenne s’élève à 1.200.000 €.
D.1. Objectifs
et résultats attendus
Ce projet a pour but de coproduire une série
de portraits de figures féminines arabes qui jouèrent un rôle important dans
leurs pays en raison de leur engagement politique en faveur du féminisme ou de
leurs talents artistiques ou littéraires. Ce que ces femmes ont en commun,
c’est le rôle pionnier qu’elles jouèrent dans leur société, leur apport dans le
développement de ces sociétés et la formation du bagage culturel et émotif de
leur peuple. Ces contributions féminines pionnières coïncidèrent avec
l’éruption des mouvements nationaux dans la région arabe, à commencer par la
lutte contre l’occupant anglais en Egypte, ce qui confirme la relation
solidement établie entre l’émancipation de la femme et la libération de la
patrie.
Cette série de portraits réalisée en vidéo
est destinée essentiellement à une diffusion télévisuelle.
Au départ, le projet était d’un format
légèrement différent. Il s’agissait de réaliser 24 portraits d’une durée de 26
minutes chacun. Très vite, le coordinateur du projet a compris qu’il était
préférable de se limiter à 12 documentaires de 52 minutes. D’une part, ce
format correspond mieux aux grilles des chaînes de télévision et d’autre part
il permet de travailler les portraits en profondeur, tout en laissant la place
à une mise en perspective historique.
(Une lettre dans ce sens a été communiquée à
la Commission européenne en date du 5 octobre 2000 qui a donné son aval par fax
en date du 30 octobre 2000.)
Le projet doit contribuer à sensibiliser le
grand public euro-méditerranéen à la diversité et à la richesse des cultures de
la région méditerranéenne, en insistant sur le rôle des femmes dans la société.
Cette série de 12 documentaires doit permettre une lecture plus informée et
plus réaliste du vécu de la femme arabe. Il tire son importance de l’absence de
documents audiovisuels sur la plupart des figures féminines d’avant-garde du
monde arabe. Le projet comble un vide et doit constituer une référence
précieuse pour quiconque désire à l’avenir se lancer dans un travail de
recherche sur le sujet.
Les pays concernés par le projet sont
l’Egypte, le Liban, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et l’Autorité
palestinienne.
D.2. Bilan des activités
menées
Il
a fallu au départ définir les paramètres de la série et choisir les personnages
féminins les plus emblématiques. Il y eut de nombreux entretiens et rencontres
avec des spécialistes, des chercheurs, des historiens, des écrivains, des
féministes, des témoins de l’époque et des proches des personnages choisis. Le
véritable point de départ du projet fut une rencontre sur le thème des
« femmes arabes » qui se déroula à l’Université américaine de
Beyrouth. Le projet de la série a été
présenté devant un public nombreux par le directeur du Centre National de la
Cinématographie égyptienne, accompagné de la coordinatrice du projet. Plusieurs
idées de personnages ou de thèmes ont été échangées et proposées. L’équipe a
ensuite procédé au repérage de matériel d’archives auprès de centres d’archives
publics et privés.
A
partir du moment où les personnages et les thèmes ont été choisis, le projet
Elles… aux abords de l’an 2000 relève essentiellement des compétences et du
savoir-faire du producteur, à la manière de n’importe quelle autre production
indépendante. La coordination du projet, la société Misr International, est une
maison de production bien connue sur la place qui possède une vaste expérience
de la production égyptienne. Elle est liée au plus célèbre réalisateur
égyptien, Youssef Chahine. On peut donc lui faire confiance pour mener à bien
cette série relativement lourde et trouver des formules de partenariat avec
d’autres pays, à l’intérieur du budget imparti.
Pour
la mise en œuvre de certains des films de la série, des productions déléguées
ont été confiées à d’autres partenaires du bassin méditerranéen, Misr
International gardant la direction des opérations générales. Par contre, un
producteur français (Ognon Films) chapeaute l’ensemble de la série. Ces divers
partenariats ont tenu compte de la compétence et de l’expérience des
réalisateurs et des scénaristes. Une grande diversité de styles et de pays a
été recherchée. La coordinatrice a cherché à mêler des réalisateurs confirmés
et des jeunes talents. Pour une série retraçant des portraits de femmes, il
était souhaitable que certains de ces films soient réalisés par des femmes. En
dehors des deux premiers films réalisés par Marianne Khoury (également
coordinatrice du projet et productrice déléguée), deux autres projets seront
confiés à des réalisatrices. Il s’agit d’une jeune réalisatrice égyptienne et
de la réalisatrice tunisienne Raja Amari.
Les
films terminés ont été écrits, tournés et réalisés dans des conditions
professionnelles correctes, avec une grande implication des réalisateurs dans
les scénarios, chaque scénario nécessitant en moyenne deux mois de
développement. Le tournage a été réalisé avec des caméras digitales et le
montage s’est fait sur un banc de montage Avid. Le projet a adopté « une
politique du moindre coût, tout en s’assurant un matériel de qualité, avec
lequel il pouvait ainsi réaliser des produits comparables aux films
européens. » La post-production s’est étalée sur huit à dix semaines de
montage et deux semaines de sonorisation, mixage et étalonnage. Du personnel a
été recruté selon les procédures classiques de la profession, par CV ou par
réputation. Misr International dispose aujourd’hui d’un réseau important de
professionnels et de techniciens pliés aux techniques du documentaire. Des
stagiaires ont également été engagés.
Selon
le contrat avec la Commission européenne, la coordinatrice du projet s’était
engagée à produire les 12 épisodes de la série en 42 mois, les derniers six
mois étant consacrés à la promotion et à la diffusion. L’important retard
apporté au deuxième paiement de la série a entraîné de sérieuses perturbations
dans le plan de travail, les réalisateurs pressentis ayant dû accepter d’autres
projets. De tout cela, il résulte aujourd’hui, au terme de cette évaluation à
mi-parcours, que sur les 12 films de la série, quatre sont terminés, quatre
sont en tournage ou en montage, et les quatre derniers en développement. La
coordinatrice du projet a conscience de son retard et met à présent les
« bouchées doubles » afin de boucler la série pour le début de
l’année 2004.
La
coordinatrice du projet s’est également impliquée dans la promotion des films
terminés, dans leur inscription à divers festivals, ainsi que dans la recherche
de partenaires éventuels pour les films en développement : projections à
l’Université américaine du Caire et au Centre Culturel d’Alexandrie, Prix
remporté au Festival international du film d’art et pédagogique à
la Maison
de l’Unesco à Paris, inscription au Fipa et au Fipatel de Biarritz (France),
« pitching » au Forum d’Amsterdam (International Documentary Film
Festival) et participation à une journée spéciale qui s’est déroulée à
l’Institut du Monde Arabe à Paris, dans le cadre de l’année de l’Algérie en
France.
Une
brochure sur les deux premiers films de la série a été éditée et distribuée
lors de la Conférence annuelle Euromed Audiovisuel du Caire en octobre 2002.
Au
niveau de la distribution et de la diffusion, les résultats sont moins
concluants. Jusqu’à présent, aucun des quatre films terminés n’a été diffusé
par une chaîne de télévision. On pourrait y voir une préoccupation majeure, les
films étant faits pour être vus, mais la coordinatrice du projet après avoir
montré des épisodes isolés lors de festivals ou de marchés du film, est
convaincue à présent de pouvoir vendre la série en bloc dès que les douze
épisodes seront terminés.
D. 3. Critères d’évaluation
Pertinence
Les objectifs
spécifiques du projet sont plus que jamais d’actualité. En effet, suite à la
flambée des formes d’intégrisme religieux qui soufflent aujourd’hui sur le
monde, il est extrêmement important de pouvoir témoigner du rôle des femmes
dans le monde arabe depuis le début du vingtième siècle, en sortant des tabous
et des clichés. C’est à la fois important pour les pays méditerranéens mais
aussi pour les pays européens. Chacun devrait y gagner une plus grande
humanité.
La série Elles…
aux abords de l’an 2000 invite à une véritable découverte de quelques portraits
de femmes exceptionnelles et très souvent méconnues. Cette série comble un vide
tant dans les pays arabes que dans les pays européens. Le choix des portraits
est vaste et témoigne d’une volonté de culture au sens large. Plusieurs sujets
touchent à la musique arabe classique ou populaire, d’autres à la condition
féminine, d’autres enfin montrent des femmes ayant joué un rôle politique
important ou plus modeste, mais qui témoignent à chaque fois du besoin vital de
secouer un joug colonialiste.
Ces objectifs
spécifiques cadrent parfaitement avec les objectifs généraux à savoir :
favoriser le rapprochement et la compréhension entre les peuples de part et
d’autre de la Méditerranée, ainsi que l’amélioration de leur perception
mutuelle.
Par contre, on peut détecter une
faiblesse dans la conception même du projet, faiblesse qui risque de mener à la
paralysie. En effet, l’objectif principal de Elles… aux abords de l’an 2000 est
la coproduction d’une série de 12 documentaires évoquant des portraits de
femmes arabes. Mais il n’est pas fait mention dans l’élaboration du cadre
logique de la manière dont ces films seront montrés, distribués ou diffusés.
Cela n’a jamais été précisé et reste encore aujourd’hui un élément flou. Malgré
les efforts de la coordinatrice qui ne ménage pas sa peine pour inscrire les
films aux festivals ou aux marchés télévisuels, il manque un partenaire
diffuseur (chaîne de télévision) qui programmerait la série et en ferait la
promotion. Pour mémoire, cette obligation de devoir s’associer à une chaîne de
télévision pour la production de documentaires télévisuels est impératif dans
les demandes d’aide auprès d’organismes officiels, tels que le Centre National
de la Cinématographie en France ou le Ministère de la Communauté française en
Belgique. Avoir un partenaire télé-diffuseur est un garant à la fois d’une
certaine qualité technique et d’une diffusion. Et donc d’un public.
Cette réflexion
en entraîne une autre : à qui est destinée cette série de films
documentaires ? A un public arabe ou à un public européen voire même
au-delà ? Il aurait peut-être fallu préciser ce point avant de commencer
la production de la série. En effet, ces femmes, à l’exception de Oum Kalsoum,
sont très peu connues en dehors des pays arabes. Il faut donc les introduire
auprès d’une audience européenne. Ce qui demande une structure scénaristique
légèrement différente.
Une incohérence
semble se profiler : idéalement ces films devraient pouvoir être diffusés
par les télévisions arabes. Or, d’après la coordinatrice du projet, ces chaînes
diffusent peu de documentaires. N’y aurait-il pas là un travail à entreprendre
en collaboration avec la Commission européenne auprès des chaînes de télévision
arabes ou méditerranéennes qui font partie d’un autre projet Euromed
Audiovisuel, CapMed, ce qui pourrait aboutir au final à une évolution du
paysage audiovisuel méditerranéen.
Certaines
erreurs commises sur les films visionnés (narration plate, sous-titres mal
calibrés, montage trop ou pas assez nerveux, mauvais équilibre des extraits
d’archives, qualité sonore parfois déplorable, peu de « point de
vue ») ne font que renforcer la conviction des experts qu’il faut
dorénavant un contrôle appuyé sur certaines étapes de la production des films à
venir. Rechercher plus d’efficacité dans la forme (narration et réalisation)
tout en privilégiant un contenu original à l’ensemble des épisodes. C’est
pourquoi l’implication en amont d’un diffuseur pourrait être une solution
envisageable pour l’avenir, à condition que cela ne « formate » pas
la série mais lui permette au contraire de créer des films adaptés aux
exigences des différents marchés tout en leur conservant une intégrité
culturelle.
Efficience
Les coûts se
justifient par l’impact considérable du projet. A l’exception de quelques
documentaires sur la chanteuse Oum Kalsoum, il existait très peu de films
retraçant la vie ou le rôle de femmes arabes. Aujourd’hui, grâce à la série, ce
manque est en train d’être comblé. On a ressuscité des comédiennes, des
chanteuses, des productrices, des compositrices de musique, des journalistes.
On a fait appel à la mémoire de leurs familles ou de leurs collaborateurs. On a
forcé les portes des prisons. On a exhumé des photos, donné un sens à des
archives muettes, tiré de l’oubli des destins exceptionnels. De jeunes réalisateurs
se sont trouvés des modèles et ont pris la route des oasis à la recherche de
telle ou telle chanteuse oubliée. Un mouvement a été créé qui a généré une
nouvelle vision du passé.
La série
comblera un vide dans les cinémathèques arabes et mondiales en ce qui concerne
la femme arabe et constituera une référence précieuse pour les chercheurs à
l’avenir
Le projet
fut-il mené de manière optimale ? L’objectif était relativement ambitieux
et complexe au départ. Organiser la production de douze documentaires de 52
minutes en 42 mois à travers six pays arabes constitue une tâche lourde. De
plus le documentaire, tel qu’on le connaît en Europe ou aux Etats-Unis, n’est
pas un mode d’expression habituelle des cinéastes arabes. Il n’y a pas de
grande tradition documentaire dans ces pays. Il a donc fallu tâtonner. Tâtonner
pour définir les sujets, tâtonner pour trouver les équipes et les partenaires,
tâtonner pour aboutir à une ligne de production efficace. Et ce fut la raison
de plusieurs mois de retards. Mais dès que les premiers thèmes ont été choisis,
la série a pu débuter dans de bonnes conditions. La coordinatrice du projet est
très présente sur la plupart des fronts et travaille à la manière d’une
productrice responsable. Elle dispose d’une petite équipe bien rodée. Grâce à
l’achat de caméras digitales et d’un banc de montage central servant à la
plupart des productions, le projet est mené de manière économique et souple. La
coordinatrice veille à travailler dans des conditions techniques identiques à
celles des pays européens.
Des contrats de
production exécutive ont été signés avec certains partenaires d’autres pays et
la série bénéficie de l’aide d’un coproducteur français, Humbert Balsan (Ognon
Pictures).
Par contre, il
semble que la coordinatrice du projet ait préféré rester seule maître à bord de
l’ensemble de la série en refusant une proposition de coproduction et de
diffusion qui lui fut apportée par un réalisateur arabe chevronné vivant en
Europe. Cette proposition qui fut rejetée aurait peut-être donné à l’un des
films une plate-forme internationale dont aurait pu bénéficier ensuite
l’ensemble de la série.
A la question
de savoir si le budget disponible du projet a été suffisant par rapport aux
objectifs, on peut effectivement se poser la question. Une estimation
financière grossière porte le budget de chaque film à environ 100.000 € (moins
l’apport de 20% apporté par Misr International Films). Il s’agit d’un coût
inférieur à la production d’un documentaire européen. Ce coût bas explique sans
doute la politique générale d’économie de la série. (Peu de réalisateurs
chevronnés, équipe réduite, recherche d’archives timorée). D’autre part, cette
politique d’économie permet à de jeunes réalisateurs de se former sur des
sujets dont ils assument à la fois le scénario, la recherche d’archives, les
repérages et la réalisation.
L’expert 2 a pu
aider la coordinatrice du projet à se préparer pour le « pitching »
d’Amsterdam qui eut lieu en décembre 2002. Cette présentation des projets de
documentaires devant un panel de « Commissioning editors »
appartenant à la plupart des chaînes du monde entier constitue le summum en la
matière. En effet, le producteur ou le réalisateur dispose d’un certain nombre
de minutes pour exposer son projet et répondre aux questions des professionnels.
L’expert 2 conseilla à Marianne Khoury, de suivre le stage de formation au
« pitching » qui s’est déroulé le week-end précédent le Forum, ce
qu’elle fit.
Efficacité
La
coordinatrice du projet a profité de la Conférence annuelle Euromed Audiovisuel
du Caire pour montrer des extraits de ses films. Et devant le très beau
générique du film, « La légende de Rose Al-Youssef », devant ces
images liées à la condition féminine et à la répression, on ne pouvait qu’être
frappés par le bien fondé du projet.
Il est à
regretter par contre qu’aucune dynamique n’ait été mise en place dans le
secteur audiovisuel auprès des autres partenaires méditerranéens, et notamment
de Medea et de CapMed. Medea aurait pu fournir à certains des
scénaristes-réalisateurs de Elles… aux abords de l’an 2000 un encadrement leur
permettant de développer leur projet dans de bonnes conditions, face à des
professionnels de l’écriture, qui auraient pu les aider ensuite à résoudre
certaines questions de structure et de mise en perspective.
Quant à CapMed,
il est indéniable que les deux projets auraient pu s’appuyer l’un sur l’autre
dès le départ. En effet, CapMed vise à la conservation, à la restauration des
archives télévisuelles des partenaires méditerranéens et à la création d’une
base de données de références pour ces archives, tandis que Elles… aux abords
de l’an 2000 est à la recherche d’archives destinées à illustrer les différents
portraits féminins, archives appartenant elles aussi au bassin méditerranéen.
Si Marianne Khoury
semble avoir pensé à CapMed dès la rédaction de son rapport de 2002, elle ne
lui a jamais véritablement fourni une liste de sujets susceptibles de
l’intéresser. Ce n’est que lors d’une réunion à la Conférence du Caire en
octobre 2002 que Marianne Khoury et Nancy Angel (coordinatrice du projet
CapMed) ont décidé de collaborer.
On ne peut que
déplorer ce début d’occasion ratée. Mais au niveau des archives, les choses
peuvent encore être redressées et corrigées. Pour les deux films qu’elle a
réalisés, Marianne Khoury a travaillé essentiellement avec la Cinémathèque
égyptienne. Seul le film algérien illustrant la lutte d’indépendance du FLN
contre l’armée française a pâti d’un manque de recherches systématiques
d’archives. Les images qui illustrent les propos de l’interviewée sont mal
choisies et servent maladroitement le propos du film. Ce ne fut visiblement pas
l’objectif principal.
Impact
Comme pour
« Euromédiatoon », l’impact du projet ne sera réellement appréciable
au niveau du grand public qu’à la diffusion de la série. Pour l’instant, les
bénéfices du projet sont concentrés sur les réalisateurs et techniciens
impliqués directement dans la production des documentaires.
De la même
manière que « Viva Carthago », ce sera principalement lors de la diffusion
de la série, tant dans les pays sud-méditerranéens que dans l’Union européenne
et dans le restant du monde que l’on pourra mesurer les effets du projet sur le
plan culturel.
La
coordinatrice du projet est très présente sur les festivals et les marchés du
film. Elle ne ménage pas sa peine pour se déplacer en Europe et dans le Maghreb
afin d’assurer la promotion de ses films. Elle a édité en français et en arabe
une brochure très illustrée sur les deux premiers films consacrés aux
« Passionnées du Cinéma » et a en projet la fabrication d’un
dépliant, façon calendrier, sur les 12 épisodes de la série, en français,
anglais et arabe. On peut espérer que ce matériel de promotion aidera à
promouvoir le projet et à trouver d’autres partenaires, tels que les bibliothèques
ou les médiathèques, susceptibles d’acquérir la série. Mais il faudra attendre
la terminaison des douze documentaires avant de connaître véritablement les
résultats escomptés, à la fois sur le public arabe et sur le public européen.
Viabilité
Douze
documentaires de 52’ retraçant des portraits de femmes arabes seront terminés
au début de l’année 2004. La série pourra alors être diffusée par des chaînes
de télévision à travers le monde entier. C’est dire si les résultats positifs
du projet perdureront après que les financements externes auront pris fin.
Cette série est appelée à connaître un large impact tant au niveau de la
communauté arabe que des pays européens. Elle pourra faire également l’objet
d’une distribution sur cassette vidéo ou encore sur DVD. A titre d’exemple, le
coordinateur du projet a été contacté par un distributeur américain spécialisé
dans les programmes arabes qui attend la fin de la série.
De plus, la
série sera programmée dans des festivals et donnera lieu à de nombreux
colloques et débats qui se poursuivront pendant de nombreuses années. Enfin la
série sera un outil de référence pour les chercheurs et les spécialistes qui
s’intéressent à la femme arabe. Et suscitera à son tour d’autres projets de
livres ou de films.
La diffusion et
la vente de la série constituant un point important de la viabilité du projet,
la Commission européenne pourrait fournir un guide dans le choix des chaînes
intéressées et dans la jungle des territoires et des droits en nommant auprès
du coordinateur du projet un spécialiste de la vente et de la distribution qui
pourrait fournir une assistance technique afin d’assurer un meilleur impact du
projet.
E. CINEMA MED
Les missions
Cinema Med furent menées au titre de l’évaluation à mi-parcours au mois
d’octobre au siège du coordinateur du projet à Naples : Michele Capasso et
en décembre 2002 à Marrakech.
Cinema Med fait
partie intégrante de la Fondation du laboratoire méditerranéen, née en 1994 à
l’initiative de l’Académie de la Méditerranée, en vue de l’introduction d’un
programme spécifique pour la région méditerranéenne et centralisé au cœur de
Naples (24 personnes). Michele Capasso est également le directeur général de
cette Fondation.
Le projet
Cinema Med a démarré le 16 mars 2000 pour une durée de 36 mois. La contribution
financière de la Commission européenne s’élève à 1.000.000 €.
E.1. Objectifs et résultats attendus
Le projet
Cinema Med a ceci de particulièrement intéressant qu’il associe à la fois le cinéma
du patrimoine et le cinéma contemporain sud-méditerranéens sous plusieurs
aspects.
La valorisation
du patrimoine du cinéma en Méditerranée du Sud est une belle cause à mener en
ce sens qu’elle fait prendre conscience aux professionnels du cinéma de la
richesse et de la valeur de leurs archives cinématographiques, le but recherché
étant la présentation des films à un public le plus large possible. Qui dit
archive dit sauvegarde, conservation et restauration. C’est le cas pour ce
projet qui fait appel aux compétences de plusieurs cinémathèques prestigieuses
de la Méditerranée. Faire connaître le travail accompli des deux côtés des
rives de la Méditerranée demande un travail colossal et acharné d’édition pour
informer les spectateurs et les professionnels du cinéma attentifs à ce genre
d’activités. Il faut laisser une trace de qualité dès lors que l’on s’attaque à
l’histoire du cinéma car les documents fabriqués deviennent alors des biens
précieux et des outils de référence. La programmation de rétrospectives liées à
l’histoire du cinéma est toujours difficile à organiser car peu rentable et
n’attirant souvent qu’un public restreint. Mais c’est aussi à travers les
grands noms de cinéastes d’une région que la population d’un pays de cette même
région est en mesure de pouvoir se reconnaître et retrouver son identité et sa
culture. Tout un travail d’information et de mise en valeur du patrimoine est à
entreprendre en évitant de tomber dans l’écueil de l’amateurisme et du laxisme,
faute de moyens par exemple, ce qui appauvrirait le but recherché. Sensibiliser
les foules sur le patrimoine sud-méditerranéen est une tâche ardue mais
respectable à condition qu’elle soit menée de manière efficace.
Même chose avec
le cinéma contemporain et la création d’un festival itinérant qui a affiché une
programmation de films arabo-méditerranéens dans plusieurs villes
euro-méditerranéennes et a pu donner ainsi la possibilité à plusieurs cinéastes
des films choisis de venir s’exprimer sur leurs œuvres dans certains cas. Le public
revêt là encore une importance considérable puisqu’il joue son rôle
d’indicateur de satisfaction. Toutes ces actions en liaison avec le cinéma,
qu’elles soient patrimoniales ou contemporaines, demandent une attention
soutenue de la part des partenaires méditerranéens du projet et ne peut pas
exister sans eux. Les compétences et échanges de vue entre les cinémathèques
jouent un rôle primordial quant aux techniques et savoir-faire à échanger et
adapter suivant les cas. Le projet par lui-même génère ces complicités surtout
dès qu’il s’agit du milieu des archives qui passe pour un monde très fermé et
élitiste. Une possibilité d’ouverture existe là à faire fructifier. Cinema Med
organise par ailleurs, dans des pays partenaires méditerranéens, des modules de
formation à l’écriture de scénarios ce qui donne au projet une responsabilité
et une crédibilité notoires car il associe un volet exploratoire en direction
des jeunes créateurs, très en amont, sur le cinéma sud-méditerranéen en
développement
En premier lieu,
c’est évidemment de dialogues entre les peuples dont il s’agit. De part ses
objectifs, le projet part de la racine du cinéma (patrimoine et écriture de
scénarios) pour aller à la rencontre du public dans les salles. Un festival
itinérant, comme son nom l’indique, bouge pour aller au-devant des gens :
c’est sa fonction première. Si les films sont bien choisis et montrés dans de
bonnes conditions, le public est sensible et se souvient. Il est reconnaissant
du bien-fondé de l’opération et en redemande. La fidélisation du public
satisfait est importante car l’événementiel peut se transformer en habitude. A
condition évidemment que les moyens alloués au projet permettent d’envisager
une suite. Les professionnels, comme le public, suivent le même état d’esprit. Ils
ont besoin d’être motivés et reconnus dans leurs domaines pour donner le
meilleur de leurs capacités. Tout ceci, à plus ou moins longue ou brève
échéance, a pour but de sensibiliser tous les publics et acquérir une
visibilité suffisamment affirmée pour convaincre aussi bien sur le terrain
(partenaires et bénéficiaires) qu’au niveau de la Commission européenne. Les
techniques d’écriture s’apprennent et se transmettent et les relations entre
scénaristes de pays différents peuvent engendrer une compréhension mutuelle qui
ne pourra qu’enrichir leurs projets de scénario. La démarche est simple mais
délicate. Une attention particulière aux personnalités des individus prend ici
toute sa place car les domaines d’intervention du projet Cinema Med sont très
variés même si les axes d’intervention sont complémentaires. La mise en réseau
de professionnels de qualité est un enjeu de taille quand il s’agit comme ici
de métiers du cinéma si différents dont les actions sont plutôt traitées de
manière ponctuelle et relativement inégale voire déséquilibrée. Réunir,
encourager et motiver toutes ces compétences permet de valoriser le cinéma des
pays partenaires méditerranéens dans leur région et pour leur public, mais
aussi de lui donner la chance d’exister sur les écrans de cinéma pour le public
dans l’Union européenne.
E.2. Bilan des activités menées
Un festival
itinérant existait déjà dans le dispositif du programme méditerranéen de la
Fondation et fut ensuite intégré à Cinema Med dès l’existence du projet en mars
2000. Le budget est le moins important des six projets Euromed Audiovisuel.
Cinema Med rassemble un certain nombre de partenaires autour de lui qui vise à
faire exister au mieux les différentes lignes du programme.
Cinema Med fait
travailler environ 5 personnes. La documentation remise à l’expert 1 est
impressionnante en volume et qualité. Pour le festival itinérant, un catalogue
assez prestigieux a été rédigé (en collaboration avec des historiens de cinéma
spécialisés et de personnalités de renom) et remis gratuitement aux spectateurs
qui ont assisté à des débats après les projections. On peut toutefois regretter
que le contenu du catalogue soit seulement rédigé en italien et en anglais
omettant la langue arabe. A la fin 2002, un catalogue des Cinémathèques a été
publié (750 exemplaires) ainsi qu’un catalogue sur le cinéaste égyptien Salah
Abu Seif (en italien et anglais) qui fut distribué pour la première fois à
Marrakech lors du dernier module de formation de scénaristes (programme « Aristote »)
en décembre 2002.
Tous les
catalogues sont imprimés à Naples. Il faut ajouter que tous les films montrés
durant le festival itinérant sont des films en location et que Cinema Med
dispose de 2 copies par films toutes en dépôt à Rome. Ces films arabo-méditerranéens
ont circulé principalement dans les pays du Sud de l’Union européenne (Italie,
Espagne et Portugal) avec une incursion à Edimbourg (Ecosse) et Amman
(Jordanie). La valorisation du cinéma du patrimoine s’est faite à travers
l’hommage rendu à la Cinémathèque d’Alger et celui rendu au grand cinéaste
égyptien Salah Abu Seif en montrant une rétrospective de son œuvre (8 longs
métrages et 1 court métrage) à Naples et Bologne du 5 au 12 décembre 2002 (une
autre rétrospective devait avoir lieu en janvier 2003 à Toulouse). La
restauration de la première œuvre de ce maître du cinéma égyptien, un
documentaire très abîmé dans un incendie à Turin, a été prise en charge
financièrement par Euromed Audiovisuel et réalisée par la Cinémathèque de
Bologne. M. Capasso est étroitement lié à la culture de la région de Naples
(Campanie) et le projet Cinema Med a profité depuis le départ de sa grande
connaissance de la culture du bassin méditerranéen et de son peuple. Ceci pour
dire combien il attache d’importance au prolongement des actions menées,
déplorant que la fin des moyens financiers alloués ne permette plus de
continuer de répondre aujourd’hui à certaines demandes pour l’année en cours.
Le programme
« Aristote » (atelier d’écriture de scénario) s’est déroulé jusqu’à
présent en deux volets : l’un s’est tenu à Beyrouth en juillet 2002 à
l’Académie libanaise des Beaux- Arts et l’autre, suivant la même formule, à
l’Université Cadi Ayyad de Marrakech du 12 au 18 décembre 2002. Pendant
quelques jours les dix participants (4 venus du Liban, 2 de France, 1 de
Belgique et 3 du Maroc) ont pu bénéficier d’un enseignement théorique sur
l’écriture et son aspect technique complet grâce à des tuteurs expérimentés. Le
producteur extérieur invité a eu une action déterminante car les participants
ont pu bénéficier d’un regard sensible en connexion directe avec le marché du
cinéma. En raison du budget total réduit du projet Cinema Med (1 million € au
lieu des 2,4 millions € prévus), des manques véritables surviennent quant à
l’organisation de ces sessions de scénario qui deviennent de fait un peu
« flottantes ». En conséquence, les objectifs du programme
« Aristote » semblent trop ambitieux par rapport aux moyens dont ils
disposent et aux critères de sélection en place. « Aristote »
devrait, soit sélectionner des participants plus expérimentés, soit se donner
les moyens de proposer une réelle formation initiale. Sur le plan culturel
cependant, l’atelier atteint clairement ses objectifs car le groupe de jeunes
talents constitué va continuer sans aucun doute de conserver des relations à
l’avenir au vue de leur complémentarité.
E.3. Critères d’évaluation
Pertinence
Les objectifs
du projet Cinema Med sont, de par leur diversité et leur prise directe avec la
réalité euro-méditerranéenne, totalement en phase avec le programme Euromed
Audiovisuel. Les objectifs spécifiques sont bien sûr éloquents par le travail
fourni avec les moyens financiers alloués mais n’atteignent pas forcément une
dimension d’envergure (même si un « coup » a été tenté apparemment
avec succès dans un festival à Amman en Jordanie) suffisante pour répondre largement à une
compréhension mutuelle des peuples sur le plan culturel. L’ensemble, bien que
complet dans son contenu, semble vouloir rester en terrain connu (Italie) et se
restreindre quelque peu dans ses actions ne donnant pas vraiment l’impression
que le grand public est toujours concerné.
Efficience
Il est vrai que
le budget de ce projet était très limité au départ compte tenu, qui plus est,
de la volonté d’entreprendre du coordinateur de projet. Les autres partenaires
annoncés dans les pays sud-méditerranéens sur ce projet sont nombreux sur le
papier et vont de Amman à Edimbourg en passant par Alger ou Lisbonne. Cette
détermination et cette volonté affichées ont maintenu les actions décidées au
moment du lancement du programme malgré la réduction de budget. Ce qui a été
annoncé a été réalisé dans les délais impartis. On peut regretter toutefois que
l’énergie dépensée dans chacun des volets d’intervention du projet n’ait pas pu
servir aussi à maintenir et prolonger le cap de toutes ces bonnes initiatives.
Le coordinateur du projet a bien utilisé son budget pour mener à leur terme les
actions prévues sans trop se préoccuper de l’impact et de la suite qui serait
donner ou non. Il est toujours dommage de voir de bonnes chose entreprises
s’arrêter faute d’argent surtout quand on a commencé à ouvrir des portes et à
mesurer l’importance des enjeux. La passion pour le cinéma est bien là ;
il suffit de noter la qualité de ce qui a été organisé durant trois ans.
L’information semble insuffisante ; mais sans perspective d’avenir, il est
difficile de mettre au point une vraie politique de communication surtout vis à
vis de la presse et des médias.
Efficacité
Beaucoup des
compétences des partenaires méditerranéens ont été utilisées tout au long du
déroulement du projet. Que ce soit les universitaires (Maroc), les
institutionnels dans les arts (Liban, Jordanie, Maroc), les organisateurs de
festivals internationaux du film (Edimbourg, Bologne, Montpellier), les
cinémathèques (Alger, Lisbonne, Toulouse) pour ne citer que ces exemples de
professionnels du cinéma, tous ont contribué efficacement de près ou de loin au
bon fonctionnement du projet. Quant aux bénéficiaires scénaristes, malgré
seulement deux sessions d’écriture en 2002, ils ont particulièrement apprécié
la structure de formation qui leur était offerte tout à fait adaptée à leur
niveau. L’atelier, afin d’atteindre de meilleurs résultats au vue de la
satisfaction réelle des bénéficiaires, doit continuer en se dotant de moyens de
fonctionner adaptés, pour réussir son pari tout d’abord sur un plan logistique
puis sur le plan de l’enseignement en conservant les professionnels/tuteurs de
qualité. L’expert 3 a participé quelques jours en tant qu’observateur au module
de formation à l’écriture de scénarios en décembre 2002 à Marrakech et a pu
ainsi constater l’efficacité de la formation et ses effets sur l’évolution des
scénarios après six mois de suivi.
Impact
Le sérieux de
l’ensemble du projet n’est pas à remettre en cause. Du bon travail a été fait.
C’est difficile de gérer plusieurs axes d’intervention de manière égale et
récurrente. Les festivals ont été organisés dans huit villes et ont rassemblé
environ 60 000 personnes ; des demandes de villes nouvelles sont en
attente (Tunis, Naples, Athènes). Un seul film de Salah Abu Seif a été restauré
dans la rétrospective qui lui a été consacré. Deux newsletters ont pu être
réalisées à ce jour et envoyées au nombre de 8000 chacune. On peut témoigner de
l’impact du projet en visionnant plusieurs vidéos qui ont été tournées lors du
festival itinérant à Edimbourg et à Palerme. L’évaluation à mi-parcours n’a pas
pu permettre à l’expert 1 de se rendre sur aucune des manifestations publiques
organisées par Cinema Med, festival ou rétrospective, afin de se rendre compte
avec plus de justesse de l’impact sur le public, des conditions de projections
des films, de l’état des copies et des problèmes qui se posent. La diffusion
potentielle des films développés dans le cadre de l’action de formation est
également susceptible de contribuer à l’impact général du projet.
Viabilité
Le projet n’est
plus viable sans le soutien financier de la Commission européenne. Si la
Commission européenne juge que le travail effectué a rempli tous ses objectifs
et est utile dans son domaine, il serait dommage d’interrompre les actions et
donner ainsi l’image d’un événementiel sans suite. Pour fidéliser un public, il
faut créer des habitudes et des rendez-vous culturels appropriés sinon tout
reste éphémère, superficiel et insatisfaisant. Après toute l’énergie et la
passion dépensées à créer les bases solides d’un travail, on peut trouver
dommageable d’en rester là et d’avoir ainsi utilisé des moyens financiers,
somme toute importants, sans volonté de pérennité. Les 6 projets du programme
Euromed Audiovisuel sont par essence en état de fragilité. Ce sont des projets
neufs et qui peuvent encore faire leurs preuves. Cinema Med n’échappe pas à
cette règle. Le projet mérite de continuer et de pouvoir s’atteler maintenant
au travail d’une meilleure visibilité (public, presse, professionnels) dès lors
qu’il aura obtenu une chance de se maintenir et donc la poursuite de ses
engagements. Il y a certainement des changements à opérer dans la manière de
fonctionner mais toutes les actions de qualité menées jusqu’ici méritent d’être
consolidées et peut-être développées autrement.
F. MEDEA
Les missions
Medea furent menées au titre de l’évaluation à mi-parcours aux mois d’octobre
et décembre 2002 au siège du coordinateur du projet à Séville ainsi qu’à Tunis
(lieu de l’un des séminaires du projet).
Le projet Medea
a démarré le 8 mars 2000 pour une durée de 36 mois. La contribution financière
de la Commission européenne s’élève à 4.000.000 €.
F.1. Objectifs et résultats attendus
Le projet Medea
constitue une initiative originale, innovante et particulièrement utile du
programme Euromed Audiovisuel.
Sur le plan
économique, il a pour but d’apporter une aide financière au développement de 75
projets audiovisuels développés par des sociétés de production indépendantes
euro-méditerranéennes ainsi qu’une assistance aux participants sélectionnés
tout au long du processus de développement, ponctuée de modules de formations
en écriture de scénario, financement et marketing/distribution.
Sur le plan
culturel, le projet souhaite contribuer au rapprochement entre les cultures et
les peuples de la région euro-méditerranéenne, à la diffusion d’une identité
culturelle arabo-méditerranéenne. Il souhaite également encourager l’échange de
savoir-faire et la coopération entre les acteurs du secteur audiovisuel
euro-méditerranéen. Pour ce faire, il souhaite contribuer à la création d’un
réseau solide et durable de professionnels et d’institutions de l’audiovisuel
qui reflètent à travers leurs actions comme à travers leurs créations la
diversité et la richesse de cette région, tout en favorisant le développement
d’un respect mutuel entre les populations des pays qui la composent.
Ce lien établi
entre formation et développement se situe dans la bonne direction et répond à
un besoin réel présent dans l’ensemble des pays concernés, au Nord comme au Sud
de la Méditerranée, que les industries concernées soient naissantes ou établies
de longue date. Même si le besoin se fait plus cruellement sentir dans les pays
où Medea représente quasiment la seule source de financement ou de formation au
processus de développement, même les pays plus favorisés ont un besoin
permanent de ressources (qu’elles soient financières, informatives ou
formatrices) à ce stade crucial de la vie d’un projet audiovisuel.
F.2. Bilan des activités menées
Après presque
deux ans d’activité et six modules de formations, le projet Medea a sélectionné
75 projets (25 projets représentant un mélange fiction/documentaire dans un
premier stade puis 25 projets de fiction et 25 projets de documentaires dans un
second stade).
La contribution
financière de la Commission européenne au projet (4.000.000€) se situe au
niveau des projets les plus importants du programme en terme budgétaire (avec
CapMed, Europa Cinémas et Euromédiatoon).
Medea emploie 5
personnes de façon permanente et fait appel à plusieurs dizaines de
collaborateurs internes et externes au moment des ateliers. Ses partenaires
dans l’Union européenne sont la Fundación cultural Media/Media Business School
(Espagne), Science Com’ (France) et dans les pays sud-méditerranéens, The New
Israeli Foundation for Cinema and Television (Israël) et le Centre
Cinématographique Marocain (Maroc). Le Maurits Binger Film Institute (Pays Bas)
a été un partenaire jusqu’en 2002.
A ce jour, les
activités menées se répartissent en plusieurs catégories :
- Constitution
de l’équipe et aménagement des locaux au siège de l’organisation à Séville. Il
faut noter que le premier coordinateur du projet a été remplacé fin 2002.
L’équipe a également intégré fin 2002 une personne responsable de la logistique
des ateliers (préparation/déroulement/suivi).
- Promotion du
programme (mailing, Internet, campagne de presse, présentations diverses) de
façon à assurer le recrutement le plus large possible des participants dans
l’ensemble des pays partenaires.
- Sélection des
bénéficiaires à la suite de trois appels à candidatures distincts, le premier
(mêlant 25 projets de fiction et documentaires) s’étant achevé en décembre
2000, le second en septembre 2001 pour des projets de fiction uniquement (25)
et le dernier en décembre 2001 pour des projets de documentaire (25 également).
Au total, 75 bénéficiaires ont été retenus à ce jour. 850 000€ sont
alloués au développement de chaque groupe de 25 projets, soit en moyenne de
25 000€ à 36 000€ par projet. La part du développement dans un budget
représente en moyenne 10% du coût d’un projet si l’on retient un coût total
moyen par œuvre compris entre 0,5 et 1 million €.
- Mise en place
des modules de formation (6 à ce jour s’étant déroulés à chaque fois dans un
pays euro-méditerranéen différent) couvrant les domaines de l’écriture de
scénario, du financement et du marketing/distribution. Ces modules ont jusqu’à
présent été organisés par les partenaires du projet (Maurits Binger Institute
et ses successeurs pour le scénario, Media Business School pour le financement
et Science Com’ pour le marketing/distribution).
- Mise en place
du suivi de la formation au cours de chaque module et du suivi du développement
des projets entre les modules par des tuteurs externes différents pour la
fiction et pour le documentaire.
F.3. Critères d’évaluation
Pertinence
Les objectifs
du projet Medea sont totalement en phase avec le programme Euromed Audiovisuel,
aussi bien sur le plan économique que culturel. Ils répondent à un besoin
important de formation et d’investissement au stade du développement, phase
cruciale dans la production d’œuvres audiovisuelles qui est pourtant trop
souvent négligée, par manque de moyens et de compétences, aussi bien au Nord
qu’au Sud de la Méditerranée.
Les objectifs
sont non seulement toujours valables, mais probablement même renforcés par les
difficultés rencontrées dans la plupart des industries cinématographiques de
l’Union européenne. Pour ce qui concerne les pays du Sud de la Méditerranée,
l’absence presque totale d’aides au développement en dehors de quelques fonds
spécifiques rend une initiative comme Medea encore plus indispensable.
A l’issue de
cette première phase d’activité, les objectifs spécifiques de Medea demandent
toutefois à être précisés notamment en ce qui concerne le type de bénéficiaires
concernés par le programme et la façon dont ils sont représentés lors des
modules de formation, de façon à ce que la formation proposée puisse garantir
une meilleure continuité et une meilleure efficacité. En effet, jusqu’à
présent, il était possible pour les bénéficiaires d’envoyés à chaque module de
formation, un participant différent lié au projet sélectionné (scénariste,
producteur, responsable du développement), rendant ainsi la continuité de la
formation difficile pour les tuteurs et pouvant compromettre l’efficacité de la
formation pour les bénéficiaires finaux.
Le projet
demeure toutefois totalement focalisé sur les problèmes du secteur audiovisuel
euro-méditerranéen et a commencé à couvrir une partie de ses besoins dans le
domaine du développement, en particulier pour ce qui concerne les pays du Sud
de la Méditerranée. Son action peut toutefois et même se doit d’être optimisée,
aussi bien sur le plan de l’organisation interne et externe que sur celui de la
définition même de l’action à tous les niveaux.
Le contenu des
modules de formation doit ensuite être adapté de façon bien plus spécifique aux
besoins très particuliers de chacun des pays sud-méditerranéens. La
transposition plus ou moins directe d’ateliers conçus pour des pays de l’Union
européenne et la présence d’intervenants, qui ne connaissent pas suffisamment
les spécificités de la région, n’apportent qu’une réponse très partielle aux
besoins réels des participants.
Efficience
Sur le plan
quantitatif, le projet a globalement atteint ses résultats escomptés au niveau
du nombre de projets aidés et du nombre de modules de formation organisés mais
sur le plan qualitatif les résultats du projet dans ce domaine sont entachés
par une accumulation de problèmes internes et externes.
-
Sur le plan interne,
le projet a fait preuve dès le départ d’une mauvaise organisation, certes
aggravée par le remplacement au cours de la seconde année de la coordinatrice
du projet et de son remplacement juste avant le quatrième module. Les critiques
sont nombreuses, aussi bien du côté des tuteurs et partenaires que du côté
des bénéficiaires finaux qui expriment tous la même frustration en ce qui
concerne les relations avec l’équipe : mauvaise organisation et mauvaise
communication principalement. Globalement, l’équipe a jusqu’à ce jour donné
l’image d’un groupe plein de bonne volonté et très sympathique, mais également
très désorganisé et à l’efficacité plutôt réduite, en tout cas insuffisante en
dépit de l’énergie déployée. Le manque de connaissances spécifiques du milieu
de l’audiovisuel au départ du projet explique en partie ces problèmes mais un
certain laxisme a aussi accompagné cette incompétence particulière. Les experts
ont fait part de ces problèmes à l’équipe qui les a reconnus et a entrepris une
réorganisation interne complète, laquelle s’est notamment manifestée par une
nouvelle embauche de façon à améliorer la logistique pendant et entre les
ateliers. Cette prise de conscience positive ajoutée à la nomination récente
d’une nouvelle coordinatrice signifie qu’une chance doit être donnée à cette nouvelle
équipe de faire ses preuves en matière d’organisation interne tout au long de
l’année et lors de chaque atelier. Medea a tiré tout dernièrement un bilan
faisant ressortir les points forts et les points faibles du système.
Apparemment, des leçons ont été tirées des années passées et les nouvelles
perspectives mises en œuvre porteraient déjà leurs fruits.
-
Sur le plan externe,
en particulier en ce qui concerne la relation avec les partenaires extérieurs,
l’équipe a été portée, en raison de son inexpérience, à déléguer au début de
son activité l’organisation de chaque module au partenaire concerné (scénario,
finance, marketing/distribution). Cela a sans doute permis d’effectuer les
premiers modules en utilisant des compétences extérieures reconnues et incontestées,
mais cela a aussi eu pour double effet négatif, une insuffisante adaptation du
contenu des modules au public spécifique du projet en particulier en ce qui
concerne les besoins très spécifiques des pays sud-méditerranéens, et un manque
de cohérence et de suivi flagrant entre les modules. Forte de l’expérience
acquise à l’issue de presque deux ans d’expérience, l’équipe revendique
aujourd’hui, à juste titre, un contrôle plus important sur le choix des
intervenants et la conception de chaque module, en liaison avec les tuteurs
spécifiques à chaque domaine (l’un pour le documentaire, l’autre pour la
fiction) de façon à améliorer la continuité du travail entre les modules et la
cohérence d’un module à l’autre ainsi que le suivi. Ces problèmes ont également
été soulevés lors de l’évaluation et discutés avec l’équipe qui en est très
consciente et demande une chance de faire ses preuves sans être tributaire de
ses partenaires. Vu l’importance du projet et sa pertinence extrême pour le
programme Euromed Audiovisuel, cette chance doit leur être donnée, mais
assortie d’un contrôle important de façon à procéder aux ajustements
nécessaires si les résultats n’étaient pas rapidement au rendez-vous.
Le budget du
projet n’est donc globalement pas en cause, mais la façon dont il est utilisé
doit impérativement être revue et optimisée. Jusqu’à présent, l’équipe n’avait
pas les moyens de faire face aux problèmes rencontrés dans la mesure où elle
était obligée de déléguer l’ensemble du contenu de chaque module aux partenaires
concernés. Avec l’aide déterminante apportée par l’assistance technique
financée par la Commission européenne, elle a toutefois tenté d’apporter des
solutions partielles aux problèmes rencontrés, notamment en tentant de
renforcer le rôle des tuteurs dans l’élaboration du contenu des modules. On
peut donc dire qu’elle a fait preuve de réactivité dans les limites imposées
par le cahier des charges existant. Ces limites doivent toutefois être
repoussées si l’on veut donner à Medea une chance d’atteindre ses objectifs.
Il convient de
noter à ce sujet que la Commission européenne porte là encore une part de
responsabilité dans la non-résolution de ces problèmes, l’assistance technique
et l’équipe de Medea ayant à plusieurs reprises demandé, en vain, de changer le
statut des partenaires vis-à-vis du projet. L’expérience spécifique de l’expert
externe pour l’assistance technique a contribué à diagnostiquer en grande
partie les problèmes : malheureusement, ses suggestions émises n’ont pas
rencontré une écoute suffisante, que ce soit de la part des partenaires de
Medea, de la Commission européenne ou même de l’équipe elle-même (en tout cas
avant l’intervention des évaluateurs).
Sur le plan de
la communication, si le site Internet du projet est plutôt complet, la
communication externe doit être grandement améliorée. La visibilité du
programme dans l’industrie n’est pas assez importante et si le nom du projet
commence à être connu, son activité n’est pas encore claire. Cela signifie que
la documentation proposée lors des actions de communication doit être
améliorée, ce qui semblerait être en cours. Ce point est également à vérifier
car la visibilité d’un projet comme Medea est cruciale si l’on veut être en
mesure de recruter les bénéficiaires les plus intéressants et les projets
offrant le meilleur potentiel.
Efficacité
Là encore, sur
un plan purement quantitatif, le projet remplit son cahier des charges pour ce
qui concerne le nombre de projets aidés et le nombre de modules de formation
organisés.
Par ailleurs,
le projet a bien réagi à l’issue du premier appel à candidatures en prenant la
décision de séparer les projets de documentaire des projets de fiction. Ces
deux types d’œuvres demandent en effet un traitement très particulier, le
processus de développement étant très différent et spécifique à chaque activité
(en particulier les sources de financement et le marché des œuvres produites)
même si l’on retrouve naturellement des constantes.
Enfin, le
premier niveau de résultat a été atteint, c'est-à-dire la constitution d’un
réseau de partenaires euro-méditerranéens. C’est probablement le résultat le
plus facile à atteindre, mais il faut noter ce succès dont se félicitent les
participants, qui ont tous exprimé leur satisfaction devant l’opportunité
offerte par Medea de rencontrer des partenaires venant parfois de pays
totalement opposés politiquement, allant même jusqu’à s’associer pour une
coproduction. C’est dans ces résultats que Medea prouve à la fois sa raison
d’être et sa pertinence par rapport aux objectifs du programme Euromed
Audiovisuel.
En revanche,
sur un plan qualitatif, les problèmes déjà soulevés dans la section
« efficience » ont eu des incidences indéniables sur l’action du
projet. Si la section « documentaire » semble aujourd’hui avoir
trouvé ses marques et s’accommode du suivi de 25 projets par un seul tuteur, il
n’en est pas de même de la section « fiction ». Le tuteur pour la
partie fiction a en effet exprimé la difficulté de suivre 25 projets en
simultané et trouverait plus profitable de limiter le nombre de projets à la
moitié (12 à 14) ou encore de nommer un second tuteur pour partager la charge
de travail.
Les partenaires
ne faisant pas tous preuve de la même ouverture et de la même flexibilité,
voire de la même capacité à entendre les souhaits émis par l’équipe de Medea et
les tuteurs, il est indispensable de définir un nouvel organigramme
hiérarchique définissant plus clairement les responsabilités et le pouvoir de
chacun.
Enfin, l’équipe
dirigeante doit se reprendre en main et faire preuve de davantage de rigueur et
d’efficacité sur tous les plans de façon à limiter la frustration intense des
bénéficiaires et des partenaires sur ce point, ce qui est indispensable pour se
donner une chance d’assurer sa pérennité.
Impact
Pour l’instant,
l’impact du projet est essentiellement limité au public spécifique des
bénéficiaires finaux, même si les projets aidés commencent à entrer en
production, voire à être distribués.
Les objectifs
globaux du projet ne sont donc pas encore complètement atteints, ce qui n’est
pas un problème en soit et n’est pas anormal ni surprenant, le processus de
développement des œuvres audiovisuelles étant un processus à la fois long et
incertain. C’est donc en laissant au projet une chance de faire ses preuves sur
le moyen et le long terme que l’on pourra commencer à mesurer ses effets sur le
grand public et sur les populations euro-méditerranéennes en général.
Ce qui est
certain, c’est que l’aide financière apportée par le projet aux producteurs
indépendants des pays où le besoin est le plus aigu fait figure de mesure
providentielle. De nombreux participants ont confié aux experts que sans Medea,
leurs projets n’auraient pas pu voir le jour ou n’auraient pas connu la chance
d’être développés. Cette aide financière a donc un effet incontestable non
seulement sur les industries naissantes, stagnantes ou parfois même déclinantes
des pays concernés, mais également sur le moral des auteurs ou producteurs
bénéficiaires, qui se sentent souvent abandonnés ou négligés.
Viabilité
Le projet n’est
pas viable sans le soutien de la Commission européenne. Il est donc crucial de
poursuivre le travail amorcé tout en remédiant aux insuffisances constatées, de
façon à ne pas retirer l’oxygène apporté aux bénéficiaires avant que les effets
plus permanents du projet n’aient eu une chance d’être mesurés.
Si l’équipe
confirme sa réorganisation, améliore sa communication interne et externe,
parvient à créer une sorte de « label » Medea qui lui permettra de
séduire des partenaires financiers institutionnels et privés, alors l’action
pourra être poursuivie avec un soutien réduit ou supprimé de la Commission
européenne. Mais dans cette phase de (re)démarrage, le soutien de la Commission
est indispensable si l’on ne veut pas réduire à néant aussi bien les efforts
déjà fournis que les espoirs suscités par le projet.
4) CONCLUSIONS ET
RECOMMANDATIONS
4.1. EUROPA CINEMAS
CONCLUSIONS
Le premier
programme Euromed Audiovisuel a été vécu à Europa Cinémas comme un projet
pilote. Les déplacements nombreux de l’équipe dirigeante ont permis d’avoir une
vision globale des situations et de se donner de bonnes bases de travail. La
flexibilité avec les lignes directrices semble incontournable autant
qu’inévitable quand on travaille d’une manière si étroite avec ces différents
pays. Il faut apprendre à être proches des partenaires, très concrets dans les
actions et les discours, très précis et rigoureux dans les demandes. Comme
précisé ci-dessus, les contrats doivent pouvoir s’adapter au cas par cas. Si
ces capacités n’existent pas, la mission est trop difficile voire impossible.
Ce sont souvent des cas de force majeure auxquels il faut faire face dans
certains pays sans toutefois négliger aucune piste. Les contacts jusqu’à
présent ont été nombreux et prometteurs ayant abouti à beaucoup d’adhésions que
ce soit au niveau du nombre de salles que du nombre de films européens sortis
par les distributeurs. L’action menée est globalement récurrente sur un terrain
parfois mouvementé mais qui détient aussi des forces insoupçonnées pouvant
mener à des actions d’envergure inattendues. La contribution financière de la
Commission européenne a provoqué un effet de levier en générant de la part des
bénéficiaires des co-investissements qui apparaissent comme des retours
conséquents au regard des sommes allouées. Ce projet a donc révélé des forces
au sein des professionnels motivés qui se sentent ainsi considérés et de ce
fait prêts à donner beaucoup en échange. Si on prend en compte quelques uns des
pays concernés, on s’aperçoit que grâce à Europa Cinémas, le Maroc, par
exemple, continue de construire et développer une image positive dans le
secteur du cinéma. Même si la contribution financière est peu importante dans
un premier temps, elle a le mérite d’exister, révéler des compétences et
transformer les mentalités. C’est le bénéficiaire qui doit saisir la chance qui
lui est offerte et par-là même tenter de l’optimiser en apportant ses
ressources individuelles propres associées à sa motivation personnelle. D’autres
pays essaient de se reconstruire au vue d’une situation conflictuelle interne
désastreuse telle l’Algérie, qui tente de sortir d’un chaos meurtrier de plus
de dix ans et tant bien que mal rouvre, l’une après l’autre, ses salles de
cinéma et compte sur la présence bienfaitrice de Europa Cinémas dans cette
entreprise. Même chose dans les territoires palestiniens où une salle de
référence rempli parfaitement son rôle de « programmateur européen »
dans une situation politique indescriptible (mais c’est aussi une ouverture sur
le monde et la culture qui est en cause). Europa Cinémas, grâce à la Commission
européenne, tente de nouer des liens entre pays partenaires méditerranéens sur
le plan de la circulation des énergies à travers la diffusion des films euro-méditerranéens.
A ce propos, une union de coopération a été scellée, lors de la dernière
conférence annuelle Europa cinémas en novembre 2002, entre Le Maroc, l’Algérie
et la Tunisie afin de constituer une force plus grande face à l’Union
européenne et son accès aux films et mieux faire exister dans chaque pays
sud-méditerranéen les films de son voisin. C’est une première victoire venant
de pays sud-méditerranéens francophones, proches de l’Europe mais unis par la
langue et la culture. La tâche est évidemment plus lourde dans d’autres pays
sans tradition cinématographique forte où l’aventure du film européen se vit
comme un challenge. Impulser un changement dans les mentalités sur un plan
purement cinématographique n’est pas anodin et requiert une bonne dose
d’acharnement et de volonté. Les films sud-méditerranéens projetés dans les
salles de cinéma de l’Union européenne font face à d’autres problèmes souvent
liés à la politique commerciale des sorties de films en Europe à laquelle il
faut imposer les règles spécifiques relatives à Europa Cinémas. Des festivals
de cinéma existent dans les pays partenaires méditerranéens et sont l’occasion
pour Europa Cinémas d’afficher une autre forme de visibilité en terme de
diffusion cinématographique. D’autres partenariats devraient voir le jour et
venir s’ajouter aux quelques festivals déjà existants travaillant en
collaboration avec Europa Cinémas. En général, les bénéficiaires mettent
toujours leur appartenance au réseau Europa Cinémas en valeur mais des
contrôles s’imposent régulièrement de toutes façons.
Europa Cinémas
réussit à s’imposer dans certains pays sans trop de difficultés et doit
insister dans certains autres quitte à revoir les procédures en terme de
soutiens financiers et de faisabilité. Le sérieux du travail n’est plus
démontrer mais au contraire doit se poursuivre, évoluer, se modifier, prendre
en compte les leçons tirées du premier programme Euromed Audiovisuel afin
d’améliorer les relations entre les partenaires et bénéficiaires pour donner
des résultats optimum dans le paysage cinématographique actuel à l’intérieur de
ces pays.
RECOMMANDATIONS
Dans la suite
de tout ce qui a été exposé auparavant, on peut dégager des aspects ou points
importants débouchant sur un certain nombre de recommandations :
-
Mener une enquête
constructive de terrain permettant de connaître au mieux le public qui se
déplace dans les salles Europa Cinémas en Méditerranée du Sud. Il s’agit là de
porter un autre regard sur les entrées du public dans les salles de cinéma car une
meilleure connaissance de la clientèle pour le cinéma européen ne peut que
donner des indications satisfaisantes et influer dans certains cas sur le choix
des films montrés. L’important est que le public y trouve son compte. Il faut
que le film vu apporte toute satisfaction et donne envie de renouveler
l’expérience. Fidéliser un public est important pour un exploitant de salles.
Dans les pays très éloignés de la filmographie européenne, un pas important
serait franchi si certains exploitants (parmi les plus nantis en salles de
cinéma) prenaient un risque vis à vis de leur public en associant programmation
et découverte. Il ne s’agit évidemment pas de commencer par des films européens
« inaccessibles » mais plutôt divertissants révélant toutefois une
qualité confirmée. Plutôt que chercher les entrées à tous prix, l’essentiel est
malgré tout de « travailler » le public en le ciblant beaucoup mieux
tout en tenant compte de ses goûts qui ne demandent qu’à évoluer et se
diversifier.
-
Mettre en valeur les
salles « phares » de manière à souligner de façon substantielle, à
travers des événements promotionnels, des moyens financiers accrus et des
promotions adéquates, le travail fourni par les exploitants les plus motivés et
compétitifs du réseau. Il s’agirait là presque d’une forme de
« prime » venant récompenser les professionnels les plus inventifs et
les plus passionnés pour lesquels Europa Cinémas a été une source inespérée de
développement et de remise en cause de leur activité. De plus, cette action
permettrait de motiver d’autres intervenants.
-
Eviter dans certains
cas un soutien systématique sur toutes les salles possibles et dans tous les
pays sans distinction (résultats attendus du cadre logique) mais adopter une
stratégie qui consisterait à favoriser une action soutenue dans certains pays
dont l’essor est déjà visible et renoncer à d’autres trop difficiles pour le
moment tels la Jordanie et la Syrie par exemple. Il faut continuer de proposer
dans certains endroits, de manière sélective, un « cinéma différent »
(mini-festivals, hommages spécifiques, festivals en plein air etc.) de façon à
attirer un public auquel des choix de qualité seront ainsi offerts pour
aiguiser son esprit de découverte.
-
Trouver une cohérence
dans la manière de soutenir les festivals de cinéma sud-méditerranéens de façon
à ne pas disperser les énergies et à bien se coordonner avec les autres actions
de terrain menées par ailleurs dans le programme ou dans les Délégations de la
Commission européenne.
-
Continuer de
prospecter en profondeur et découvrir ainsi de nouveaux contacts à entretenir
sans oublier la visibilité à donner aux actions menées en général, ayant pour
seul but d’attirer, satisfaire et fidéliser le public. Toujours privilégier la
qualité à la quantité est une règle qui s’applique ici encore plus qu’ailleurs.
-
Valoriser au mieux le
cinéma sud-méditerranéen dans les salles de cinéma de l’Union européenne sans
oublier de dégager le budget correspondant.
4.2. CAPMED
CONCLUSIONS
Le projet est lourd, complet, dynamique mené
efficacement. C’est la première fois que le département Archives des
télévisions nationales (12 pays sont ici concernés) est reconnu comme un
service à part entière et ce grâce à la Commission européenne. Les lignes
directrices du projet n’ont pas changé depuis le début. La base de données
donne une visibilité à l’ensemble mais doit être alimentée et améliorée. Toutes
les actions importantes engagées jusque là sont à poursuivre : sauvegarde,
formation, gestion des fonds, banque de données, consolidation des réseaux. Ce
projet a permis de faire prendre conscience aux partenaires méditerranéens de
leur patrimoine national et de porter un regard neuf sur leurs images
d’archives.
Des observations récentes ont permis de se
rendre compte que pour une meilleure valorisation des fonds d’archives il
fallait redéfinir le volet restauration. L’orientation générale retenue est
d’une part, éviter de générer de nouveaux défauts au moment du transfert et
d’autre part essayer de traiter la majorité des défauts récurrents que l’on
peut supprimer au moment du transfert. De plus, il faudrait restaurer les
fichiers documentaires papier.
Concrètement, les actions envisagées sont les
suivantes :
- Equiper les partenaires en machines de
nettoyage films et vidéos
- Doter les chaînes de transfert des
correcteurs de base (dé-bruiteur, descratcheurs, un ou deux équipements de base
sur 10 sites)
- Restauration
du fichier via l’implantation de l’outil CapMed sur chacun des sites des TV
partenaires.
- Renforcement
de la formation au niveau de la maintenance des lecteurs 2P.
RECOMMANDATIONS
Il est
impératif que le projet CapMed se poursuive dans les meilleurs conditions.
CapMed
nécessite de six à dix mois supplémentaires pour finaliser ses activités (le
projet se termine en principe en septembre 2003). Une partie des fonds n’a pas
encore été utilisé. Il faut donc négocier avec la Commission européenne une
rallonge temporelle et une ré-affectation de certaines parties du budget. Un
programme de consolidation est à lancer pour la suite du projet en cours, qui
concerne plus particulièrement la restauration lourde.
Proposition
pour un CapMed 2 : il est impensable de croire que, en quatre ans, les
télévisions aidées par CapMed pourront être autonomes. Aujourd’hui, CapMed a
atteint les objectifs, qu’il s’était fixé. Mais si on ne veut pas que CapMed
régresse, il faut poursuivre la tâche entreprise. CapMed 1 doit pouvoir se
poursuivre dans CapMed 2. Voici quelques suggestions à proposer pour l’avenir
proche :
-
Maintenance du réseau lui-même et d’un volant
d’expertise à travers un certain nombre d’actions, dont la maintenance sur le
Web.
-
Consolidation grâce à un nouveau projet qui pourrait
être lié à un projet de numérisation ou amplification de la sauvegarde de
masse.
-
Mise en place de projets qui s’appuient sur les
acquis de la première ligne et qui définissent très clairement les apports
incontournables de chacune des télévisions pour entrer dans le projet.
L’objectif pourrait être d’arriver à une
sélection de X heures numérisées (sur fichier numérique) ce qui pourrait
constituer un appui à la mutation vers le tout numérique.
Une prise de conscience progressive s’est
faite à l’intérieur des chaînes de télévisions sur l’importance des archives,
qui commencent à être considérées non seulement comme un patrimoine mais comme
un capital.
On pourrait imaginer un programme de
reconsolidation qui impliquerait davantage les Etats, puisque ce sont les Etats
qui sont les financeurs des télévisions publiques.
Il s’agirait d’un double financement Etats/Euromed Audiovisuel à hauteur d’un pourcentage à définir. Le financement par Etat se ferait soit par un apport financier qui se répercuterait sur les archives de la télévision, soit en termes d’opérations. Ce second niveau de travail politique devra être traité au cas par cas, car les télévisions n’ont pas les mêmes moyens. Il est certain, par exemple, que pour l’Autorité palestinienne, il faudrait l’aider à continuer à collecter ses fonds.
Dans un premier
temps, il faudrait inviter les présidents et les directeurs généraux des
chaînes de télévision à Marseille, lors de la prochaine Conférence annuelle
Euromed Audiovisuel de 2003, préparés de l’intérieur par leurs équipes, pour un
séminaire sur la numérisation de leurs archives. Un dossier et des documents de
travail seraient constitués ainsi que des recommandations fermes en direction
des Etats, en direction de la diplomatie Euromed Audiovisuel, en direction de
la Commission et du Parlement européen, jointes à un travail de lobbying auprès
des parlementaires.
4.3. EUROMEDIATOON – VIVA CARTHAGO
CONCLUSIONS
Euromédiatoon - Viva Carthago est un projet
magnifique, qui a dû confronter des ambitions louables mais démesurées à la
dure réalité de la production d’une série d’animation, qui plus est à
contenu historique, doublée de la création d’un studio d’animation. Cette série
est conçue par des passionnés, habités par une vision et un enthousiasme qui ne
parviennent pas à être élimés par cette dure confrontation avec la réalité, ce
qui est remarquable. A ce stade, il est impératif de poursuivre les efforts
engagés, aussi bien du côté de l’équipe que de la Commission européenne, à
condition que les dirigeants montrent qu’ils sont capables de tirer les
enseignements des erreurs commises à différents niveaux et de redresser la
course de leur « Carthago » d’ici la fin du premier programme Euromed
Audiovisuel.
Le projet
Euromédiatoon se trouve à un stade crucial de son existence. Le
coordinateur du projet et l’équipe constituée ont dû surmonter bon nombre de
problèmes et d’obstacles, certains prévisibles, d’autres moins. Aujourd’hui,
alors que la production devrait être en rythme de croisière de façon à être en
mesure de livrer les 26 épisodes de la série « Viva Carthago » dans
les délais convenus, il apparaît clairement que l’objectif initial ne sera pas
atteint, en tout cas en terme de délais.
Le développement de la série (aussi bien en
ce qui concerner l’écriture des scénarios que la réalisation des épisodes)
accuse un retard important (plusieurs mois par rapport au dernier calendrier
prévisionnel). Ceci n’est pas une véritable surprise pour qui est en mesure de
mesurer l’ampleur du défi posé par le projet : créer, à partir de rien, un
studio d’animation en Tunisie et une première série d’animation de 26 épisodes
de 26 minutes sur l’histoire de la Méditerranée. En revanche, cela rend
nécessaire un certain nombre de mesures drastiques.
RECOMMANDATIONS
La résolution
de l’ensemble des problèmes semble difficile sans la nomination d’un expert
indépendant ayant une importante expérience dans le domaine spécifique du
développement et de la production de séries télévisées d’animation. Les
problèmes auxquels la série doit faire face sont en effet trop complexes pour
être réglés uniquement avec l’aide des partenaires extérieurs, en particulier
dans la mesure où les relations avec ces partenaires ne sont pas encore
normalisées, même si elles semblent en voie d’amélioration. Un audit spécifique
mené par un expert choisi d’un commun accord par Euromédiatoon et la Commission
européenne paraît donc représenter une urgence absolue de façon à remettre la
série sur des rails et à lui permettre d’atteindre ses objectifs à tous les
niveaux. Une série d’animation est un produit très particulier, qui en dehors
des contraintes culturelles et de récit répond à des contraintes très
spécifiques en matière de développement, de production, de financement et de
marché. Seul un spécialiste peut apporter un diagnostic précis et fiable en la
matière. C’est probablement à cette condition que le défi lancé par
Euromédiatoon - Viva Carthago pourra être complètement relevé, non seulement en
parvenant à livrer une série d’animation produite par le premier studio
d’animation du Sud de la Méditerranée et traitant d’une histoire fascinante
sous un jour nouveau, mais en faisant en sorte qu’elle touche le public le plus
large auquel il est tout à fait légitime de la destiner grâce à un traitement
scénaristique et une forme totalement à la hauteur de ses ambitions au niveau du
contenu culturel, sociologique et historique.
Le fait que les
délais initiaux soient compromis ne signifie pas toutefois que la validité du
projet soit remise en cause ; il est en revanche indispensable de prendre
une série de mesures immédiates et fortes pour redresser la barre et donner au
projet une chance de remplir son contrat en atteignant tous ses objectifs, en
particulier sur le plan culturel et économique, et non pas seulement sur ceux
qui sont déjà acquis, notamment en matière de formation technique.
Le projet gagnerait sans doute à redéfinir le
concept même de la série ainsi que son format de façon à optimiser ses chances
de livrer un produit terminé dans les délais envisagés tout en s’assurant de la
diffusion de la série. En effet, si le studio veut avoir une chance de
fonctionner de façon au moins partiellement autonome à l’issue du premier
programme Euromed Audiovisuel, il doit avoir une carte de visite convaincante à
montrer. Par ailleurs, les objectifs du projet en terme d’impact ne seront
atteints que si la série « Viva Carthago » est largement diffusée.
Sur le plan du
développement du scénario, les recommandations principales sont les suivantes:
-
Un retard anormal ayant été pris dans
l’établissement et la signature de contrats assurant la continuité de la chaîne
de droits (en particulier les contrats du directeur d’écriture de la série et
des scénaristes impliqués dans l’écriture des épisodes), il faut impérativement
que ces contrats soient vérifiés à la suite de l’évaluation à mi-parcours car
il n’est pas envisageable que des épisodes soient produits sans que la validité
de la chaîne de droits ne soit confirmée.
-
L’organisation et la communication doivent être
améliorées pour faire face à la difficulté de développer une série « à
distance ». L’expert 3 a suggéré l’établissement d’une procédure
définissant clairement le circuit de validation pour chaque étape. Par
ailleurs, des réunions d’écriture ont lieu régulièrement au siège
d’Euromédiatoon pour discuter de l’état d’avancement de chaque épisode et des
problèmes posés sur les différents plans d’intervention. Le directeur
d’écriture devrait être présent à ces réunions car lui seul peut faire
l’interface entre les réactions des différents intervenants et les scénaristes,
répondre aux problèmes d’interprétation et aux objections non justifiées et
prendre note des remarques fondées. Au lieu de cela, ce rôle est tenu par le
producteur exécutif de la série. Ce mode de fonctionnement n’est pas idéal mais
il est difficile de trouver une solution si le directeur d’écriture et les
scénaristes ne sont pas basés à Tunis ; il pourrait être intéressant
d’organiser une conférence téléphonique permettant au directeur d’écriture de
réagir directement aux remarques formulées par les différents intervenants, sans
devoir passer par l’intermédiaire d’un tiers, aussi compétent et motivé
soit-il.
-
Sur le plan artistique, la bible de la série n’est
pas totalement finalisée. La liste et le contenu des épisodes doivent être
arrêtés. A l’heure actuelle, la bible n’est pas réellement
« montrable » à des partenaires financiers potentiels (diffuseurs
notamment) et il s’agit d’un problème à résoudre d’urgence. Une bible révisée
devait être livrée par le directeur d’écriture mais elle n’a pas été
communiquée aux experts. Sur le plan de la dramaturgie, il semble que le
potentiel dramatique (de la série et de chaque épisode) puisse être amélioré.
Enfin, l’âge du public cible n’est probablement pas défini assez clairement à
l’heure actuelle, en particulier pour les scénaristes.
Sur le plan de la réalisation et de l’animation, les recommandations
principales sont les suivantes :
-
Un certain nombre de décisions doivent être prises
et de nombreuses améliorations doivent être apportées. Certains points faibles
de l’animation à ce stade sont illustrés par la bande annonce imparfaite de
deux minutes du premier épisode ; bien que des réponses satisfaisantes
aient été apportées (l’équipe étant consciente des problèmes graphiques) des
améliorations doivent impérativement être vérifiées à l’occasion de la
livraison du premier épisode. Cet épisode aurait dû être terminé à la fin de
l’année 2002 mais les experts n’ont toujours pas reçu cet élément déterminant.
Il est clair que la qualité de ce premier épisode doit être évaluée par des
professionnels extérieurs au projet, de façon à mieux apprécier la viabilité et
l’attrait de la série pour le marché international. Dans l’immédiat, il
n’apparaît pas judicieux de précipiter la réalisation d’épisodes qui peuvent
encore être améliorés - sur le plan du traitement du scénario, de l’intégration
des contraintes historiques comme de l’adéquation avec le public visé. Il est important de mettre en œuvre le plus
rapidement possible les moyens (humains, financiers, logistiques) nécessaires
qui permettront d’arriver à un bon résultat dans les meilleurs délais.
-
Les relations avec les partenaires européens (en
France, en Belgique et en Italie) doivent être impérativement clarifiées et
améliorées. Euromédiatoon a en effet grand besoin des conseils et de l’expérience
apportés par ses partenaires sur tous les plans (scénario, animation,
réalisation, production). Il est très difficile pour les experts de se
prononcer sur la qualité du travail, de l’assistance et des conseils fournis
par les partenaires, dans la mesure où l’évaluation des carences relevées ne
s’expliquent que par l’insuffisance des conseils émis par les partenaires ou
bien par celle du manque d’écoute côté Euromédiatoon. Il est clair que les
conseils donnés par les partenaires ont été, lorsqu’ils ont été écoutés, très
précieux. Il semblerait que des propositions importantes ont été faites par
Euromédiatoon à l’issue des réunions privées tenues lors de la conférence
Euromed Audiovisuel du Caire en octobre 2002. Quoi qu’il en soit, il est urgent
de clarifier ces relations et de les rendre positives.
-
Il faut enfin lever
les incertitudes liées à la sous-traitance de l’animation, ce qui est
partiellement lié au point précédent. Même s’il est possible de poursuivre la
pré-production de la série et de développer aussi bien les épisodes que la
partie graphique tout en avançant sur les formations techniques, il est
indispensable de clarifier rapidement ce point ; il n’est pas juste de
demander à Euromédiatoon d’assurer l’animation de sa production dans l’Union européenne
alors que la majorité des concurrents du secteur sous-traite cette partie de la
production de façon délocalisée (en Corée du Nord ou en Europe de l’Est
notamment). La position de la Commission européenne doit être clarifiée à ce
sujet et soit permettre à Euromédiatoon de sous-traiter l’animation en dehors
de l’Union européenne de façon à avoir des coûts de production en phase avec
ceux budgétisé, soit accepter d’augmenter le poste animation pour faire face
aux devis proposés par des sous-traitants européens trois ou quatre fois plus
coûteux que ceux d’une animation délocalisée.
4.4. ELLES … AUX
ABORDS DE L’AN 2000
CONCLUSIONS
Pour la
première fois, douze portraits de femmes arabes hors du commun sont réalisés
pour la télévision par des réalisateurs et des réalisatrices arabes. A
condition d’une large diffusion, le projet pourra influencer l’opinion publique
tant européenne qu’arabe face aux femmes et modifier positivement la perception
de l’autre sexe sur le plan culturel.
De plus le
coordinateur du projet est quelqu’un que l’on pourrait qualifier de
« right man at the right place », à la différence près qu’il s’agit
d’une femme… En effet, Marianne Khoury et son frère Gabriel Khoury, sont des
professionnels de la production et de la distribution qui, grâce à leur société
Misr International Films, sont très bien implantés dans le milieu du cinéma du
Caire. Leur oncle, le réalisateur Youssef Chahine, est célèbre dans le monde
entier.
La
coordinatrice du projet, Marianne Khoury, s’acquitte du suivi de la production
avec efficacité et économie. Peu d’erreurs professionnelles sont commises. Elle
arrive à déléguer la production de certains films de la série à d’autres
producteurs du monde arabe tout en gardant les rênes de la production finale.
Elle est également présente sur la plupart des festivals et des marchés du film
et établit des contacts avec des acheteurs ou des distributeurs potentiels.
Elle s’appuie véritablement sur le réseau de promotion et de vitrine qu’offre le
documentaire européen. On peut dire qu’elle est à la fois « au four et au
moulin ».
La série a été
longue à mettre en place. Il a fallu choisir entre l’idée de départ, c’est à
dire les 24 portraits initiaux et la décision finale qui fut de n’en garder que
12. Un retard de huit mois entre le premier et le deuxième paiement a perturbé
le plan de travail et paralysé la production, des réalisateurs ayant été
contraints d’accepter d’autres projets. Depuis, la production s’est poursuivie
et aujourd’hui, au terme de l’évaluation à mi-parcours, quatre films sont
terminés, quatre sont en voie d’achèvement, et quatre sont en développement. Le
coordinateur du projet espère avoir bouclé la série pour le début de 2004.
Si la
production semble se dérouler sans heurts, des remarques sont à formuler quant
à la qualité des films et leur diffusion.
Pour cette
évaluation à mi-parcours, les experts ont eu l’occasion de visionner les quatre
premiers films terminés. Ils n’ont pas été très enthousiastes. Ils ont constaté
une banalité de réalisation, un manque de point de vue, un montage parfois trop
lent, parfois trop nerveux, et souvent peu approprié face à des extraits de
films ou à des archives, peu de mise en perspective historique des sujets, une
déficience de la qualité sonore, un manque de calibrage des sous-titres
entraînant une lecture difficile, et de façon générale une structure de récit
mal dominée. Ces maladresses et ces défauts pourraient être corrigés par une
assistance technique et par un contrôle renforcé sur certaines étapes de
production des films à venir. Il est évident que les partenaires ont intérêt à
s’enorgueillir de la série plutôt que du contraire….
On peut
regretter également un manque total de synergie entre d’autres projets du
programme Euromed Audiovisuel, comme Medea ou CapMed. Le projet aurait pu
bénéficier d’un soutien scénaristique de la part de Medea, comme il devrait
pouvoir s’appuyer sur la banque de données de CapMed.
Peut-être
faudrait-il un intervenant extérieur qui puisse faire comprendre à la
coordinatrice du projet qu’une recherche d’archives poussée est indispensable
et qu’elle aurait tout à gagner à collaborer avec les partenaires de CapMed. Il
faudrait en faire autant auprès des partenaires de CapMed et les convaincre
d’ouvrir leurs archives aux réalisateurs de la série Elles…aux abords de l’an
2000 sans pour autant pratiquer des prix exorbitants. Il y a là un travail que
pourrait essayer de prendre en charge la Commission européenne.
Jusqu’à
présent, aucun des films terminés n’a été diffusé par une chaîne de télévision.
La coordinatrice du projet ne s’en émeut pas trop et espère pouvoir vendre les
douze films dès que la série sera terminée. Par contre, pour les experts, il
s’agit d’un point important qui mérite réflexion. En effet, la nécessité d’un
partenaire diffuseur aurait dû apparaître dès le départ dans la constitution
même du projet, en regroupant à la base un producteur et un diffuseur. Peut-on
aujourd’hui encore intéresser un diffuseur à la série ?
Le titre du
projet « Elles … aux abords de l’an 2000 » a été discuté à plusieurs
reprises durant l’évaluation avec les principaux intéressés. En effet, en 2004,
à la terminaison de la série, l’intitulé du titre sera devenu obsolète et
pourrait évoluer en se raccourcissant pour devenir tout simplement
« Elles… ». Mais pour l’impact de la série, ne serait-il pas
préférable d’inclure dans le titre la notion de femmes arabes ?
RECOMMANDATIONS
-
Nécessité d’améliorer
la qualité des films afin qu’ils trouvent acquéreurs, diffuseurs et
distributeurs. Ce qui signifie un contrôle plus appuyé sur certaines étapes de
production des films en développement.
-
Vérification de la
part de la Commission européenne d’un relais possible entre le coordinateur du
projet et CapMed afin de faciliter la mise à disposition d’archives
télévisuelles.
-
Nécessité de
s’enquérir d’une assistance technique en vue de la diffusion et de la
distribution de la série afin de guider le coordinateur du projet vers un choix
optimum des chaînes de télévision et de leurs territoires.
-
Changer le titre de la
série qui est devenu obsolète et insérer au générique de chacun des
documentaires un intitulé spécifique visible rappelant le titre de la série.
-
Réfléchir à la manière
d’intéresser davantage le public européen à ces sujets de films par une
exploitation et une diffusion les plus larges possibles, mais aussi par des
événements ponctuels.
4.5. CINEMA MED
CONCLUSIONS
Cinema Med,
avec un budget réduit, a accompli un certain nombre d’actions visibles de
qualité. Il est dommage qu’il n’est pas été donné la possibilité à l’expert 1
d’assister à un festival itinérant de films arabo-méditerranéens dans une ville
de l’Union européenne ou sud-méditerranéenne (ou même à un festival en hommage
au réalisateur égyptien Salah Abu Seif).
Les festivals
sont arrêtés faute d’avoir épuisé le budget initial (budget réduit à la base).
Il est difficile d’apporter un jugement définitif sur une manifestation à
laquelle il est impossible d’assister comme mesurer l’impact sur le
public, vérifier la qualité des projections de films et l’état des copies ainsi
que la manière dont le public et la presse sont informés. La plupart de ces
programmations de festivals permettent de faire travailler ensemble des
cinémathèques prestigieuses et d’échanger des savoir-faire en plus des copies
de films : collaborations entre la Cinémathèque de Lisbonne et la
Cinémathèque d’Alger, entre la Cinémathèque de Bologne et le Ministère de la
culture du Caire, programmations de films égyptiens détenus par la Cinémathèque
de Lisbonne, présentation d’une sélection des meilleurs films
arabo-méditerranéens de ces dix dernières années, destinés à l’éducation d’un
public peu habitué à la programmation de ce genre de films. Une documentation
importante, de grande qualité rédactionnelle, a été fabriquée et restera comme
une trace historique de référence pour le public et les professionnels
spécialisés. Ces actions ont demandé malgré tout un investissement important
personnel du coordinateur de projet et son équipe. Malgré tout, l’ensemble est
resté un peu limité et n’a pas su générer des appuis extérieurs suffisamment
conséquents pour pouvoir continuer. Les pays partenaires du projet n’ont
peut-être pas tous été à la hauteur des actions menées ou alors ne l’ont pas
voulu ; quoi qu’il en soit, l’entreprise fut menée avec sérieux sans
projection dans l’avenir ce qui est toujours très démotivant dans le
travail.
L’autre volet
important de Cinema Med repose sur la formation à l’écriture de scénarios (programme
« Aristote ») et on imagine assez mal, après les deux sessions
organisées (Liban et Maroc) l’arrêt du travail de suivi entrepris depuis
maintenant plus de six mois auprès des jeunes scénaristes choisis. Il s’agit de
bénéficiaires venant de pays sud-méditerranéens différents qui apprécient
fortement ce genre d’initiatives et cette manière de pouvoir nouer aisément des
contacts efficaces. Le projet Medea du programme, quoique très différent et
beaucoup plus complet, rassemble beaucoup de bénéficiaires sud-méditerranéens
et donne un bon exemple de réussite sur ce plan-là. Cinema Med tourne
principalement autour des échanges humains, des mises en relations et
compétences de chacun. Le public est un facteur important en tant qu’indicateur
de satisfaction. Un vrai travail a été accompli sans trop savoir quelle suite y
sera donné. Chaque action menée est à reconsidérer. Le travail de restauration
des films, de leur sauvegarde et de leur archivage est souvent peu mis en
valeur généralement. Grâce à Euromed Audiovisuel, il a pu regagner un peu de
terrain et essayer de trouver le chemin du public.
RECOMMANDATIONS
Le projet
Cinema Med n’a eu à disposition qu’une contribution budgétaire de la Commission
européenne relativement peu importante comparée à celle des autres projets. Si
le festival itinérant doit être relancé et poursuivi, il faut que la Commission
verse les moyens financiers appropriés afin de donner une vraie place et une
envergure à cette manifestation qui doit travailler sur sa visibilité. Il semblerait
que les résultats donnés par le festival n’aient pas été suffisamment
convaincants pour préjuger de cet avenir-là.
Malgré tout, il
est urgent maintenant de prolonger le soutien au programme
« Aristote » qui ne doit pas s’arrêter en cours de route. Il serait
toutefois souhaitable de prendre des mesures pour permettre un rééquilibrage
des participants aux modules de formation de scénaristes en fonction de leur
pays d’origine. Si le festival itinérant n’était pas poursuivi, il serait très
important que les moyens financiers alloués par la Commission européenne se
concentrent alors sur cette action de formation qui souffre de
dysfonctionnements parfaitement identifiés par l’expert 3 lors de la session de
Marrakech en décembre 2002.
Un recadrage de
Cinema Med semble tout à fait justifié et ne peut que résoudre les problèmes
qui se sont posés jusqu’ici. Les bonnes volontés et les passions ne manquent
pas. Une meilleure collaboration est souhaitable avec les autres projets du
programme (un contrat a même été signé entre Europa Cinémas et Cinema Med sans
jamais donner de résultats). La Commission européenne doit prendre en compte
l’emplacement privilégié « méditerranéen » de Cinema Med (centre
ville de Naples) situé dans les locaux de la Fondation du laboratoire
méditerranéen. L’immeuble est symbolique et pourrait être utilisé comme
« vitrine » intéressante pour monter des manifestations de prestige
ou des séminaires ; en effet, l’espace expositions est vaste et pourrait
se prêter à un certain nombre d’actions liées au programme Euromed Audiovisuel
en général tout comme dans les salles de réunion d’ailleurs. Le projet Cinema
Med ne mérite pas d’être abandonné complètement car compte tenu de son budget,
il a rempli plusieurs de ses objectifs tout en jouant un peu « cavalier
seul » ce qui ne devrait pas durer. Les rapports doivent se fluidifier
entre les partenaires, les autres projets et la Commission européenne.
4.6.
MEDEA
CONCLUSIONS
Le fait que l’équipe Medea ait reconnu et
accepté la majorité des problèmes et des erreurs commises par le passé, a
permis de se concentrer lors de l’évaluation sur les solutions à trouver pour y
remédier. La situation de Medea est difficile tout comme les problèmes auxquels
elle doit faire face, mais une telle autocritique représente déjà une bonne
partie du travail. Les documents d’analyse des problèmes et des solutions
envisagées, remis aux experts en début de mission et révisés à l’issue de la
mission de décembre 2002 à Séville, sont déjà un grand pas en avant. Ces
problèmes ne doivent pas dissimuler les résultats positifs du projet qui se
retrouvent dans la satisfaction générale exprimée par les participants, même si
cette satisfaction est tempérée par une certaine frustration.
Il est à souhaiter que dans un temps assez
proche, Medea puisse se faire mieux connaître et reconnaître parmi les
structures internationales spécialisées existantes dans le cinéma et
documentaire (festivals de films, ateliers de formation et d’écriture,
séminaires sur le financement). De l’information pourrait circuler et des
réunions ou prises de contacts pourraient être organisées lors des grands
festivals de cinéma internationaux.
Le projet Medea a déjà accompli une part
importante de ses objectifs sur le plan quantitatif, mais son organisation
interne et externe doit être complètement remaniée si l’on veut permettre à
Medea de développer tout son potentiel sur le plan qualitatif.
A l’issue des premières conclusions des
experts, la nouvelle coordinatrice et son équipe ont mené une autocritique sans
concession des forces et des faiblesses du projet et les conclusions des
experts rejoignent celles de l’équipe dans bien des cas.
Très généralement, si l’intérêt et la
viabilité du projet ne sont pas remis en cause, l’équipe en place qui mérite
une nouvelle chance doit faire rapidement ses preuves ou se préparer à subir
une nouvelle réorganisation, plus radicale cette fois. En effet, le projet
Medea est un projet aussi nécessaire qu’utile et son existence, comme son
succès, ne doit pas être compromise par des faiblesses internes liées à la mise
en œuvre d’objectifs réalistes et parfaitement atteignables. Il est donc
indispensable de suivre de très près le projet suite à l’évaluation à
mi-parcours de façon à valider les améliorations apportées ou à prendre les
mesures qui s’imposent pour assurer le bon développement du projet.
RECOMMANDATIONS
-
Nécessité d’adapter la relation avec les partenaires
formateurs. Afin de donner une plus grande cohérence à l’ensemble du programme
et permettre une meilleure coordination entre les intervenants, il faut définir
de façon précise leur fonction à l’intérieur d’un cursus général et établir
clairement les liens hiérarchiques entre les directeurs d’études et les
différents intervenants. Ce problème de manque de coordination et de
préparation, lié à l’organisation de chaque module par des partenaires
externes, était flagrant lors de l’atelier de Tunis et relevé par la grande
majorité des participants et intervenants. Ce mode d’organisation a été directement
responsable de nombreux incidents et dysfonctionnements. C’est pourquoi la
solution proposée par Medea de prendre en charge la définition de la totalité
du cursus en collaboration avec les directeurs d’études ainsi que la
préparation nous apparaît comme étant la meilleure possible, à condition que le
tandem Medea/directeurs d’études fasse la preuve de sa capacité à définir un
tel contenu. Cela semble être le cas pour la partie documentaire et c’est ce
qui devrait voir le jour pour la partie fiction. Une définition révisée du
contenu des modules et de l’ensemble du cursus devrait être validée par
l’expert en charge de l’assistance technique, lequel avait relevé ces
dysfonctionnements de longue date sans toutefois parvenir à obtenir une écoute
suffisante, en particulier de la part des partenaires formateurs.
-
Nécessité de définir plus clairement les objectifs
de la partie films de fiction/longs métrages de l’atelier et le contenu de
chaque module. En effet, si la partie documentaire de l’atelier affiche des
objectifs clairs et réalistes pour l’ensemble du cursus et pour chaque module,
il n’en est pas de même pour la partie films de fiction et ce pour la raison
suivante : les disparités liées aux divers degrés de développement des
différentes industries du cinéma des pays concernés qui génèrent des
différences de niveau comme de besoin pour les bénéficiaires sélectionnés.
Medea souhaite à l’avenir concentrer son action sur les producteurs, ce qui est
une bonne décision. Cela permettra de donner plus de cohérence au cursus en
rendant obligatoire la présence d’une même personne appartenant à la société
bénéficiaire de chaque module, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. Ceci
étant, les disparités liées aux différents stades de projets acceptés jusque
là, rendent très difficiles une cohérence au niveau des objectifs de chaque
atelier et de la participation des producteurs à l’activité de formation.
-
Nécessité de définir plus clairement et plus
efficacement le lien entre la partie formation et la partie développement de
Medea. En effet, cette particularité du programme en est à la fois une
caractéristique essentielle, déterminante et très positive et un écueil
potentiel en raison de la disparité des participants et des projets
bénéficiaires. Il est en effet important de faire en sorte que la participation
des bénéficiaires à l’activité de formation ne soit pas une simple formalité
pour accéder aux fonds de développement, bien qu’il soit crucial pour eux de ne
pas être retardés afin de respecter artificiellement un calendrier de formation
(ne coïncidant pas toujours au calendrier idéal de chaque projet). Le stade des
projets sélectionnés doit donc être défini de façon plus restrictive et la
manière dont le travail est effectué au cours des modules précédents doit également
être précisé. En effet, on imagine mal comment un projet de long métrage cinéma
peut réellement être développé en moins de 6 mois : le temps nécessaire
pour écrire un scénario finalisé étant plus proche de 18 mois ou plus si l’on
veut obtenir un scénario solide dans le meilleur des cas.
-
Nécessité de modifier et d’adapter les critères de
sélections. Ce sont ces modifications et adaptations qui permettront de choisir
des projets et des bénéficiaires se trouvant à un stade de développement
compatible avec les objectifs (qui restent à préciser) de Medea. C’est
seulement à cette condition (nécessaire mais non suffisante) que l’on évitera
d’avoir d’un côté des participants qui se plaignent soit de perdre leur temps
lors de sessions plénières inutiles et trop générales, et de l’autre des
producteurs qui n’ont pas les capacités requises pour apprécier le contenu
desdites sessions les jugeant non adaptées à leurs besoins (à cause du stade
d’avancement de leurs projets).
-
Nécessité d’améliorer le fonctionnement de Medea en
tant qu’organisation. Un certain nombre d’améliorations sont attendues :
une meilleure communication interne, externe (vis-à-vis des bénéficiaires), un
contrôle accru des contrats et des relations avec les bénéficiaires de façon à
mieux valider leurs dépenses et le respect de leurs engagements contractuels,
un meilleur suivi logistique dans la préparation et le déroulement des
ateliers. L’équipe Medea semble consciente de l’ensemble de ces problèmes et le
recrutement récent au sein de l’équipe d’une personne chargée de la logistique
constitue un pas en vue d’une amélioration de la situation. D’autres contacts
ont été pris avec des experts en organisation et il est clair que l’ajout de
telles compétences ne pourrait être que bénéfique au projet.
-
Rapports avec la Commission européenne : comme
pour le programme Euromédiatoon – Viva Carthago, les retards de paiement de la
Commission européenne ont entraîné des délais trop longs pour les bénéficiaires
qui s’en sont plaints aux experts. Il est essentiel à l’avenir de veiller au
respect des délais de paiement si l’on veut que les projets tiennent leurs
engagements. Il est également indispensable de tenir compte davantage des
conseils donnés par l’expert externe qui a depuis longtemps suggéré que les relations
avec les partenaires formateurs de Medea devaient être adaptées voire modifiées
sous forme d’avenant contractuel.
-
Si le projet Medea n’était pas reconduit pour le
deuxième programme Euromed Audiovisuel, il est indispensable que le secteur
d’activité concerné, à savoir le soutien et la formation au développement de
projets audiovisuels euro-méditerranéens, soit lui par contre reconduit. En
dépit de ses dysfonctionnements, Médéa répond en effet au moins partiellement à
un besoin essentiel qu’il serait très dommageable de négliger totalement.
5) EVALUATION DU
PROGRAMME EUROMED AUDIOVISUEL
5.1. Objectifs et résultats attendus
Le programme
Euromed Audiovisuel fait partie intégrante du volet social et culturel institué
par la Commission européenne après les décisions prises dans le prolongement de
la déclaration de Barcelone de 1995. L’action première porte sur quatre années
(2000-2004) avec 20 millions € de budget dans le but de promouvoir le
développement du secteur audiovisuel, d’encourager le transfert technologique
et la coopération entre les télévisions sans oublier la distribution et
l’exploitation des films de cinéma ainsi que l’investissement dans ce secteur.
Les buts ainsi
définis ont pu permettre, à travers les activités des 6 projets du programme
Euromed Audiovisuel analysés ci-dessus, de favoriser le rapprochement et la
compréhension entre les peuples de part et d’autre de la Méditerranée afin
d’améliorer leur compréhension mutuelle. Ces projets sont destinés à
l’émergence d’une « vision » euro-méditerranéenne parmi les
populations concernées (Union européenne et 12 pays partenaires méditerranéens)
mettant en valeur les richesses et diversités culturelles dans l’idée
d’affirmer l’identité d’une région. La mise en réseau des opérateurs audiovisuels
des pays concernés (27) associée à une promotion à hauteur de l’événement est
un travail lourd et délicat qui inclut une implication politique importante. La
communication doit jouer un rôle primordial dans ce programme consacré à
l’audiovisuel qui par nature puise sa force dans les relations publiques
extérieures. Le monde de l’image est en soi une forme de communication évidente
mais il doit mettre tous les moyens en œuvre à sa disposition pour atteindre
ses objectifs c’est à dire tous ses publics.
D’abord, il
faut que les secteurs d’intervention retenus par le programme dans le domaine
de l’audiovisuel soient bien choisis, ambitieux, efficaces, complémentaires et
réalisables.
Organiser une
bonne coopération entre professionnels du secteur n’est pas simple et peut se
heurter aux problèmes des différences et des incompréhensions culturelles
qu’elle engendre. Pourtant tout repose dans l’évolution du paysage audiovisuel
chez les partenaires méditerranéens. Dans les 6 projets, on peut se rendre compte
à quel point les différences influent sur les projets : différences de
tradition, de langue, de politique, de niveau social, d’adaptation etc. mais
ces différences font aussi toute la richesse des projets dans leurs diversités.
Le mélange des peuples et la possibilité donnée à certains de se former
ailleurs que dans leurs pays d’origine afin de se transmettre mutuellement les
savoir-faire sont une initiative intéressante et courageuse pouvant déboucher
sur la conception et la réalisation de matériel ou d’œuvre inattendus. Les
risques pris existent et les déceptions aussi mais il faut prendre conscience
de la réalité du terrain exploré en Méditerranée du Sud et des susceptibilités
des personnalités en présence qui luttent aussi pour le maintien de leur pouvoir
au sein de leur art et n’admettent pas si facilement les « leçons »
données par l’Union européenne. Celle-ci a tendance à croire qu’elle détient
tous les moyens (surtout financiers) et toutes les solutions sans vouloir
admettre ou reconnaître le professionnalisme qui pourtant existe, d’une manière
parfois différente, dans les pays partenaires méditerranéens. C’est donc aussi
de leçon d’humilité dont on parle qui devrait exister et opérer de la même
manière des deux côtés des rives de la Méditerranée.
La
sensibilisation du public et des professionnels à la culture
euro-méditerranéenne à travers le secteur du cinéma et de l’audiovisuel est
l’un des principaux résultats attendus du programme Euromed Audiovisuel. Cette
diversité et cette richesse dans le mélange des cultures sont un atout
inestimable dans cette vision du paysage cinématographique à véhiculer sur le
terrain. Une amélioration des rapports entre l’Union européenne et les pays
partenaires méditerranéens ainsi qu’entre pays sud-méditerranéens doit
permettre une meilleure circulation et exploitation des films à l’intérieur des
pays en référence. Le patrimoine cinématographique d’un pays fait partie
intégrante de sa culture et de son identité. Le cinéma est un art jeune qui
possède le pouvoir d’attirer le jeune public qui sera ainsi formé par l’image
dans laquelle il puisera richesse d’esprit et connaissance (d’où l’importance
du choix des films).
La
responsabilité pour Euromed Audiovisuel de multiplier les possibilités de
contacts et de rencontres, d’attirer des publics divers constitue un enjeu de
taille. C’est grâce à toutes ces prises de contacts, à ces échanges de
compétences, à la politique de formation que les activités menées à l’intérieur
des six projets prennent alors tout leur sens. Le transfert de technologies et
d’expériences entre opérateurs audiovisuels euro-méditerranéens fonctionne de
mieux en mieux. Des candidats postulent pour la formation que ce soit pour
l’écriture de scénario de films, le marketing et le financement que pour le
secteur de la télévision à travers des échanges entre pays (sauvegarde des
supports, archivage de matériel etc.)
Les actions
sont en route depuis bientôt 3 ans et au regard de leur degré d’avancement
devraient permettre une visibilité de plus en plus soutenue pour l’ensemble du
programme.
5.2.
Bilan des activités menés
Cette
évaluation à mi-parcours arrive à point nommé dans le programme Euromed
Audiovisuel. Après pratiquement 3 ans d’activités, un bilan s’impose pour
traiter au mieux les problèmes rencontrés sur le parcours et pour soulever les
vraies questions qui se posent. Les 6 projets ne peuvent pas être regardés sous
le même angle car des disparités profondes existent entre eux et à l’intérieur
de chacun d’eux. Les problèmes ne peuvent pas se régler de la même façon au vue
des situations décrites pays par pays. Ces disparités et ces problèmes
rencontrés en cours de route ont été pour la plupart clairement identifiés,
grâce à la conduite sérieuse, concrète et franche des bénéficiaires et partenaires,
durant les missions d’évaluation menées dans certains des pays partenaires
méditerranéens et de l’Union européenne par les trois experts choisis. Le
programme doit se remettre en cause dans sa manière de fonctionner afin que les
projets puissent être poursuivis convenablement. Les coordinateurs de projet
choisis sont de bons professionnels qui ont pu commettre des erreurs et mettre
du temps à trouver leurs marques. Ne perdons pas de vue qu’il s’agit ici de
cinéma et d’audiovisuel ; nous sommes dans l’abstraction la plus totale
car les règles de succès ou de réussite fulgurantes n’existent pas. Le talent
et le professionnalisme sont la base de tout. Le sérieux et l’honnêteté
conditionnent l’environnement des projets qui traversent souvent des phases compliquées
difficilement compréhensibles par les profanes. La culture ne se juge pas comme
on jugerait un secteur économique ou social. L’image, en l’occurrence, se place
au premier plan pour parler aux gens et se doit d’être manipulée délicatement
avec beaucoup de dextérité. Tous les publics sont dans la nature et les images
tournées dans un pays spécifique ne s’adresseront pas forcément d’emblée au
public d’un autre pays ou alors pourront être interprétées d’une autre façon.
Euromed Audiovisuel peut essayer de pallier à ce genre de situations en tentant
de faire découvrir des œuvres (européennes ou sud-méditerranéennes), en
essayant de solliciter des nouveaux publics, en les faisant participer à des
débats de fond et en leur permettant de pouvoir s’exprimer et former leur
jugement. Le visionnage d’un film entraîne presque toujours conversations et
débats et agit comme vrai outil de communication. Il suscite des discussions
parfois vives, émotionnelles jamais banales et un film a le mérite absolu de
pouvoir traverser les frontières et délivrer ses messages.
On peut dire
que maintenant les 6 projets sont en place ayant tous suivis des chemins
différents pour tenter d’atteindre leurs buts.
L’élargissement
du réseau des salles (Europa Cinémas) aux pays partenaires méditerranéens est
une bonne idée en soi car l’agrandissement du réseau donne une meilleure
visibilité et une originalité à l’ensemble. La création d’un fonds d’archives
télévisuelles euro-méditerranéennes (CapMed) avec plan de sauvegarde, de restauration
et de formation ainsi que l’élaboration d’une banque de données est une
réalisation de premier plan dont les ramifications sont nombreuses et en voie
d’exploitation. La mise en place du premier studio d’animation
sud-méditerranéen (Euromédiatoon) et la réalisation d’une longue série de
dessins animés de 26 épisodes relative à l’histoire du bassin méditerranéen,
sont un grand défi dans le temps et dans les relations avec les pays
partenaires européens. La co-production d’une série télévisée de 12 documentaires
(Elles…aux abords de l’an 2000) sur des portraits emblématiques de femmes
arabes propose de porter un autre regard sur l’outil télévisuel puisqu’il
s’agit de création et de diffusion. C’est l’audience à la télévision qui
parlera d’elle-même quand les films seront programmés. Il faut que les films
soient montrés pour exister ; c’est tout l’enjeu du projet qui n’est pas
encore rendu à ce point. La mise en place d’un festival de films itinérant et
celle de modules de formation à l’écriture de scénarios (Cinema Med) ont le
mérite d’essayer d’aller au-devant du public et des professionnels du cinéma en
essayant de faire, pour le festival par exemple, un travail d’information et de
visibilité en rapport avec le but recherché. Encore faut-il que les séances de
cinéma soient régulières et bien organisées et que le public prenne conscience
de la qualité de ce qui lui est offert. Quant au dernier projet (Medea), il
intervient sur le développement et la production des films tout en soutenant la
formation. Le projet est lourd et difficile à organiser car les bénéficiaires
sont nombreux et originaires de beaucoup de pays différents. Ce projet a le
mérite d’exister (dans un environnement peu propice) et d’apporter une aide
précieuse à certains (producteurs, réalisateurs ou scénaristes) mais la
structure du projet lui-même est à surveiller de près tant la tâche est
contraignante et soumise à de fortes pressions.
5.3. Critères
d’évaluation
Coordination,
cohérence et complémentarité :
Les 6 projets
de par leurs actions entreprises se complètent parfaitement depuis l’origine du
programme. Les choix ont été bien faits, plus aventureux pour certains,
ambitieux dans l’ensemble et répondant parfaitement aux axes à développer dans
le cadre d’un partenariat voulu et décidé à très haut niveau entre l’Union
européenne et la Méditerranée du Sud.
L’ensemble est
cohérent mettant en avant la plupart des métiers importants du monde du cinéma
et de l’audiovisuel. Par contre, il existe peu de synergies entre les projets
car les coordinateurs sont trop impliqués et trop pris dans leur travail pour
avoir le temps de faire un point régulier et envisager de se rapprocher des
projets menés par les autres. Ils ne sont même jamais réunis tous ensemble par
les instances de la Commission européenne. Il serait judicieux d’utiliser les
conférences annuelles du programme pour réunir les coordinateurs de projets
voire organiser des réunions régulières à Bruxelles et en profiter pour
discuter de synergies à adopter entre projets. Pourtant des essais de
collaboration entre projets ont existé, des contrats ont même été signés sans
vraiment jamais donner de résultats. Des occasions nouvelles de penser le
travail autrement se perdent certainement. Ce manque de collaboration et d’échange
handicape Euromed Audiovisuel en matière de communication car il ne fédère pas
vraiment les 6 projets sous la même bannière. Dans certains cas, des projets
ont pu se compléter avec d’autres programmes euro-méditerranéens ou européens.
Pour ne citer qu’eux, Europa Cinémas, partenaire du programme Média, a pu
étendre son intervention vers le Sud de la Méditerranée en intégrant Euromed
Audiovisuel.
La
communication reste une lacune importante pour Euromed Audiovisuel.
Apparemment, rien n’a été fait au départ pour rendre visible le lancement du
programme et l’ensemble de ses actions par la suite. Aucun logo spécifique
« Euromed Audiovisuel », réunissant les 6 projets, n’a même été créé.
Aucune charte graphique n’existe et les coordinateurs de projet travaillent
comme ils peuvent à leur propre communication avec plus ou moins d’éclat et de
résultat en oubliant souvent, sans mauvaise volonté consciente, l’appartenance
à Euromed Audiovisuel puisque chacun des 6 projets travaille en son nom propre.
Les relations
entre les coordinateurs de projets et les services de la Commission européenne
sont préoccupants à la fois pour les équipes en charge du projet et pour les
projets eux-mêmes. En effet, les équipes travaillant sur les projets croulent
sous les demandes répétées de la Commission européenne quant à la fourniture de
rapports en grand nombre et la répétition de contrôles incessants, très souvent
au détriment du respect du travail à faire pour le bon rendement des projets.
Il est normal que la Commission européenne exerce son pouvoir de contrôle sur
les actions menées mais les procédures appliquées prennent beaucoup de temps et
d’énergie. Comme il a été précisé plus haut dans ce rapport, il s’agit ici, et
c’est important de le souligner, du domaine de la culture (cinéma et
audiovisuel) ; la Commission devrait prendre en compte et apprécier à sa
juste valeur cette forme de travail si particulière (et les pays concernés), si
loin des réalités d’un pur travail de bureau ; les lourdeurs administratives
plombent gravement le travail et les mentalités. Afin de se soumettre aux
exigences des services de la Commission européenne, les gens s’exécutent puis
se mettent à douter, fatigués par ces tracas qui interviennent trop souvent et
risquent de mettre les projets en péril.
L’évaluation a
bien fait ressortir cet état de fait car les retards pris pour certains projets
ou les difficultés de poursuivre correctement les autres, s’apparentent souvent
aux difficultés pour la Commission européenne de gérer en temps voulu les
problèmes qui se posent réellement et demandent des réactions rapides.
De nombreuses
remarques ont été faites également sur le manque de retour d’opinions venant de
Bruxelles quant aux nombreux rapports envoyés par les coordinateurs de projets
et le manque de communication générale avec les services de la Commission
européenne.
Contribution au
partenariat euro-méditerranéen :
Tous les
projets travaillent dans le sens voulu par la Commission européenne pour
promouvoir la coopération dans le secteur audiovisuel situé dans le cadre
euro-méditerranéen. Les six projets fonctionnent positivement en termes de
dialogues entre les cultures et dans le rapprochement nord/sud ainsi que dans
les pays partenaires méditerranéens entre eux. Tout le monde n’est pas à égalité
sur le sujet surtout dans le cas des projets les plus fragiles qui ont connu
une mise en place difficile et l’abandon effectif de partenaires qu’ils soient
européens ou sud-méditerranéens. Certaines situations chez les partenaires des
deux rives se sont soldées par des échecs et les ont contraint d’abandonner
leur partenariat sur des projets. Les lacunes existent bel et bien et
rejoignent le constat d’une communication et d’un suivi mal gérés par le
programme voire inexistants par certains endroits.
Pertinence
Arrivé à ce
moment crucial du programme, on peut dire que les objectifs spécifiques de
l’ensemble et des six projets sont dans la droite ligne de ce qui avait été
envisagé au départ. Les actions se sont déroulées suivant un schéma bien précis,
contraignant par ailleurs, mais qui a permis au moins d’explorer de nouvelles
pistes en matière de cinéma et d’audiovisuel. La nouveauté dans ce programme
consiste justement dans le fait que les compétences des uns et des autres sont
à confronter avec la réalité des difficultés inhérentes à certains des pays.
Ces « handicaps » et ces différences de point de vue ont permis un
enrichissement intellectuel de part et d’autre ainsi qu’une meilleure
connaissance des populations entre elles. Ce programme permet de saisir
beaucoup d’opportunités qui vont à la rencontre de ces professionnels du cinéma
et de l’audiovisuel. Il ne faut pas douter de la reconnaissance de beaucoup
d’entre eux et de la chance qui leur a été apporté et dont ils sont très fiers.
Efficience
Le fait que la
Commission européenne ait bien voulu considérer à sa juste valeur le potentiel
existant dans les pays sud-méditerranéens en matière de cinéma et
d’audiovisuel, compte énormément à l’intérieur des pays concernés. C’est un
acte politique fort et motivant pour ces pays qui sont tout à coup confrontés à
l’un des aspects de leur patrimoine culturel et sa mise en valeur. On peut dire
que les bénéfices en termes de relationnel sont énormes. Rien ne peut se faire
sans la complicité entre les gens. La Commission européenne a eu raison de
mettre des moyens suffisants à disposition pour la mise en place du programme.
Bien sûr, des actions entreprises ont été sous-évaluées compte tenu de
l’importance du projet lui-même (méconnaissance de départ évidente) et des
difficultés qui ont surgi durant l’élaboration du plan de travail sur la durée.
Les projets ne sont pas rendus au même point car ils ont chacun connu des
problèmes très différents au cours de ces années. Certains des projets sont
plus risqués que d’autres et la phase exploratoire a duré longtemps. Il faut
mieux toutefois prendre le temps de réfléchir avant d’agir car les résultats
s’en ressentent bien souvent. Les coordinateurs de projet sont suffisamment
professionnels pour avoir compris les démarches à suivre et ne pas trop se
fourvoyer en route. C’est un point salutaire et raisonnable.
Rien de
concluant n’a été vraiment mis en place en matière de presse et communication.
Il faut un travail régulier et professionnel dans ce domaine pour acquérir une
visibilité. Les projets Europa Cinémas et Cinema Med sont les seuls qui font un
travail dans ce sens et qui font ou ont fait parler d’eux dans la presse. Les
autres projets sont plus timorés vis à vis des médias. Certains pourtant
pourraient ou auraient pu se faire mieux connaître à travers la presse et les
médias. Une bonne politique menée en matière de presse est bénéfique pour un
projet qui se préoccupe de son image et peut ainsi faire rejaillir sur Euromed
Audiovisuel sa bonne notoriété. A condition aussi que le programme lui-même se
préoccupe largement de sa propre notoriété et de son existence au sein des
médias. Internet est trop limitatif et trop « interne » en termes de
communication si celle-ci n’est principalement présente qu’à travers ce
vecteur. Le cinéma et l’audiovisuel jouent sur la proximité et la vision
directe : journaux (Union européenne et au-delà), magazines, affiches,
reportages télévisés, radios, présence dans les instances internationales
concernées (festivals ou autres). Le programme Euromed Audiovisuel n’est pas
connu à sa juste valeur et n’informe pas assez sur le bien-fondé de son
existence sur un plan international malgré la richesse et l’originalité de ses
actions. Il faut remédier à cette situation en affichant fièrement ses
réussites et ses prises de risques car elles sont constructives et méritent une
reconnaissance des professionnels et du public sur le plan international.
L’assistance de
l’expert au service du programme Euromed Audiovisuel (financé par la Commission
européenne) est un atout considérable pour le programme et ses projets. Son
assistance technique est appréciée par tous les coordinateurs de projets et
beaucoup de leurs partenaires. Il est le lien direct et unique sur le terrain
entre les projets et la Commission européenne et fait preuve d’une écoute
appréciable et d’une compréhension appréciée de la part de pratiquement tous
les intervenants. On peut affirmer que sans lui, les projets n’auraient pas pu
voir le jour correctement, ni même survivre pour certains, tant les rapports
sont compliqués (prises de rendez-vous impossibles parfois) et les attentes
avec les services de la Commission européenne. Les missions menées par les 3
experts sur le terrain ont pu faire constat de cet état de fait. Il est toutefois
regrettable que les avis de l’expert externe sur des problèmes posés récurrents
(Medea et Euromédiatoon par exemple) n’aient pas été pris en compte en temps
voulu et que les choses ne soient pas encore réglées maintenant de manière
satisfaisante. Le rôle de cet expert externe en assistance technique est
incontournable voire indispensable dans bien des cas.
Efficacité
La richesse des
projets décrits a permis d’obtenir à la fois des résultats planifiés et non
planifiés. C’est normal car le monde de l’image est aussi celui de
l’irrationnel. Les recettes n’existent pas. Il faut être préparé à l’inattendu
qui souvent apporte des résultats inespérés et pleins de promesses. C’est la
règle du genre. En revanche, le contraire arrive aussi. Pour certains des
projets, les résultats sont toujours insuffisants par rapport à ceux planifiés
car ils ont connu des déboires et doivent surmonter des épreuves. Les
indicateurs du cadre logique de départ ont pu être suivis mais ont subi des
déviances inévitables surtout en termes de temps et de coût. Ils
« cadrent » des actions difficilement mesurables et sont soumis à des
changements réguliers et inévitables pour satisfaire à la bonne marche des
projets.
Impact
La dynamique
créée dans les pays partenaires méditerranéens est forte car les projets sont
dirigés par de bons professionnels qui prennent bien compte de la réalité de
terrain. Les professionnels sud-méditerranéens prennent conscience petit à
petit de la chance offerte ici de faire mieux connaître leur culture et
d’améliorer leurs performances. Ce but atteint est un grand pas. S’intéresser à
la culture de ses voisins et apprécier les richesses qu’elle contient sont une
base de travail conséquente. Difficile de dire encore comment les projets sont
perçus à l’intérieur de chaque pays à des échelons différents. Il faudrait
pouvoir enquêter pour le savoir et rencontrer à cette occasion les
personnalités déterminantes et concernées. Là encore, l’information sur le
programme n’est pas toujours bien passée par manque évident de communication
sur le terrain.
Viabilité
Certains des
projets seront peut-être plus viables que d’autres sans l’assistance de la
Commission européenne mais dans l’ensemble, tous réclament la poursuite
sérieuse d’une attention particulière. La spécificité du programme repose aussi
sur sa fragilité et ses difficultés de mise en œuvre. On ne peut pas tout
interrompre après avoir mis autant d’énergie et de moyens financiers dans la
faisabilité des choses. Rien n’est pire que de commencer à mettre en place des
bases de travail intéressantes voire même sophistiquées pour s’apercevoir à
l’arrivée que les attentes étaient seulement ponctuelles. Si on veut toucher un
public, le fidéliser, l’accroître, il faut en prendre soin. On parle ici de
pays peu habitués aux règles européennes dont la remise en cause des moyens
alloués par la Commission pourraient avoir des effets désastreux à la fois sur
le travail et sur les mentalités. Les pays dont on parle ici sont, pour
certains, des pays qui connaissent de gros problèmes de fonctionnement et des
conflits politiques durs (Algérie, Israël, Autorité palestinienne). Il ne faut
pas qu’ils aient l’impression que la Commission européenne les abandonne
maintenant qu’un travail substantiel a été fait. Les recommandations de cette
évaluation permettront justement d’aborder positivement ce point crucial en
ayant pu analyser précédemment toutes les données de ce problème.
CONCLUSIONS
Le programme
Euromed Audiovisuel est novateur en tous points. Mais, comme tous les projets
neufs, il nécessite le passage par un certain nombres d’étapes clés qui
révèlent des facteurs positifs et négatifs permettant ainsi d’examiner la
situation actuelle pour en tirer des conclusions et tenter de remédier aux
problèmes récurrents qui se posent. Les différents projets répondent
globalement aux besoins définis lors de la Conférence de Thessalonique (1997) à
savoir un effort important dans le domaine de la formation technique, un
développement des échanges nord/sud et sud/sud, la création et le renforcement
de réseaux entre professionnels des industries concernées, l’investissement
dans l’exploitation du cinéma en salles, la reconnaissance de l’importance des
archives télévisuelles et la meilleure circulation des œuvres.
L’évaluation à
mi-parcours qui vient d’être menée pour les 6 projets du programme, ne reflète
la situation que jusqu’à la mi-janvier 2003. Il est important de le dire à
nouveau car ces projets « cinéma et audiovisuel » ont justement la
caractéristique de pouvoir bouger, se modifier, se transformer au fil des
semaines et finalement dévier du projet initial après la remise en cause
profonde de divers modes de fonctionnement. C’est donc un programme fragile et
fort à la fois capable de surprendre par ses audaces et ses réactions non
planifiées.
La Commission
européenne, dans sa volonté politique forte de prendre en compte la situation
du monde de l’audiovisuel dans les pays sud-méditerranéens, dénote d’un parti
pris fondateur en même temps que d’un engagement tangible, à l’intérieur de
pays tourmentés et fascinants, qui à terme devraient permettre des échanges
fructueux entre les peuples et cultures basés des deux côtés des rives de la
Méditerranée. La situation politique actuelle dans le monde arabo-méditerranéen
constitue une opportunité évidente à saisir pour faciliter l’entrée sur le
marché de l’audiovisuel sud-méditerranéen, de valeurs culturelles européennes
tout comme la réciproque est aussi valable en direction du marché audiovisuel
européen. Il n’y a pas de temps à perdre car les professionnels de
l’audiovisuel sont des gens très réactifs et mobiles pour lesquels le sens du
commercial et la facilité d’exécution sont innés à leur métier.
Les films ont
la particularité de bien voyager et d’exporter leurs valeurs et leurs messages
de pays en pays que ce soit sur des écrans de cinéma ou de télévision. Dans les
situations les plus conflictuelles politiquement, seuls les artistes de l’image
continueront de communiquer et d’exporter leurs œuvres cinématographiques en
bravant les guerres ou les censures. Ce pont entre les peuples résistera
toujours grâce à des êtres d’exception qui portent en eux toute la richesse de
leurs pays meurtris. Le programme Euromed Audiovisuel peut rejoindre, grâce aux
actions qui ont été développées à travers les six projets jusqu’ici, ces
visions d’un avenir peut-être flou mais plein de promesses et d’attentes
passionnées. Le cinéma est un art jeune qui marque les esprits et les cœurs et
ouvre toutes les portes sur le monde. Le soutien Euromed Audiovisuel en
Territoires palestiniens, par exemple, est capital parce que générant des
forces insoupçonnées de collaboration avec l’Union européenne tout en aidant un
peuple à garder sa dignité. Les échanges de savoir-faire entre les pays ont
fonctionné même si les mises en place sont quelquefois difficiles et se
heurtent à de sérieuses difficultés dans bien des endroits. Les déplacements
nombreux de beaucoup des intervenants, à la fois dans l’Union européenne et
dans les pays sud-méditerranéens, ont permis une approche concrète, une
connaissance et une culture approfondies des métiers du cinéma et des hommes
des deux côtés des rives de la Méditerranée, donnant aussi un éclairage
significatif sur des situations géopolitiques complexes qui échapperaient à la
vision de personnes non-initiées. Dans la grande majorité des pays partenaires
méditerranéens, la Commission européenne a fait effet de levier dans bien des
cas et cet atout est considérable.
Cette
coopération européenne décentralisée a fonctionné depuis l’année 2000 suivant
un concept défini par la Commission européenne qui fixe un cadre d’axes
prioritaires mais non étatique. Les 6 projets choisis, qui bénéficient d’une
contribution financière très conséquente sur 4 ans de la part de la Commission
(20 millions €), sont entièrement délégués dans leur fonctionnement aux
coordinateurs de projets. La Commission n’a d’ailleurs pas pour vocation de
s’immiscer à l’intérieur des projets eux-mêmes. Elle procède à des contrôles
réguliers (audits, monitoring, évaluations) et demande des informations
continues relatives aux résultats attendus. Il faut bien prendre en compte que
les tableaux de chiffres ou autres rapports quels qu’ils soient ne constituent
pas forcément des éléments de véracité absolue, surtout lorsqu’il s’agit du milieu
du cinéma et de l’audiovisuel.
Par contre, le
manque de ressources humaines sur le projet Euromed Audiovisuel est flagrant et
inquiétant. Il n’y a pas d’équipe constituée à Bruxelles sur le projet lui-même
ayant les compétences requises en matière de cinéma et audiovisuel, ce qui
évidemment n’aide pas les coordinateurs de projets à travailler toujours dans
le bon sens en suivant les bonnes pistes. Pourtant, les coordinateurs de
projets, au dire de la Commission, ont tous les éléments en main pour répondre
aux attentes de Bruxelles concernant l’exploitation des contrats de départ
(suite à la conférence de Rabat en 2000), la Commission européenne se plaignant
par ailleurs du manque de structuration des rapports rendus.
Les experts, au
cours de cette évaluation, ont pu constater et dû subir pendant des semaines
les problèmes de contrats qui lient la Commission européenne et une
organisation intermédiaire en charge de la logistique de cette évaluation. Les
dysfonctionnements de part et d’autre ne présagent malheureusement rien de
positif si aucune décision n’est prise à haut niveau car l’interruption de
trois mois de cette évaluation, dont les résultats étaient attendus pour fin
janvier, se révèle tout à fait inacceptable compte tenu de l’urgence de la mise
en place du deuxième programme Euromed Audiovisuel.
Quoi qu’il en
soit, Euromed Audiovisuel, qui est un programme ambitieux et méritant, ne
bénéficie d’aucune aide à l’intérieur des services de la Commission européenne
sur le plan de la communication et de la presse ainsi que sur celui de la
logistique et du suivi des actions à mener par des personnes qualifiées. Il
s’agit vraisemblablement d’un manque d’effectifs et de moyens tout à fait
regrettables qui, s’il n’est pas réglé rapidement par les instances
compétentes, risque fort de continuer de perturber la bonne marche du
programme. Il faut profiter de la mise en place de Euromed Audiovisuel II pour
remédier à cet état de fait. Une certaine fluidité dans les rapports serait la
bienvenue entre la Commission européenne et les pays partenaires
méditerranéens. Il serait inconséquent de démarrer le deuxième programme sans
prendre en compte les problèmes développés ci-dessus et sans fournir au niveau
de la Commission européenne les besoins nécessaires (humains et financiers)
devant appuyer et soutenir efficacement le responsable du programme et l’expert
externe pour l’assistance technique.
Euromed
Audiovisuel est un beau programme qui va continuer ce qui marque une volonté de
s’inscrire durablement dans l’avenir. Tout est loin d’être fait pour lui
garantir toutes les chances de succès mais les bonnes volontés ne manquent pas.
Les programmes choisis sont des programmes difficiles en même temps que
passionnants. Ne pas avoir choisi la facilité de départ est plutôt bon signe et
encourageant pour un futur encore indéfini. Il est temps pourtant de commencer
à récolter les fruits et à tout mettre en œuvre pour optimiser les résultats
déjà obtenus. Euromed Audiovisuel II doit faire mieux que le premier programme (Euromed
Audiovisuel I). C’est le type même de programme qui n’a pas le droit de rester
moyen, tomber dans la facilité et de ne pas se développer. Il faut rechercher
l’envergure requise à tous prix et la mettre au service des projets. Certains
projets vont continuer, d’autres vont s’arrêter et de nouveaux seront choisis.
Le paysage
audiovisuel dans les pays partenaires méditerranéens tout comme le paysage
géopolitique, va bouger, continuer de se transformer et d’évoluer.
Il faut saisir
cette chance et faire en sorte que tous ces pays sud-méditerranéens évoqués
soient de plus en plus, grâce à une communication de qualité, un symbole fort
pour appuyer un désir de collaboration artistique et de meilleure connaissance
de l’autre entre le Nord et le Sud tout en développant une richesse culturelle
nouvelle de premier plan dans les pays de l’Union européenne.
RECOMMANDATIONS
Euromed
Audiovisuel I
Outre les
recommandations spécifiques à chaque projet développées plus haut, les
principales recommandations pour le programme en cours sont les
suivantes :
-
Meilleure visibilité
dans la presse et les médias de l’ensemble du programme afin de mettre à profit
tout l’aspect positif dégagé jusqu’à maintenant.
-
Diminution souhaitée
des retards et dysfonctionnements divers à l’intérieur des services de la
Commission européenne qui affectent grandement les projets et causent des
pertes financières ainsi que des démotivations chez les coordinateurs de
projets qui voient leur professionnalisme remis en cause de façon négative.
-
Meilleure
accessibilité aux membres concernés de la Commission européenne par les
coordinateurs de projets (demandes de rendez-vous prises en compte, etc.).
-
Retours de la
Commission en réponse aux rapports reçus venant des projets.
-
Diminution souhaitée
par la Commission des retards de transmission de rapports, des compléments de
rapports et des demandes de paiement par les coordinateurs de projets ainsi que
des dysfonctionnements divers constatés par les évaluateurs au sein des
projets.
-
Traduction en anglais
du rapport final d’évaluation à mi-parcours de façon à ce qu’il puisse toucher
la totalité des personnes concernées par le programme.
Euromed
Audiovisuel II
-
Nécessité absolue
d’éviter un temps de latence entre Euromed Audiovisuel I et Euromed Audiovisuel
II afin de ne pas décrédibiliser le programme dans son ensemble et ses projets
car les investissements financiers risqueraient de pâtir d’une telle situation
sans parler de certains des projets qui seraient alors compromis.
-
Développement de la
communication sur le deuxième programme sans oublier de mettre à profit les
leçons tirées du premier programme.
-
Ré-aménagement des
contrats de subvention type mal appropriés pour le suivi des activités menées à
l’intérieur du projet.
-
Mise en place d’un
suivi rigoureux par des personnes qualifiées en cinéma et audiovisuel pour
assurer la bonne marche des projets. C’est peut-être une erreur d’avoir voulu
trop déléguer les projets aux coordinateurs et par conséquent imposer une
multitude de contrôles souvent mal vécus et pas toujours appropriés aux
situations.
-
Mise en place à
l’intérieur de chacun des projets d’une personne ayant une bonne connaissance
de la rigueur budgétaire et des procédures de la Commission européenne, qui
jouerait ainsi l’interface entre la Commission et le projet et serait donc à
même de répondre aux demandes sans retard et avec efficacité.
-
Flexibilité accrue des
procédures de contrôles, souvent contraignants et disproportionnés pour les
coordinateurs de projets, de façon à faciliter le travail et répondre aux
demandes dans les temps requis par la Commission européenne. Le monitoring,
effectué à la demande de la Commission, n’a pas rempli au départ tous ses
objectifs (les premières enquêtes se sont souvent soldées par des controverses,
des pertes de temps et de l’incompréhension mutuelle) car visiblement trop
éloigné et peu concerné par l’univers des partenaires du monde de l’audiovisuel
visités. Il semblerait que la procédure ait été depuis améliorée.
-
Mise en place de
réunions régulières à Bruxelles entre les coordinateurs de projets et le chef
du programme Euromed Audiovisuel, ceci afin d’accroître la synergie entre les
différents projets et faciliter la communication entre la Commission européenne
et les coordinateurs.
-
Les conférences annuelles
du programme gagneraient à solliciter la venue de davantage de professionnels
de l’audiovisuel extérieurs au programme et susciter plus fortement des débats
d’idées de façon à bénéficier de leurs questions et avis sur l’évolution du
programme.
-
Lors de la sélection
des projets du deuxième programme Euromed Audiovisuel, il est indispensable de
faire effectuer par des professionnels des domaines concernés des études de
faisabilité avant la sélection définitive. Des erreurs lourdes de conséquences
pourront ainsi être évitées.
-
Les secteurs
d’activité couverts par Euromed Audiovisuel pourraient être étendus au soutien
à la promotion, à la diffusion, à la coproduction des œuvres audiovisuelles
euro-méditerranéennes, ainsi qu’à l’unification des législations dans les pays
partenaires, par exemple dans le domaine du piratage et de la contrefaçon.
-
Lorsque des projets
ont pour objectif la production directe d’œuvres audiovisuelles, un ou
plusieurs diffuseurs ou distributeurs euro-méditerranéens devraient être
associés en tant que partenaires, même si leur contribution n’est pas
nécessairement financière dans un premier temps. La marque d’intérêt associée
au contrôle de qualité sur le plan technique qu’un tel partenaire peut
prodiguer, représente une chance accrue de financement, de diffusion ou de
distribution.
-
Adaptation si
nécessaire des cadres logiques au domaine spécifique de l’audiovisuel en
fonction des projets retenus.
-
Utilisation de la
complémentarité possible entre le programme Média et le programme Euromed
Audiovisuel. Par exemple, ouvrir aux ressortissants des pays tiers la
participation aux actions de formation dans certains domaines couverts par le
programme Média comme l’écriture de scénario, la production ou la formation
technique. Inversement, il est important de conserver voire de renforcer la
spécificité des actions Euromed Audiovisuel dans le domaine du financement ou
de la distribution, les besoins des participants sud-méditerranéens étant très
spécifiques.
-
Il est regrettable et
surprenant que la contribution budgétaire de la Commission européenne ait été
réduite pour le deuxième programme Euromed Audiovisuel. Si aucune correction ne
peut être apportée en 2004, il serait souhaitable d’y remédier le plus
rapidement possible de façon à donner au prochain programme toutes les chances
de poursuivre, améliorer et développer son action.
6) ANNEXES
6.1.
Termes de Références de l’évaluation
(en annexe)
6.2.
Noms des évaluateurs + (C.V. en
annexe) :
-
Catherine Lecoq,
expert 1 chef d’équipe
-
Françoise Levie,
expert 2 « archive »
-
Emmanuel Oberg, expert
3 « écriture »
6.3. Méthodologie de l’étude
La méthodologie
de l’évaluation à mi-parcours du programme Euromed Audiovisuel suivie par les
trois experts, choisis par la Commission européenne et qualifiés dans le
secteur du cinéma et de l’audiovisuel, a été la suivante :
Un debriefing
initial a été organisé début octobre 2002 (le chef d’équipe des experts avait
eu un premier rendez-vous à Bruxelles le 19 septembre de manière à démarrer
l’évaluation au plus vite) par le chef du programme Euromed Audiovisuel à
Bruxelles en présence de l’expert externe chargé de l’assistance technique. A
la suite de ce debriefing, le calendrier des missions a été mis en place, les
dates de remises de rapports ont été prises et un certain nombre de documents
ont été remis aux experts à cette occasion. Il était prévu au départ que ce
rapport final soit remis au plus tard fin janvier 2003. La documentation mise à
disposition dans un premier temps par la Commission européenne a été consultée
attentivement : contrats de subvention type, rapports de mission (venant
de la Commission européenne) antérieurs à l’évaluation, rapports de monitoring,
tableaux d’activités et de résultats depuis le démarrage des projets, établis
par les équipes des six projets concernés.
Après une
lecture approfondie de la documentation de base fournie, les trois experts sont
partis en missions à la fois dans l’Union européenne et dans les pays
partenaires méditerranéens :
-
Paris
-
Tunis
-
Le Caire
-
Amman
-
Naples
-
Marseille
-
Maroc (Casablanca,
Rabat, Marrakech)
-
Séville
-
Alger
-
Israël (Tel Aviv,
Jérusalem)
-
Ramallah
Des rapports de
missions très détaillés ont été rédigés par les experts après le retour de
chacune des missions. Certaines non prévues au départ dans les Termes de Références
ont été ajoutées en cours d’évaluation. Les missions se sont déroulées entre
septembre 2002 et janvier 2003. Elles furent très positives et ont constitué la
principale base de travail de rédaction du rapport final. Les experts ont
également assisté, lors de quelques missions, à plusieurs projections de
documentaires, téléfilms, bandes-annonces, archives de film ou de télévision et
reportages vidéo relatifs à certains des projets. Des sites Internet furent
également consultés.
Ces missions
ont permis aux experts sur le terrain de rencontrer principalement :
-
les responsables du
programme Euromed Audiovisuel et certains des responsables du programme Média
de l’Union européenne
-
les coordinateurs de
projets et leurs adjoints
-
des producteurs de
cinéma et audiovisuel
-
des scénaristes et
formateurs
-
des réalisateurs
-
des dessinateurs et
infographistes
-
des directeurs
artistiques
-
des directeurs
d’institutions cinématographiques
-
des distributeurs de
films
-
des exploitants de
salles de cinéma
-
des professionnels du
cinéma d’animation
-
des directeurs de
festivals de cinéma
-
des responsables et
professionnels de chaînes de télévision
-
des universitaires
-
des personnalités
politiques et diplomatiques
Les personnes
rencontrées ainsi que toutes les informations recueillies proviennent de
l’Union européenne et des pays partenaires méditerranéens.
Les experts ont
assisté à la 3ème Conférence du programme Euromed Audiovisuel au
Caire les 18 et 19 octobre 2002 : ce fut une occasion unique de rencontrer
des partenaires/bénéficiaires des six projets ainsi que les équipes dirigeantes
de chaque projet presque au complet.
Un rapport
intermédiaire de mi-mission a été remis à la Commission européenne au 15
novembre 2002.
Après la
dernière mission effectuée en janvier 2003, un debriefing devait se tenir à
Bruxelles mais des dysfonctionnements contractuels entre la Commission
européenne et l’organisation intermédiaire en charge de la logistique de
l’évaluation (Gico) ont particulièrement affecté le travail des experts en même
temps que l’évaluation elle-même qui fut interrompue et accuse par conséquent
un retard de trois mois. Une réunion à Bruxelles avec l’expert 1 chef d’équipe
a eu lieu le 15 avril 2003 et a permis d’examiner un premier projet de rapport
final.
Un debriefing
avec toute l’équipe à Bruxelles a été organisé pour le 29 avril après remise à
la Commission européenne du rapport final d’évaluation.
6.4. Cadres logiques du programme et des 6
projets (en annexe)
6.5.
Carte de la zone
géographique couverte par le projet (en
annexe)
6.6.
Liste des personnes et
organisations consultées (par projet)
-
Commission
européenne :
Johannes
Gehringer, responsable du programme Euromed Audiovisuel (DG EuropeAid Office de
coopération, Unité B/2)
Basile
Papadopoulos, chef d’unité en charge de la coopération régionale
euro-méditerranéenne (DG EuropeAid Office de coopération, Unité B/2)
Costas
Daskalakis, chef d’unité adjoint programme Média (DG Education et Culture,
Unité C/3)
Giorgio
Ficcarelli, programme Média (DG Education et Culture, Unité C/3)
Xavier
Troussard, chef d’unité adjoint politique audiovisuelle (DG Education et
culture, Unité C/1)
José Bellod,
politique audiovisuelle (DG Education et Culture, Unité C/1)
-
Experts externes
(assistance technique) :
John Dick,
cinéma/promotion (bureau d’assistance pour le programme Média)
Valerio Caruso,
expert externe pour le programme Euromed Audiovisuel (société Gico)
-
Europa Cinémas :
Claude-Eric
Poiroux, coordinateur du projet (Paris)
Menem Richa,
adjoint (Paris)
Aude Erenberk,
assistante (Paris)
Gabriel Khoury,
producteur Misr International Films/exploitant (Le Caire)
Lilia Charfi,
exploitant (Tunis)
Lassaad Mehrez,
exploitant (Bizerte)
Hikmat Antypas,
distributeur (Liban)
Mohammed Alaoui
El Hassini, exploitant (Casablanca)
Amal Benbarka, exploitante
(Casablanca)
Hassan Belkady,
exploitant (Casablanca)
David Frauciel,
exploitant (Casablanca)
Mohammed
Layadi, exploitant (Marrakech)
M. Hachmi,
exploitant (adjoint de Charles Zafrani, Rabat)
Souheil
Benbarka, directeur général du CCM (Centre Cinématographique Marocain / Rabat)
Mustapha
Stitou, secrétaire général du CCM
Mohamed Kamal
Mghazli, distribution et exploitation CCM
Abdellatif
Laassadi, promotion et coopération CCM
Kishin
Chandiramani, agence marocaine de films
Mohammed
Chouikh, réalisateur/membre comité d’experts Europa Cinémas/Euromed Audiovisuel
(Algérie)
Hachemi Zertal,
distributeur/exploitant (Algérie)
Rami
Romanovsky, exploitant (Tel Aviv)
Ami Burg,
distributeur de films (Israël)
Nurit Shani,
distributrice/exploitante (Tel Aviv, Jérusalem)
Dahlia
Schapira, distributrice/exploitante (Tel Aviv)
Avital Rosen,
distributrice/exploitante (Tel Aviv)
Lea van Leer,
directrice de la Cinémathèque et Festival de Jérusalem
George Ibrahim,
producteur/exploitant (Ramallah)
Jean Brétéché,
directeur du Bureau de représentation de la Délégation européenne pour
l’Autorité palestinienne (délégation de la Commission Jérusalem Est)
Sylvie Fouet,
assistante politique (délégation de la Commission Jérusalem Est)
Fadia Nahhas,
presse et information (délégation de la Commission Jérusalem Est)
-
CapMed :
Nancy Angel,
coordinatrice du projet (INA Marseille)
Marie-Claire
Amblard (directeur des archives / INA)
Faiza Majeri,
responsable des relations extérieures à ERTT (télévision tunisienne)
Maher
Elamzaoui, vice-président de ERTU (télévision égyptienne) et coordinateur du
projet
Taisir Fawaz,
ingénieur ERTU
Maha El Daly,
assistante ERTU
Hanaa Farouk
Abd El Maahoud, vidéo département ERTU
Denis
Frambourg, responsable du plan de sauvegarde (INA)
Hala Zureiqat,
coordinateur du projet JRTV (télévision jordanienne)
Ayman Safadi,
directeur général JRTV
Sufian Zudhi
Nabulsi, TV engineering JRTV
Rima Bajahi,
responsable archives JRTV
Nadi Daour,
documentaliste JRTV
Naif Khaleefe,
responsable vidéothèque JRTV
Mohammed Ali
Smail, sous-directeur département des archives et coordinateur du projet à ENTV
(télévision algérienne)
Hamachi Nacy,
traitement et analyse ENTV
Amameri Mohamed
Lamine, chef département filmothèque ENTV
Attou Faycal,
chef département transfert ENTV
Ali Rezzouk,
monteur ENTV
Belayat
Bouhemi, chef de service au CAN (archives algériennes)
Nourredine
Sail, directeur de 2 M (télévision marocaine)
Karim
Abdelhamid, coordinateur du projet à 2M
Rita Lahlou,
chef de service coopération internationale 2 M
Mohamed Mamad,
conseiller à la direction générale 2M
Hassane
Bachiri, chef département communication et coordinateur CapMed à TVM
(télévision marocaine)
Hafida
Mesdouri, documentaliste TVM
Kyriaki Arseni,
coordinateur CapMed à ERT (télévision grecque)
Maryline Crivello,
historienne (MMSH)
Radwan
Abu-Ayyash, president de PBC (Palestinian Broadcasting Corporation)
-
Euromédiatoon – Viva
Carthago :
Ahmed Attia,
coordinateur du projet et producteur / exploitant Cinétéléfilms (Tunis)
Jean-Pierre
Gallepe, producteur exécutif (Tunis)
Abdel Belhadi,
responsable des formations (Tunis)
Sleh Hamzaoui,
directeur artistique (Tunis)
Mohammed Habib
Attia, directeur de production (Tunis)
Philippe Mest,
réalisateur
Moflah Kraiem,
assistant réalisateur
Laurent
Rullier, directeur d’écritures, scénariste, formateur (France)
Elisabeth
Verry, scénariste, formatrice (France)
Catherine
Forest, documentation historique/iconographie (Tunis)
Jouhaina
Chamman, documentation historique/iconographie (Tunis)
Pierre Levie,
Sofidoc (Belgique)
Nathalie
Bloden, Sofidoc (Belgique)
-
Elles…aux abords de
l’an 2000 :
Marianne
Khoury, coordinatrice du projet / Misr International Films (Le Caire)
Humbert Balsan,
producteur (France)
Magda Wassef,
responsable du cinéma (Institut du monde arabe / Paris)
Louiza
Ighilariz, psychologue et écrivain (Alger)
Ali Essafi,
réalisateur (Maroc)
-
Cinema Med :
Michele
Capasso, coordinateur du projet et directeur général de la Fondazione
Laboratorio Mediterraneo (Naples)
Catarina
Arcidiacono, vice-présidente (Naples)
Soumaya
Tifnouti, docteur d’état (Université Cadi Ayyad/Marrakech)
Khalil Smayra,
coordinateur représentant l’Académie libanaise des Beaux-Arts (Liban)
Arantza Mota,
coordinatrice programme « Aristote »
Gilles
Cahoreau, scénariste, journaliste/formateur (France)
Jean-Pierre
Barnaud, centre européen de production à la production de films (France)
Aïssa Djabri,
producteur (Vertigo productions/France)
Tous les
participants du module de formation de Marrakech
-
Medea :
Alicia
Gallardo, coordinatrice du projet (Séville)
Frederic
Parilla, coordinateur formation et développement (Séville)
Linda Wais,
responsable communication et logistique (Séville)
John Marshall,
directeur d’études pour le documentaire (Royaume Uni)
Juan Pita,
Media Business School/partenaire Medea
Christian
Routh, modérateur/superviseur
Philippe
Torjman, consultant en financement de films (Peacefulfish)
Thierry
Beaujard, expert-consultant en financement/ Peacefulfish
Isabelle
Fauvel, conseiller en développement et suivi des projets
Marie-Françoise
Mascaro, productrice/intervenante (France)
Francine
Jean-Baptiste, productrice/intervenante (France)
Dora
Bouchoucha, productrice/intervenante (Tunisie)
Michel Reilhac,
directeur cinéma Arte (France)
Tous les
participants du module de Tunis et plus particulièrement :
Hassan
Benjelloun, bénéficiaire/réalisateur (Maroc)
Moncef Dhouid,
bénéficiaire/scénariste (Tunisie)
Eris Akman,
bénéficiaire/producteur (Turquie)
Monique Perez,
bénéficiaire/productrice (France)
Michel E.
Ghosn, bénéficiaire/consultant producteur (Liban)
Nabil Maleh,
bénéficiaire/réalisateur producteur (Syrie)
Mazen Saadeh,
bénéficiaire/scénariste réalisateur (Autorité palestinienne)
Cyriac Auriol,
bénéficiaire/producteur (France)
Hani Kort,
bénéficiaire/producteur (Jordanie)
Cécilia
Nyström, bénéficiaire/productrice (Suède)
Jérôme Vidal,
bénéficiaire producteur (France)
David Fischer,
directeur général de New Israeli Foundation for Cinema and Television (Tel
Aviv) /partenaire (Israël)
Jean-Philippe
Raffard, responsable des enseignements média (Sciences Com/France)
6.7.
Littérature et
documentation consultées
La
documentation consultée au long de cette évaluation à mi-parcours fut de
plusieurs types :
-
Des documents
généraux : 1 CD Rom (récapitulatif de l’ensemble des documents importants
édités sur chaque projet et sur l’ensemble du programme ainsi que les
manifestations événements), 6 fiches de présentation des projets, guide de
l’évaluation à la Commission européenne, 1 manuel de gestion du cycle de
projet, les Termes de Références
-
Des documents relatifs
à l’ensemble des 6 projets : rapports de monitoring, contrats de
subvention type, rapports annuels, rapports intermédiaires, rapports
semestriels, contrats internes aux projets, plans d’actions, récapitulatifs de
programmes, revues de la Commission européenne
-
Des documents relatifs
à certains des projets : programmes, plaquettes de présentation,
formulaires, newsletters, listings de films, listings de salles, listings
d’exploitants de salles, tableaux de chiffres, tableaux synoptiques, rapports
de mission, rapports de stages, conventions type, dépliants, catalogue de
festivals, affiches, brochures, livres de cinéma, scénarios dialogués
d’épisodes de dessins animés, scénarios de films ou synopsis, dossiers
historiques et iconographiques, revues de presse, coupures de presse, plans
média
-
Des documents
divers : exemplaires de rapports de missions, extraits du Synopsis
Euromed, dossier spécial Euromed, documents annexes liés aux séminaires
(programmes/liste de participants) organisés par certains des projets (Medea et
Cinema Med)
6.8.
Résumé CAD
Titre de
l’évaluation :
Evaluation à
mi-parcours du programme Euromed Audiovisuel
Résumé
Le rapport
final de l’évaluation a pour but la mise en œuvre de la suite à donner au
programme Euromed Audiovisuel qui devra prendre en compte les actions menées et
les résultats obtenus à ce jour ainsi que les problèmes soulevés au cours de
l’avancement des projets sur les deux premières années et demie d’activités.
Objet de
l’évaluation :
Les six projets
choisis par la Commission européenne et dont l’action a démarré l’année
2000 : Europa Cinémas, soutien à la diffusion et l’exploitation du cinéma
en salles, CapMed, création des conditions d’une politique de sauvegarde des
archives télévisuelles, Euromédiatoon – Viva Carthago, mise en place d’un
studio d’animation et réalisation d’épisodes de dessins animés, Elles…aux
abords de l’an 2000, production d’une série de 12 documentaires sur les femmes
arabes, Cinema Med, valorisation du patrimoine cinématographique des pays
arabo-méditerranéens, Medea, soutien au développement de projets de films et
formation au développement de scénarios.
Description de
l’évaluation :
Chacun des
projets doit faire l’objet d’une description dans son action et sa forme tout
en suivant des points bien précis relatant les objectifs et les résultats
attendus ainsi que les activités menées. Les critères de pertinence,
efficience, efficacité, impact et viabilité jouent un rôle de tout premier plan
surtout la viabilité puisqu’elle répond aux possibilités de projection dans
l’avenir. Les missions menées par les 3 experts, suivant les expériences et les
compétences de chacun, dans les pays concernés par les 6 projets ont été la
source d’une base de travail et de réflexion conséquente.
Conclusions
principales :
Le programme
Euromed Audiovisuel est novateur en tous points et a nécessité le passage par
un certain nombre d’étapes clés qui révèlent des facteurs positifs et négatifs
permettant ainsi d’examiner la situation actuelle pour en tirer des conclusions
et tenter de remédier aux problèmes récurrents qui se posent. Il est important
de dire que les six projets évalués concernent le cinéma et l’audiovisuel et
ont justement la caractéristique de pouvoir bouger, se transformer au fil des
semaines et finalement dévier du projet initial après la remise en cause
profonde de divers modes de fonctionnement. La Commission européenne, dans sa
volonté politique forte de prendre en compte la situation du monde de
l’audiovisuel dans les pays sud-méditerranéens, dénote d’un parti pris
fondateur et d’un engagement tangible qui devrait permettre des échanges
fructueux entre les peuples et les cultures basés des deux côtés des rives de
la Méditerranée. Les sommes allouées pour le programme sont très
substantielles, démontrant ainsi une volonté de pérennité pour s’inscrire
durablement dans l’avenir. Les films ont la particularité de bien voyager et
d’exporter leurs valeurs et leurs messages de pays en pays que ce soit sur des
écrans de cinéma ou de télévision. Euromed Audiovisuel peut rejoindre, grâce
aux actions menées jusqu’ici, ces visions d’un avenir peut-être flou dans un
premier temps mais plein de promesses et d’attentes passionnées. Le programme,
avec ses six projets très différents quoique complémentaires, est un programme
ambitieux et méritant qui manque malheureusement d’effectifs et de moyens au
sein de la Commission européenne. Ne pas avoir choisi la facilité de départ est
plutôt bon signe et encourageant dans un futur encore indéfini. C’est le type
même de programme qui n’a pas le droit de rester moyen et surtout de ne pas se
développer. Il faut rechercher l’envergure à tous prix et la mettre au service
des projets.
Le programme a
marqué une contribution importante dans le domaine de la formation technique,
du développement des échanges culturels nord/sud et sud/sud, de la création et
du renforcement des réseaux entre professionnels des industries concernées, de
l’investissement dans l’exploitation du cinéma en salles, de la reconnaissance
de l’importance des archives télévisuelles ainsi que d’une meilleure
circulation des œuvres dans la région.
Recommandations :
Euromed
Audiovisuel I
-
Bonne continuation des
projets en cours nécessitant toutefois des améliorations, parfois profondes,
dans leur mode de fonctionnement.
-
Meilleure visibilité
dans la presse et les médias de l’ensemble du programme.
-
Diminution souhaitée
des retards et dysfonctionnements divers à l’intérieur des services de la
Commission européenne, ce qui affecte grandement les projets et peut causer des
pertes financières ainsi que des démotivations regrettables dans le travail.
-
Retours de la
Commission en réponse aux rapports reçus venant des projets.
-
Réduction des retards
de transmission des rapports et autres informations en direction de la
Commission européenne par les bénéficiaires des projets.
Euromed
Audiovisuel II
-
Euromed Audiovisuel II
(particulièrement pour Europa Cinémas ; le réseau CapMed nécessiterait
également d’être valorisé).
-
Développement de la
communication sur le deuxième programme sans oublier de mettre à profit les
leçons tirées du premier.
-
Flexibilité accrue en
matière de contrôles, souvent contraignants et disproportionnés pour les
coordinateurs de projets afin de respecter les temps requis.
-
Mise en place d’un
suivi rigoureux par des personnes qualifiées en cinéma et audiovisuel pour
assurer la bonne marche des projets. L’erreur a peut-être été de vouloir trop
déléguer les projets aux coordinateurs et imposer une multitude de contrôles
souvent inappropriés.
-
Mise en place de
réunions régulières à Bruxelles entre les coordinateurs de projets et le chef
du programme Euromed Audiovisuel.